TECHNIQUE INSTRUMENTALE
44 SPECTRA ANALYSE n° 261 • Avril - Mai 2008
III - Instrumentation et analyse 
des données
Un dispositif expérimental d’analyse par LIBS est 
constitué d’un laser pulsé, d’un dispositif optique per-
mettant la focalisation du laser et la collecte de la lu-
mière, d’un spectromètre optique équipé d’un détec-
teur et d’un générateur de retard (fi gure 4). Les  lasers 
solides  de type  « Nd:YAG » (Nd:YAG : Néodyme, 
Yttrium Aluminium Garnet, il s’agit d’un cris-
tal d’aluminium Yttrium dopé au néodyme), les 
couplages par fi bres optiques, les spectromètres 
à échelle permettant l’exploitation simultanée de 
la totalité du spectre sont à l’heure actuelle cou-
ramment utilisés. Pour la détection on peut utili-
ser une caméra CCD intensifi ée, le déclenchement 
de l’intensifi cateur étant piloté par le générateur de 
retard, synchronisé avec chaque tir laser. Les diff é-
rents paramètres du dispositif LIBS (éclairement 
laser, fréquence de tir, délai de déclenchement de la 
porte de mesure, gains de l’intensifi cateur, …) sont 
optimisés en fonction du besoin (analyse locali-
sée ou pas, type de matériau, nombre d’éléments 
à analyser simultanément, …). Des équipements 
commerciaux LIBS complets sont aujourd’hui dis-
ponibles auprès d’une petite dizaine de sociétés ; 
Applied Photonics (Skipton, Royaume-Uni), Ener-
gy Research Corporation (Danbury, Etats-Unis), 
Foster & Freeman (Evesham, Royaume-Uni), 
Kigre (Hilton Head, Etats-Unis), Ocean Optics 
(Dunedin, Etats-Unis), Pharma laser (Boucher-
ville, Canada) et Ivea, une société française basée 
à Gif-sur-Yvette et lauréate en 2005 du concours 
OSEO ANVAR.
L’intensité I des raies d’émission dépend de la 
quantité de matière vaporisée et de la température 
du plasma (encadré I) qui varient avec la confi gu-
ration expérimentale et la matrice du matériau 
étudié. Pour réaliser des mesures quantitatives, il 
faut donc d’une part fi xer les conditions de me-
sure, mais également disposer d’échantillons re-
présentatifs pour la réalisation d’une droite d’éta-
lonnage. Réalisable en laboratoire, cet étalonnage 
peut se révéler diffi  cile, voire impossible, pour les 
mesures de terrain avec une reproductibilité des 
conditions de mesures insuffi  sante et où il n’est 
parfois plus possible de disposer des échantillons 
étalons (matériaux analysés non connus a priori). 
De nombreuses recherches relatives à des métho-
des tant expérimentales que théoriques sont me-
nées, notamment au CEA Saclay, pour lever ou 
réduire cette contrainte.
La méthode la plus simple, largement utilisée par 
ailleurs, consiste à normaliser l’intensité de la raie 
de l’élément à analyser par celle d’un élément de 
référence, généralement celui de la matrice. Cette 
méthode simple, connue sous le nom d’étalonnage 
interne, permet de compenser l’eff et du nombre 
d’atomes vaporisés (N) qui dépend du faisceau 
laser, du système de focalisation, des propriétés 
thermophysiques du matériau  ainsi que le facteur 
instrumental (F). Lorsque la fenêtre spectrale du 
détecteur permet d’accéder aux raies d’émission 
optique de l’ensemble des éléments majoritaires 
du matériau, un facteur correctif peut être appli-
qué pour que la somme des concentrations relati-
ves soit égale à 100 %. Ces méthodes, qui restent 
des méthodes relatives, ne permettent cependant 
pas de s’aff ranchir complètement d’un étalonnage. 
Une approche connue sous le nom de « calibra-
tion free » (CF) a été proposée en 1999 (6). Basée 
sur un modèle physique (Saha-Boltzmann) qui 
permet de déterminer la densité électronique et 
la température d’excitation du plasma, elle uti-
lise les données spectroscopiques disponibles 
dans des tables, et nécessite une normalisation à 
100 % pour s’aff ranchir du facteur instrumental. 
Figure 4  
Montage LIBS type,  
Spectre et identifi cation 
des éléments.  Plasmas 
formés à pression réduite 
sur diff érents matériaux.
Iki : Intensité du signal à la longueur d’onde λki
CS : Fraction de l’espèce à mesurer
N : Nombre total d’atomes émetteurs
Aki : Probabilité de transition
gk : Niveau de dégénérescence
λki : Longueur d’onde émise
US() : Fonction de partition de l’espèce mesurée
Ek : Energie du niveau supérieur
k : Constante de Boltzmann
T : Température du plasma
F : Facteur instrumental