Coup de théâtre ! La bibliothèque frappe les 3 coups bibliothèque Adultes du 13 janvier au 28 mars 2015 Sommaire 2 2 Naissance du Grand Siècle ................................................. p.4 Le pouvoir royal en décroissance La Fronde parlementaire et aristocratique Naissance du théâtre ......................................................... p.8 Du sacré au profane L’institution du théâtre ..................................................... p.10 Les troupes ambulantes La place du théâtre français parmi les théâtres européens au XVIIe siècle ...................... p.12 Les différents genres littéraires ......................................... p.16 La Pastorale La Comédie La tragi-comédie La Tragédie La querelle des anciens et des modernes ........................... p.20 La règle des trois unités Les partisans des Anciens et des Modernes Les théâtres de Paris ......................................................... p.22 L’Hôtel de Bourgogne Le théâtre du Marais L’illustre Théâtre La Comédie Française ........................................................ p.28 L’Opéra ............................................................................. p.30 3 3 La naissance du Grand Siècle La naissance du Grand Siècle Le pouvoir royal en décroissance Les rois François Ier et Henri II n'ont permis aucune contestation de leur pouvoir. Lorsque Henri II meurt accidentellement le 10 juillet 1559, ses successeurs François II puis Charles IX sont trop jeunes pour pouvoir imposer leur autorité. Ils ne peuvent pas empêcher les Français de s'entredéchirer. La réunion des États généraux par trois fois (1576, 1588, 1589), montre la volonté d’indépendance croissante des princes et est le témoin de cet affaiblissement de l'autorité royale. Différents camps politiques tentent de s’imposer pour contrôler le pouvoir royal. Trois grands clans nobiliaires vont ainsi s'opposer : Les Montmorency : Il s'agit d'une ancienne et puissante famille Les Guise : Ce sont les meneurs du parti catholique. Les Bourbons : Descendants de Saint Louis en ligne directe, ce sont des princes du sang. Commence alors une série de conflits opposants les protestants et les catholiques . Finalement, le roi Henri III reconnaît formellement son 4 beau-frère et cousin germain le roi de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV. 4 Henri IV restaure l’État et le pouvoir monarchique, et pense surtout à reconstruire la France dévastée par les guerres de religion. Cette série de huit conflits a ravagé le royaume de France. La promulgation de l’Edit de Nantes mettra fin aux guerres de religion . L’édit de Nantes est un édit de tolérance promulgué en avril 1598 par le roi de France Henri IV. Cet édit accordait notamment des droits de culte, des droits civils et des droits politiques aux protestants dans certaines parties du royaume et leur concédait, dans des annexes appelées« brevets », un certain nombre de places de sûreté (environ 150) et une indemnité annuelle versée par les finances royales. Henri IV par Frans Pourbus le Jeune. Le 14 mai 1610 Henri IV est assassiné par François Ravaillac. Louis XIII n’a que neuf ans lorsque son père disparaît. En attendant sa majorité royale c’est Marie de Médicis, sa mère qui assure la régence. Bien que la majorité arrive en 1614 il faudra attendre le coup de force d’avril 1617, l’élimination de Concini et l’exil de Marie de Médicis pour que le roi gouverne seul. Le règne personnel de Louis XIII (1617-1643) est marqué par le gouvernement de Richelieu (1624-1642) et son combat permanent pour un renforcement du pouvoir5royal. 5 Le Cardinal de Richelieu En plus de ses talents d’homme politique, le Cardinal de Richelieu, est un grand amateur de théâtre. Il fait construire en 1637 une salle de théâtre privée dans son PalaisCardinal et s’entoure de cinq auteurs chargés d’écrire des œuvres dramatiques : Boisrobert, Colletet, L’Estoille, Rotrou et Corneille. Ce grand politique, conscient de la dégradation du langage et des outrances de certaines pièces de théâtre, fonde en 1634 l’Académie française Armand Jean du Plessis, Cardinal de Richelieu et contribue à la réhabilitation du théâtre qui a trois mérites à ses yeux : - fédérer une élite mondaine et intellectuelle autour