est en eux-mêmes, que leur cœur a le pouvoir d’ouvrir et de faire fondre un autre cœur. C’est notre propre
pouvoir qui peut amener un autre à nos pieds.
Quiconque apprend cette vérité cesse de reprocher aux autres leur froideur, leur manque d’amabilité, leur
manque de sympathie à son égard, il découvre que la cause réside en soi. En recherchant uniquement la
sympathie et les bons sentiments chez autrui, on ferme son propre cœur et on l’empêche de s’exprimer. Le
pouvoir de l’amour cherche toujours à s’extérioriser, à pénétrer l’entourage ; et cependant il semblerait qu’on a
toujours tenu les portes fermées pour empêcher Dieu de sortir et d’atteindre le but de Sa propre création.
Comme les paroles que prononce le Prophète sont belles quand il dit : « Le tabernacle de Dieu est le cœur de
l’homme. » Comme c’est vrai ! Doit-on chercher Dieu dans une mosquée, un temple ou une église, ou dans tout
autre endroit où se réunissent les hommes pour chanter des hymnes et offrir leurs prières ? Peut-on Le trouver
où il n’y a pas d’amour ? On ne Le trouvera pas dans les maisons que les hommes ont construites pour le culte.
Ce sont seulement des écoles pour les enfants et leur terrain de jeu. Les enfants aiment s’amuser avec des
jouets, et cependant ils se préparent eux-mêmes à quelque chose d’autre.
Quand l’homme est arrivé à connaître la réelle beauté de Dieu, il découvre qu’elle ne se trouve qu’en un seul
endroit : dans son propre cœur. Dieu est amour et on Le découvre dans le cœur de l’homme. Celui qui
comprend cela peut adorer Dieu même dans l’homme, car s’il se tient à cette philosophie il considère
constamment qu’à chaque instant de sa vie il peut blesser les sentiments de Dieu, et qu’il risque de briser Son
tabernacle en brisant le cœur de son semblable.
On peut penser que les philosophes, les mystiques, les sages qui sont si proches de Dieu et qui sont dans Son
intimité peuvent prendre trop de liberté vis-à-vis du monde. Mais ils sont au contraire les plus tendres et les plus
délicats des hommes. Ils sont prêts à soulager les peines et les tristesses de tous, à partager les découragements
et les désespoirs de chacun. Ils sont prêts à consoler tous les êtres, à leur rendre service et à répandre
constamment leur sympathie à ceux qui en ont besoin. Ils ne reculent devant aucun sacrifice de temps, d’argent,
de plaisir ou de confort. Comme le Christ l’enseigne : « Si l’on vous demande d’accompagner qui que ce soit
sur sa route pendant un kilomètre, marchez avec lui pendant deux. »
Qu’est-ce que cela nous apprend ? C’est une leçon de sympathie envers notre prochain, cela veut dire
participer à ses misères et à son désespoir. Pour celui qui expérimente cette joie de vivre, elle devient si grande
qu’elle remplit son cœur et son âme. Peu lui importe qu’il ait moins de confort ou que sa situation soit modeste
par rapport à celle des autres, parce que la lumière de sa bonté, de sa sympathie, de l’amour qui va croissant, et
la force qui jaillit dans son cœur, tout comble son âme de lumière. Plus rien ne lui manque dans la vie parce
qu’il en est devenu roi.
Un tel être devient un guérisseur, un véritable thérapeute. Il guérit son semblable par son regard, par un mot
affectueux, par sa main, par le bien être qu’il répand par sa nature même. Et quel art de guérir ! Il est modeste et
sans prétention.
L’art de guérir est le propre de l’homme qui est en sympathie avec les chagrins d’un autre, et qui lui tend une
main secourable. C’est lui qui possède le véritable « vin ». C’est lui dont le regard peut émettre l’éclair qui
prouve la compassion et l’aide qu’il aspire à répandre. Cette puissance de guérison qu’il possède, n’est elle pas
comme un oiseau qui vous abriterait sous la tiédeur de ses ailes ! Parmi toutes les méthodes de guérison, il ne
peut y en avoir de plus belle.
On peut demander : « Quel pourrait être ici-bas l’objet de notre amour ? » Y a-t-il un objet particulier que
l’on puisse recommander à l’homme d’aimer ? Est-il préférable d’aimer les parents ou les amis, d’aimer un seul
être ou de n’aimer qu’un être de l’autre sexe ? Devrait-on aimer quelque chose d’abstrait, un esprit, un idéal, un
nom, ou quelque chose qui soit au-delà de la nature humaine ? ou devrait-on aimer un idéal conçu comme