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de la
Décembre 2015 // N°8
la lettre
recherche
Numéro spécial
L’exposition
à Paris
“Océan & Climat,
connectés dans
le changement”
Le monde vivant
des Océans
nous alerte
Départ de mission
scientifique
en Antarctique
Erwan AMICE©crns
“La déclaration de
Brest”
de l’Académie
Européenne
des Sciences
Changements
climatiques,
aménagement de
l’espace & transition
urbanistique
Prix Bretagne Jeune
Chercheur : bravo
Katell Hamon !
La Lettre de la Recherche de l’UBO
Décembre 2015 // N°8
Revue éditée par l’UBO
Directeur de la publication
Pascal Olivard
Comité éditorial et de relecture
Pascal Gente, Muriel Rebourg
et Muriel Keromnes
ÉDITO
Conception
Corinne Robert/Com’UBO
Les changements climatiques sont aujourd’hui une réalité.
Leur ampleur, leurs conséquences et leurs causes multiples
sont des sujets fondamentaux sur lesquels les scientifiques
débattent et font progresser les connaissances. Les actions
citoyennes et politiques, dont la conférence de Paris de
2015 sur le changement climatique du 30 novembre au 11
décembre 2015, appelée COP21 pour la 21ème “Conference
Of the Parties” de la convention cadre des Nations Unies,
devraient permettre d’atténuer les effets de ce changement,
en limitant ses causes.
Photos
Erwan Amice, Sébastien Hervé,
Thomas Jaud, UBO
Impression
Cloitre Imprimeurs
Contact
Com’UBO 02 98 01 79 59
N° ISSN
0753-3454
Les équipes de recherche de
l’UBO sont partie prenantes des
recherches sur le climat, notamment au travers les équipes de
l’IUEM, illustrées dans ce numéro par un projet de recherche en
Antarctique et toutes les communications présentées à Paris liant les changements dans
l’océan et le climat.
La chaire internationale de
Linwood Pendleton, dans le
cadre du LabexMER, a été mise en place pour étudier les impacts de l’acidification des océans sur les coraux et la pêche
notamment. Nos équipes s’intéressent aussi aux travaux sur
les adaptations possibles, sur l’aménagement de l’espace
et la transition urbanistique, comme ceux menés au sein de
l’Institut de Géoarchitecture.Au travers de ses recherches,
des colloques mais aussi en étant présent à Paris, aux cotés
de nos partenaires brestois, l’UBO montre combien ces problématiques sont au cœur de ses préoccupations.
L’université
impliquée dans
les grands enjeux
de la société liés
à la COP 21
Si vous souhaitez contribuer
à la rédaction de cette lettre,
contactez :
[email protected]
Nous vous présenterons également Katell Hamon, ancienne
doctorante de l’UBO qui dans le cadre d’une co-tutelle avec
l’université de Tasmanie, vient d’être lauréate du Prix Bretagne Jeune Chercheur pour sa thèse concernant une analyse bio-économique sur des changements de régulation de
l’accès à la ressource : la pêche à la langouste en Tasmanie.
Ses travaux rejoignent les problématiques d’adaptation de
notre mode de vie et de consommation à ces changements
qui nous attendent tous.
2
L’UBO et la COP 21
© Thomas Jaud / UBO-CNES
Brest a aussi été le lieu de réunion de l’Académie Européenne des Sciences en octobre dernier, qui a donné lieu
à “la déclaration de Brest”, un appel des scientifiques à la
mobilisation contre le réchauffement climatique.
Je vous laisse découvrir ce numéro spécial “COP21” de
l’UBO, en écho à l’actualité du moment, et qui, j’en suis
certain, vous donnera envie d’en savoir plus.
L’UBO et ses partenaires à la COP21
Avec Océanopolis, Pôle Mer, Aires Marines Protégées…
1.
Au Bourget, sur le stand “Océan & Climat :
Science et innovation en Bretagne”
Du 2 au 6/12, des chercheurs de l’IUEM/UBO
étaient présents sur le stand
- Yves-Marie Paulet (Océanographe)
- Nathalie Morata (Océanographe Biochimiste)
- Guy Claireaux (Physiologie poissons marins)
- Clément Lambert (Paléoclimatologue)
- Pierre Sans-Jofre (Paléoclimatologue)
- Véronique Cuq (Géographe)
2.