d’œuvres contemporaines, - contribuer au rayonnement du royaume - offrir des auteurs prêts à louer les vertus du roi. Louis XIII meurt le 14 mai 1643. Son fils, Louis XIV, qui doit accéder au trône n'a pas encore 5 ans. La fronde parlementaire et aristocratique Profitant de la régence, l’aristocratie et la bourgeoisie parlementaire poursuivent leur combat contre Anne d’Autriche et contre Mazarin, son ministre. la Fronde parlementaire aura lieu dans les années 1648-1649, suivie, entre 1649 et 1653, de la Fronde aristocratique ou Fronde des princes, deux 6 tentatives de révolution réactionnaire cherchant à recouvrer des droits et des privilèges minorées sous le gouvernement de Louis XIII et Richelieu. 6 Une fois perdues ces deux batailles, les parlements comme la noblesse n’auront pas d’autre solution que de céder à la puissance de la couronne. En 1661, Louis XIV à vingt-deux ans, prend un pouvoir personnel que l’on nommera « absolu » . Le monarque impose l'obéissance à tous les ordres et contrôle les courants d'opinion y compris littéraires ou religieux. Il entame ce qu’on appelle « le siècle de Louis XIV » de 1661 à 1715, date de sa mort. 7 Louis XIV le grand dit le Roi Soleil Portrait par Hyacinthe Rigaud dans un cadre en bois par Lepautre (exposé au château de Chenonceau ) 7 Naissance du théâtre Du sacré au profane Tout commence après l’an 1000 par l’illustration pendant l’office religieux d’épisodes phares de la vie de Jésus. Ces figurations symboliques vont très vite s’accompagner de passages dialogués tirés des Ecritures puis de textes profanes récités dans la langue vulgaire —le Français—. Ainsi le drame liturgique quitte l’intérieur du lieu saint pour se jouer sous le porche de l’église. Les récitants ne font plus forcément partie du clergé. L’inspiration religieuse est toujours au fondement des manifestations mais s’accompagne d’un désir croissant de divertissement. D’où le succès des farces. Il s’agit littéralement, au départ, de « farcir » les pièces pieuses d’intermèdes burlesques, ancêtres des comédies. Le théâtre sort de l’église, dans tous les sens du terme. 8 8 La farce La farce est une pièce bouffonne (comique grossier). Elle permet aux comédiens de divertir les spectateurs. Elle est souvent jouée sur les échafauds théâtraux des places publiques. Farceurs Français et Italiens (1670) De gauche à droite : Molière dans le costume d'Arnolphe, Jodelet, Poisson, Turlupin, Le Capitan Matamore, Arlequin, Guillot Gorju, Gros Guillaume, Le Dottor Grazian Balourd, Gaultier Garguille, Polichinelle, Pantalon, Philippin, Scaramouche, Briguelle et Trivelin (de Cl. Giraudon Comédie-Française) Robert Guérin, comédien sérieux des tragédies devient GrosGuillaume pour les farces : ventre énorme, jeu de valet balourd et affamé, souvent aviné, il a pour antithèse Gaultier-Garguille, maigre vieillard amoureux, pédant invétéré 9 généralement ridiculisé par Turlupin, l’acrobate valet rusé. 9 L’institution du théâtre en France Au sortir des guerres de religion, la monarchie a besoin de cadres pour administrer le pays, aussi la scolarisation connaît une expansion massive et la population est à la recherche de paix, de loisirs et de divertissement. Le théâtre trouve ainsi trois sortes de public. La cour et les aristocrates font le succès de ballets et des pastorales : ce public n’est pas ignorant mais pas non plus adepte d’une culture savante. Il préfère le spectaculaire. Le roi et les grands aristocrates peuvent de par leur pouvoir jouer le rôle de commanditaires et mécènes et ainsi contribuer à la renommée des œuvres et des dramaturges. Les Lettrés (professeurs, traducteurs, juristes) : On retrouve les philologues, les auteurs et les critiques. Ils peuvent influer sur le jugement des autres publics. Ils sont attachés aux formes imitées de l’antique : comédie et tragédie. Le public « de la Ville » (on appelait alors Paris : la Ville) : il se compose de groupes sociaux de position intermédiaire : petits nobles, bourgeois, artisans et marchands, étudiants. C’est lui qui constitue la base d’un public « commercial » prêt à payer à l’entrée de salles de spectacle. Amateur du théâtre à texte il est aussi le public lecteur qui peut acheter des livres de poésie, des romans et des 10 éditions de pièces. La capitale exerce une emprise forte sur le pays et c’est donc à Paris que se joue l’institution théâtrale. 