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du 13 janvier
au 28 mars 2015
Sommaire
2
2
Naissance du Grand Siècle ................................................. p.4
Le pouvoir royal en décroissance
La Fronde parlementaire et aristocratique
Naissance du théâtre ......................................................... p.8
Du sacré au profane
L’institution du théâtre ..................................................... p.10
Les troupes ambulantes
La place du théâtre français
parmi les théâtres européens au XVIIe siècle ...................... p.12
Les différents genres littéraires ......................................... p.16
La Pastorale
La Comédie
La tragi-comédie
La Tragédie
La querelle des anciens et des modernes ........................... p.20
La règle des trois unités
Les partisans des Anciens et des Modernes
Les théâtres de Paris ......................................................... p.22
L’Hôtel de Bourgogne
Le théâtre du Marais
L’illustre Théâtre
La Comédie Française ........................................................ p.28
L’Opéra .............................................................................
p.30
3
3
La naissance du Grand Siècle
La naissance du Grand Siècle
Le pouvoir royal en décroissance
Les rois François Ier et Henri II n'ont permis aucune contestation de leur
pouvoir. Lorsque Henri II meurt accidentellement le 10 juillet 1559, ses
successeurs François II puis Charles IX sont trop jeunes pour pouvoir
imposer leur autorité. Ils ne peuvent pas empêcher les Français de
s'entredéchirer.
La réunion des États généraux par trois fois (1576, 1588, 1589), montre la
volonté d’indépendance croissante des princes et est le témoin de cet
affaiblissement de l'autorité royale.
Différents camps politiques tentent de s’imposer pour contrôler le
pouvoir royal. Trois grands clans nobiliaires vont ainsi s'opposer :
Les Montmorency : Il s'agit d'une ancienne et puissante famille
Les Guise : Ce sont les meneurs du parti catholique.
Les Bourbons : Descendants de Saint Louis en ligne directe, ce sont
des princes du sang.
Commence alors une série de conflits opposants les protestants et les
catholiques .
Finalement, le roi Henri III reconnaît formellement son 4
beau-frère et cousin germain le roi de Navarre comme
son successeur légitime, et celui-ci devient le roi Henri IV.
4
Henri IV restaure l’État et le pouvoir monarchique, et
pense surtout à reconstruire la France dévastée par les
guerres de religion. Cette série de huit conflits a
ravagé le royaume de France. La promulgation de
l’Edit de Nantes mettra fin aux guerres de religion .
L’édit de Nantes est un édit de tolérance
promulgué en avril 1598 par le roi de France
Henri IV.
Cet édit accordait notamment des droits de
culte, des droits civils et des droits politiques
aux protestants dans certaines parties du
royaume et leur concédait, dans des annexes
appelées« brevets », un certain nombre de
places de sûreté (environ 150) et une indemnité
annuelle versée par les finances royales.
Henri IV par
Frans Pourbus le
Jeune.
Le 14 mai 1610 Henri IV est assassiné par François Ravaillac.
Louis XIII n’a que neuf ans lorsque son père disparaît. En attendant sa
majorité royale c’est Marie de Médicis, sa mère qui assure la
régence. Bien que la majorité arrive en 1614 il faudra attendre le coup
de force d’avril 1617, l’élimination de Concini et l’exil de Marie de
Médicis pour que le roi gouverne seul. Le règne personnel de Louis XIII
(1617-1643) est marqué par le gouvernement de Richelieu (1624-1642)
et son combat permanent pour un renforcement du pouvoir5royal.
5
Le Cardinal de Richelieu
En plus de ses talents d’homme politique, le Cardinal de
Richelieu, est un grand amateur de théâtre. Il fait construire en
1637 une salle de théâtre privée dans son PalaisCardinal et s’entoure de cinq auteurs chargés
d’écrire des œuvres dramatiques : Boisrobert,
Colletet, L’Estoille, Rotrou et Corneille.