Au Bourget - 3/12 : Journée spéciale “Océan”
Table ronde : “De l’observation à la préservation
de l’océan”, organisée par Océanopolis
13h - 14h30 en salle 3 des Espaces “Générations Climat”
- René Garello (Telecom Bretagne)
- Vincent Kerbaol (CLS Brest)
- Philippe Potin (Station Biologique de Roscoff)
- Frédéric Quemmerais-Amice (Aires marines protégées)
- Guy Claireaux (IUEM / UBO)
3.
Au Bourget, stand “Ocean under stress: hot,
sour and breathless”
Dans le cadre du LabexMER (IUEM/UBO)
Exposition développée et produite par le Plymouth
Marine Laboratory.
Ce stand a proposé les fiches de sensibilisation de
la Plateforme Océan Climat, présentées par des doctorants de l’Ecole Doctorale des Sciences de la Mer,
Ifremer, UPMC, University of San Diego, Université de
Kiel, et le Plymouth Marine Laboratory.
4.
Pavillon Tara Océan et Climat :
activités éducatives
Quai Bourbon du 12/11 au 18/12,
sous l’égide d’Océanopolis
Une exposition et des ateliers éducatifs dédiés aux
relations Océan et Climat, notamment la découverte
de la faune marine du littoral breton.
5.
L’exposition LabexMER “Océan et Climat :
connectés dans le changement” à la Porte Dorée,
à l’Aquarium Tropical
du 17/11/15 au 31/01/16
Pascal Gente
Vice-Président en charge de la Recherche
L’UBO et la COP 21
3
En collaboration avec
ACTUALITÉ
Départ de campagne en Antarctique
Cette mission en Terre-Adélie, sur
la base française Dumont d’Urville
(archipel de Pointe-Géologie),
s’inscrit dans le cadre du programme
de recherche REVOLTA (2013-2017 “Ressources Ecologiques et Valorisation
par un Observatoire à Long terme en
Terre Adélie”). Soutenu par l’IPEV,
il est piloté par Marc Eléaume (maître
de conférences au MNHN - UMR 7208
BOREA) et Cyril Gallut (maître de
conférences à l’Université Paris VI - UMR
7205 ISYEB). Cette année, ce sont 3
scientifiques associés à ce programme
et exerçant leur activité à l’IUEM (UMR
6539 LEMAR) qui effectueront les
travaux prévus dans le programme
REVOLTA en Antarctique : Laurent
Chauvaud (directeur de recherches
au CNRS), Julien Thébault (maître de
conférences UBO) et Erwan Amice
(assistant ingénieur au CNRS). Tous trois
sont également plongeurs scientifiques.
La partie Est du continent Antarctique est caractérisée
par une biodiversité animale marine très élevée, avec
un fort taux d’endémisme, et le changement climatique s’y fait pour l’instant encore assez peu ressentir.
Cette région est donc particulièrement adaptée à la
mise en place d’un observatoire où seront régulièrement mesurés (suivi à long terme) un ensemble de
paramètres biotiques et abiotiques permettant d’estimer la variabilité naturelle de cet écosystème et ses
éventuelles modifications futures. Le développement
d’un tel observatoire est un préalable indispensable à
la mise en place ultérieure d’aires marines protégées.
Vue aérienne
de la base française
Dumont d’Urville
4
L’UBO et la COP 21
Erwan AMICE©crns
Cette campagne, baptisée “été austral 2015-2016”, se
déroulera du 25/11/2015 au 31/01/2016. Elle aura
pour objectif principal de remonter des collecteurs
de type ARMS (“Autonomous Reef Monitoring Structures”). Ces collecteurs offrent aux espèces marines
sessiles et mobiles la possibilité de s’y installer (fixation post-larvaire) et de s’y abriter. Ils sont en place sur
plusieurs sites répartis autour de l’archipel de PointeGéologie et devront être remontés en plongée, puis
prétraités au laboratoire de la base.
Un autre volet de cette mission portera sur l’étude du
réseau trophique de l’écosystème côtier de Dumont
d’Urville, dans le but d’établir les relations prédateurproie, à l’aide de la méthode des isotopes stables du
carbone et de l’azote. À cet effet, nous échantillonnerons en plongée un large panel d’espèces (tant
animales que végétales), que nous disséquerons au
laboratoire avant de les lyophiliser. Les analyses isotopiques seront réalisées à notre retour en métropole.
