SOMMAIRE Le Magnétisme Définition et historique du magnétisme 2 Aimantation : pôles et champ magnétiques 4 Susceptibilité magnétique et courbes d’aimantation 7 Les matériaux magnétiques et leurs utilisations 11 L’effet Hall 13 Le magnétisme et les organismes vivants 15 Le Magnétisme terrestre Origine et intensité du champ magnétique terrestre 16 Déclinaison et inclinaison magnétiques 17 Champ magnétique terrestre dans l’espace et la magnétosphère 19 Variation au cours du temps du champ magnétique terrestre 20 Le Paléomagnétisme 22 Les inversions du magnétisme terrestre 25 Anomalies et prospections magnétiques 27 Les anomalies magnétiques des planchers océaniques 28 Activités Mise en évidence de l’action du champ magnétique 30 Le spectre magnétique et les lignes de champ 31 Action d’un champ magnétique sur un faisceau d’électrons Action d’un champ électrique sur un faisceau d’électrons 33 34 1 DÉFINITION ET HISTORIQUE DU MAGNÉTISME I Définition Le magnétisme désigne à la fois l’ensemble des phénomènes que représentent les matériaux aimantés et la branche de la physique qui étudie les propriétés de la matière aimantée, des aimants. II Historique en quelques dates - Thalès de Milet (VIe siècle av. JC),le premier, aurait signalé les propriétés d’une pierre (pierre d’aimant) trouvée en Magnésie (Thessalie) et appelée pour cette raison magnétite : elle attire le fer ou les pierres de même espèce. Platon savait que cette propriété se transmettait au fer. - L’application des aiguilles aimantées à la navigation est attribuée aux Arabes (XIe s.). - La première étude scientifique de la pierre d’aimant est due à Pierre le Pèlerin de Maricourt (1269) : il définit les pôles, donne les lois qualitatives des attractions et des répulsions et décrit l’expérience de l’aimant brisé. Ces expériences sont complétées par William Gilbert qui, dans son ouvrage De magnete (1600), introduit la notion de lignes de force, indique le rôle des pièces polaires, remarque que le fer, porté au rouge, se désaimante et décrit plusieurs méthodes d’aimantation. Abordant le magnétisme terrestre, il suppose le premier que la Terre est un gros aimant. - Avec C. A. de Coulomb commence l’étude quantitative du magnétisme. A l’aide de la balance de torsion, il établit les lois d’attraction et de répulsion des masses magnétiques en raison inverse du carré de la distance ; il introduit la notion de moment magnétique. - Oersted, en 1820, établit un lien entre les phénomènes électriques et magnétiques, suivi par Ampère, Arago, Biot et Savart, qui créent les bases de l’électromagnétisme - Poisson établit, en 1824, les lois de la magnétostatique : aimantation par influence, théorie du potentiel magnétique. - En 1832, Gauss est à l’origine du magnétomètre et donne aussi le nom à l’unité d’induction. - Faraday découvre, en 1845, le diamagnétisme, distingue paramagnétisme et ferromagnétisme, met en évidence l’action des aimants sur la lumière dans le phénomène de la polarisation rotatoire magnétique, premier lien entre l’optique et l’électromagnétisme. - Pierre Curie, dans des expériences conduites de 1892 à 1895, établit les variations des propriétés magnétiques avec la température : susceptibilité des corps diamagnétiques indépendante de la température, susceptibilité des corps paramagnétiques inversement proportionnelle à la température absolue T, transformation des corps ferromagnétiques en corps paramagnétiques au-dessus d’une température (appelée depuis « Point de Curie »). 2 - S’appuyant sur les travaux de Curie, P. Langevin, en 1905, édifie la première théorie quantitative des propriétés magnétiques de la matière : il part du modèle atomique de l’époque (charge positive et charges négatives [électrons] en mouvement) pour élaborer une théorie cinétique du diamagnétisme et du paramagnétisme avec laquelle il retrouve la loi de Curie. - P.Weiss introduit la notion de domaine élémentaire, petite région possédant une aimantation spontanée saturée, et donne une explication du ferromagnétisme. - En 1925, S.A.Goudsmit et G.E.Uhlenbeck montrent qu ‘en dehors de son moment orbital l’électron possède un moment propre : le spin. - L. Brillouin (1927) et surtout J. H. Van Vleck (1932) établissent la théorie quantique définitive du diamagnétisme et du paramagnétisme. - En 1928, Heisenberg montre que les interactions ferromagnétiques sont dues à des échanges électroniques entre les atomes. - F. Bloch, en 1930, décrit la structure des parois séparant les domaines élémentaires de Weiss. - L. Néel établit et explique les notions d’antiferromagnétisme et de ferrimagnétisme. III Quelques ordres de grandeur du magnétisme et unités Le champ magnétique est noté B et ce vecteur est appelé induction magnétique pour les physiciens. Il s’exprime dans le système d’unités internationales, en Teslas (abréviation T), du nom du physicien américain, d’origine yougoslave, Nikola Tesla. La composante horizontale du champ magnétique de la Terre vaut environ BT = 2 x 10-5 T. Par exemple, à l’intérieur d’une bobine parcourue par un courant de quelques ampères (comme la bobine de Helmholtz utilisée lors de l’activité III), le champ magnétique est quelques dizaines de fois plus intense. De même, dans un accélérateur de particules, on atteint des champs magnétiques de l’ordre de quelques Teslas. Source de champ magnétique Espace interstellaire Corps humain Téléviseur Aimant en céramique Electroaimant Bobines supraconductrices Tache solaire (surface) Etoile à neutrons Noyau atomique Valeur de ce champ (en T) 100 x 10 – 100 x 10-9 3 x 10-4 10-4 0,02 1à5 10 à 40 10 108 1012 -12 3 AIMANTATION : PÔLES ET CHAMP MAGNÉTIQUES I Les pôles magnétiques Dans un aimant en forme de barreau, l’action magnétique est localisée à ses extrémités : on parle de ses pôles magnétiques. L’axe dipolaire relie ces deux pôles. L’aimant, libre de se mouvoir (flottement à la surface de l’eau, mobile sur un pivot), tourne sur lui-même. L’une de ses extrémités indique le pôle Nord terrestre. C’est par définition le pôle Nord de l’aimant, l’autre extrémité étant le pôle Sud. Cette propriété fut mise à profit par les Chinois, à partir du XI ème siècle par la navigation. Quand on approche le pôle Nord d’un aimant du pôle Sud d’un autre aimant, les deux aimants s’attirent. Au contraire, si l’on approche les deux pôles Nord ou les deux pôles Sud (phénomènes d’attraction et de répulsion) : ils se repoussent On pourrait pareillement penser séparer pôle Nord du pôle Sud en brisant un aimant en son milieu. Des expériences ont montré qu’il n’en est rien : il y a obtention de deux nouveaux aimants ayant chacun deux pôles aussi intenses que l’aimant initial. Cette expérience peut être répétée jusqu’à l’échelle atomique (chaque atome est un aimant minuscule avec deux pôles contraires). Certains théoriciens suggèrent aujourd’hui la possibilité de l’existence de pôles magnétiques séparés mais jusqu’à présent, il s ‘est avéré impossible d’isoler un pôle magnétique. 