Ce grand politique, conscient de la dégradation
du langage et des outrances de certaines pièces
de théâtre, fonde en 1634 l’Académie française Armand Jean du Plessis,
Cardinal de Richelieu
et contribue à la réhabilitation du théâtre qui a
trois mérites à ses yeux :
- fédérer une élite mondaine et intellectuelle autour d’œuvres
contemporaines,
- contribuer au rayonnement du royaume
- offrir des auteurs prêts à louer les vertus du roi.
Louis XIII meurt le 14 mai 1643. Son fils, Louis XIV, qui doit
accéder au trône n'a pas encore 5 ans.
La fronde parlementaire et aristocratique
Profitant de la régence, l’aristocratie et la bourgeoisie parlementaire
poursuivent leur combat contre Anne d’Autriche et contre Mazarin, son
ministre.
la Fronde parlementaire aura lieu dans les années 1648-1649, suivie, entre
1649 et 1653, de la Fronde aristocratique ou Fronde des princes,
deux
6
tentatives de révolution réactionnaire cherchant à recouvrer des droits et
des privilèges minorées sous le gouvernement de Louis XIII et Richelieu.
6
Une fois perdues ces deux batailles, les parlements comme la
noblesse n’auront pas d’autre solution que de céder à la puissance de
la couronne.
En 1661, Louis XIV à vingt-deux ans, prend un pouvoir personnel que
l’on nommera « absolu » . Le monarque impose l'obéissance à tous
les ordres et contrôle les courants d'opinion y compris
littéraires ou religieux. Il entame ce qu’on appelle « le siècle de Louis
XIV » de 1661 à 1715, date de sa mort.
7
Louis XIV le grand dit le Roi Soleil
Portrait par Hyacinthe Rigaud dans un cadre en bois par Lepautre
(exposé au château de Chenonceau )
7
Naissance du théâtre
Du sacré au profane
Tout commence après l’an 1000 par
l’illustration pendant l’office religieux
d’épisodes phares de la vie de Jésus.
Ces figurations symboliques vont très
vite s’accompagner de passages
dialogués tirés des Ecritures puis de
textes profanes récités dans la langue
vulgaire —le Français—.
Ainsi le drame liturgique quitte
l’intérieur du lieu saint pour se jouer
sous le porche de l’église.
Les récitants ne font plus forcément partie du clergé.
L’inspiration religieuse est toujours au fondement des
manifestations mais
s’accompagne d’un désir croissant de
divertissement. D’où le succès des farces.
Il s’agit littéralement, au départ, de « farcir » les pièces pieuses
d’intermèdes burlesques, ancêtres des comédies.
Le théâtre sort de l’église, dans tous les sens du terme.
8
8
La farce
La farce est une pièce bouffonne (comique grossier). Elle permet aux
comédiens de divertir les spectateurs. Elle est souvent jouée sur les
échafauds théâtraux des places publiques.
Farceurs Français et Italiens (1670)
De gauche à droite :
Molière dans le costume
d'Arnolphe, Jodelet, Poisson,
Turlupin, Le Capitan Matamore,
Arlequin, Guillot Gorju,
Gros Guillaume, Le Dottor
Grazian Balourd, Gaultier
Garguille, Polichinelle, Pantalon,
Philippin,
Scaramouche, Briguelle et Trivelin
(de Cl. Giraudon Comédie-Française)
Robert Guérin, comédien sérieux des tragédies devient GrosGuillaume pour les farces : ventre énorme, jeu de valet balourd
et affamé, souvent aviné, il a pour antithèse
Gaultier-Garguille, maigre vieillard amoureux, pédant invétéré
9
généralement ridiculisé par Turlupin, l’acrobate valet rusé.
9
L’institution du théâtre en France
Au sortir des guerres de religion, la monarchie a besoin de cadres
pour administrer le pays, aussi la scolarisation connaît une expansion
massive et la population est à la recherche de paix, de loisirs et de
divertissement.
Le théâtre trouve ainsi trois sortes de public.
La cour et les aristocrates font le succès de ballets et des
pastorales : ce public n’est pas ignorant mais pas non plus adepte
d’une culture savante. Il préfère le spectaculaire. Le roi et les grands
aristocrates peuvent de par leur pouvoir jouer le rôle de
commanditaires et mécènes et ainsi contribuer à la renommée des
œuvres et des dramaturges.