10 Les Troupes Ambulantes Elles se manifestent par la professionnalisation. Des acteurs se regroupent en troupes autour d’un acteur vedette. Elles comptent une dizaine de personnes, autant qu’il y a « d’ emplois » usuels dans les pièces. Ces troupes sont ambulantes. Elles donnent leurs représentations dans des lieux provisoires : tréteaux de foire, salles d’auberge et jeux de paume. La « paume » se répand en France au XIIIe siècle. C’est la préfiguration du tennis. La balle est lancée à main nue jusqu’au XVe siècle. On utilise ensuite un gant, puis la raquette. Au XVIe siècle, à Paris, il y a 250 jeux pour 300 000 habitants. Puis Louis XIV interdit la paume qui à la Cour devient le billard. Salle de Jeu de Paume d'après l'ouvrage de Forbert L'Ainé - 1623 Les deux plus célèbres troupes ambulantes furent11celle de Floridor (rentré en 1638 au Théâtre du Marais) et celle de Molière. 11 La place du théâtre français parmi les théâtres européens au XVIIe siècle La seconde moitié du XVIe siècle voit l’installation en France des comédiens italiens, grâce aux invitations de Catherine de Médicis et grâce à l’incroyable dynamisme des troupes itinérantes qui parcourent l’Europe. L a comédie italienne : la commedia dell’arte (comédie des gens de métier afin de montrer qu’il s’agit bien de comédiens professionnels) est le premier et plus ancien théâtre professionnel occidental. Elle a essaimé, dès la Renaissance, des troupes dans tous les pays d’Europe. Ses origines quoique mal connues remontent aux personnages types de la comédie latine : vieillards, jeunes gens et valets, appelés zanni. Si les pièces reposent sur des canevas lâches relevant de la comédie d’intrigue, l’improvisation des comédiens jouant immuablement le même rôle, est cependant strictement codifiée et sans cesse perfectionnée pour tenir compte des réactions du public. Enfin une autre innovation majeure ; les troupes de comédiens italiens, composées de neuf à quinze personnes, comportent des femmes, particulièrement appréciées des spectateurs. Metzetin, un type de Zanni (gravure de Callot, vers 1622) 12 12 L e théâtre espagnol : il se compose au XVIIe siècle de dix mille comédies et environ mille autosacramentales. Ces pièces de théâtre, basées sur une allégorie religieuse ont pour thème préféré le mystère de l’Eucharistie (ex : Le Grand Théâtre du Monde de Caldéron). Ces spectacles plaisent à tout le monde , s’offrant comme le miroir du monde. Le jeu sur les apparences, le vêtement, le déguisement sont des constantes car pour ces comédies le monde est un théâtre dans lequel les hommes cherchent une vérité morale et religieuse. L e théâtre élisabéthain : sous le règne d’Elisabeth 1er et Jacques 1er la poésie et le théâtre s’épanouissent. Les sources essentielles du théâtre élisabéthain viennent du moyen âge (les moralités), de l’histoire anglaise (la guerre des Deux-Roses), de la farce et des fabliaux (les joyeuses commères de Windsor de Shakespeare) ou des légendes populaires (la tragédie du docteur Faustus de Marlowe) mais aussi du théâtre latin et en particulier Sénèque, Tite-Live, Tacite, Suétone. 13 13 L e théâtre français du XVIIe siècle n’évolue donc pas au milieu d’un désert européen. Les dramaturgies espagnoles fondées sur une réflexion sur les liens entre le monde et sa représentation l’alimentent. La réflexion sur le tragique, les techniques des décorateurs machinistes, des genres dont le théâtre français s’empare tels que les pastorales, les tragi-comédies, les comédies des italiens, sont reprises dans les grandes fêtes de la cour. Décor de Mathelot pour la Folie de Clidamant D’Alexandre Hardy D’importants auteurs anglais écrivent des tragédies à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe : Christopher Marlowe, Ben Jonson, Thomas Dekker, Thomas Middleton, John Fletcher et surtout William Shakespeare. Elles reprennent certains traits de la tragédie antique mais s’en distinguent par l’absence d’unité et par un mélange de tons, notamment par l’insertion de passages comiques dans le texte. 