4 II Le champ magnétique et les lignes de champ Dans toute région de l’espace où s’exercent des forces magnétiques, on dit qu’il règne un champ magnétique. Si l’on saupoudre de limaille de fer une plaque de verre sur laquelle est placé un aimant, les grains s’aimantent puis tendent à s’orienter dans la direction du champ magnétique (activité II). on dit que l’ensemble des grains dessine les lignes de force ou lignes de champ magnétique. La figure obtenue est appelée spectre magnétique. Ces lignes de champ permettent ainsi de visualiser le champ magnétique créé. Ces lignes fermées sur elle-même n’ont ni début ni fin. Elles entourent le conducteur de courant créateur du champ. Comme il sera montré au cours de l’activité II, plus les lignes de champ sont rapprochées, plus le champ est intense. Quand les lignes se resserrent, la valeur du champ augmente. Exemples de spectres magnétiques 5 Entre les branches d’un aimant à cheval, les lignes de champ sont parallèles et le champ a sensiblement la même intensité en tous points. Dans ce cas particulier, le champ est dit uniforme. Sur une surface de moyenne dimension, le champ magnétique terrestre est également sensiblement uniforme. Dans un tel champ, un aimant est soumis à deux forces égales et opposées : il s’oriente mais ne se déplace pas. La recherche d’un pôle magnétique unique ou monopole s’est révélé vaine. Parallèlement, il faut enfin souligner que les aimants sont plus ou moins forts mais les deux pôles d’un aimant sont de forces égales. 6 SUSCEPTIBILITÉ MAGNÉTIQUE ET COURBES D’AIMANTATION I Susceptibilité magnétique La susceptibilité magnétique d’un matériau reflète sa réponse à un champ magnétique extérieur. Trois types de réponses s’observent dans la nature : • le diamagnétisme dans lequel la susceptibilité, en général très faible, est négative (corps repoussés par les aimants) . Quand on applique un champ magnétique à un atome, le champ électrique induit modifie le mouvement orbital des électrons et ce phénomène se traduit par une aimantation opposée au champ. • le paramagnétisme dans lequel la susceptibilité est positive (corps attirés par aimants). Il concerne les corps dont les atomes possèdent déjà un moment magnétique en raison par exemple d’électrons non appariés. Les corps ferromagnétiques ont tendance à canaliser les lignes de champ. Ce phénomène est mis à profit dans les électroaimants ou les têtes de lecture et d’enregistrement des magnétophones. L’intensité du champ dans l’entrefer (ouverture du circuit) se trouve proportionnelle à l’intensité du courant circulant dans la bobine entourant le circuit. entrefer • le ferromagnétisme dans lequel les corps ont une aimantation spontanée en l’absence de champ extérieur : il disparaît pour une température supérieure à une température dite point de Curie. 7 Le fer et l’acier sont des matériaux ferromagnétiques. L’alignement des moments magnétiques s’y produit à l’intérieur de points domaines selon une orientation aléatoire. Lorsqu’un champ extérieur est appliqué, chaque domaines tend à aligner son moment avec le champ : Tableau d’exemples de susceptibilités magnétiques 8 II Courbes d’aimantation Au lieu d’utiliser leur susceptibilité, on préfère caractériser ces substances par leur courbe d’aimantation. On utilise une substance ferromagnétique vierge (n’ayant jamais été aimantée) placée dans un champ magnétique variable que l’on fait partir de la valeur nulle. L’aimantation magnétique augmente jusqu’à une valeur Ms (aimantation à saturation) ; c’est la courbe de première aimantation. -Si l’on fait alors diminuer la valeur du champ, l’aimantation diminue mais avec des valeurs supérieures aux valeurs de la courbe initiale. -Pour H=0 (champ magnétique nul) il reste une aimantation dite aimantation rémanente. Le matériau est alors un aimant permanent. -Si H continue à diminuer, l’aimantation s’annule pour H = - Hc, champ coercitif : il constitue le champ antagoniste qu’il faut appliquer pour annuler l’aimantation rémanente. L’aimantation continue à diminuer jusqu’à une valeur à saturation M = - Ms . -Si l’on fait croître à nouveau H, M augmente et s’annule pour H = + Hc puis augmente encore jusqu’à Ms. La courbe obtenue est le cycle d’Hystérésis montrant les variations de l’aimantation en fonction du champ appliqué. L’aire intérieure de cette courbe exprime numériquement l’énergie nécessaire à la réalisation du cycle. Cette énergie se transforme en chaleur dans le corps. La forme du cycle dépend de la substance. On distingue deux cas principaux selon que cette courbe est réversible ou pas. 9 • • Le fer utilisé pour les machines tournantes et les transformateurs est magnétiquement « doux » ; son cycle d’hystérésis est très étroit et donc des pertes d’énergie très faibles. Ceci correspond à un facile déplacement des zones de transition entre domaines élémentaires. Le deuxième cas correspond à un déplacement irréversible des parois de Bloch : il y a une forte hystérésis et le matériau est « dur ». Par exemple, les mémoires magnétiques des ordinateurs ont des cycles larges avec un champ coercitif élevé. En conclusion, la désaimantation d’un aimant ferromagnétique s’effectue en plaçant l’aimant dans un champ magnétique variable dont on fait diminuer la valeur de façon continue. Le cycle d’hystérésis se rétracte jusqu’à disparition finale. 