L’intérêt de cette étude, au delà de l’établissement
des relations trophiques entre ces différentes espèces,
sera de déterminer si la rupture de la langue glaciaire
terminale du glacier Mertz en février 2010, qui a
considérablement modifié la courantologie et la dynamique des glaces à Dumont d’Urville, a eu un impact
Le navire Astrolabe
en train de se frayer
un chemin dans
la banquise vers
la base Dumont
d’Urville, vu
d’hélicoptère
L’intégralité de cette aventure pourra
être suivie en ligne à l’adresse :
https://sites.google.com/site/
terreadelie2015/home
sur ce réseau trophique, déjà étudié au cours de missions précédentes (programme MACARBI, piloté par
L. Chauvaud).
Par ailleurs, cette mission sera l’occasion d’étudier le
comportement de plusieurs mollusques bivalves (e.g.
Adamussium colbecki et Laternula elliptica) par accélérométrie, à l’aide de petits capteurs (format timbreposte) qui seront fixés sur la coquille de ces animaux
et qui enregistreront leurs mouvements à une fréquence de 25 Hz.
Un autre volet, très exploratoire, consistera à analyser
la croissance d’oursins antarctiques (e.g. Sterechinus
neumayeri), connus pour vivre plusieurs décennies.
À cet effet, nous prélèverons quelques piquants sur
quelques spécimens (prélèvements non létaux) et
procèderons à leur analyse sclérochronologique. De
précédents travaux sur d’autres espèces d’échinides
ont pu mettre en évidence des cernes concentriques
dans les piquants, similaires aux cernes visibles sur
des troncs d’arbres. Si la périodicité de ces cernes est
annuelle comme sur les arbres (à vérifier), ces outils
nous fourniraient de formidables archives environnementales qui nous permettraient d’analyser rétrospectivement la croissance annuelle de ces animaux au
cours du siècle passé, et de la mettre en lien avec des
changements environnementaux (notamment la rupture du glacier Mertz).
Finalement, le groupe REVOLTA se propose de déployer
des capteurs mesurant à haute-fréquence la lumière
PAR, la température, la salinité et la concentration en
oxygène dissous dans l’eau.
Au-delà de l’aspect scientifique de cette mission, plusieurs actions pédagogiques ont été mises en place
entre le groupe REVOLTA et différents établissements
scolaires de la région brestoise.
L’UBO et la COP 21
5
ACTUALITÉ
Prix Bretagne Jeune Chercheur 2015
Katell Hamon, Lauréate
Katell Hamon est une experte du monde de la pêche.
À la fois économiste et biologiste, elle s’intéresse à la
gestion des ressources halieutiques. Une gestion complexe qui prend en compte des objectifs écologiques,
économiques et sociaux. Les évaluations les plus récentes de la FAO (organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture) font état de 20% des
stocks halieutiques mondiaux en surexploitation ou en
voie d’extinction.
Autrement dit, il y a trop de pêcheurs pour pas assez
de poissons. Un constat résultant de l’accès libre des
ressources halieutiques et d’un système qui incite les
pêcheurs à être les premiers à capturer le poisson.
Évaluation des effets des quotas individuels transférables (QIT) sur la pêcherie de langoustes
Le système des quotas individuels transférables (QIT)
est de plus en plus utilisé pour gérer ces ressources en
diminution. L’objectif de Katell Hamon était d’évaluer,
dans le cas de la pêche à la langouste, la façon dont
l’introduction des QIT avait affecté le comportement
des pêcheurs, et d’en mesurer les effets économiques
et biologiques. Il s’avère que les QIT génèrent des effets secondaires : « Les crustacés sont moins nombreux
à être pêchés car il y a moins de pêcheurs. Les langoustes
se vendent plus cher. Mais cette plus-value a attiré la convoitise d’investisseurs qui rachètent les quotas et spéculent. Les
pêcheurs ne peuvent plus acquérir leurs droits de pêche ! »
Elle a développé un nouveau modèle bio-économique
et affirme que :
Pendant sa thèse, Katell Hamon a également évalué les
“l’une des solutions pour rétablir une
équité serait d’instaurer des restrictions :
le rachat de quotas pourrait être réservé
aux pêcheurs mais limité en nombre,
avec obligation de revendre son QIT
après 5 ans d’inexploitation”.
