Concertation publique sur le projet
Par
Yves POGGI (1)
Docteur d’Etat es Sciences Physiques
Consultant international en environnement
Santa Gatti (2)
Docteur en chimie
N°1
Les cahiers
d’acteurs sont
l’expression
du point de vue
d’acteurs soucieux
de faire porter à la
connaissance du
public leur point de
vue sur le
projet Cyrénée.
Les propos
tenus dans le
présent document
n’engagent que leur
auteur.
CaHIEr D’aCTEUrS
SUr LE PrOJET CYrÉNÉE, raCCOrDEMENT
DE La COrSE aU GaZ NaTUrEL a ParTIr DU GaLSI
ObservatiOns sur certains impacts
envirOnnementaux relatifs à la pOse
Off shOre du gazOduc cyrénée
Cahier d’Acteur N°1 - 1
1 - Introduction
Le projet Cyrénée devant alimenter la Corse en gaz naturel se fera concomitamment
avec la réalisation du projet GALSI, gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie. Ce dernier projet
a été inclus par l’Union européenne dans la liste des projets prioritaires pour le déve-
loppement de l’énergie et plus récemment, dans le Plan de relance européen. Il s’agit
d’un projet stratégiquement important pour l’avenir de l’approvisionnement énergétique
européen. Une bretelle, dénommée Cyrénée, prévue entre la Sardaigne et la Corse per-
mettra également le développement énergétique et socio-économique de cette île, tout
en préservant son environnement.
La canalisation, d’une longueur de 300 kilomètres, dont 100 kilomètres environ seront
posés off shore, sera connectée au GALSI en Sardaigne à Saline au sud d’Olbia et son at-
terrage, en Corse, se fera sur la façade littorale de la commune de Zonza vers Pinarello.
Il paraît donc important de sensibiliser le public et le poseur - la société GRTgaz - sur
certains impacts de la pose de cette canalisation sur les écosystèmes sous-marins.
(1) Hameau de Monticelli
20232 Poggio d’Oletta
(2) Résidence la Pinède
20168 Porticcio
Décembre 2010
Concertation publique sur le projet
Cahier d’Acteur N°1 - 2
2 - Les impacts prévisibles du projet
dans sa partie off shore
Le sanctuaire Pelagos
Le tracé du projet Cyrénée
Figure 1-a
Figure 1-b Figure 1-c
Concertation publique sur le projet
Cahier d’Acteur N°1 - 3
Si le tracé évite le parc marin international des bouches de Bonifacio, il se situe par
contre en totalité dans le sanctuaire Pelagos comme l’illustrent les figures 1-a,1-b,1-c.
Un accord international signé le 25 novembre 1999, à Rome, a permis la création d’un
sanctuaire pour les mammifères marins en mer Méditerranée entre la France, l’Italie et
la principauté de Monaco (dépositaire) pour l’obtention par cette zone du statut de SPAMI
(Specially Protected Areas of Mediterranean Importance, zone de la mer Méditerranée
d’importance spéciale). Cet accord, ratifié par les trois pays concernés, est entré en vi-
gueur le 21 février 2002.
Ce sanctuaire, d’une superficie de 87 500 km², héberge un capital biologique de haute
valeur patrimoniale par la présence de nombreuses espèces de cétacés. Il s’agit aussi
d’un espace dédié à la concertation, pour que les nombreuses activités humaines déjà
présentes puissent s’y développer en harmonie avec le milieu naturel qui les entoure
sans compromettre la survie des espèces présentes et la qualité de leurs habitats.
Le Sanctuaire a pour objectif d’instaurer des actions concertées et harmonisées entre les
trois pays pour la protection des cétacés et de leurs habitats contre toutes les causes de
perturbations : pollutions, bruit, captures et blessures accidentelles, dérangement, etc.
En octobre 2007, lors de la 3ème Réunion des Parties Contractantes de lAccord d’AC-
COBAMS les participants ont fait plusieurs recommandations de mesures de gestions
contre les bruits sous-marins.
Espèces fréquentes dans le Sanctuaire PELAGOS
Taille Couleur Particularité Espèce
> 10 m Gris foncé Gris foncé tête massive, au profil
« carré «, souffle orienté vers
l’avant gauche, petit aileron
dorsal triangulaire
Cachalot
< 2 m Bleu noir et blanc Stries sombres sur les flancs
Une flamme typique blanche part
des flancs vers l’aileron dorsal
Dauphin bleu et
blanc
> 2 m Bleu foncé et blanc Flancs marqués par un « V » bleu Dauphin commun
2,5 à 5 m Gris sombre et taches
blanchâtres
Absence de rostre (front plat),
nageoire dorsale au milieu du
dos, cicatrices sur le corps
Dauphin de Risso
5 à 10 m Noir et gris foncé Tête ronde et globuleuse, aileron
bas et large, recourbé vers
l’arrière
Globicéphale noir
2,5 à 5 m Bleu et blanc Rostre court et bien marqué,
flanc gris
Grand Dauphin
> 15 m Dos gris
ventre clair
Tête triangulaire et fanons, avec
une coloration asymétrique.