10 LES MATÉRIAUX MAGNÉTIQUES ET LEURS UTILISATIONS I Application des matériaux magnétiques Lorsqu’il s’agit d’aimanter un barreau de fer ou d’un de ses alliages, les différents procédés exploitent les champs magnétiques existant dans la nature ou créés. En voici quelques exemples : • l’action du magnétisme terrestre : il suffit alors de frapper le barreau aimanté verticalement. Le choc mécanique tend à aligner les domaines dans le sens du magnétisme. De même, les tiges de fer sur les bâtiments (paratonnerres, girouettes) s’aimantent lentement au cours du temps par suite des variations de température. • l’action d’un aimant : on frappe le barreau à l’une des extrémités de l’aimant (aimantation plus forte que précédemment). • l’action de deux aimants : on frotte simultanément chaque moitié du barreau, du milieu vers l’extrémité, avec un pôle différent de chaque aimant (méthode de la double touche utilisée jusqu’au XIXe ). • l’action d’une bobine électrique (méthode usitée aujourd’hui) : placé à l’intérieur d’une bobine et si celle-ci est parcourue par un courant suffisamment élevé, le barreau s’aimante à saturation. Actuellement cette technique est utilisée pour fabriquer des électroaimants (barreau de fer doux) et des aimants permanents. Leur désaimantation due au vieillissement ou à l’action d’un champ magnétique extérieur peut être considérée comme négligeable. II Leurs utilisations Le magnétisme constitue un domaine de la physique depuis toujours, étroitement lié à des applications pratiques : des compas de marine jusqu’au XIXe , aux dynamos et moteurs depuis la fin du siècle dernier à l’enregistrement magnétique du son ou encore à l’informatique. * Les matériaux durs (alliages fer cobalt, terres rares, ferrites) sont utilisés pour fabriquer les aimants permanents : fermetures magnétiques, appareils de mesures, moteurs et générateurs, alternateurs, haut-parleurs, microphones …. * Les matériaux doux (alliages de fer et de silicium, fer et nickel ou permimphy) sont utilisés dans les électro-aimants, transformateurs électriques, cartes et tickets magnétiques. * Les mémoires magnétiques d’ordinateur et les disquettes magnétiques sont formées de particules pouvant s’orienter dans un sens ou dans le sens opposé (caractérisant ainsi deux états définissant le 0 et le 1). 11 * La résonance magnétique nucléaire (RMN), technique d’imagerie médicale, fait intervenir les caractéristiques magnétiques des noyaux atomiques du corps étudié. Permettant de déterminer le champ magnétique à l’échelle des molécules et de visualiser en particulier l’hydrogène de l’eau très abondant dans le corps humain, elle ne présente aucun dommage pour les tissus vivants. * La magnétohydrodynamique (MHD) étudie le comportement d’un liquide ou d’un gaz conducteur d’électricité, en mouvement dans un champ magnétique, reposant donc à la fois sur les lois de l’électromagnétisme et sur celles de la dynamique des fluides. Dans les années 1960, des recherches intensives furent menées en vue d’une production d’électricité grâce à la circulation d’un gaz à haute température dans un champ magnétique. Mais ces mesures se heurtèrent à des problèmes techniques trop ardus. De nouveaux espoirs se fondèrent au début des années 1990 : propulsion des navires (sous-marins essentiellement) par l’utilisation de la faible conductivité de l’eau de mer sous l’action de puissants aimants supraconducteurs. 12 L’EFFET HALL I Principe de l’effet Hall Le phénomène de l’effet Hall fut découvert par le scientifique Edwin Hall (1855 – 1938) en1879 qui lui donna son nom. Β Io Vh Si un courant Io traverse Gun barreau conducteur ou semi-conducteur et si un champ magnétique d’induction B est appliqué perpendiculairement au sens de passage du courant une tension Vh, proportionnelle au champ magnétique et au courant Io apparaît sur les faces latérales du barreau. Vh = Kh x B x Io avec Kh constante de Hall qui dépend du matériau utilisé. Remarque : Plus la valeur de la tension est importante, plus les électrons sont déviés. Or plus les électrons sont déviés, plus la mesure du champ magnétique est grande. Ainsi la tension permet une mesure indirecte du champ magnétique. II Causes de l’effet Hall G B I d +++++++ + G FLorentz G E Uh tension de Hall --------------ChampGélectrique créé E Force de Lorentz 13 Soit un élément placé dans un champ magnétique : les charges en déplacement subissent la force de Lorentz, découverte par Hendrik Artoon Lorentz (1853 – 1928) (force magnétique). Il en résulte un déplacement vers les bords, des charges négatives d’un côté, des charges positives (par déficit) de l’autre, d’où un champ électrique. C’est par conséquent la force magnétique (par suite du déplacement des charges à cause de cette force) qui est responsable de l’apparition du champ électrique. Au bout d’un certain temps, un régime permanent s’établit quand les forces magnétiques (Lorentz) et électriques (Coulomb) se compensent. La différence de potentiel appelé Tension de Hall Uh entre les bords de l’élément conducteur résultant de la déviation des électrons par le champ magnétique s’écrit : Uh = IB / (qnd) = Ah (IB/d) avec d : longueur de conducteur parallèle au champ et Ah coefficient de Hall. Une petite « recette » pour mieux visualiser : majeur index pouce Le pouce est placé suivantGle déplacement des charges + (soit l’inverse de celui des électrons ) L’index est placé suivant B (induction du champ magnétique) On constate que le majeur est placé suivant la force magnétique. III Utilisation et description Une telle plaquette munie de fils de connexion constitue une véritable sonde de Hall : un teslamètre. Les applications diverses de l’effet Hall vont de l’allumage électronique des automobiles aux claviers d’ordinateurs. Un capteur à effet Hall donne un signal lorsqu’il détecte un champ magnétique ou une pièce métallique. La tension de Hall est amplifiée dans le capteur. 