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LIBS : SPECTROMÉTRIE D’ÉMISSION OPTIQUE DE PLASMA INDUIT PAR LASER
La LIBS présente l’avantage d’être une technique entièrement
fondée sur l’optique. Elle permet donc de réaliser des mesures
sans contact entre l’instrument et le milieu analysé. Non intrusive
et rapide (de quelques secondes à quelques minutes), elle est
ainsi, et de manière unique si on la compare aux autres techniques
analytiques, bien adaptée à l’analyse à distance, en ligne ou
in
situ
, sans prélèvement ni préparation d’échantillon. Son principe
de fonctionnement permet, moyennant l’utilisation d’un instru-
ment dédié, la réalisation d’analyses sur tout type de matériaux
industriels ou naturels qu’ils soient sous forme solide, liquide, ou
gazeuse, et sur les aérosols. Comme toutes les méthodes basées
sur la spectroscopie d’émission, la LIBS permet de réaliser des
analyses chimiques multi-élémentaires simultanées, et l’instru-
mentation va du système entièrement portable jusqu’au dispositif
transportable dans un véhicule, voire entièrement robotisé, selon
l’application visée et les contraintes d’utilisation.
Des publications récentes [4] [5] ainsi que les ouvrages [6] [7] [8]
[9] fournissent une revue détaillée des principes et des applica-
tions de la technique LIBS.
1.2 Caractéristiques du signal LIBS
Un spectre LIBS (figure
2
) résulte de la superposition d’un
spectre de raies, provenant de la désexcitation des atomes et des
ions et d’un fond continu produit principalement par le ralentis-
sement des électrons dans le plasma (Bremsstrahlung) et leur
recombinaison avec les ions (recombinaison radiative). Le signal
analytique net correspond à l’intensité d’une raie de l’élément
d’intérêt, intégrée sur sa largeur spectrale et dont on a soustrait le
fond continu.
Plusieurs éléments le caractérisent.
– C’est un
signal transitoire
par nature, enregistré pendant que
le plasma se détend et se refroidit. Comme l’intensité du fond
continu décroît plus rapidement que celle des raies, le rapport
signal sur fond n’est pas constant au cours du temps. On constate
expérimentalement qu’il augmente après le tir laser dans un pre-
mier temps, puis diminue. Un système de détection résolu tempo-
rellement, permettant d’enregistrer l’émission du plasma dans une
fenêtre temporelle positionnée après le tir laser, est donc générale-
ment indispensable pour réaliser des mesures analytiques dans
des conditions optimales. À titre d’illustration, la figure
2
montre
l’évolution du fond et des raies analytiques entre 60 ns et 1
µ
s
après le tir laser. À 60 ns, le spectre est dominé par l’émission du
fond continu et les raies sont élargies, tandis qu’à 1
µ
s, le spectre
est essentiellement constitué par l’émission des raies atomiques et
ioniques, ce qui constitue une situation nettement plus favorable
pour l’analyse. Il faut toutefois noter que sous certaines conditions
particulières (analyses à pression réduite, microanalyse), l’apport
de la résolution temporelle est moins prononcé et dans ce cas des
applications basées sur l’utilisation de détecteurs classiques sont
envisageables.
– L’
intensité élevée du fond continu
limite la dynamique de
mesure, caractérisée par le rapport signal sur fond.
– Le
bruit du fond continu
peut lui aussi être élevé, notamment
en raison du bruit de photons. Par conséquent, il pénalise la limite
de détection, caractérisée par le rapport signal sur bruit de fond.
– Les
raies
peuvent être fortement élargies en raison de la den-
sité du plasma. La capacité à séparer les raies peut être limitée par
ce phénomène, surtout aux premiers instants de désexcitation du
plasma, lorsqu’il est le plus dense.
– L’
épaisseur optique du plasma
, liée à sa forte densité, peut
entraîner fréquemment des phénomènes d’auto-absorption qui
modifient le profil et l’intensité des raies, limitant ainsi la linéarité
du signal LIBS en fonction de la concentration atomique.
– L’
intensité nette d’une raie non auto-absorbée
est proportion-
nelle au nombre d’atomes émettant des photons. Elle est donc
proportionnelle à la masse ablatée et à la concentration de
l’élément. Enfin, elle est d’autant plus élevée que la température
du plasma est élevée.
Ces différents éléments sont abordés plus en détail dans les
paragraphes suivants.
1.3 Caractéristiques analytiques
Les performances analytiques dépendent étroitement des
configurations instrumentales retenues, de la nature des matériaux
analysés et des éléments recherchés. On se borne donc ici à don-
ner quelques indications sur les meilleures performances qu’il est
possible d’atteindre en utilisant une instrumentation bien adaptée
au besoin (§ 3 et 4).
Chaque tir laser produit un plasma et son spectre d’émission
mais la répétabilité tir à tir des mesures LIBS est généralement
entachée d’un bruit de photons assez élevé. Elle peut être infé-
rieure à 10 % pour des raies intenses. La
répétabilité de la mesure
RSD
(
Relative Standard Deviation
) peut cependant être améliorée
en accumulant les tirs laser. En l’absence de dérives, elle peut
atteindre le pourcent, voire encore moins dans certaines
configurations spécialement optimisées permettant l’accumulation
d’un grand nombre de tirs laser. Pour l’analyse des solides, la
répétabilité et la justesse obtenue en LIBS peuvent atteindre celles
obtenues par d’autres techniques d’analyses bien établies, telles
que l’ablation laser couplée à une torche à plasma ICP
(LA-ICP-OES) [10].
Concernant la
justesse de la mesure
, les phénomènes suscep-
tibles d’avoir une influence sur ce paramètre sont présentés dans
le paragraphe 5.2. Dans les conditions les plus favorables, il est
possible d’obtenir jusqu’à 2 % de justesse par LIBS [11].
Enfin, la
limite de détection
est liée à l’intensité du signal et au
bruit du fond. Pour des raisons spectroscopiques (énergie du
niveau excité de la raie, probabilité de transition, nombre de
niveaux de l’élément), les éléments alcalins et alcalino-terreux sont
les éléments les plus sensibles en spectrométrie d’émission. Pour
ces derniers, la limite de détection en LIBS peut atteindre le ppm
masse dans les solides. À l’inverse, les éléments situés à droite
dans le tableau périodique (gaz rares, halogènes, non-métaux)
Dans cet article, seule l’interaction en
régime nanoseconde
est donc traitée.
Figure 2 – Spectres LIBS d’un échantillon de fer obtenus 60 ns
et après le tir laser
Longueur d’onde (nm)
539,5 541,5 543,5 545,5
60 ns 1 µs
1 200
800
400
0
6 000
4 000
2 000
0
Intensité (ua)
1s
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