14 14 1ère représentation de Mirame au Palais Cardinal en présence du Dauphin, d'Anne d'Autriche, de Louis XIII et de Richelieu Sur l'image, Richelieu et Louis XIII sont assis « côté Roi » = « côté cour », Anne d'Autriche est placée « côté Reine » = « côté jardin » 15 15 Les différents genres littéraires La Pastorale On se prit de passion pour un univers fictif, idéal et harmonieux à l’écart des troubles du monde et de l’histoire. Le monde pastoral a représenté un lieu commun imaginaire et esthétique dans lequel se sont projetées tout un ensemble de valeurs plus policées et pacifiques succédant à des valeurs héroïques et guerrières. Il s’agit d’un univers fictionnel dans lequel le public, après la violence historique des guerres de Religion, manifestait un idéal métaphorique de restauration d’un âge d’or où une communauté paisible vivrait selon les lois d’une nature idyllique et cultiverait les valeurs de constance, de galanterie et d’honnêteté. La comédie Dans les année 1630, Pierre Corneille réinvente le genre 16 comique et attire un public jusque là plus féru de tragédie ou de tragi-comédie. 16 Il s’écarte de la tradition farcesque qui dominait la scène comique. Le terme « comédie » a d’abord désigné le théâtre en général. S’opposant à la tragédie, la comédie cherche à divertir, à faire rire par la légèreté de l’intrigue ou la peinture des personnages qui y est faite. Quelques pièces comiques de Molière (1622-1673) : Les précieuses ridicules (1664) , Le Misanthrope (1666), l’Avare (1668), le Bourgeois Gentilhomme (1670), Les Femmes savantes (1672), Le Malade imaginaire (1673). La comédie a pour but de « corriger les mœurs par le rire ». Pour Molière, il s’agit de « corriger les hommes en les divertissant » en dénonçant l’avarice des hommes, les travers de la médecine, de la justice, de la Cour. Dans la comédie, les personnages sont de condition moyenne ou modeste, et le dénouement est heureux. La comédie de caractère décrit pour s’en moquer un défaut ou une manie qu’incarne un personnage typique. La comédie de mœurs inscrit un personnage dans son milieu social, la comédie d’intrigue complique à loisir l’action de la pièce, la comédie-ballet a été inventée par Molière et Lully en 1660, ce genre mêle musique, danse et théâtre 17 (Cf. Le Bourgeois Gentilhomme). 17 La tragi-comédie L’inventeur de la « Tragecomedie » (orthographiée bientôt « tragicomédie) est Robert Garnier (1534-1590) qui est le premier en 1582 à s’appuyer sur une matière profane : le Roland furieux de l’Arioste pour raconter les aventures de Robert, Léon et Bradamante. Ce genre se développe au XVIIe siècle sous l’impulsion d’Alexandre Hardy qui répond au désir d’un public avide d’aventures et d’émotions. Sous ce nom, on regroupe alors toutes les pièces à sujet sérieux, non religieux, avec une action qui peut susciter la crainte mais sans dénouement mortel (même s’il y a des morts dans le fil de l’action) et incluant de possibles temps de détente, et sans souci des unités. La tragi-comédie est un genre majeur qui s’impose progressivement dans la première moitié du XVIIe siècle. La tragédie La tragédie a été inventée par les Grecs (Cf. Eschyle, Sophocle et Euripide). Les héros tragiques étaient alors des rois, des princes ou des personnages issus de la légende et de l’épopée. 18 18 La tragédie est un drame, c’est-à-dire une action, une imitation (mimésis) de la vie des hommes sur une scène de théâtre. Il y avait les acteurs d’une part et un chœur d’autre part, lequel commentait, par des chants, l’action qui se déroulait sur la scène. Dans sa Poétique, Aristote (384-322 av. J.-C.) définit ainsi la tragédie : « La tragédie est donc l’imitation d’une action noble, conduite jusqu’à sa fin et ayant une certaine étendue, en un langage relevé d’assaisonnements dont chaque espèce est utilisée séparément selon les parties de l’œuvre ; c’est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre. » La tragédie classique est composée de cinq actes (séparés par des entractes), et le nombre de scènes par acte varie. L’action(l’intrigue) est issue de l’histoire ou de la légende ; les personnages sont généralement illustres et sont tourmentés par de fortes passions. 