“
Katell Hamon a été sélectionnée parmi 66 candidats et a été élue
lauréate du Prix Bretagne Jeune Chercheur 2015 avec 5 autres jeunes
scientifiques prometteurs, le 6/11 dernier à l’UBO. C’est Claude Berrou,
chercheur brestois à l’origine des Turbocodes qui ont révolutionné les
télécommunications, et Bernard Pouliquen, vice-président à la Région en
charge de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui leur ont remis
leur prix.
Katell Hamon a reçu un prix de 6000 euros pour sa thèse, dans la
catégorie “grands problèmes sociétaux” : “Analyse bio-économique
de la réponse d’une pêcherie à un changement de régulation de
l’accès : le cas des quotas individuels transférables dans la pêcherie
de langouste en Tasmanie”.
6
L’UBO et la COP 21
conséquences du réchauffement climatique sur la pêcherie. “À la fin de leur stade larvaire, les langoustes s’installent sur une roche pour y grandir et se sédentarisent”,
explique-t-elle. “Par l’effet du changement climatique, on
constate effectivement que certaines zones sont de plus
en plus désertées alors que la croissance s’accélère dans
d’autres zones, y augmentant la biomasse de langouste.
Mais contrairement à ce que l’on aurait pu penser, cela
ne déstabilise pas les pêcheurs”.Tout simplement, ils
s’adaptent et font évoluer leur parcours de pêche.
Son parcours
Originaire de Saint-Brieuc et
diplômée d’Agrocampus Ouest,
Katell Hamon a réalisé sa thèse,
entre 2007 et 2011, sous la
direction d’Olivier Thébaud,
au sein de l’UMR AMURE,
l’unité mixte de recherche qui
lie l’Université de Bretagne
Occidentale et l’Ifremer. Ses
travaux, également co-dirigés
par l’Université de Tasmanie,
ont conduit la jeune chercheuse
à passer deux ans en Tasmanie,
à la pointe de l’Australie où elle
y a testé un modèle économique
de pêche pour la langouste. Elle
est aujourd’hui chercheuse au
LEI Wageningen UR, l’Institut
d’économie agronomique de La
Haye aux Pays-Bas.
La Région Bretagne encourage la recherche,
moteur de son développement économique
La recherche et l’innovation sont
moteurs de création d’activités
nouvelles et de développement
économique pour le territoire. La
Région l’a bien compris et c’est
en ce sens qu’elle encourage la
dynamique de recherche dans
les laboratoires et épaule, financièrement, les jeunes
chercheurs. De manière plus anecdotique mais ô combien symbolique, elle organise tous les deux ans ce
concours du Prix Bretagne Jeune Chercheur. Cette récompense a vocation à donner un coup de pouce financier et à apporter une reconnaissance publique à l’élite
de la jeune recherche en Bretagne. Elle permet aussi
de montrer, aux yeux de tous, l’étendue, la richesse et
le potentiel de la recherche en Bretagne et ce, dans de
multiples domaines : près de 10 000 chercheurs exercent leurs talents sur le territoire et couvrent 80% des
champs disciplinaires existants.
Ce prix est une présentation vulgarisée destinée au
grand public. C’est aussi un outil pour faire connaître
à la communauté scientifique, à travers le monde, tout
le potentiel breton et ainsi garder et faire revenir les
jeunes chercheurs en Bretagne. Pour participer à ce
prix, il faut avoir moins de 35 ans, détenir le diplôme
de docteur depuis moins de 5 ans et avoir préparé,
soutenu et obtenu, avec mention, une thèse en Bretagne, dans un laboratoire public ou privé.
L’UBO et la COP 21
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COP 21
L’avenir de nos villes ?
“Changements climatiques, aménagement
de l’espace & transition urbanistique”
Un colloque pour des solutions locales ?
