Profession Assistante Dentaire
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mai - juin 2016 19
Le praticien adresse un patient à un radiologue :
quels sont les types d’examens radiologiques
concernés ? Comment expliquer au patient l’inté-
rêt d’une telle démarche ? Comment dialoguer
avec les collaborateurs du cabinet de radiologie
pour bénéficier au mieux de l’expertise du radiologue ?
En complément de son examen clinique, afin d’explorer un
site implantaire ou bien encore de confirmer une hypothèse
diagnostique, le praticien peut faire appel à des examens
radiologiques complémentaires qu’il ne peut réaliser au
cabinet, faute d’installations appropriées ou d’autorisation
de les pratiquer lui-même.
Le rôle de lassistante est alors d’expliciter au patient l’inté-
rêt de tels examens complémentaires en soulignant leurs
modalités de réalisation.
Quels sont les examens
demandés par le chirurgien-
dentiste ?
IRM
L’IRM (imagerie par résonance magnétique) est un examen
permettant de visualiser les tissus mous, contrairement à
la radiographie par rayons X qui ne permet d’obtenir des
images que des tissus calcifiés.
Dans le domaine maxillo-facial, l’IRM est requise essentiel-
lement pour l’imagerie des tissus mous de l’articulation
temporomandibulaire (ATM) (fig. 1). Le praticien, dans son
courrier adressé au radiologue, précisera le contexte clinique
et, d’une manière la plus détaillée possible, les images quil
souhaite obtenir : images bouche ouverte, bouche fermée
par exemple, résolution, séquences, champs examinés…
Le patient doit savoir que cet examen est réalisé sans rayons
X mais qu’il met en œuvre un champ magnétique important
et des radiofréquences de fortes intensités.
Sil n’y a évidemment pas de danger d’exposition aux rayon-
nements ionisants, le champ magnétique mis en œuvre lors
de l’examen peut entraîner de graves lésions en déplaçant
tout objet ou élément prothétique ayant des propriétés
magnétiques. Il conviendrait alors de déposer temporai-
rement ces éléments ou veiller à ne pas porter de bijoux
magnétiques. Les radiofréquences peuvent, quant à elles
perturber le fonctionnement d’un pacemaker (cela consti-
tuera alors une contre-indication absolue à ce type d’exa-
men), ou de prothèse auditive que l’on déposera.
L’assistante conseillera au patient de bien veiller à rapporter,
lors du prochain rendez-vous au cabinet, les sultats de son
examen IRM avec le compte rendu du radiologue, mais aussi
un CD contenant les images DICOM (format spécifique aux
images médicales). Ainsi le praticien pourra, si nécessaire,
visionner les images volumiques IRM sur son poste infor-
matique, à la recherche d’un complément d’information.
Téléradiographie
Il s’agit bien cette fois d’un examen radiologique utilisant
des rayons X. Le praticien peut être amené à demander ce
type d’examen (face et/ou profil) au cabinet de radiologie
essentiellement dans le cadre de sa pratique orthodontique,
notamment pour réaliser son analyse céphalométrique du
patient. Cet examen, signé par les manipulateurs en élec-
troradiologie sous le nom de « Télécrane » (fig. 2) consiste
Dialoguer avec
le cabinet de radiologie
Dominique Le Denmat
20 mai - juin 2016
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Regard clinique
à placer le patient à une très grande distance (4,2 mètres !)
du générateur de rayons X et à positionner le capteur de
l’image radiologique le plus près possible de sa tête, laquelle
est fixée dans un céphalostat qui garantit l’immobilité. Ce
blocage de la tête dans l’appareil est assez désagréable mais
il est très bref : quelques secondes seulement.
L’assistante peut, comme pour toute image radiologique,
conseiller au patient de ne pas porter de bijoux métalliques
le jour de l’examen dont les images artéfactuelles pourraient
altérer la qualité finale du cliché. De même, on pensera à
demander au patient ou à ses parents, de bien apporter les
images, le compte rendu du radiologue et le CD dimages
DICOM lors du prochain rendez-vous.
La téléradiographie est-elle dangereuse ?