14 LE MAGNÉTISME ET LES ORGANISMES VIVANTS Ce qu'on a appelé jusqu'à la fin du siècle dernier «magnétisme animal» désigne les attouchements ou les impositions, avec ou sans aimants, censés guérir toutes sortes de maladies. Cette propriété du corps animal le rendrait réceptif à l’influence des corps célestes et à celle des corps qui l’environnent, de même qu’il exercerait la sienne sur ces derniers. A la veille de la Révolution française, un médecin, l'Allemand Franz Mesmer, installé à Paris en 1778, consacra d'importants travaux au magnétisme animal. L’influence des corps célestes, analogue à celle de l’aimant, s’exerce, selon Mesmer, par le moyen d’un fluide où sont plongés tous les êtres. L’homme peut concentrer ce fluide et en diriger les courants sur ses semblables, soit par le contact immédiat, soit à distance. Les maladies, qui ont pour cause une insuffisance ou un blocage du fluide dans l’organisme, peuvent être soignées par une thérapie de recharge ou de déblocage, dont la crise est le symptôme. Une commission nommée par l'Académie des sciences, comprenant le chimiste Antoine Laurent de Lavoisier et le naturaliste Antoine Laurent de Jussieu, conclut alors à «un pur effet de l'imagination», puis peu à peu la théorie du magnétisme animal fut appliquée à l’explication de phénomènes paranormaux : les possessions réputées diaboliques, la voyance, l’hypnose, le prophétisme … Un magnétisme, très faible, existe cependant dans les corps vivants. Avec des détecteurs très sensibles, comme les sondes à effet Hall ou les SQUID supraconducteurs, on a pu évaluer, par la technique de « magnétocardiographie », le champ magnétique du coeur humain à environ un millionième du champ magnétique terrestre. L'orientation des oiseaux migrateurs pourrait se faire en partie grâce aux faibles quantités de magnétite détectées dans leur cerveau : le champ géomagnétique est le plus fiable des repères géographiques car, contrairement à la position du soleil et à la direction du vent, il est très stable et quasi-insensible aux perturbations météorologiques. 15 ORIGINE ET INTENSITÉ DU CHAMP MAGNÉTIQUE TERRESTRE I Origine du champ magnétique terrestre L’origine du champ magnétique terrestre est encore aujourd’hui peu connue. Comme tous les champs magnétiques, celui de la Terre serait dû à des courants électriques. On pense que les courants sont déterminés par des mouvements de convection dans le noyau externe fluide conducteur (entre 2900 et 5100 km de profondeur). En effet, le centre du globe, noyau métallique de 3500 kilomètres de rayon comporte une partie centrale solide et une partie externe fluide. Les particules chargées se trouvant dans cette couche liquide à haute température créeraient un effet comparable à celui d’une dynamo. Néanmoins, le problème est loin d’être résolu car les effets des roches magnétiques situées à faible profondeur se superposent à ce champ magnétique global. II Intensité Lorsqu’une boussole est écartée de sa position d’équilibre, elle oscille. La mesure de la période de ces oscillations permet de déterminer l’intensité du champ magnétique auquel est soumise l’aiguille. Le mathématicien allemand Carl Friedrich Gauss montra le premier dans les années 1830 comment mesurer le champ magnétique terrestre de manière à pouvoir comparer les mesures faites en différents endroits. Un réseau international d’observation fut créé afin de vérifier si le champ magnétique terrestre correspondait bien à ses calculs théoriques. Il établit en effet que le globe terrestre peut être représenté par un aimant situé au centre de la Terre (hypothèse admise par de nombreux autres scientifiques) et orienté suivant un axe voisin de celui des pôles. La valeur du champ magnétique terrestre passe de 31,2 µT à l’équateur magnétique au double aux pôles. La valeur moyenne adoptée est de 2 x 10-5 T. Par exemple, le champ terrestre vaut : à Nouméa 0,048 mT à Paris 0,046 mT Les isodynames relient sur une carte les lieux d’égale composante horizontale du champ magnétique terrestre. Il faut enfin souligner qu’une série d’autres sources magnétiques de directions variées, beaucoup moins puissantes, s’ajoutent au champ magnétique terrestre. 16 DÉCLINAISON ET INCLINAISON MAGNÉTIQUES L’angle formé par la direction du nord magnétique donné par la boussole et par celle du nord géographique est la déclinaison magnétique (D). Cet écart était connu des grands navigateurs du XVe siècle, qui espéraient pouvoir faire le point en mer (surtout lors de longs voyages) grâce à la connaissance de la déclinaison. Mais leur espoir fut déçu, car la déclinaison ne suit pas une loi parfaitement régulière : en effet, on peut définir un axe magnétique de la Terre qui coupe sa surface aux pôles nord et sud magnétiques, mais ceux-ci sont situés à environ 1500 km des pôles géographiques. Ainsi, suivant les lieux, la déclinaison est positive ou négative (pôle Nord géographique à l’est ou à l’ouest du pôle magnétique) et peut atteindre une vingtaine de degrés. De plus, les hétérogénéités de l’écorce terrestre créent des variations locales plus ou moins importantes. Il faut naturellement tenir compte de la déclinaison magnétique lorsqu’on fait le point en mer avec une boussole. Les cartes marines et terrestres donnent la valeur de la déclinaison lors de l’établissement de la carte. La première carte de déclinaison fut établie en 1701 par Edmond Halley (1656 – 1742) pour l’océan Atlantique et l’océan Indien. * Les Isogones relient sur une carte les lieux d’égale déclinaison. La déclinaison varie beaucoup d’un lieu à l’autre. Des anomalies locales (étudiées ultérieurement) peuvent provoquer des erreurs d’indication pouvant atteindre 180°. * On appelle agones les lignes de déclinaison nulle, soit au point où l’aiguille aimantée indique précisément le nord. L’aiguille d’une boussole mobile autour d’un pivot horizontal s’incline en formant un certain angle avec le sol : le champ magnétique terrestre n’est pas horizontal tout comme les lignes de champ ne sont pas parallèles. Cet angle s’appelle l’inclinaison (I). 