Mouvement communal • 02/2009
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En effet, au niveau du Holding, il con-
vient de distinguer le résultat compta-
ble du transfert des liquidités.
Du point de vue comptable, en 2009,
les dividendes du Holding communal
versés aux communes, seront la con-
séquence du résultat du consortium
pour l'exercice 2008, lui-même direc-
tement lié aux activités des sociétés
dont il détient des actions pour l'an-
née 2007.
Toutefois, le Holding communal uti-
lise, afin d'honorer ses engagements
en termes de liquidités, les dividendes
que lui-même perçoit en fonction des
résultats enregistrés par les différentes
sociétés durant l'exercice précédent.
Ainsi, la crise actuelle devrait peser sur
les dividendes versés par le Holding en
2009 en raison de probables difficul-
tés de liquidités et encore en 2010 en
raison d'un résultat comptable 2009
affecté par la crise qui a frappé le sec-
teur bancaire en 2008.
On notera encore qu'aucun chiffre
n'est actuellement disponible sur l'im-
portance de la contraction des divi-
dendes. Celle-ci dépend en effet des
résultats définitifs pour 2008 et de la
politique qui sera menée à l'égard des
actionnaires, tant au niveau de Dexia
que du Holding communal.
On notera également que les événe-
ments récents prouvent toute la perti-
nence de la stratégie de diversification
menée par le Holding communal ces
dernières années (les dividendes Dexia
représentent, en 2008, environ 70 %
des résultats du Holding). Cette politi-
que devrait être poursuivie, une fois le
choc actuel absorbé.
A plus long terme, enfin, on s'interro-
gera sur la possibilité, pour le secteur
bancaire, de proposer encore des crois-
sances importantes de leurs dividen-
des. Une politique plus prudente, leçon
à tirer de la crise actuelle, devrait en
effet empêcher de retrouver les crois-
sances de 10 % à 15 % rencontrées
depuis 2000, tout en garantissant une
plus grande solidité et une meilleure
stabilité aux activités des banques.
Les crédits
Le devenir actuel du secteur financier
aura (et a déjà) également un impact
marqué sur la politique des institutions
financières en matière de crédit.
Trois éléments permettent à notre sens
de la définir: la disponibilité du crédit,
les conditions d’octroi et les taux d’in-
térêts pratiqués.
La disponibilité du crédit fait directe-
ment appel à la capacité qu'a l'insti-
tution financière à libérer des crédits,
indépendamment de sa politique indi-
viduelle de sélection des dossiers qui
lui sont soumis.
On a déjà signalé que la crise actuelle
du secteur financier est principale-
ment une crise des liquidités. Celle-ci
pourrait amener (et amène déjà) cer-
taines institutions à stopper ou limiter
temporairement l'octroi de crédits.
Le crédit aux pouvoirs locaux étant
une activité prioritaire de Dexia, les
moyens disponibles leur seront vrai-
semblablement attribués prioritaire-
ment. Ainsi, il apparaît que les lignes
de crédits sont réservées à chaque
début d'exercice et sont par consé-
quent garanties en ce qui concerne
la banque franco-belge. Il ne semble
donc pas que les inquiétudes doivent
être trop grandes à cet égard.
Au niveau des autres institutions
financières, seule ING semble disposer
de parts de marché importantes au
niveau des communes. On suivra donc
l’actualité de la banque néerlandaise
avec beaucoup d’attention.
Les conditions d'octroi font référence
à la sévérité avec laquelle la banque
analyse chaque demande de crédit et
y répond (ou n'y répond pas) favora-
blement.
Les largesses dans l'octroi des crédits
dans le passé récent et la crise des
liquidités ont logiquement conduit à
se montrer plus sévère sur la libéra-
tion des crédits. Dès lors, un nombre
croissant d'entreprises se plaignent
d'un accès restreint aux financements,
freinant leur expansion ou remettant
en cause leur existence même.
Les communes risquent-elles d'être
confrontées à ce problème?
De par leur position privilégiée, il
semble que les pouvoirs publics - dont
on imagine difficilement qu'ils soient
déclarés insolvables - présentent de très
fortes garanties quant à leur capacité
FINANCES
5 Dans les systèmes de contrôles qui analysent
notamment la disponibilité de fonds propres pour
financer les crédits, les prêts aux pouvoirs publics
bénéficient d’une pondération avantageuse: par
rapport aux crédits octroyés aux ménages ou aux
particuliers, celui octroyé aux collectivités locales
doit être couvert 5 fois moins sur fonds propres.
Il s'agit de l'une
des périodes
les plus chaotiques
depuis près
de 80 ans
“
”
à assumer les charges des emprunts5.
S'ajoutent à cela les contrôles de la
tutelle en matière de budgets et d'in-
vestissements qui constituent autant
d’assurances supplémentaires pour
l’institution financière prêteuse.
Aussi, à l'instar des Etats qui trouvent,
facilement et à conditions avantageu-
ses, des liquidités, les communes ne
devraient pas souffrir de la crise actuelle
en ce qui concerne l'accès au crédit.
Enfin, les taux d'intérêts pratiqués
constituent le dernier élément de défi-
nition de la question du crédit.
La hausse des taux des prêts interban-
caires, les frais supplémentaires liés
notamment aux garanties octroyées
par les pouvoirs publics, ainsi que la
réduction des gains que se procuraient
les banques par le biais de placements
- obligeant à chercher ailleurs les
sources de bénéfices - poussent les
taux vers le haut. On peut ainsi estimer
que les marges très faibles constatées
précédemment (moins de 10 points
de base pour certains crédits accordés
aux communes) ont aujourd'hui laissé
place à des marges beaucoup plus
importantes (90 à 100 points de base
est devenu pratique courante).
Toutefois, à l'inverse, les baisses suc-
cessives des taux directeurs par les
banques centrales (instrument utilisé
pour relancer l'activité économique
via un accès moins onéreux au crédit)
tirent les taux pratiqués vers le bas.
Le graphique repris ci-contre illustre
en fait la neutralisation de ces deux
mouvements. Les différentes cour-
bes rappellent toutefois que les taux
d'avant la crise de l'automne 2008
avaient déjà remonté de 1,5 % à 2 %
depuis début 2006.