Les
Lettrés
(professeurs, traducteurs, juristes) : On
retrouve les philologues, les auteurs et les critiques. Ils
peuvent influer sur le jugement des autres publics. Ils sont
attachés aux formes imitées de l’antique : comédie et tragédie.
Le public « de la Ville » (on appelait alors Paris : la Ville) : il se
compose de groupes sociaux de position intermédiaire : petits
nobles, bourgeois, artisans et marchands, étudiants. C’est lui qui
constitue la base d’un public « commercial » prêt à payer à l’entrée de
salles de spectacle. Amateur du théâtre à texte il est aussi le public
lecteur qui peut acheter des livres de poésie, des romans et des
10
éditions de pièces. La capitale exerce une emprise forte sur le pays
et
c’est donc à Paris que se joue l’institution théâtrale.
10
Les Troupes Ambulantes
Elles se manifestent par la professionnalisation. Des
acteurs se regroupent en troupes autour d’un acteur vedette. Elles
comptent une dizaine de personnes, autant qu’il y a « d’ emplois »
usuels dans les pièces. Ces troupes sont ambulantes. Elles donnent
leurs représentations dans des lieux provisoires : tréteaux de foire,
salles d’auberge et jeux de paume.
La « paume » se répand en France
au
XIIIe
siècle. C’est
la
préfiguration du tennis. La balle
est lancée à main nue jusqu’au XVe
siècle. On utilise ensuite un gant,
puis la raquette. Au XVIe siècle, à
Paris, il y a 250 jeux pour 300 000
habitants. Puis Louis XIV interdit la
paume qui à la Cour devient le
billard.
Salle de Jeu de Paume d'après
l'ouvrage de
Forbert L'Ainé - 1623
Les deux plus célèbres troupes ambulantes furent11celle
de Floridor (rentré en 1638 au Théâtre du Marais) et
celle de Molière.
11
La place du théâtre français parmi les théâtres
européens au XVIIe siècle
La seconde moitié du XVIe siècle voit l’installation en France des
comédiens italiens, grâce aux invitations de Catherine de
Médicis et grâce à l’incroyable dynamisme des troupes
itinérantes qui parcourent l’Europe.
L
a comédie italienne : la commedia
dell’arte (comédie des gens de métier afin de
montrer qu’il s’agit bien de comédiens
professionnels) est le premier et plus ancien théâtre
professionnel occidental. Elle a essaimé, dès la
Renaissance, des troupes dans tous les pays d’Europe.
Ses origines quoique mal connues remontent aux
personnages types de la comédie latine : vieillards,
jeunes gens et valets, appelés zanni.
Si les pièces reposent sur des canevas lâches relevant
de la comédie d’intrigue, l’improvisation des
comédiens jouant immuablement le même rôle, est
cependant strictement codifiée et sans cesse
perfectionnée pour tenir compte des réactions du
public.
Enfin une autre innovation majeure ;
les troupes de comédiens italiens,
composées de neuf à quinze
personnes, comportent des femmes,
particulièrement appréciées des
spectateurs.
Metzetin,
un type de Zanni
(gravure de
Callot, vers 1622)
12
12
L
e théâtre espagnol : il se compose au XVIIe siècle de dix
mille comédies et environ mille autosacramentales. Ces
pièces de théâtre, basées sur une allégorie religieuse ont
pour thème préféré le mystère de l’Eucharistie (ex : Le Grand
Théâtre du Monde de Caldéron). Ces spectacles plaisent à tout le
monde , s’offrant comme le miroir du monde. Le jeu sur les
apparences, le vêtement, le déguisement sont des constantes car
pour ces comédies le monde est un théâtre dans lequel les hommes
cherchent une vérité morale et religieuse.