Souffle vertical et petit aileron
reculé
Rorqual commun
5 à 10 m Corps gris tête claire Nageoire dorsale en arrière du
corps
Ziphius
Concertation publique sur le projet
Cahier d’Acteur N°1 - 4
De nombreuses études se sont efforcées de définir l’habitat des cétacés. Elles départa-
gent la présence des différentes espèces par la température de l’eau de surface et les
différentes masses d’eau en présence, les profondeurs et le relief topographique, les
phénomènes hydrologiques tels que les upwellings ou les fronts ou la combinaison de
plusieurs facteurs à divers niveaux spatio-temporels. Les habitats préférentiels au vu
des observations réalisées se situeraient sur le talus continental (figure 2) sur lequel
serait implantée la canalisation, et l’environnement pélagique.
La présence des mammifères marins est, de plus, dépendante de la distribution des
proies dont ils se nourrissent. Il a été démontré que leur présence en mer Tyrrhénienne,
dans le sanctuaire Pelagos, est particulièrement importante en période estivale qui se
trouve être également celle de leur reproduction.
Les impacts possibles sur les cétacés
L’univers acoustique des cétacés
Même s’il faut être encore particulièrement prudent quant à l’impact que peuvent avoir
les sons sur les mammifères marins, plusieurs études scientifiques témoignent de mo-
difications comportementales.
Le bruit sous-marin anthropogénique est une forme de pollution qui, bien que reconnue,
n’est quasiment pas réglementée. On sait que de nombreuses espèces de poissons et de
mammifères marins sont très sensibles aux sons, et dépendent de ceux-ci pour s’orien-
ter, trouver leur nourriture, localiser un partenaire, éviter les prédateurs, et communi-
quer entre eux. Le sens le plus développé chez les cétacés à dents est l’audition : ils sont
dotés de la fonction d’écholocation, sorte de sonar naturel, qui permet la localisation
Figure 2
Concertation publique sur le projet
Cahier d’Acteur N°1 - 5
dans l’espace de leurs congénères et des proies. Les ondes sonores à haute fréquence
(figure3) sont émises par une cavité proche de l’évent (en bleu sur le schéma suivant),
puis focalisées vers la cible, réfléchies par la cible, captées au niveau de la mâchoire in-
férieure pour être enfin interprétées par le cerveau (en rouge sur le schéma).
L’univers des cétacés est essentiellement acoustique. Les sons se propageant très loin
dans l’eau et cinq fois plus vite que dans l’air, certains cétacés sont capables de commu-
niquer à plusieurs centaines de kilomètres de distance, et d’émettre des sons répétitifs
que l’on qualifie de chant. Il ne faut donc pas s’étonner que le Sanctuaire Pelagos soit
particulièrement surveillé notamment en ce qui concerne la gestion du bruit, en effet,
les études démontrent que certaines formes de bruit océanique peuvent tuer, blesser et
rendre sourds les baleines, d’autres mammifères marins, ainsi que des poissons. D’autre
part, les spécialistes mettent en avant les divers types de réactions que peuvent avoir les
cétacés subissant des émissions sonores d’origine anthropique :
impact physique tissu corporel et système auditif endommagés ;
impact perceptif
empêche de communiquer avec ses congénères, masque
l’écoute d’autres sons biologiquement importants, inter-
férence avec les facultés d’écoute, décalage adaptatif des
vocalises ;
impact
comportemental
grosse interruption du comportement normal, déplacement
hors de la zone de nuisance sonore ;
effets indirects une diminution de la disponibilité des proies, incitation à une
accoutumance aux sons.
Impacts en phase travaux - Mesure compensatoire
Il est évident que la pose du tube offshore interagit avec le milieu ambiant à cause de
l’impact potentiel provoqué par les variations du bruit environnemental dues au trafic des
bateaux de pose et du fonctionnement des divers engins utilisés en cours de construction.
Il serait donc important d’éviter les travaux durant la période estivale durant laquelle la
présence des cétacés en mer Tyrrhénienne est importante et qui correspond de plus à la
période de leur reproduction.
Impacts en phase exploitation - mesure compensatoire
Il est nécessaire de prendre en compte le fait que la vitesse du son étant supérieure dans
l’eau que dans l’air, le bruit se propage plus loin dans ce premier élément, augmentant
d’autant le rayon de la sphère d’impact sonore sur les cétacés.
Les sources de bruit peuvent provenir :
a - de l’écoulement du méthane à haute pression et grand débit dans le gazoduc
b – du déplacement des robots de surveillance aussi bien internes qu’externes.
Le bruit ayant des impacts négatifs sur les cétacés - dérangements, surdité, lésions
traumatiques, dysfonctionnement du système d’écholocalisation, difficultés de commu-
Figure 3
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