19 19 La querelle des Anciens et des Modernes La règle des trois unités La tragédie classique avait ses règles, dont la fameuse règle des trois unités (unité d’action, unité de temps, unité de lieu) . « […] Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. […] » Boileau, L’Art poétique, chant III. Elles sont nées du besoin de simplifier la technique et de rendre possible la représentation malgré le manque d'espace scénique. L’unité de temps (24 heures) évite de faire des scènes nocturnes qui posent des problèmes d'éclairage ; l’unité de lieu supprime les changements de décor, évitant ainsi les interruptions et les bévues techniques ; l’unité d'action, enfin, où toute péripétie est reléguée dans la coulisse, donne une importance sans égale au discours. Les règles de la bienséance devaient être aussi respectées afin de ne pas choquer le public. La vraisemblance était également de rigueur. Les thèmes tragiques sont souvent l’héroïsme, l’honneur et la vengeance, l’amour, la fatalité. Le personnage principal est soumis aux forces du destin et tout se conjugue pour qu’il n’aie aucune issue possible au 20 bout du compte (cf. piège tendus par les Dieux etc... ). 20 « La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. » Racine, Bérénice, préface. Les partisans des Anciens et des Modernes La querelle des Classiques ou Anciens menée notamment par Boileau, Racine, La Bruyère et La Fontaine soutiennent une conception de la création littéraire qui repose sur l'imitation des auteurs de l’Antiquité. Cette thèse est fondée sur l’idée que l’Antiquité grecque et romaine représente la perfection artistique, aboutie et Nicolas Boileau indépassable. Racine traite ainsi dans ses tragédies 1636-1711 (Phèdre par exemple) des sujets antiques déjà abordés par les tragédiens grecs. La littérature doit respecter les règles du théâtre classique, élaborées par les poètes classiques à partir de la Poétique d’Aristote. Les Modernes, représentés notamment par Perrault, Corneille, Fontenelle, Saint-Evremond soutiennent le mérite des auteurs du siècle de Louis XIV, et affirment au contraire que les auteurs de l’Antiquité ne sont pas indépassables, et que la création littéraire consiste à innover. Ils militent donc pour une littérature adaptée à l’époque contemporaine et des formes artistiques nouvelles. 21 Charles Perrault 1628-1703 21 Les Théâtres de Paris L'Hôtel de Bourgogne À l'origine, c'était la résidence des Ducs de Bourgogne et du célèbre Jean-sans-Peur. En 1548, l'Hôtel devient la propriété d'une société bourgeoise, les Confrères de la Passion et de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ (créée en 1402) . L'Hôtel devient le lieu de leur célébration de leurs mystères. Les mystères C'est au XIIIe siècle que les mystères proprement dits apparaissent en Europe, joués et mimés par des jongleurs puis par des confréries. Le mystère (du latin misterium, « représentation ») devient alors le moyen de présenter au public la vie du Christ et de mêler au divin des éléments profanes (chroniques, histoires de bonne femme, potins de la ville où l'on joue la pièce). C'est dire que la structure du mystère est très souple et, surtout, qu'elle change de ville en ville, ayant des intermèdes ou entractes non écrits dans lesquels la verve satirique des comédiens se donne libre cours. Ces diverses Passions médiévales durent une dizaine de jours et constituent une véritable fête pour la ville. Parmi les plus célèbres, figurent la Passion d'Arnoul Gréban (vers 1450) et celle de Jean Michel (1486). En 1548, un arrêt du parlement de Paris interdit de mélanger sacré et profane. Cette défense de faire rimer cérémonies catholiques et représentations scéniques marque la fin du théâtre hérité du Moyen22 Âge. 22 Malgré l'interdiction de leurs mystères, ils gardent le monopole des représentations théâtrales sur Paris en louant leur salle aux petites troupes de passage, pouvant les pénaliser si celles-ci vont dans d'autres salles. En 1628, la troupe de Valleran-Lecomte s'y établit sous l'ordre de Louis XIII, devenant ainsi " Troupe Royale ". Gros-Guillaume devient le directeur de l'Hôtel. La troupe y joue des farces avec Turlupin, Gros-Guillaume et Gautier-Garguille, des tragédies avec des grands interprètes tels que Montfleury, la célèbre Champmeslé, et Floridor (qui quitta la Troupe du Marais vers 1647 et devient le nouveau directeur de l'Hôtel de Bourgogne cette même année). En 1680, après la mort de La Thorillière, le chef de la troupe, l'Hôtel de Bourgogne se réconcilie et fusionne avec l'Hôtel Guénégaud. La Troupe de Guénégaud est constituée par une fusion entre des comédiens de la Troupe du Marais et des comédiens de la Troupe de Molière à la mort de celui-ci, en 1673. En 1660, les Comédiens-Italiens s'installent également à l'Hôtel de Bourgogne mais ils en sont chassés en 1697. 