Par Augustin Herman WAMBO YAMDJEU
Résumé
Deux ans après l’adoption à l’unanimité des Etats membres de sa politique agricole, l’UEMOA
peine à la mettre en pratique. Un des motifs majeurs de ce retard est lié à son incapacité à
accorder des intérêts nationaux aussi cloisonnés que différents en ce qui concerne les priorités de
développement agricole. Une illustration étayée par une analyse des jeux d’acteurs dans les filières
riz du Mali et du Sénégal permet d’appréhender ces voix discordantes, révélatrices de logiques
opposées entre groupes d’intérêts particulièrement actifs, tant dans ces deux pays et qu’à l’échelle
de la région. Pendant ce temps, la renégociation de l’Accord agricole à l’OMC a commencé. Les
enjeux tout autour sont immenses pour ces pays. Après une passive participation lors des
précédentes négociations agricoles, les Etats membres de l’UEMOA se montrent plus
volontaristes désormais dans les négociations agricoles multilatérales. Notre analyse des
conditions d’émergence d’une position de négociation véritablement endogène à l’Union, montre
dans le cadre des filières malienne et sénégalaise du riz, l’influence des jeux d’intérêts entre acteurs
nationaux sur la conclusion de ce consensus en vue d’une action collective vis à vis de l’OMC.
Sans vraiment parvenir à apprécier l’ampleur du phénomène, nous pensons qu’il n’est pas
négligeable. Même si l’idée d’une part de créer un espace céréalier protégé afin de garantir une
sécurité alimentaire aux populations de la région et d’autre de part réduire leur dépendance des
importations, apparaît comme une des options de mise en place de cette PAU, il faut en discuter
la compatibilité par rapport à l’Accord agricole. Malgré l’absence de ce consensus interne devant
faciliter l’application de la PAU, on constate que l’UEMOA parvient quand même pour l’instant à
formuler une position de négociation plutôt encourageante. A partir de ces constatations, la
question qu’on se pose est de savoir si un consensus régional est-il un préalable crédible à la
construction d’une position de négociation dans le cadre de l’OMC ?
Mots-clés : intégration régionale, UEMOA, OMC, Accord agricole, politique agricole, riz, action collective,
stratégies et jeux d’acteurs.
Summary
Since it adopted its farm policy two years ago, UEMOA is actually unable to implement it really.
As a matter of fact, conflicts between different and antagonistic interests due to groups of actors
at national level appear as among major reasons that explain such a situation. A comparative case
study focused both on malian and senegalese rice sub-sectors leads to apprehend at least two
different logics shared by active actors involved in this sector in the both countries. At the same
time, members of WTO are soon to enter once more into negotiations on farm issues. Stakes
associated to those negotiations are large enough. After their passive participation to previous
rounds on agric issues, UEMOA members are getting more active than they were before. Our
study aims to identify critical and appropriated conditions that could favour arising of
endogenous initiative seeking a common negotiation project in a collective action purpose
towards WTO. Findings revel how contradictory interests opposing groups of actors, limit
regional inner consensus in order to enable implementation of the farm policy. While realizing
non-negligible evidence of this fact, we’re unable to estimate at which extend it runs. Perspectives
of a protected regional area for cereals aiming to reducing dependence of those countries on
food-stuffs imports in food security purposes, thus appears most easier to design than to
implement. Despite lack of regional consensus based on preliminary national commitments,
UEMOA as regional group arrive to formulate some sort of common negotiation proposal. Is
such a regional proposal, still be credible so far as pre-condition negotiation in WTO’s agric
issues?
Key-words: regional integration, UEMOA, WTO, Agreement on agriculture, farm policy, rice, collective action,
strategies and games of actors.
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