5
Comment travaillent les climatologues?
La climatologie moderne implique l’étude du passé, l’observation
et l’interprétation des signes du présent et l’utilisation de ces
informations pour prévoir l’avenir.
Les climatologues ont recours à une série étonnante de moyens pour
connaître les conditions qui régnaient dans le passé. Ainsi prélèvent-
ils des cylindres de glace, appelés «carottes glaciaires», en perçant
la surface de la calotte glaciaire au niveau des pôles jusqu’à l’assise
rocheuse. Dans l’Antarctique, une équipe de chercheurs européens
a prélevé à une profondeur de plus de 3 km des carottes glaciaires
qui n’ont eu aucun contact avec l’air et la lumière pendant plus de
900 000 années! Les propriétés physiques de la glace et de l’air piégé
dans de petites bulles permettent aux chercheurs de savoir à quoi
ressemblaient le climat et l’atmosphère à cette époque.
D’autres sources fournissent des informations sur le passé, comme
les anneaux de croissance des arbres et les coraux des temps anciens,
les stalagmites et les vieux pollens, les vieilles semences et les vieilles
feuilles.
Grâce à ces études, nous savons que les ères glaciaires ont alterné
avec des périodes plus chaudes et que les températures moyennes
sur Terre ont oscillé entre 9 et 22 °C (la température moyenne
actuelle de la planète étant de 15 °C). Ces fluctuations étaient dues
à des causes naturelles telles que des variations dans l’orbite de la
Terre autour du Soleil et dans l’axe de la Terre, des altérations dans
l’activité du Soleil et des éruptions volcaniques (qui, en provoquant
une forte remontée des poussières dans l’atmosphère, empêchent
temporairement la chaleur du Soleil de descendre).
Ces 8 000 dernières années, le climat a été relativement stable, les
variations restant inférieures à 1 °C par siècle. Ces conditions stables
ont permis à la société et aux écosystèmes que nous connaissons de
se développer. Aujourd’hui cependant, le réchauffement intervient
rapidement. Les causes naturelles ne suffisent pas à justifier un
réchauffement aussi rapide et sans précédent depuis au moins 1 000,
voire 2 000 années selon certaines études. Quant aux concentrations
de CO2 et de méthane dans l’atmosphère, ce sont les plus fortes
jamais enregistrées depuis au moins 650 000 ans.
La plupart des informations découvertes par les scientifiques sont
utilisées pour prévoir le climat de demain et les effets du changement
climatique. Ces prévisions s’effectuent par la modélisation et sur la
base de simulations informatiques. Nous ne parlons pas ici de
simples ordinateurs, mais bien de systèmes complexes nécessitant
un grand nombre de variables pour déterminer ce qui se passera
dans 100, 200 ou 300 ans.
Les scientifiques ne savent toujours pas exactement à quel point notre
climat est sensible aux concentrations croissantes de gaz à effet de serre.
Autrement dit, ils ne savent pas quelles concentrations déclenchent
quels changements de température. Cela dépend aussi d’autres facteurs
tels que la pollution atmosphérique et la nébulosité. Les experts font
donc des simulations en se fondant sur différentes hypothèses. Ils
doivent aussi faire de nombreuses autres suppositions concernant, par
exemple, la quantité de combustibles fossiles que nous consommerons à
l’avenir, le nombre de personnes qui vivront sur Terre et la façon dont les
économies se développeront. Voilà pourquoi toutes les projections des
futurs développements climatiques s’inscrivent dans des fourchettes.
Concentrations de CO2 dans l’atmosphère:
courbe de Mauna Loa ou de Keeling
Source: NOAA Earth System Research Laboratory, 2007.
Concentrations atmosphériques
de CO2 (ppm)