23 23 Le Théâtre du Marais Malgré le monopole de la Confrérie de la Passion, Mondory décide de monter son propre théâtre à Paris. Il s'installe en 1634 dans le quartier très à la mode du Marais, sur l'emplacement du jeu de paume, rue Vieille du Temple. Il se met ainsi en concurrence directe avec le Théâtre de Bourgogne. Des farces jouées par Jodelet et des pièces machines sont représentées au Marais parmi les grandes œuvres de Pierre Corneille. En 1643, la salle est dévastée par un incendie, mettant les représentations théâtrales en suspens. Le théâtre est ainsi rénové et transformé en Théâtre à la Française : un carré long, dans lequel, une scène peu profonde et un parterre à l'usage du pub li c d ebou t, est cerné par u ne galerie sur laquelle des loges permettent à la belle société assise d'éviter toute gênante promiscuité. L'ensemble est équipé de machines qui orchestrent de savants changements de décors. Il rouvre ses portes en octobre 1644. En 1673, la troupe du Marais est dissoute pour fusionner24 avec les comédiens de la Troupe de Molière. 24 L’illustre théâtre Le 30 juin 1643 est établi le contrat de société fondant L’Illustre Théâtre composé de dix membres fondateurs. C’est dans l’enthousiasme de la jeunesse que naît cette troupe sous l’impulsion du jeune Jean-Baptiste Poquelin et de sa maîtresse, Madeleine Béjart, de quatre ans son aînée. Elle loue la salle du jeu de paume des Métayers, rue Mazarine. C’est la troisième à Paris, après les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne et ceux de « la troupe du roi au Marais ». À peine la salle ouverte, la troupe profite de l'incendie du théâtre du Marais (1643), et il semble que durant plusieurs mois le public ait afflué sur la rive gauche. Malheureusement, en octobre 1644, le théâtre du Marais, entièrement reconstruit et doté d'une magnifique salle équipée de « machines » nouvelles, attire de nouveau le public. 25 25 En décembre 1644, Molière tente de réagir en aménageant un nouveau local et se rapprochant des autres théâtres rivaux. Ce déménagement vient accroître les dettes de la troupe. A partir de 1645, les créanciers — un marchand de chandelles, puis un linger — font jeter Jean-Baptiste à la prison du Chatelet. La compagnie se dissout donc, et, à sa sortie, son chef rejoint avec Madeleine la troupe de Dufresne, qui parcourt la province, et jouit de la protection du duc d’Épernon. Après 13 ans de représentations provinciales, la troupe itinérante de Molière retourne s'installer à Paris en 1658. Suite au succès de la représentation de " Nicomède " au Louvre devant le Roi et sa Cour, ils obtiennent la protection du frère de Louis XIV, Philippe d'Orléans, qui les installe au Petit-Bourbon, devenant ainsi la " troupe de Monsieur ". 26 Représentation de Nicomède au Louvre devant le Roi Louis XIV (1658) 26 En 1661, la troupe est transférée au Palais-Royal, logée avec la troupe des Comédiens Italiens. La troupe de Molière est composée d'illustres comédiens, dont Armande Béjart, épouse de Molière, La Grange, le couple du Parc, dont la femme était la maîtresse de Jean Racine, du Croisy, et Baron. Molière (1622-1673) En 1673, à la mort de Molière, sa troupe fusionne avec un théâtre rival, la troupe du Marais, et toutes deux emménagent dans l'Hôtel Guénégaud, rue Mazarin, pour leurs représentations théâtrales. 