17 * Les isoclines relient sur une carte les lieux d’égale inclinaison. Elles entourent la Terre comme le font les parallèles mais ne coïncident pas avec eux et ne sont d’ailleurs pas circulaires. * L’isocline i=0° est l’équateur magnétique. Il passe en partie au Nord, en partie au Sud de l’équateur géographique. Aux pôles magnétiques, i=90°, l’aiguille aimantée y est verticale. On peut constater que les deux pôles ne sont pas exactement les points d’intersection de l’axe dipolaire avec la surface terrestre. Cela est une conséquence d’une part des anomalies magnétiques, d’autre part du fait que l’axe dipolaire ne passe pas par le centre de la Terre mais à environ 1000 km. A Nouméa (Nouvelle Calédonie) D = 12°49’ et i = - 48°25’ A Paris D = - 5° et i = 65° L’inclinaison et la déclinaison témoignent toutes deux de variations séculaires dues à la migration des pôles. On ne tient néanmoins pas compte de l’inclinaison en navigation, mais elle permet, avec la déclinaison de caractériser la structure du champ magnétique terrestre. Ce dernier, en un lieu et à un moment donnés, est aussi défini par son intensité (F). 18 CHAMP MAGNÉTIQUE TERRESTRE DANS L’ESPACE LA MAGNÉTOSPHÈRE Il a été longtemps pensé que le champ magnétique terrestre s’étendait dans l’espace interplanétaire, vide de toute matière. Cependant, depuis les années 1960, la mesure du champ magnétique à bord de sondes et de satellites a révélé qu’il est limité à une certaine portée de l’espace entourant la Terre (10 rayons terrestres dans la direction du soleil) qu’on a appelé magnétosphère (il est bien sûr entendu que notre ballon ne l’atteindra pas, étant limité à la stratosphère). La magnétosphère de la Terre s’étend très loin dans l’espace, ses lignes de champ ne sont pas tout à fait celles d’un dipôle magnétique, du fait de la déformation du champ par le vent solaire. En effet, la Terre est plongée dans le vent solaire, formé de particules électriquement chargées émises par le soleil en toutes directions. Par endroit, les particules sont absorbées et des ceintures de radiation apparaissent. C’est le vent solaire, qui contournant la Terre, déforme les lignes de champ et limite son extension à l’intérieur de la magnétosphère, qui présente un volume en forme de larme pointue. A noter enfin que, dans le système solaire, seul Jupiter possède un champ magnétique important. 19 VARIATION AU COURS DU TEMPS DU CHAMP MAGNÉTIQUE TERRESTRE L’affirmation des variations du champ magnétique avec le temps date du XVIIe. Depuis lors, physiciens, géologues, constructeurs d’instruments ont voulu déterminer si ces variations se produisent de façon régulière, journalière, annuelle ou sur de plus longues périodes. Mais le champ magnétique évolue de manière complexe. Ses variations sont actuellement enregistrées en permanence dans plus de 200 « observatoires magnétiques » répartis à la surface du globe. Les moyennes annuelles du champ magnétique, en un endroit précis, varient peu d’une année sur l’autre : le champ moyen varie donc lentement d’année en année et cette variation est essentiellement due à l’évolution des courants à l’intérieur du globe. Cependant, sur des échelles de temps plus importantes, les variations sont plus remarquables : on parle du phénomène de variation géomagnétique séculaire. Ainsi, l’intensité du magnétisme terrestre a diminué approximativement de moitié depuis 600 av. JC. A Paris, la déclinaison de 10° en 1600, passa à 22° ouest en 1800 puis à 4° ouest en 1980. De même, des inversions des pôles magnétiques se sont produites au cours des temps géologiques, quelques 300 fois depuis le Jurassique Supérieur (-100 Ma) (voir partie intitulée Inversion du magnétisme terrestre). En l’espace de quelques milliers d’années, le champ magnétique bascule puis reste stable durant des périodes de 100 000 à quelques millions d’années. L’étude de roches volcaniques ou de poteries archéologiques ont permis de déterminer ces étonnantes variations. Les laves s’épanchant à une température supérieure au point de Curie, se refroidissent. Les minéraux s’aimantent alors selon la direction et l’intensité du champ magnétique terrestre local de l’époque. Cette aimantation thermorémanente, « mémoire magnétique » évoquée par Melloni en 1853, persévère tant que la pierre n’est pas réchauffée à une température qui pourrait faire perdre leur propriété magnétique à ses grains ferromagnétiques. Les roches renferment donc de précieux renseignements sur le champ magnétique (explication dans la partie intitulée Inversions du champ magnétique terrestre). Inversement, le paléomagnétisme, étude de l’aimantation fossilisée, renseigne les géologues sur le passé de la Terre. La dérive des continents a été confirmée par l’étude comparée de magnétisme ancien dans les roches de continents différents (voir chapitre suivant : le Paléomagnétisme). 20 De surcroît, de petites variations se superposent au champ moyen. Ces dernières sont étudiées avec des magnétomètres (à protons par exemple) qui mesurent l’intensité du champ magnétique au dix millionième près. Contrairement aux variations lentes du champ moyen, les petites variations résultent de causes extérieures au globe terrestre, essentiellement à l’action du soleil. Les variations diurnes constituent des variations régulières mais il existe aussi des variations brutales et inattendues, dénommées « orages magnétiques » qui provoquent les aurores boréales. La cause centrale de ces variations réside dans les éruptions de la couronne solaire qui perturbent le vent solaire. L’évolution du champ magnétique terrestre en un mot Les caractéristiques du champ magnétique terrestre (inclinaison, déclinaison, valeur) ne demeurent pas constantes au cours du temps : *Les modifications sur longue durée ont pour cause la migration des pôles magnétiques et l’évolution des courants intérieurs au globe. Ces migrations de pôles peuvent être établies par l’étude de la direction des champs magnétiques des laves volcaniques. Les laves solidifiées gardent la mémoire de l’orientation du champ. Grâce à la dotation, l’histoire peut être reconstituée et l’échange des pôles arctique et antarctique à chaque million d’année confirmé. *Les modifications sur courte durée (de quelques secondes à plusieurs jours) proviennent d’interaction entre le vent solaire et l’ionosphère terrestre (orages / tempêtes magnétiques). 