L
e théâtre élisabéthain : sous le règne
d’Elisabeth 1er et Jacques 1er la poésie et le
théâtre s’épanouissent. Les sources
essentielles du théâtre élisabéthain viennent
du moyen âge (les moralités), de l’histoire anglaise (la
guerre des Deux-Roses), de la farce et des fabliaux (les
joyeuses commères de Windsor de
Shakespeare) ou des légendes populaires
(la tragédie du docteur Faustus de
Marlowe) mais aussi du théâtre latin et en
particulier Sénèque, Tite-Live, Tacite, Suétone.
13
13
L
e théâtre français du XVIIe siècle n’évolue donc
pas au milieu d’un désert européen.
Les dramaturgies espagnoles fondées sur une réflexion sur les
liens entre le monde et sa représentation l’alimentent.
La réflexion sur le tragique, les techniques des décorateurs
machinistes, des genres dont le théâtre français s’empare tels que
les pastorales, les tragi-comédies, les comédies des italiens, sont
reprises dans les grandes fêtes de la cour.
Décor de Mathelot pour
la Folie de Clidamant
D’Alexandre Hardy
D’importants auteurs anglais écrivent des tragédies à la fin du
XVIe siècle et au début du XVIIe : Christopher Marlowe, Ben
Jonson, Thomas Dekker, Thomas Middleton, John Fletcher et
surtout William Shakespeare.
Elles reprennent certains traits de la tragédie antique mais s’en
distinguent par l’absence d’unité et par un mélange de tons,
notamment par l’insertion de passages comiques dans le texte.
14
14
1ère représentation de
Mirame au Palais Cardinal
en présence du Dauphin, d'Anne d'Autriche, de Louis
XIII et de Richelieu
Sur l'image, Richelieu et Louis XIII sont assis « côté
Roi » = « côté cour », Anne d'Autriche est placée «
côté Reine » = « côté jardin »
15
15
Les différents genres littéraires
La Pastorale
On se prit de passion pour un univers fictif, idéal et harmonieux à
l’écart des troubles du monde et de l’histoire.
Le monde pastoral a représenté un lieu commun imaginaire et
esthétique dans lequel se sont projetées tout un ensemble de
valeurs plus policées et pacifiques succédant à des valeurs
héroïques et guerrières.
Il s’agit d’un univers fictionnel
dans lequel le public, après la
violence historique des guerres de
Religion, manifestait un idéal
métaphorique de restauration
d’un âge d’or où une
communauté paisible vivrait
selon les lois d’une nature
idyllique et cultiverait les valeurs
de constance, de galanterie et
d’honnêteté.
La comédie
Dans les année 1630, Pierre Corneille réinvente le genre
16
comique et attire un public jusque là plus féru de tragédie ou
de tragi-comédie.
16
Il s’écarte de la tradition farcesque qui dominait la scène comique. Le
terme « comédie » a d’abord désigné le théâtre en général.
S’opposant à la tragédie, la comédie cherche à divertir, à faire rire par la
légèreté de l’intrigue ou la peinture des personnages qui y est faite.
Quelques pièces comiques de Molière (1622-1673) : Les précieuses
ridicules (1664) , Le Misanthrope (1666), l’Avare (1668), le Bourgeois
Gentilhomme (1670), Les Femmes savantes (1672), Le Malade
imaginaire (1673).
La comédie a pour but de « corriger les mœurs
par le rire ». Pour Molière, il s’agit de « corriger
les hommes en les divertissant » en dénonçant
l’avarice
des
hommes,
les
travers de la médecine, de la justice, de la
Cour.
Dans la comédie, les personnages sont de condition moyenne ou
modeste, et le dénouement est heureux.
La comédie de caractère décrit pour s’en moquer un défaut ou une manie
qu’incarne un personnage typique. La comédie de mœurs
inscrit un personnage dans son milieu social, la comédie d’intrigue
complique à loisir l’action de la pièce, la comédie-ballet a été inventée
par Molière et Lully en 1660, ce genre mêle musique, danse et théâtre
17
(Cf. Le Bourgeois Gentilhomme).
17
La tragi-comédie
L’inventeur de la « Tragecomedie » (orthographiée bientôt « tragicomédie) est Robert Garnier (1534-1590) qui est le
premier en 1582 à s’appuyer sur une matière profane :
le Roland furieux de l’Arioste pour raconter les
aventures de Robert, Léon et Bradamante.