27 27 La comédie Française La Comédie Française La Comédie-Française est fondée par ordonnance royale de Louis XIV le 21 octobre 1680 pour fusionner les deux troupes rivales de l’époque, l'Hôtel de Bourgogne et l'Hôtel de Guénégaud et devenir ainsi une troupe unique et permanente. Le Roi leur accorda un Privilège - le monopole de toutes les représentations françaises. La nouvelle Compagnie devient la Comédie-Française. La Comédie-Française fut nommée sous deux autres noms également, Théâtre-Français et la Maison de Molière. Bien que mort depuis sept ans quand la troupe a été créée, Molière est considéré comme le « patron » de l'institution, surnommée la « Maison de Molière ». Le fauteuil dans lequel il entre en agonie lors d'une représentation du Malade imaginaire est toujours exposé au fond de la galerie des bustes. La devise de la Comédie-Française est « Simul et singulis » qui signifie être ensemble et être soi même. Son emblème est une ruche et des abeilles, à l'image d'une institution foisonnante. 28 28 Le 5 janvier 1681, les Comédiens Français se lient entre eux par un acte d'association qui règle notamment le régime des pensions des comédiens retraités. Le répertoire se compose alors de l'ensemble des pièces de théâtre de Molière et de Jean Racine, ainsi que de quelques pièces de Pierre Corneille, Paul Scarron et Jean Rotrou. Les distributions sont arrêtées par l'auteur, s'il est vivant, sinon par les premiers gentilshommes de la Chambre du roi. En 1687, ils s'installèrent dans la rue des Fossés-SaintGermain (aujourd'hui rue de l'Ancienne-Comédie). La Comédie-Française est dirigée par un administrateur général rémunéré par l'État, mais ce sont les Comédiens de la Troupe de Molière qui dominent la gérance interne. En 1812, l'empereur Napoléon Ier, en pleine campagne de Russie, décide de réorganiser la Comédie-Française en signant le 15 octobre, le décret dit « de Moscou » qui comporte 87 articles, et qui reste, à peu de chose près, le statut encore en 29 vigueur aujourd'hui. 29 L'Opéra L'opéra vient de l'Italie où il est créé fin XVIe et début du XVIIe siècle. En France, c'est Jean-Baptiste Lully ( 1632 - 1687) qui fait de l'opéra un spectacle à la mode. La particularité de l'opéra français de Lully est l'intégration de somptueux ballets concluant certaines grandes représentations théâtrales. Le ballet alors, n'était dansé que du Roi et de ses Courtisans, devenant ainsi le Ballet de Cour. De nombreux spectacles - ballets sont donnés à Versailles par Lully à la demande de Louis XIV. Louis XIV, grand passionné de danse et de musique, fonde en 1661 l'Académie de Danse. Le Ballet de Cour professionnel est destiné aux hommes qui peuvent jouer des rôles féminins en étant masqués. C'est en 1681 que les premières femmes peuvent devenir danseuses professionnelles. Lully les emploie pour la première fois cette même année, lors de son spectacle " Le Triomphe de l'Amour ". En 1669, Jean-Baptiste Lully fonde la toute première " Académie d'Opéra et de Présentations en Musique ". 30 30 Place et théâtre de l’Opéra 31 31 Galerie de Portraits Pierre Corneille 1606 - 1684 Molière 1622 - 1673 Jean de Rotrou 1609 - 1650 Jean-Baptiste Lully 1632 - 1687 Jean Racine 1639 - 1699 Paul Scarron 1610 - 1660 Marie de Médicis 1573 - 1642 Cardinal Mazarin 1602 - 1661 32 32 Quelques références bibliographiques Paris et ses théâtres : grandes et petites histoires de Paris / Franck Jouve.– Edition atlas, 2013 [Section adultes : Salle de prêt grand format : 914.43 PAR Histoire du Théâtre / Alain Viala.– Presses universitaires de France, 2010.- (que sais je ? ) [Section Adultes : Salle de Prêt 792.09 VIA Histoire du théâtre dessinée / André Degaine.– ed. Nizet, 1992 [Section Adultes : Magasin 2 : 7G954176 Le théâtre français du XVIIe siècle : histoire, textes choisis, mises en scène / Sous la direction de Christian Biet.– L’avant scène théâtre, 2009 [Section Adultes : Salle de Prêt 792.094 THE La comédie / Guy Spielmann. Dans : Textes et Documents pour la Classe , n°1081.-pp. 16-17 [Section Adultes : Magasin PER 3023 Le théâtre /Alain Viala et Daniel mesguich.—Presses universitaires de France, 2011.- (que sais je ?) [Section Adultes : Salle de prêt 792.09 VIA Sur la toile... Le théâtre du XVIIe siècle : 17emesiecle.free.fr/Theatre.php Wikipédia : encyclopédie en ligne La comédie française : comedie-francaise.fr/ Régie théâtrale : www.regietheatrale.com/ Histoire des théâtres parisiens : www.regietheatrale.com/index/index/ 33 thematiques/histdestheatres/3-17eme1.html Théâtre classique : www.theatre-classique.fr 33 Livret réalisé par la bibliothèque municipale Adultes de Chalon-sur-Saône Janvier / Mars 2015 34