21 LE PALÉOMAGNÉTISME Bien que les Chinois aient découvert dès 1040 les premiers le magnétisme terrestre, il revient à William Gilbert, physicien et médecin de la reine Elisabeth I d'Angleterre au début du 18e siècle, d'avoir réalisé que si l'aiguille aimantée d'une boussole pointe invariablement vers le Nord, c'est qu'il y a quelque chose, une sorte d'aimant placé au centre de la terre, et qu'il devient possible de calculer la direction et l'intensité du champ magnétique en tout point de la surface du globe. Comme expliqué précédemment, la terre est supposée comme un dipôle magnétique, ou encore comme un aimant. Les lignes de forces magnétiques établissent tout autour de la planète un champ magnétique terrestre. C'est la raison pour laquelle l'aiguille d'une boussole s'aligne automatiquement selon les lignes de force, dans une direction nord-sud. Il fallut attendre près de deux siècles, soit vers la fin du 19e siècle, pour qu'on développe le magnétomètre : un appareil capable de mesurer l'intensité du champ magnétique, ouvrant la porte à l'exploration quantitative du champ magnétique terrestre. On se rend compte alors qu'il y a des anomalies : c’est à dire des différences entre les intensités mesurées en un lieu donné et les intensités théoriques calculées selon l'hypothèse de Gilbert: anomalie positive (champ réel > champ théorique) et anomalie négative (champ réel < champ théorique). Macedonio Melloni (1853), physicien napolitain, découvre que chaque roche volcanique possède sa propre aimantation. Il formule l'hypothèse que cette aimantation a été acquise lors du refroidissement de la lave qui enregistre le champ magnétique terrestre de l'époque. Les laves possèdent donc une "mémoire magnétique". Deux chercheurs français, Brunhes (1906) et Mercanton (1910 à 1930), confortent la découverte de Melloni en y apportant les fondements théoriques. Il a cependant fallu attendre l'après-guerre pour voir une utilisation intensive de cette "mémoire magnétique". 22 En 1952, le physicien anglais Patrick Blackett, Prix Nobel en 1948, invente, au cours de recherches sur les relations entre le magnétisme terrestre et la rotation de la terre, le magnétomètre astatique, capable de mesurer des champs magnétiques extrêmement faibles. En 1959, avec ses collaborateurs Keith Runcorn et Ted Irving, il utilise l'appareil pour mesurer la mémoire magnétique des roches; c'est la naissance d'une discipline qu'on appelle aujourd'hui le paléomagnétisme : étude du champ au cours des temps géologiques. On se rend compte que grâce à cette mémoire, on peut déterminer la position des pôles magnétiques pour diverses périodes géologiques à partir de roches dont l'âge est connu. Runcorn propose de définir, époque par époque, la position d'un paléo-pôle magnétique pour diverses régions, un travail minutieux qui consiste d'abord à définir pour l'Europe, une trajectoire de la "promenade des pôles" (polar wandering) à travers les temps géologiques, puis ensuite pour l'Amérique. Cette carte présente une vue de l'hémisphère Nord centrée sur le pôle Nord magnétique, selon la géographie actuelle : . E=Éocène (50 Ma); J=Jurassique (175 Ma); T=Trias (225 Ma); P=Permien (260 Ma); Ca=Carbonifère (320 Ma); S=Silurien (420 Ma); Cb=Cambrien (530 Ma). Les âges absolus (entre parenthèses) correspondent au milieu de la période mentionnée. 23 Deux choses sont apparues anormales: * les trois trajectoires ne coïncident pas; il devrait pourtant n'y avoir qu'une seule trajectoire puisqu'il n'y a qu'un seul pôle nord magnétique terrestre; * plus on recule dans le temps, plus le pôle magnétique s'éloigne du pôle géographique; on sait aujourd'hui que même si le pôle magnétique terrestre se déplace par rapport au pôle géographique, ce déplacement est faible; les trajectoires représentées ici sont donc beaucoup trop longues pour être réalistes. Durant l'intervalle entre la découverte du paléomagnétisme et la formulation de la théorie de la tectonique des plaques, on a cru à cette hypothèse du "polar wandering". Cependant, aujourd'hui, on comprend bien que la seule façon de résoudre ce problème de l'apparente promenade des pôles à travers les temps géologiques et de leur manque de concordance selon que les données viennent d'un continent ou l'autre est de déplacer les masses continentales les unes par rapport aux autres. C'est d'ailleurs ainsi qu'on parvient à reconstituer la position relative des continents pour chaque époque géologique. Mais les paléomagnéticiens ont reculé jusqu'au début du Paléozoïque pour se rendre compte qu'il y a eu des dérives continentales plus anciennes, antérieures à 300 Ma. Mais, toutes ces reconstitutions laissèrent sceptique la communauté scientifique des années 50-début 60; de nombreuses objections seront soulevées. En conclusion, on sait aujourd'hui, grâce à la théorie de la tectonique des plaques, que les continents ont bougé tout au long de l'histoire géologique, et le paléomagnétisme est utilisé comme outil de base pour reconstituer la position des continents aux diverses époques géologiques. 24 LES INVERSIONS DU MAGNÉTISME TERRESTRE En 1906, Brunhes découvre que non seulement les laves ont une mémoire magnétique, mais aussi que certaines montrent des inversions de magnétisme; en d'autres termes, que le dipôle Nord-Sud aurait été à certaines époques Sud-Nord. A la même époque, le japonais Matuyama ajoute une notion temporelle à ces inversions : il date diverses coulées de laves et conclut à l'existence d'inversions multiples à travers les temps géologiques. Le physicien américain J. Graham (1950) a fait redécouvrir un intérêt pour les inversions. Il avait émis l'idée que les inversions de polarité magnétique ne sont pas dues à une inversion du champ magnétique terrestre comme l'avait proposé Matuyama, mais à un phénomène bien connu en physique des solides, l'auto-inversion, qui interviendrait lors de la cristallisation de certains minéraux (fausse proposition qui remit néanmoins le paléomagnétisme au jour). En 1960, John Reynolds du département de physique de Berkeley (Californie) et John Verhoogen du département de géologie de la même université unissent leurs efforts pour étudier des basaltes: l'un met au point une méthode de datation isotopique permettant d'avoir des âges précis, l'autre s'applique à obtenir des mesures fiables d'orientation du