RÉSUMÉ
La philosophie politique contemporaine est chargée d’une histoire qu’il reste encore à
déblayer, tant la « guerre civile européenne » du siècle dernier a forcé son autodafé. Dans
ce mémoire, nous prenons Georges Sorel, figure de proue du syndicalisme révolutionnaire
des années 1900, comme figure archétypique de ce qui demeure en reste de cette histoire.
Archétype non seulement de la manière dont des théoriciens de premier plan peuvent
tomber, par la force de l’histoire, dans l’oubli le plus absolu, mais aussi archétype de ces
forces mêmes, alors que Sorel est considéré par l’histoire intellectuelle comme le penseur
ayant dressé le pont entre l’extrême-gauche et l’extrême-droite. Ce mémoire ne s’affaire
pas directement à lui attribuer la « paternité du fascisme » ni à l’en disculper. Il s’agit bien
plutôt de procéder à une déconstruction de ses principales idées à partir d’un angle
essentiellement philosophique, procédé connaissant peu d’antécédents. Plus précisément,
notre travail consiste à en dégager une définition de l’éthique, alors que le geste théorique
principal de Sorel apparaît bien être une réduction du politique à l’éthique. Pour ce faire,
nous mobilisons la philosophie contemporaine, notamment Gilles Deleuze et Giorgio
Agamben, en raison de la forte affinité théorique qu’ils ont avec Sorel, particulièrement
dans la définition de l’éthique.
Mots-clés : Georges Sorel, philosophie politique, éthique, Gilles Deleuze, Giorgio
Agamben, syndicalisme, fascisme, Henri Bergson, anarchie, mythe.