COPACAMU 2008
Douleur aigüe chez le cancéreux
Dr Agnès Langlade
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¾ Une fois le traitement antalgique instauré et réévalué, il convient de préciser
comment et par qui sera assuré le suivi du patient. Cette décision tient compte des
deux éléments précédents.
Ainsi, l’existence de complications tumorales impose de maintenir le patient dans le
service d’accueil des urgences où seront appelés les différents spécialistes pouvant
traiter ces complications.
En dehors de ces cas, l’orientation du patient dépend de l’étiologie même de ces
douleurs. Si celles-ci sont en rapport avec une évolution récente de la maladie,
l’orientation dans les jours suivants, vers le cancérologue référent s’impose. En
revanche le suivi des douleurs « séquellaires » des traitements carcinologiques ou le
suivi des douleurs en rapport avec une évolution tumorale connue, peuvent être
réalisés par les médecins de structure de prise en charge des douleurs chroniques
et/ou du médecin traitant en connexion avec le cancérologue.
En dehors de la pathologie cancéreuse et de ses traitements, l’orientation peut se
faire vers le médecin traitant qui fera le bilan de cette nouvelle pathologie
douloureuse.
2. Les modalités de prise en charge des douleurs.
Le traitement des douleurs dépend principalement du type de douleur que le patient présente,
de l’intensité des douleurs et du traitement préexistant.
La distinction entre les douleurs par excès de nociception et les douleurs neuropathiques n’est
pas toujours facile dans le contexte d’une maladie cancéreuse. C’est pourtant la première
étape à réaliser.
Le questionnaire DN4 (annexe1) permet rapidement et facilement d’affirmer l’existence d’une
douleur neuropathique. Celle-ci fait appel à l’administration d’antidépresseurs ou
d’antiépileptiques dont le délai d’action ne permet pas d’obtenir une efficacité antalgique
immédiate. Il faut savoir l’expliquer au patient.
Toutefois, le tramadol comme le néfopam, ont un mécanisme d’action laissant penser qu’ils
peuvent être efficaces dans ce type de douleur. Il n’y a pas de contre-indication à l’associer à
des morphiniques. Leur possible administration par voie parentérale permet parfois d’obtenir
rapidement un soulagement dans des délais plus compatibles avec le contexte d’urgence.
Toutefois, il ne s’agit que d’une possibilité, et l’enthousiasme qu’elle suscite ne doit pas faire
oublier qu’aucune donnée de la littérature n’existe dans ce cadre particulier du traitement des
douleurs neuropathiques d’origine cancéreuse, dans le contexte de l’urgence.
Les douleurs par excès de nociception doivent être traitées par des agents appartenant à
l’échelle de l’OMS, le choix du palier dépendant de l’intensité des douleurs (scores de l’échelle
visuelle analogique). Dans les cas de douleurs dont l’intensité est supérieure à 6, l’existence
d’un traitement morphinique préexistant vient modifier le protocole de titration à la morphine.
La posologie du bolus doit tenir du traitement préexistant (annexe 2).
Enfin des précautions particulières doivent être observées, soit quand il existe des anomalies
physiologiques causées par la maladie cancéreuse (hypoprotidémie, acidose métabolique,
insuffisance rénale, hépatique ou respiratoire), soit lors de l’utilisation de certains agents de
chimiothérapie.
Ainsi, il faut rappeler que les sels de platine majorent la néphrotoxicité des AINS, que le
méthotréxate voit ses effets toxiques augmentés par les AINS ; les effets d’une thrombopénie
profonde provoquée par l’utilisation de certaines chimiothérapies peuvent être amplifiés par
l’utilisation d’AINS. Un autre exemple concerne la fraction libre, c’est à dire efficace, des
morphiniques ; elle est augmentée lors de conditions pathologiques comme l’hypoprotidémie,
l’acidose métabolique.
3. Les modalités de suivi des douleurs.
Quand les douleurs ont été analysées et traitées, la sortie du patient du service d’accueil des urgences
est discutée en fonction des critères suivants qui doivent être scrupuleusement respectés :
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Le patient doit être d’accord pour repartir à son domicile.
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Cette sortie ne peut être envisagée qu’en l’absence de toute complication.
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Le traitement instauré a été efficace au moins à 50% et il est bien toléré.