paléomagnétisme sur les mêmes échantillons. Ils démontrent rapidement le bien-fondé des conclusions de Matuyama. Walter Elsasser de l'Université Princeton et Ted Bullard de Cambridge en Grande Bretagne développent l'idée d'une dynamo centrale située dans le noyau terrestre. Pour expliquer les retournements épisodiques du champ magnétique, ils conçoivent que cette dynamo pourrait présenter des comportements instables. Finalement, la réalité des inversions du champ magnétique va être démontrée entre 1960 et 1966 par deux équipes issues de Berkeley: une équipe du USGS (United State Geological Survey) en Californie composée d'Alan Cox, Richard Doell et Brant Dalrymple, et une équipe de l'ANU (Australian National University) formée de Ian McDougall et François Chamalun. A partir de laves relativement récentes, ils construisent ensemble une échelle des inversions de la polarité magnétique pour les derniers 4 Ma, une échelle applicable aux U.S.A., à l'Europe, au Pacifique et à l'Australie, et qui a valeur mondiale. 25 On peut établir une échelle magnétostratigraphique locale à partir d'un empilement de coulées de laves, chacune bien datée. Les laves enregistrent, au moment de leur cristallisation, le champ magnétique terrestre telle qu'il est à ce moment. Avec le temps, il se construit un édifice stratifié, constitué de coulées de polarité, ou normale, ou inverse, et de plus en plus jeunes vers le sommet de la pile. Si l’on réalise un forage carotté dans cet édifice; on datera une suite d'échantillons prélevés sur la carotte et pour chacun, on mesurera la polarité du paléomagnétisme. On reportera les données sur une échelle de temps géologique, en indiquant la polarité (normale : orangée ; inverse : bleu). On obtiendra une échelle de ce type : 26 ANOMALIES ET PROSPECTION MAGNÉTIQUES I Anomalies magnétiques Par des mesures locales du champ magnétique, actuellement réalisées par avion, des anomalies locales peuvent être mises en évidence. Ces anomalies résultent de l’existence dans le sous sol de roches possédant différentes aimantations. Certaines anomalies peuvent être importantes, essentiellement dans les régions volcaniques ou dans le cas des gisements métallifères. Le Puy de Dôme en est un exemple : au sommet, la déclinaison varie de 6° sur une distance de 150 mètres. Un second facteur joue un rôle important : aux endroits où la foudre est tombée, les roches sont souvent fortement aimantées par le champ magnétique créé par le courant électrique de la décharge, ce qui entraîne de fortes anomalies locales. II Prospection magnétique La méthode magnétique participe, de façon intense, à la recherche des gisements de pétrole : elle représente 97% du chiffre d’affaire de la prospection géophysique industrielle. L’archéologie bénéficie également de cette méthode. Des mesures faites sur de petites distances permettent de détecter des masses de terres cuites enterrées (fours, murs) Une autre méthode de prospection utilise les variations rapides du champ magnétique terrestre. Le sol étant légèrement conducteur, les variations du champ magnétique terrestre induisent dans le sol des courants électriques de très faible intensité, appelés courants telluriques. Le rapport entre les courants telluriques et les variations du champ magnétique terrestre dépend naturellement de la conductibilité électrique du sous-sol. De la nature du champ magnétique et des courants telluriques, on peut tirer des informations sur la conductibilité du sol et du sous-sol, et par suite sur la composition de ce dernier. Ainsi, il est possible de distinguer le socle cristallin, qui est en général moins bon conducteur que les roches sédimentaires. 27 LES ANOMALIES MAGNÉTIQUES DES PLANCHERS OCÉANIQUES Lors des premières phases de l'exploration des fonds océaniques, les relevés de l'intensité du champ magnétique à l'aide d'un magnétomètre tiré par un bateau avaient montré l'existence, sur ces fonds, d'une alternance de bandes parallèles de magnétisme faible et de magnétisme élevé. Cette situation restait mal expliquée. Au début des années 1960, Vine, Matthews et Morlay ont expliqué et montré que l'existence de ces bandes d'anomalie magnétique venait supporter l'hypothèse de l'étalement des fonds océaniques de Hesse. Schéma de l’étalement des fonds océaniques (de Hesse) La formation de lithosphère océanique à la dorsale enregistre la polarité du champ magnétique terrestre au moment où cristallise le basalte. Le plancher océanique qui s'étale se comporte comme la bande magnétique d'un magnétophone qui fixe le son (ici, la polarité du champ magnétique) au fur et à mesure de son déroulement. Ce sont ces différences de polarité magnétique qui sont responsables des anomalies de l'intensité du champ. La polarité actuelle étant normale, les bandes d'intensité élevée correspondent aux bandes de polarité normale, résultant d'un effet d'addition, alors que les bandes d'intensité faible correspondent aux bandes de polarité inverse, résultant d'un effet de soustraction. 28 Les quatre schémas qui suivent montrent comment se construit dans le temps un plancher océanique constitué de bandes parallèles, de polarités magnétiques alternant entre normales et inverses, et symétriques de part et d'autre d'une dorsale. 29 MISE EN ÉVIDENCE DE L’ACTION DU CHAMP MAGNÉTIQUE Problématique : comment démontrer qu’un aimant exerce un champ magnétique dans l’espace, l’environnement. Expérience Afin de démontrer ce phénomène, nous disposons huit aiguilles aimantées autour d’un aimant droit. Analyse Nous pouvons observer la stabilisation des aiguilles dans des directions différentes après quelques oscillations. Mais toutes les flèches sont pointées vers le Nord de l’aimant. En effet, le pôle Nord de l’aimant repousse le pôle Nord de chacune des aiguilles aimantées. A l’opposé, il attire leur pôle Sud. L’aimant est donc à l’origine d’une action à distance (absence de contact) sur chacune des aiguilles aimantées. Les propriétés de l’espace environnant sont modifiées par la présence de l’aimant. Il est la source d’un champ magnétique dans l’espace dont il est entouré. L’aiguille aimantée joue le rôle de détecteur de champ magnétique. Conclusion Il apparaît au cours de cette expérience qu’en présence d’un champ magnétique une aiguille aimantée subit des actions mécaniques. Ainsi, la Terre est la source d’un champ magnétique qui est plus généralement appelé champ géomagnétique, sous l’action de ce champ, l’aimant suspendu, ou l’aiguille suspendue, s’oriente. 