tels que l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral ni
sur les fonctions cognitives ou sur la démence. L’étude HYVET a,
la première, permis de prouver le bénéce d’un traitement antihy-
pertenseur chez les patients considérés comme «très âgés» c’est-à-
dire de plus de 80 ans (âge moyen des personnes étudiées: 83.5). 3845
patients avec une pression systolique persistant > 160 mmHg ont été
traités de façon randomisée soit par placebo ou par indapamide, si
la pression restait supérieure à la valeur xée de 150 / 80 mmHg, ils
étaient traités par l’IEC périndopril ou par placebo. Cette étude, dont
le critère principal était l’accident vasculaire cérébral mortel ou non,
a été interrompue précocement en raison d’une baisse signicative
de la mortalité totale avec diminution des événements cardiovascu-
laire et de la survenue d’une insusance cardiaque. On peut estimer
qu’il faut traiter 40 sujets pendant deux ans pour prévenir un décès.
Traitement non-médicamenteux
S’il est très important de respecter les règles d’hygiène de vie (sport,
activité physique, absence de stress ...) et de diététique (limitation
du sel, du café, du thé ...) dans un premier temps, il faut néanmoins
garder en tête qu’une modication des habitudes de vie est très
dicile à partir d’un certain âge et qu’il faut se méer d’une res-
triction de l’apport sodé. L’exercice physique (principalement la
marche) doit, par contre, être vivement encouragé. Il convient
d’insister sur le fait que les mesures non-médicamenteuses ne per-
mettent que rarement à elles-seules de normaliser la pression arté-
rielle mais qu’elles facilitent le traitement puisque, souvent, moins
de médicaments sont nécessaire pour la normaliser.
Traitement médicamenteux
Avant de débuter un traitement médicamenteux, il faut considérer
plusieurs problèmes:
1. Le système nerveux sympathique et les barorécepteurs des per-
sonnes âgées ont des réponses atténuées avec des mécanismes
d’auto-régulation cardiaques, cérébraux et rénaux plus lents. Si bien
qu’en l’absence d’une urgence hypertensive (qui est rare), il faut bais-
ser la tension artérielle lentement sur des semaines voire des mois
pour minimiser le risque de symptômes ischémiques, particulière-
ment chez les patients à risque d’hypotension orthostatique, dénie
par une chute de la pression artérielle systolique ≥ 20 mmHg et de la
diastolique ≥ 10 mmHg ou de l’appariton de symptômes d’hypoper-
fusion cérébrale tels que des vertiges ou des chutes.
2. Le traitement antihypertenseur chez la personne âgée est associé
avec un risque augmenté de fracture du col du fémur durant le pre-
mier et le deuxième mois après le début. Il faut donc insister sur l’im-
portance de la mesure de la pression artérielle en position couché et
en position debout avant le début d’un traitement médicamenteux.
3. Les études médicamenteuses randomisées ont été eectuées chez
des personnes en bonne santé et non chez des personnes frêles (qui
ne peuvent pas marcher 6 mètres en moins de 8 secondes), chez
ces dernières, aucune association entre la pression artérielle et la
mortalité n’a pu être démontrée. Chez les plus frêles (ceux qui ne
peuvent pas marcher cette distance) une pression artérielle plus
élevée est associée à une mortalité plus faible. L’association aug-
mentation de la pression artérielle et augmentation de la mortalité
est observée chez les personnes en forme.
4. Comme les diverses études n’ont pas mis en évidence de dif-
férence signicative entre les principales classes de médicaments
antihypertenseurs, c’est bien la valeur de la pression artérielle
atteinte plus qu’une substance particulière qui est le déterminant
principal du succès du traitement.
Choix du médicament
En général, trois classes de médicaments sont considérés comme
un traitement de premier choix chez les patients âgés: les diuré-
tiques thiazidiques à dose faible, les anticalciques (le plus souvent
les dihydropiridines) et les IEC ou les Antag AII. Il faut insister que
les personnes âgées nécessitent souvent un deuxième médicament
si le but tensionnel n’est pas atteint avec un seul.
Les sociétés européennes d’hypertension de cardiologie (ESH
et ESC) proposent un diurétique thiazidique ou un anticalcique
comme monothérapie et en cas de combinaison chacune des trois
classes mentionnées ci-dessus. Certains experts préfèrent com-
mencer avec un anticalcique dihydropiridinique, si cela ne sut
pas, il faut combiner avec un des deux autres médicaments.
Les bêtabloquants ne devraient, en l’absence d’une indication
spécique telle qu’insusance cardiaque ou infarctus du myo-
carde, être utilisés en première intention chez les patients âgés en
raison d’un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral.
Conclusion
Les personnes âgées sont très souvent atteintes d’hypertension
artérielle qui se caractérise souvent par une hypertension systo-
lique isolée (≥ 160 mmHg) avec une pression diastolique inférieure
à 90 mmHg. Il est prouvé que sa prise en charge diminue ce risque,
même chez les sujets très âgés. Cette population est exposée aux
accidents iatrogéniques par sa polypathologie et polymédication
fréquentes. L’objectif est donc de prendre en charge l’HTA du sujet
âgé en évitant les accidents iatrogènes.
Si les mesures d’hygiène de vie ne susent pas, un traitement
médicamenteux doit être débuté avec une monothérapie utilisant
une des trois classes suivantes: les diurétiques thiazidiques à dose
faible, les anticalciques dihydropiridiniques et les inhibiteurs de
l’enzyme de conversion ou les antagoniste de l’angiotensine II en
débutant avec des doses faibles. Il est cependant très important de
prendre les décisions thérapeutiques chez les patients les plus âgés
sur des valeurs de pression artérielle mesurées en position debout.
Dr Dominique Evéquoz
Kardiologie, Spitalzentrum Oberwallis, Überlandstrasse 14, 3900 Brig
dominique.evequoz@rsv-gnw.ch
B Conflit d’intérêts : L’auteur n’a déclaré
aucun conflit d’intérêt en relation avec cet article.
FORMATION CONTINUE · FORUM MÉDICAL
Message à retenir
Prise en charge d’un patient âgé hypertendu
◆ s’assurer d’une bonne qualité des valeurs avec une mesure en
position couchée et surtout debout
◆ rechercher activement une hypotension orthostatique en raison du
risque augmenté de fractures
◆ baisser la pression systolique < 150 mmHg et si possible
< 140 mmHg sans effets secondaires
◆ En cas de pression systolique isolée, la pression diastolique ne doit
pas être < 60 mmHg (< 65 mmHg en cas de maladie coronarienne)
◆ Trois classes de médicaments sont à préférer: les diurétiques thiazidiques
à dose faible, les anticalciques dihydropiridiniques et les inhibiteurs de
l’enzyme de conversion ou les antagonistes de l’angiotensine II
◆ Toute modification thérapeutique doit être basée sur une mesure de
la pression artérielle en position debout
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