Les 5 et 6 octobre derniers, se tenait à
Brest (Faculté Victor Segalen) un colloque dont le thème était d’une brûlante
actualité : “Changements climatiques,
aménagement de l’espace & transition
urbanistique”. Organisé par le laboratoire Géoarchitecture (EA 2219), ce
rassemblement d’une trentaine de chercheurs entendait présenter les travaux
récents en aménagement de l’espace
Action locale et effet global : ainsi s’exprime la complexité particulière de ce sujet. Si l’effet global du
changement climatique est la résultante d’une multitude d’actions locales (les transports, les activités
économiques, l’habitat), cet effet global a, en retour,
des implications locales qui nécessitent des mesures
d’adaptation et de correction. Le premier problème
posé est donc celui de la mesure tant des effets que
des causes : comment évaluer les changements ? À
quelle échelle de territoire ? Le deuxième problème
relève du changement des pratiques : lesquelles ? À
quel rythme ? À quelle échelle ?
Toutes ces questions ont été posées dans les différentes communications qui ont abordé de nombreux
domaines du savoir :
- l’entrée par la climatologie permettait d’aborder la
modélisation et les indicateurs susceptibles d’être
pris en compte dans les documents de planification
et dans les politiques concrètes d’aménagement,
- l’entrée par le cadre de vie insistait davantage sur la
diversité des initiatives pour instaurer des pratiques
économes en énergie comme en foncier.
Les débats se sont trouvés enrichis par une pluridisciplinarité indispensable pour couvrir toutes les dimensions : climatologie, écologie, mécanique, sociologie, géographie, psychologie, économie, et bien sûr
urbanisme ont été mobilisées au fil des contributions.
Quelques mots clés ont été souvent relevés : transition
énergétique, formes des villes et des bourgs, revitalisation des territoires, mobilité durable. Et ils ont été
précisément illustrés : la présentation des différentes
recherches et les témoignages des cadres territoriaux
et des élus présents ont permis de dresser un état des
lieux et de proposer une boîte à outils qu’il faudra désormais compléter.
Parrainé par Jean Jouzel, membre du GIEC, labellisé
événement COP 21 par le ministère de l’Écologie, du
Développement durable et de l’Énergie, le colloque est
un des exemples de la contribution de l’Université à
la production et à la diffusion de la recherche sur des
thèmes parmi les plus importants, en réunissant les
chercheurs d’autres établissements (INRA, universités
d’Évry, Lille, Marseille, Paris, Poitiers, Rennes). Il porte
aussi la marque d’une conviction : l’université peut et
doit contribuer au débat sur l’avenir de son territoire.
sur l’évaluation des changements climatiques, leurs effets prévisibles, mais
surtout sur les propositions d’adaptaProgramme et résumés des
communications :
http://climat-urba.sciencesconf.org
tions pour notre cadre de vie.
Géoarchitecture
40 ans d’enseignement et de recherche
en aménagement
La création, en 1976, de l’Institut de Géoarchitecture
a permis de dispenser à Brest un enseignement, inédit
jusqu’alors, consacré à l’aménagement. Le laboratoire
Géoarchitecture, créé 10 ans plus tard, a prolongé
dans la recherche les deux principes posés dans la formation : 1. les questions relatives à l’aménagement de
l’espace et à l’urbanisme sont, d’entrée de jeu, liées
à la gestion et à la restauration de l’environnement ;
2. les aspects scientifiques fondamentaux doivent
être prolongés par l’expérimentation et les applications. Dès l’origine, les relations avec des partenaires
extérieurs ont ainsi été nouées pour structurer une
recherche-action, notamment avec les villes de Brest
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L’UBO et la COP 21
et de Lorient, ou bien avec la Société pour l’étude et
la protection de la nature en Bretagne. Dans cet épisode pionnier, quelques résultats ont témoigné du rôle
incontournable joué par Géoarchitecture : recherches
sur les villes reconstruites, travaux sur les territoires
ruraux et sur le développement local, interventions
menées sur des sites emblématiques, pointe du Raz,
aber de Crozon, dunes du Conquet, par exemple. Depuis, l’équipe de recherche a conservé ses objectifs et
voit ses préoccupations et sa pluridisciplinarité confortée dans les principes du développement durable. Elle
s’est renforcée et compte 30 chercheurs et 17 doctorants.