30 LE SPECTRE MAGNÉTIQUE ET LES LIGNES DE CHAMP Problématique : comment faire apparaître un spectre magnétique Expérience : Dans le but de réaliser un spectre magnétique, nous utilisons une plaque transparente (de préférence en plastique ou en verre) que nous plaçons sur un aimant. Puis nous saupoudrons la plaque de limaille de fer avant de tapoter délicatement. Observation Les particules de limaille de fer se comportent de façon analogue aux aiguilles aimantées : subissant une action magnétique, elles tendent à s’orienter dans le sens du champ magnétique B créé par l’aimant. En faisant sauter les particules, elles ne sont plus en contact avec le support. On a ainsi éliminé les frottements qui s’opposent à l’action du champ magnétique. En retombant, les grains se placent alors selon les lignes de champ : on obtient alors le spectre magnétique produit par l’aimant. Conclusion Le vecteur B apparaît tangent à une ligne de champ en chaque point du champ magnétique. De plus, les lignes de champ magnétique sont orientées dans le même sens que le vecteur B en un point : cette observation a été matérialisée grâce à la limaille de fer. 31 Remarques Les lignes de champ ne se coupent pas. La raison contribuant à expliquer ce phénomène est qu’en chaque point, il n’y a qu’un unique vecteur de champ magnétique. Les lignes sortent en divergeant du pôle Nord et convergent vers le pôle Sud après avoir contourné l’aimant en l’enveloppant dans tout l’espace. Enfin, les lignes de champ se referment dans l’aimant. Là où le champ est intense (près des pôles), les lignes de champ sont très resserrées et forment un réseau dense. Au contraire, elles sont resserrées loin des pôles, dans les régions où le champ est faible. Les lignes sont ici observées dans un champ, mais en fait, le champ existe dans l’espace à trois dimensions entourant l’aimant. En chaque point de l’espace entourant l’aimant, une ligne de champ passe. 32 ACTION D’UN CHAMP MAGNÉTIQUE SUR UN FAISCEAU D’ÉLECTRONS Problématique : comment la trajectoire d’une particule chargée est-elle influencée dans un champs magnétique ? Expérience : on utilise un tube à canon à électrons ainsi qu’une bobine de Helmholtz. On branche un générateur 0 – 30V,puis un second. Le premier permet d’imposer une tension pour accélérer les électrons, le second permet de faire passer un courant dans les bobines afin de créer le champ. Un dernier générateur est utile pour faire passer un courant dans le filament pour qu’il chauffe. Observation et conclusion : Les électrons issus du canon sont libérés dans la sphère. La chaleur émise par le filament chauffée excite les électrons et ceux-ci s’éparpillent dans la sphère. C’est à cet instant où il devient possible de visualiser l’enroulement des électrons dans la sphère. En effet, le champ magnétique créé par les bobines attire les électrons donnant naissance au « cercle » visualisé. bobines sphère région où se regroupent les électrons On observe également que si l’on bouge la sphère, les électrons subissent un nouveau déplacement : ils s’enroulent formant une « spirale ». Cette expérience permet de comprendre à petite échelle le principe des aurores boréales de la haute atmosphère. En conclusion, on constate que le champ magnétique va courber la trajectoire des particules chargées : les électrons, qui serait en son absence rectiligne. Le champ magnétique dévie donc la trajectoire des électrons. 33 ACTION D’UN CHAMP ÉLECTRIQUE SUR UN FAISCEAU D’ÉLECTRONS Problématique : comment la trajectoire d’une particule chargée est-elle influencée dans un champ électrique. Expérience : on utilise à nouveau un tube à canon à électrons se situant dans un déflectron. On branche un générateur de tension avec deux sorties : l'une, continue, variant entre 0 à 700V, l'autre délivrant une tension de efficace 6,3 V pour chauffer le système. A nouveau, trois générateurs sont requis : l’un pour chauffer le filament, le second pour accélérer les électrons ais le troisième cette fois pour appliquer une tension électrique sur les plaques horizontales ce qui les charges électriquement : d’où l’apparition d’une force électrique. L’alimentation est reliée à la borne + tandis que le – est relié à une borne du filament derrière la boule. Afin de visualiser la déviation du faisceau, on relie le – en haut et le + en bas de la boule ou inversement. Observation et conclusion : A l’origine, un faisceau lumineux horizontal apparaît perpendiculairement à la plaque graduée verticale. Puis après les derniers branchement, on peut observer la déviation du faisceau. Il est matérialisé par un faisceau bleu décrivant une courbe descendante si le + est relié au bas (cas 1) et une courbe ascendante si le + est relié au haut de la boule (cas 2). Vue de la plaque (cas 2) 34 Vue de la plaque (cas1) En conclusion, on peut observer que le champ électrique dévie lui aussi la trajectoire des électrons. Les champs électrique et magnétique dévient la trajectoire des électrons et chaque champ va pouvoir dévier leur trajectoire dans deux sens opposés. 35 SOURCES I Dictionnaires - Le Petit Robert des Noms Communs 2001 - Larousse Illustré 1998 II Encyclopédies - Encyclopédia Universalis Tomes 5 et 11 - Tout l’Univers – Larousse - Encyclopédie Complète Larousse Théma Sciences - Grand Larousse Universel Tomes 3 et 9 - Quid 2002 (D et M Frémy) III Livres de Physique - Le Monde de la Physique (Livre de Poche – Hans Breuer) - Dictionnaire de Physique (E. Levy) - 1ère S Physique (Collection IV Multimédia - Encyclopédie Encarta – Microsoft 1999 - Encyclopédie Hachette – Microsoft 1998 - Divers sites Web : o www.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s1/magnetisme.terr.html o http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/kh/kh_797_p0.html o http://alain.canduro.free.fr/magnetisme.htm Manon Duez 2nde 2 36