Ce genre se développe au XVIIe siècle sous l’impulsion
d’Alexandre Hardy qui répond au désir d’un public
avide d’aventures et d’émotions. Sous ce nom, on
regroupe alors toutes les pièces à sujet sérieux, non
religieux, avec une action qui peut susciter la crainte mais sans
dénouement mortel (même s’il y a des morts dans le fil de l’action) et
incluant de possibles temps de détente, et sans souci des unités.
La tragi-comédie est un genre majeur qui s’impose
progressivement dans la première moitié du XVIIe siècle.
La tragédie
La tragédie a été inventée par les Grecs (Cf. Eschyle, Sophocle et
Euripide). Les héros tragiques étaient alors des rois, des princes ou
des personnages issus de la légende et de l’épopée.
18
18
La tragédie est un drame, c’est-à-dire une action, une imitation
(mimésis) de la vie des hommes sur une scène de théâtre. Il y avait
les acteurs d’une part et un chœur d’autre part, lequel
commentait, par des chants, l’action qui se déroulait sur la scène.
Dans sa Poétique, Aristote (384-322 av. J.-C.) définit ainsi la tragédie :
« La tragédie est donc l’imitation d’une action noble,
conduite jusqu’à sa fin et ayant une certaine étendue, en un
langage relevé d’assaisonnements dont chaque espèce est
utilisée séparément selon les parties de l’œuvre ; c’est une
imitation faite par des personnages en action et non par le moyen
d’une narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte,
accomplit la purgation des émotions de ce genre. »
La tragédie classique est composée de cinq actes (séparés par des
entractes), et le nombre de scènes par acte varie. L’action(l’intrigue)
est issue de l’histoire ou de la
légende ; les personnages sont
généralement illustres et sont
tourmentés par de fortes passions.
19
19
La querelle des Anciens et des Modernes
La règle des trois unités
La tragédie classique avait ses règles, dont la fameuse règle des
trois unités (unité d’action, unité de temps, unité de lieu) .
« […] Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait
accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. […] »
Boileau, L’Art poétique, chant III.
Elles sont nées du besoin de simplifier la technique et de rendre
possible la représentation malgré le manque d'espace scénique.
L’unité de temps (24 heures) évite de faire des scènes nocturnes qui
posent des problèmes d'éclairage ; l’unité de lieu supprime les
changements de décor, évitant ainsi les interruptions et les
bévues techniques ; l’unité d'action, enfin, où toute péripétie est
reléguée dans la coulisse, donne une importance sans égale au
discours. Les règles de la bienséance devaient être aussi
respectées afin de ne pas choquer le public. La vraisemblance était
également de rigueur.
Les thèmes tragiques sont souvent l’héroïsme,
l’honneur et la vengeance, l’amour, la fatalité. Le
personnage principal est soumis aux forces du destin et
tout se conjugue pour qu’il n’aie aucune issue possible au
20
bout du compte (cf. piège tendus par les Dieux etc... ).
20
« La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les
autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. »
Racine, Bérénice, préface.
Les partisans des Anciens et des Modernes
La querelle des Classiques ou Anciens menée notamment
par Boileau, Racine, La Bruyère et La Fontaine
soutiennent une conception de la création littéraire qui
repose sur l'imitation des auteurs de l’Antiquité.
Cette thèse est fondée sur l’idée que l’Antiquité grecque
et romaine représente la perfection artistique, aboutie et
Nicolas Boileau
indépassable. Racine traite ainsi dans ses tragédies
1636-1711
(Phèdre par exemple) des sujets antiques déjà abordés par
les tragédiens grecs.
La littérature doit respecter les règles du théâtre classique, élaborées par
les poètes classiques à partir de la Poétique d’Aristote.
Les Modernes, représentés notamment par Perrault, Corneille,
Fontenelle, Saint-Evremond soutiennent le mérite des
auteurs du siècle de Louis XIV, et affirment au contraire
que les auteurs de l’Antiquité ne sont pas indépassables,
et que la création littéraire consiste à innover.
