57
débattues dans beaucoup de chaînes de collision. Ces dernières années, nos travaux dans ce domaine
ont principalement concerné deux des grandes chaînes européennes : la chaîne hercynienne (massif
armoricain), et le pourtour méditerranéen (Grèce, Turquie, Afrique du nord). Les travaux sont le plus
souvent pluridisciplinaires, impliquant analyse tectonique, métamorphique, magmatique et
radiochronologique.
Dans la chaîne hercynienne, plusieurs programmes ont été développés [thèses V. Bosse, F.
Le Hébel, C. Gumiaux ; Audren 1999, 2000 ; Schultz et al., 2001a, b], une large part dans le cadre du
programme ARMOR 2 (cf. rubrique ARMOR). Trois grands épisodes tectoniques ont été documentés
[thèse V. Bosse, Bosse et al., 2000, 2002 ; Le Hébel,et al., 2000, 2002, sous presse ; Le Hébel, 2002]:
une histoire précoce aux environs de 370-360 Ma, dominée par les processus d’épaississement avec
développement de métamorphisme HP-BT, une exhumation syn-épaississement des unité de haute
pression aux environs de 360-350 Ma, puis une histoire dominée par la fusion crustale et l’extension
associée au Carbonifère supérieur.
Les données conduisent à proposer un nouveau scénario pour l’histoire tectonique de cette
zone de collision. Elles permettent en outre (1) de montrer que l’ensemble du domaine centre
armoricain, essentiellement soumis à du décrochement, n’a subi qu’un épaississement modéré, (2) de
proposer que la zone de suture hercynienne majeure avait une orientation initiale NW-SE, oblique par
rapport à la plupart des structures observées en surface, (3) d’associer l’histoire précoce de l’unité des
porphyroïdes de Vendée à celle des unités HP-BT type Ile de Groix, avec un enfouissement d’environ
25 Km et une exhumation le long de chevauchements à vergence globalement ouest, (4) d’enraciner,
en Vendée, ces unités chevauchantes au niveau de la zone des Essarts qui apparaît comme une zone de
suture majeure, (5) de situer la transition fragile-ductile anté-extension vers la base des unités HP-BT,
(6) de montrer que l’extension a impliqué un décollement majeur au niveau de cette transition, et le
long duquel sont mis en place les leucogranites syntectoniques, (7) de proposer une exhumation de la
croûte migmatitique sous-jacente via des détachements qui recoupent les unités supérieures.
Une grande partie de ces résultats a été présentée à la dernière RST (Nantes, avril 2002), et
sera soumise pour publication courant 2002 (thèse C. Gumiaux, soutenance prévue fin 2002).
Parallèlement au programme ARMOR 2, d’autres études géophysiques ont été menées.
L’acquisition de données paléomagnétiques sur la klippe de schistes bleus de l’île de Groix conduit à
proposer un scénario d’évolution de la position de cette unité allochtone au cours de la collision
hercynienne [Lefort et al., 2001]. L’interprétation des données gravimétriques a permis (1) d’analyser
la structure de la chaîne à l’échelle crustale [Lefort, 1999], (2) d’obtenir de nouvelles informations sur
la structure de l’arc ibéro-armoricain [Lefort et Agarwal, 1999], et (3) de discuter à grande échelle
l’évolution tectonique post-paléozoïque du socle hercynien [Lefort et al., 1999 ; Lefort et Miller,
1999 ; Lefort et Agarwal, 2000, sous presse].
En Méditérranée orientale, les travaux récents portent sur deux régions : le massif du
Rhodope (Grèce du Nord et Bulgarie) et celui du Kirshehir (Turquie centrale).
Le massif du Rhodope est un exemple remarquable pour illustrer et analyser les questions liées
aux relations spatio-temporelles entre déformations compressive et extensive au cœur de la chaîne
alpine. A ce jour, les principaux résultats portent sur (1) la mise en évidence et la caractérisation des
déformations extensives syn- à post-épaississement [Moriceau et al. 1999 ; Moriceau, thèse 2000 ;
Gautier et al. 2001], (2) la découverte de reliques de métamorphisme de ultra-haute pression dans la
région de Xanthi (coll. D. Kostopoulos, Univ. Thessalonique), et (3) la mise en évidence du caractère
similaire des cinématiques chevauchantes puis extensives, toutes deux à vergence sud-ouest, dans une
grande partie du Rhodope (coll. T. Reischmann, Univ. Mainz ; C. Robin, Univ. Paris 6 ; équipe de Z.
Ivanov, Univ. Sofia). Parallèlement aux études de terrain, un programme de modélisation analogique
des modalités de l’extension égéenne a été mené [Gautier et al., 1999], ainsi qu’un travail de synthèèe
de la cinématique associée [Martinod et al., 2000].
Le massif du Kirshehir permet également de discuter les relations entre déformations
compressives et extensives au cœur de la chaîne alpine de Méditerranée orientale (coll. E. Bozkurt et
K. Dirik, Univ. Ankara). Dans une première publication [Gautier et al. 2002], nous réfutons
l’hypothèse récemment émise selon laquelle le dôme métamorphique de Nigde, à l’extrémité sud du
massif, est un ‘core complex’ transtensif d’âge Oligo-Miocène. Nous discutons les méthodes de
datation précédemment utilisées et montrons que l’exhumation des roches métamorphiques est pré-
Eocène.