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COP 21
“La Déclaration de Brest”
Les 26 et 27 octobre derniers,
l’Académie
Européenne
des Sciences
(EURASC)
organisait à Brest un
Symposium sur les
“Impacts du Changement
Climatique”.
Près de 50 académiciens,
parmi lesquels d’éminents
océanographes et des
membres du GIEC dont
le renommé Jean Jouzel,
ont émis cet appel aux
instances européennes
en vue de la COP 21.
© Sébastien Hervé /UBO
Symposium Climat de l’EURASC à Brest :
Jean Jouzel (GIEC) et Claude Debru (Président l’EURASC).
© Sébastien Hervé /UBO
27 octobre 2015 : remise de la médaille Leonardo da Vinci de l’EURASC à Jean Jouzel à Brest.
De gauche à droite : Paul Tréguer (Présidium EURASC), Jean Jouzel (GIEC), Claude Debru (Président EURASC), Hélène de Rode (Secrétaire perpétuelle
EURASC).
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L’UBO et la COP 21
L’UBO et la COP 21
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“Océan & climat
COP 21
Expo à paris
Connectés dans le changement
Du 17 novembre au 31 janvier 2016
”
Cette exposition a été
conçue par le LabexMER
“L’Océan dans le
changement”
(IUEM/UBO),
en collaboration
avec Océanopolis.
Océan et Climat ;
Connectés dans le changement
L’Océan couvre plus de 70% de la surface terrestre, et
absorbe environ un quart des émissions de gaz à effet
de serre liées aux activités humaines chaque année.
Il joue un rôle de régulateur thermique en absorbant
l’excès de chaleur en résultant. Il a ainsi fortement
contribué à l’atténuation des effets du changement
climatique, avec des conséquences importantes sur
sa structure et son fonctionnement : augmentation
de température de l’eau, acidification, augmentation
du niveau de la mer, ou encore perte de biodiversité
marine. Ces bouleversements ont déjà des impacts
économiques et sociaux extrêmement importants, notamment sur les populations les plus fragiles.
Qu’est-ce que le LabexMER ?
Le LabexMER est un consortium associant 13 unités
de recherche animées d’un objectif commun : progresser dans la compréhension de la structure, du
fonctionnement et de l’évolution de l’Océan dans le
contexte des changements globaux. Il vise à promouvoir l’excellence et le rayonnement international, de la
recherche et des formations dans ce domaine. Il s’implique également dans la diffusion des connaissances
vers un large public.
Le LabexMER est coordonné par l’Institut Universitaire
Européen de la Mer à Brest (IUEM, école interne de
l’UBO), et inclut l’ensemble de ses unités de recherche
(6). Toutes sont des unités mixtes de recherche (UMR)
associant l’UBO et, selon les unités, le CNRS, l’IRD,
et/ou l’Ifremer. Il comprend également 5 laboratoires
propres de l’Ifremer Brest, un de l’UBS et un de l’Ecole
Centrale de Nantes.
Web
Le site du LabexMER >www.labexmer.eu/fr
Le site de l’IUEM >www-iuem.univ-brest.fr/fr
Le site d’Océanopolis >www.oceanopolis.com
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L’UBO et la COP 21
© Sébastien Hervé / UBO
Coordinateur Scientifique du LabexMER
Vianney Pichereau >[email protected]
Sensibiliser le public à l’importance
de l’Océan dans le changement
climatique
Cette exposition propose, par un parcours autour des
grandes thématiques de recherche développées au sein
du LabexMER, de sensibiliser le public au rôle primordial de l’Océan dans la régulation du climat planétaire
et aux impacts du changement climatique sur l’Océan,
les littoraux et les populations qui en dépendent.
De la molécule à l’Océan global, des climats passés
aux scenarii pour le futur, le LabexMER s’implique
dans la recherche sur le changement climatique à travers des projets ambitieux croisant les disciplines (eg.
physique, géologie, biologie, écologie, économie…).
Les thématiques développées concernent l’observation et la modélisation de l’Océan, la biogéochimie
(pompe biologique du carbone), le décodage des
paléo-archives sédimentaires (paléoclimatologie), les
impacts des changements climatiques sur les organismes marins et sur la biodiversité, sur les environnements littoraux et la gestion des zones côtières, les
impacts économiques et législatifs mais aussi les stratégies de remédiation (énergies marines renouvelables
par exemple).