Ils militent donc pour une littérature adaptée à l’époque
contemporaine et des formes artistiques nouvelles.
21
Charles Perrault
1628-1703
21
Les Théâtres de Paris
L'Hôtel de Bourgogne
À l'origine, c'était la résidence des Ducs de Bourgogne et du
célèbre Jean-sans-Peur.
En 1548, l'Hôtel devient la propriété d'une société bourgeoise, les
Confrères de la Passion et de la Résurrection de Notre
Seigneur Jésus-Christ (créée en 1402) . L'Hôtel devient le lieu de
leur célébration de leurs mystères.
Les mystères
C'est au XIIIe siècle que les mystères proprement dits
apparaissent en Europe, joués et mimés par des
jongleurs puis par des confréries. Le mystère (du latin
misterium, « représentation ») devient alors le moyen
de présenter au public la vie du Christ et de mêler au
divin des éléments profanes (chroniques, histoires de
bonne femme, potins de la ville où l'on joue la pièce).
C'est dire que la structure du mystère est très souple et, surtout,
qu'elle change de ville en ville, ayant des intermèdes ou entractes non
écrits dans lesquels la verve satirique des comédiens se donne libre
cours. Ces diverses Passions médiévales durent une dizaine de jours et
constituent une véritable fête pour la ville. Parmi les plus célèbres,
figurent la Passion d'Arnoul Gréban (vers 1450) et celle de Jean Michel
(1486).
En 1548, un arrêt du parlement de Paris interdit de mélanger sacré et
profane. Cette défense de faire rimer cérémonies catholiques et
représentations scéniques marque la fin du théâtre hérité du Moyen22
Âge.
22
Malgré l'interdiction de leurs mystères, ils gardent le
monopole des représentations théâtrales sur Paris en louant
leur salle aux petites troupes de passage, pouvant les
pénaliser si celles-ci vont dans d'autres salles.
En 1628, la troupe de Valleran-Lecomte s'y établit sous
l'ordre de Louis XIII, devenant ainsi " Troupe Royale ".
Gros-Guillaume devient le directeur de l'Hôtel.
La troupe y joue des farces avec Turlupin, Gros-Guillaume et
Gautier-Garguille, des tragédies avec des grands
interprètes tels que Montfleury, la célèbre Champmeslé, et
Floridor (qui quitta la Troupe du Marais vers 1647 et
devient le nouveau directeur de l'Hôtel de Bourgogne cette
même année).
En 1680, après la mort de La Thorillière, le chef de la
troupe, l'Hôtel de Bourgogne se réconcilie et fusionne avec
l'Hôtel Guénégaud. La Troupe de Guénégaud est
constituée par une fusion entre des comédiens de la
Troupe du Marais et des comédiens de la Troupe de
Molière à la mort de celui-ci, en 1673.
En 1660, les Comédiens-Italiens s'installent également à
l'Hôtel de Bourgogne mais ils en sont chassés en 1697. 23
23
Le Théâtre du Marais
Malgré le monopole de la Confrérie de la Passion,
Mondory décide de monter son propre théâtre à Paris. Il
s'installe en 1634 dans le quartier très à la mode du
Marais, sur l'emplacement du jeu de paume, rue Vieille du
Temple. Il se met ainsi en concurrence directe avec le Théâtre
de Bourgogne.
Des farces jouées par Jodelet et
des pièces machines sont
représentées au Marais parmi les
grandes œuvres de Pierre
Corneille.
En 1643, la salle est dévastée par
un
incendie,
mettant
les
représentations théâtrales en suspens. Le théâtre est ainsi
rénové et transformé en Théâtre à la Française : un carré long,
dans lequel, une scène peu profonde et un parterre à l'usage
du
pub li c
d ebou t,
est
cerné
par
u ne
galerie sur laquelle des loges permettent à la belle
société
assise
d'éviter
toute
gênante
promiscuité. L'ensemble est équipé de machines qui
orchestrent de savants changements de décors.
Il rouvre ses portes en octobre 1644.
