OCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2012 3
P. André Gagnon, s.j.
Directeur national des Œuvres ponticales missionnaires
BILLET
DU DIRECTEUR
NATIONAL
En Jésus, nous voyons le visage de Dieu,
venu planter sa tente dans notre huma-
nité pour instruire les Hommes à l’art et à
la beauté de vivre et leur indiquer la voie du
bonheur. Notre mission de parler de Dieu,
avec des mots compréhensibles pour les gens,
signie avant tout être convaincus de porter à
nos contemporains et à nos contemporaines un
Dieu qui nous a parlé : non pas un Dieu abstrait,
une hypothèse de Dieu, mais un Dieu concret,
un Dieu vivant et présent dans notre Histoire.
Nous devons donc proposer le Dieu de Jésus-
Christ comme réponse à la question fonda-
mentale de la vie, et aussi à la mondialisation
et au néolibéralisme : pourquoi et comment
vivre aujourd’hui les dés de l’Humanité en
continuelle transformation ? Ceci réclame de
grandir dans la foi et la familiarité de Jésus et
de la Parole de Dieu. Sans craindre l’humilité
des petits pas, nous devons avoir conance
dans le levain qui pénètre lentement la pâte
pour la faire lever. La mission de la Nouvelle
Évangélisation, sous le guide de l’Esprit Saint,
nécessite de la simplicité et un retour à l’essen-
tiel dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Avec la promulgation de l’Année de la Foi
par le pape Benoît XVI, ce nouvel essor mis-
sionnaire s’inscrit dans le cœur du mystère
de l’Église. Ce déplacement qui s’opère et se
déploie dans la vie ecclésiale contribue à
changer la visée de la Mission dans la manière
de l’entreprendre et de la vivre aujourd’hui.
Le ux missionnaire des XIXe et XXe siècles,
parti du Canada, semble aujourd’hui s’inver-
ser : cette transformation bouleverse aussi
en profondeur le sens même de la Mission.
Pendant deux siècles, partir en mission, c’était
quitter le Canada pour aller en direction de
l’Amérique du Sud, de l’Asie, de l’Afrique ou
de l’Océanie. Des liens complexes se créaient
entre les peuples, les missionnaires et la
La Nouvelle Évangélisation :
l’art et la beauté de vivre !
dynamique de la Mission. Là où il y avait
colonisation, il y a maintenant, en toile de
fond, sécularisation et mondialisation, des
mouvements colorés par le néolibéralisme
rampant.
La vie ecclésiale et l’activité missionnaire
du troisième millénaire ne peuvent échapper
aux divers aspects de cette nouvelle organi-
sation du monde selon un ordre économique
mondial souvent sauvage à l’intérieur duquel
s’opère une interdépendance des personnes
et des biens, des religions et des philosophies,
par les diverses expressions culturelles et les
déplacements des personnes et des peuples.
C’est dans ces nouvelles conditions sociales,
religieuses et économiques que se déploie
l’activité de la mission de l’Église. On peut
prophétiser que l’accueil de l’Évangile, dans
les années et les décennies à venir, ne sera
pas sans liens avec la manière dont seront
vécues les relations entre la Mission, d’une
part, et la mondialisation, la sécularisation
et le néolibéralisme, d’autre part. De plus, la
Mission devra aussi tenir compte du monde
des médias sociaux qui font que tout est
proche et loin à la fois.
L’enjeu fondamental de la Nouvelle Évan-
gélisation étant la transformation du monde,
il nous appartient de vivre au rythme des
épreuves et des espérances vécues par les
uns et les autres; d’entrer dans une dyna-
mique de compassion mutuelle, de forma-
tion à la conance, de recherche commune
des dons que l’Esprit Saint fait à chacun et à
chacune. En n de compte, nous sommes
appelés à nous renouveler dans la manière
d’accueillir la Parole de Dieu et d’instruire
les hommes et les femmes à l’art et à la
beauté de vivre ensemble cette parole.
Heureuse et sainte année 2013 !