C’est l’examen radiologique le moins invasif de tout le vaste
domaine de la radiologie dentaire, moins encore qu’un cliché
rétro alvéolaire (le dixième de la dose). Voilà de quoi rassurer
les parents de nos jeunes patients !
1
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1. Image de résonnance magnétique nucléaire objectivant une pathologie de la capsule articulaire (position bouche ouverte) de l’articula-
tion temporo-mandibulaire (ATM). L’image osseuse du condyle est médiocre alors que les tissus mous sont bien visibles.
2. Télécrane utilisé par
l’orthodontiste pour son
analyse céphalométrique.
Bouche fermée Bouche ouverte
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Cone beam CT
De nouveau, il s’agit d’un examen radiologique utilisant des
rayons X, mais ici nous parlons de doses de rayons X les plus
élevées de limagerie maxillo-faciale.
Compte tenu du fort potentiel diagnostic de ces examens 3D,
le « cone beam » est de plus en plus pratiqué (fig. 3) en France.
Bien que de nombreux chirurgiens-dentistes s’équipent de tels
appareils permettant d’obtenir des images radiologiques tridi-
mensionnelles, il est nécessaire quelquefois d’adresser le patient
au cabinet de radiologie générale ; soit que le cabinet dentaire
n’est pas équipé de ces coûteuses machines, soit que l’examen
requière un appareil et un logiciel particuliers.
En effet, le radiologue dispose souvent d’appareils et de proto-
coles divers qui répondront au mieux à la demande du chirur-
gien-dentiste (appareil grand champ permettant une large
exploration sinusienne, appareils petits champs de très haute
résolution...).
Depuis quelques années, de nombreuses indications de la radio-
logie dentaire se déploient au profit du « cone beam ».
Ainsi, en endodontie le praticien pourra explorer une anatomie
radiculaire complexe ou objectiver une pathologie d’origine
endodontique. Dans ce cas, après avoir précisé le contexte
clinique, on demandera au radiologue une image 3D de petit
champ, haute résolution avec rétro reconstruction.
En parodontologie, l’imagerie 3D sera aussi d’un grand secours
pour documenter le volume d’une lésion et, bien souvent, les
stratégies chirurgicales du praticien en seront plus argumentées.
D’autres disciplines de l’odontologie : la chirurgie et l’implan-
tologie présentent des indications encore plus évidentes. Pour
toutes ces indications, le « cone beam » demeure un examen
de seconde intention. Cela signifie que le praticien a
d’abord réaliun cliché simple, faible dose de première
intention (intra-oral ou panoramique) qui ne lui a pas
apporsuffisamment d’information en complément de
son examen clinique.
Le rôle de l’assistante est ici particulièrement impor-
tant, car en plus du traditionnel courrier détaillé, elle doit
veiller à ce que le patient présente ce cliché de première
intention au radiologue ou bien, elle doit s’assurer qu’une
télétransmission vers le cabinet de radiologie du dossier
radiologique sera possible.
De nouveau dans ce cas, l’assistante doit conseiller au
patient de ne pas porter de bijoux métalliques le jour de
l’examen. Enfin pour ces examens radiologiques 3D, il
sera important de demander au patient de bien apporter
les planches d’images, le compte rendu du radiologue et
le CD d’images DICOM lors du prochain rendez-vous car le
chirurgien-dentiste pourra alors examiner lui-même l’in-
tégralité de l’image volumique réalisée par le radiologue.
Conclusion
Par son action quotidienne l’assistante dentaire conseille,
informe le patient et lui prodigue toutes les recomman-
dations utiles à la réalisation d’examens radiologiques
pertinents.
Par sa connaissance des principes généraux de l’imagerie
médicale, actrice du dialogue avec le cabinet de radiolo-
gie général, elle favorise une collaboration efcace entre
le chirurgien-dentiste et le radiologue.
3. Image « cone beam » montrant une
résorption externe au niveau de cette
première molaire maxillaire. Au centre
le cliché intra-oral de première intention
montre une radioclarté interadiculaire
peu informative (avec laimable autorisa-
tion du Pr Jacobs).
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