• Premièrement, il y a les certificats médicaux qui attestent de la réalité de l’atteinte à la santé, justifient
l’absentéisme professionnel (notamment en cas d’hospitalisation) et définissent le taux et la durée de
l’incapacité de travail. Les informations figurant sur le certificat médical restent très succintes et sont
formulées en termes très généraux, sans mentionner le diagnostic. En effet, ce document est destiné à être
transmis à l’employeur ou à l’administration de l’assurance; par conséquent, il n’est pas couvert par le secret
médical.
• Deuxièmement, il y a les rapports médicaux destinés à renseigner les médecins-conseils des assurances, en
leur transmettant les informations nécessaires pour justifier la demande de prestations, et cela de façon
approfondie et motivée. Contrairement au simple certificat, ce document est couvert par le secret médical;
c’est la raison pour laquelle il est destiné au médecin-conseil et non à l’administration de l’assurance. Ce qui
permet de le rédiger de façon détaillée, en mentionnant le diagnostic et le résultat des investigations qui ont
permis de l’établir, ainsi que des précisions concernant l’étiologie maladive ou accidentelle de l'affection en
cause, de même que des indications au sujet du pronostic. De plus, le rapport médical expose les arguments
médicaux qui fondent l’indication des mesures médicales nécessaires pour traiter la pathologie en question.
Le cas échéant, il s’agit également de fournir des justifications en ce qui concerne le taux et la durée de
l'incapacité de travail.
• Troisièmement, il y a les expertises médicales proprement dites. Comme tous les documents du même genre,
le rapport des experts n’est pas couvert par le secret médical, puisqu’il est destiné à informer des instances
judiciaires (par exemple le tribunal des assurances) ou administratives (par exemple les organes de
l'assurance-invalidité fédérale, de la caisse nationale d’assurance en cas d’accident, de l’assurance militaire
fédérale etc.) en cas de doute, de contestation ou de litige, en leur donnant un avis neutre et spécialisé.
Procédant sur mandat de l’instance qui demande l’expertise, l’expert demande à l’expertisé de l’autoriser à
consulter les dossiers médicaux qui le concernent, et de délier du secret médical les médecins qui les ont
établis. De manière générale, le mandat d’expertise porte sur les questions de savoir quels sont les rapports de
causalité de l’affection actuelle avec les séquelles d'un accident ou les conséquences d'une maladie pré-
existante éventuelle, quelle est la justification des investigations et du traitement entrepris, quelle peut être
l'influence de facteurs psychogènes sur l'évolution et notamment la durée de l'incapacité de travail, quelle est
la probabilité d'une invalidité éventuelle, etc. En ce qui concerne l’assurance invalidité, il s’agit également de
se prononcer au sujet de l’indication d’une éventuelle réadaptation au travail.
•
EXEMPLE-TYPE DE LA SITUATION PROVOQUANT UN PROBLEME ASSECUROLOGIQUE
La plupart du temps, il s’agit d’une situation caractérisée par la persistance de plaintes subjectives, au moment
où les troubles qui sont en relation avec les conséquences objectivables de la maladie ou de l’accident ont
régressé. Autrement dit, alors que le médecin considère l’affection comme pratiquement guérie ou en bonne voie
de l’être, le patient continue de présenter des symptômes (par exemple des douleurs ou des troubles fonctionnels
mal définis) dont la réalité ne peut plus, ou tout au moins pas suffisamment, être démontrée par le résultat des
examens cliniques et paracliniques. Dès lors, la relation médecin-malade est perturbée : tout en craignant d’avoir
posé un diagnostic incomplet et de négliger un processus maladif peu apparent et par conséquent difficile à
mettre en évidence, le médecin a tout de même l’impression que son patient exagère l’importance des troubles
résiduels; de son côté, dans la crainte que son cas n’ait pas été suffisamment bien compris par son médecin
traitant habituel, la patient pense qu’il n’a pas été traité correctement et il imagine qu’un processus maladif
inconnu progresse, ce qui entretient une anxiété importante. Pour tenter de tirer l’affaire au clair, divers
spécialistes sont consultés et les examens se multiplient. Finalement, le patient reçoit une multitude d’avis dont
certains lui paraissent divergents, alors que d’autres lui semblent incompréhensibles, ce qui augmente encore ses
préoccupations. Cependant, il continue de se plaindre d’un handicap professionnel et les arrêts de travail se
réitèrent jusqu’au moment où l’emploi se trouve compromis par un absentéisme trop fréquent ou trop prolongé,
alors que le droit aux prestations de l’assurance-maladie ou accident s’épuise.
La sinistrose est une complication psychique qui survient lorsqu’un patient (malade ou accidenté) éprouve
impérativement le besoin morbide de faire valoir la réalité de ses troubles subjectifs et de leurs conséquences
invalidantes, en multipliant les revendications et les démonstrations de ses difficultés, parce qu’il estime, de
bonne foi, qu’il n’a pas obtenu tous les traitements ou tous les dédommagements qu’il mérite en raison de
l’affection dont il souffre. S’estimant victime d’une injustice, inquiet pour son avenir, un tel patient en arrive
généralement à dramatiser sa situation en exagérant, consciemment ou inconsciemment, les manifestations de ses