En 1673, la troupe du Marais est dissoute pour fusionner24
avec
les comédiens de la Troupe de Molière.
24
L’illustre théâtre
Le 30 juin 1643 est établi le contrat de société fondant L’Illustre
Théâtre composé de dix membres fondateurs. C’est dans
l’enthousiasme de la jeunesse que naît cette troupe sous
l’impulsion du jeune Jean-Baptiste Poquelin et de sa maîtresse,
Madeleine Béjart, de quatre ans son aînée.
Elle loue la salle du jeu de paume des
Métayers, rue Mazarine. C’est la troisième à
Paris, après les comédiens de l’Hôtel de
Bourgogne et ceux de « la troupe du roi au
Marais ».
À peine la salle ouverte, la troupe profite de l'incendie du théâtre du
Marais (1643), et il semble que durant plusieurs mois le public ait
afflué sur la rive gauche. Malheureusement, en octobre 1644, le
théâtre du Marais, entièrement reconstruit et doté d'une
magnifique salle équipée de « machines » nouvelles, attire de
nouveau le public.
25
25
En décembre 1644, Molière tente de réagir en aménageant un
nouveau local et se rapprochant des autres théâtres rivaux.
Ce déménagement vient accroître les dettes de la troupe.
A partir de 1645, les créanciers — un marchand de chandelles,
puis un linger — font jeter Jean-Baptiste à la prison du Chatelet.
La compagnie se dissout donc, et, à sa sortie, son chef rejoint
avec Madeleine la troupe de Dufresne, qui parcourt la province,
et jouit de la protection du duc d’Épernon.
Après 13 ans de représentations
provinciales, la troupe itinérante
de Molière retourne s'installer à
Paris en 1658. Suite au succès de
la représentation de " Nicomède
" au Louvre devant le Roi et sa
Cour,
ils
obtiennent
la
protection du frère de Louis XIV,
Philippe d'Orléans, qui les
installe
au
Petit-Bourbon,
devenant ainsi la " troupe de
Monsieur ".
26
Représentation de Nicomède
au
Louvre devant le Roi Louis XIV
(1658)
26
En 1661, la troupe est transférée au Palais-Royal, logée avec la troupe
des Comédiens Italiens.
La troupe de Molière est composée d'illustres comédiens, dont
Armande Béjart, épouse de Molière, La Grange, le couple du Parc,
dont la femme était la maîtresse de Jean Racine, du Croisy, et
Baron.
Molière (1622-1673)
En 1673, à la mort de Molière, sa troupe fusionne avec un
théâtre rival, la troupe du Marais, et toutes deux
emménagent dans l'Hôtel Guénégaud, rue Mazarin, pour leurs
représentations théâtrales.
27
27
La comédie Française
La Comédie Française
La Comédie-Française est fondée par ordonnance royale de Louis
XIV le 21 octobre 1680 pour fusionner les deux troupes
rivales de l’époque, l'Hôtel de Bourgogne et l'Hôtel de
Guénégaud et devenir ainsi une troupe unique et permanente.
Le Roi leur accorda un Privilège - le monopole de toutes les
représentations françaises. La nouvelle Compagnie devient la
Comédie-Française.
La Comédie-Française fut nommée sous deux autres noms également,
Théâtre-Français et la Maison de Molière.
Bien que mort depuis sept ans quand la troupe a été créée, Molière est
considéré comme le « patron » de l'institution,
surnommée la « Maison de Molière ». Le
fauteuil dans lequel il entre en agonie lors d'une
représentation du Malade imaginaire est
toujours exposé au fond de la galerie des
bustes.
La devise de la Comédie-Française est « Simul et
singulis » qui signifie être ensemble et être soi
même. Son emblème est une ruche et des
abeilles, à l'image d'une institution foisonnante.
28
28
Le 5 janvier 1681, les Comédiens
Français se lient entre eux par un acte
d'association qui règle notamment le
régime des pensions des comédiens
retraités. Le répertoire se compose
alors de l'ensemble des pièces de
théâtre de Molière et de Jean Racine,
ainsi que de quelques pièces de Pierre
Corneille, Paul Scarron et Jean
Rotrou. Les distributions sont
arrêtées par l'auteur, s'il est vivant,
sinon par les premiers
gentilshommes de la Chambre du roi.
