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qui met en scène, de manière fictive, des activités de vie, d'abord réelles, ensuite
possibles ou totalement imaginaires – implique un certain niveau de compétence
représentative qui confère à un objet, entité, ou état, à une action, ou à un comportement,
le statut de signifiant d'autre chose que soi-même, de ce à quoi il renvoie, c'est à dire, son
signifié. Même dans les jeux de fiction les plus simples, comme dans le faire semblant de
dormir, on peut voir le début d'une différenciation entre un signifiant – ici les gestes
évocateurs du schème – et un signifié – le schème d'action, lui-même une représentation
des actions réelles (Piaget, 1945).
Piaget (1936, 1945) a mis en évidence que la capacité à comprendre et à produire des
relations signifiant-signifié émerge dans la continuité des conduites précédentes. Du côté
de la représentation, c'est l'imitation en tant que reproduction d'une conduite dont on
comprend plus que son aspect purement extérieur qui est à l'origine des premières
différenciations entre signifiants et signifiés. Du côté de la mise en relation elle-même, la
fonction «sémiotique» s'appuie d'abord sur des indices perceptibles (une partie de l'objet
est l'indice de l'objet caché, le bruit des pas de l'arrivée de la mère, ...) pour finalement
donner lieu à des signifiants qui renvoient à des signifiés absents de la situation (voir
aussi Ducret, 2002; Veneziano, 2001a).
De manière plus générale, le développement de la capacité sémiotique peut être vu
comme se déployant sur deux dimensions: a) le degré de proximité et de ressemblance
entre les composantes de la relation signifiant-signifié; b) le degré d'éloignement spatio-
temporel entre les composantes de la relation. Quand l'une ou l'autre de ces dimensions
est dans la zone «positive» (il y a soit ressemblance avec, soit présence perceptible du
signifié, soit les deux), on peut parler de représentation de premier degré: un signifiant
renvoie à un signifié autre que soi-même. Quand les deux dimensions sont dans la zone
«négative» (il n'y a pas de ressemblance entre le signifiant et le signifié, et le signifié n'est
pas présent dans la situation pour sélectionner le signifiant), ce qui est impliqué est une
représentation de deuxième degré. Ceci est le cas de l'utilisation d'objets-substituts non
motivés (non ressemblants) pour évoquer des objets absents dans le jeu de fiction; mais
aussi de l'utilisation de mots pour parler d'objets absents, ou de significations non