En 1687, ils s'installèrent dans la rue des Fossés-SaintGermain (aujourd'hui rue de l'Ancienne-Comédie).
La Comédie-Française est dirigée par un administrateur
général rémunéré par l'État, mais ce sont les
Comédiens de la Troupe de Molière qui dominent la
gérance interne.
En 1812, l'empereur Napoléon Ier, en pleine campagne de Russie,
décide de réorganiser la Comédie-Française en signant le 15
octobre, le décret dit « de Moscou » qui comporte 87 articles, et qui
reste, à peu de chose près, le statut encore en 29
vigueur
aujourd'hui.
29
L'Opéra
L'opéra vient de l'Italie où il est créé fin XVIe et début du XVIIe
siècle.
En France, c'est Jean-Baptiste Lully ( 1632 - 1687)
qui fait de l'opéra un spectacle à la mode.
La particularité de l'opéra français de Lully est
l'intégration de somptueux ballets concluant
certaines grandes représentations théâtrales. Le
ballet alors, n'était dansé que du Roi et de ses
Courtisans, devenant ainsi le Ballet de Cour. De
nombreux spectacles - ballets sont donnés à Versailles par
Lully à la demande de Louis XIV.
Louis XIV, grand passionné de danse et de musique, fonde en 1661
l'Académie de Danse. Le Ballet de Cour professionnel est destiné aux
hommes qui peuvent jouer des rôles féminins en étant masqués.
C'est en 1681 que les premières femmes peuvent devenir danseuses
professionnelles.
Lully
les
emploie
pour
la
première fois cette même année, lors de son spectacle
" Le Triomphe de l'Amour ".
En 1669, Jean-Baptiste Lully fonde la toute première " Académie
d'Opéra et de Présentations en Musique ".
30
30
Place et théâtre de l’Opéra
31
31
Galerie de Portraits
Pierre Corneille
1606 - 1684
Molière
1622 - 1673
Jean de Rotrou
1609 - 1650
Jean-Baptiste
Lully
1632 - 1687
Jean Racine
1639 - 1699
Paul Scarron
1610 - 1660
Marie de
Médicis
1573 - 1642
Cardinal Mazarin
1602 - 1661
32
32
Quelques références bibliographiques
Paris et ses théâtres : grandes et petites histoires de Paris /
Franck Jouve.– Edition atlas, 2013
[Section adultes : Salle de prêt grand format : 914.43 PAR
Histoire du Théâtre / Alain Viala.– Presses universitaires de
France, 2010.- (que sais je ? )
[Section Adultes : Salle de Prêt 792.09 VIA
Histoire du théâtre dessinée / André Degaine.– ed. Nizet, 1992
[Section Adultes : Magasin 2 : 7G954176
Le théâtre français du XVIIe siècle : histoire, textes choisis, mises en scène / Sous la direction de Christian Biet.–
L’avant scène théâtre, 2009
[Section Adultes : Salle de Prêt 792.094 THE
La comédie / Guy Spielmann. Dans : Textes et Documents
pour la Classe , n°1081.-pp. 16-17
[Section Adultes : Magasin PER 3023
Le théâtre /Alain Viala et Daniel mesguich.—Presses
universitaires de France, 2011.- (que sais je ?)
[Section Adultes : Salle de prêt 792.09 VIA
Sur la toile...
Le théâtre du XVIIe siècle : 17emesiecle.free.fr/Theatre.php
Wikipédia : encyclopédie en ligne
La comédie française : comedie-francaise.fr/
Régie théâtrale : www.regietheatrale.com/
Histoire des théâtres parisiens : www.regietheatrale.com/index/index/
33
thematiques/histdestheatres/3-17eme1.html
Théâtre classique : www.theatre-classique.fr
33
Livret réalisé par la
bibliothèque municipale Adultes
de Chalon-sur-Saône
Janvier / Mars 2015
34
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