Valorisation de l’exposition
Une présentation de l’exposition, ainsi qu’un lien vers
les visuels en format pdf, est disponible sur le site
internet www.labexmer.eu/fr/valorisation/expositionocean-climat-connectes-dans-le-changement. Elle est
à la disposition de tous (établissements scolaires,
communes, structures de toutes sortes telles que
médiathèques, aéroports, etc.). Elle fera très certainement un passage à Océanopolis au cours de l’année
2016. Nous vous proposons de découvrir un extrait de
l’exposition dans les pages qui suivent.
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© Erwan Amice / CNRS
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COP 21
18/10 Train du Climat à Brest
Le monde vivant des océans nous alerte
Par Yves-Marie PAULET, Océanographe à l’IUEM
Résumé d’intervention
L
e changement climatique, induit par une
modification de l’effet de serre atmosphérique, est déjà largement perceptible
dans les océans. L’élévation moyenne de
la température de l’océan de surface est
de l’ordre de 1°C, tandis que l’accroissement de l’acidité de l’eau de mer bien qu’encore
faible est partout mesurable. Si les mesures physicochimiques témoignent bien d’un processus en cours
mais encore limité, les réactions du monde vivant par
contre envoient déjà les signes d’un océan en plein
bouleversement.
Une augmentation de la température induit une modification de la physiologie des organismes qui la
subissent. Elle peut compromettre leur reproduction
ou induire une altération de leur croissance, dans certains cas elle modifie profondément les relations des
organismes à leurs parasites induisant ainsi l’émergence de nouvelles pathologies. L’adaptation, fruit de
la sélection naturelle, a permis à la vie de se maintenir
sur terre et en mer au cours des ères géologiques. Un
tel processus pour le futur ne peut être rejeté, mais
la vitesse à laquelle les changements actuels sont
observés apparaissent peu compatibles avec celle de
l’adaptation du vivant, hormis peut-être dans le cas
des espèces à temps de génération très courts tels
les organismes unicellulaires. Dans un tel contexte,
la fuite ou migration vers les pôles de la majorité des
espèces est le processus le plus couramment décrit.
Ainsi, au large des côtes européennes, les espèces
du plancton migrent vers le Nord. Des espèces considérées comme “d’eaux chaudes” dans les années
soixante sont maintenant couramment rencontrées au
large des côtes norvégiennes. Les poissons, leurs prédateurs, dans le même mouvement se déplacent vers
le nord. La morue semble avoir définitivement quitté
les côtes américaines de la Nouvelle Angleterre ; Cap
Cod, le “cap de la morue” n’est plus qu’un nom pour
les livres d’histoire. Au large de la Bretagne le Saint
Pierre, un poisson des eaux chaudes a vu ses captures
régulièrement augmenter au cours des dernières décennies ; aujourd’hui il est une capture régulière en
mer du Nord.
24
L’UBO et la COP 21
La migration vers les pôles est sans doute le plus évident de ces changements, mais bien d’autres aspects
de la vie marine sont déjà impactés par le changement climatique. Ainsi, la saisonnalité des processus
de croissance et de reproduction, ce que les scientifiques appellent la phénologie, se voit transformée.
Pontes plus précoces, vies larvaires avancées vers le
début d’année, gestion des réserves énergétiques altérée par des eaux plus chaudes en hiver. Cet ensemble
de “décalages” temporels aboutit à de véritables hiatus écologiques, les jeunes stades de poissons et de
coquillages pouvant se trouver en forte demande de
nourriture alors que les algues microscopiques qui
constituent leurs repas ne subissent pas systématiquement les mêmes changements temporels. C’est
ce que les scientifiques appellent le “mismatch”, des
situations où le renouvellement des générations n’est
plus possible.
L’augmentation de l’acidité des océans, due à la dissolution du gaz carbonique atmosphérique, est quant
à elle une menace certaine pour les espèces marines
“calcifiantes”, celles, de toutes tailles, qui possèdent
une coquille calcaire. Déjà, dans les eaux froides de
l’arctique, produire une coquille devient un challenge
de plus en plus difficile.
C’est donc l’ensemble de l’écosystème marin qui est
ébranlé, et la totalité des interactions entre organismes
qui est perturbée. Prédire l’avenir de la vie dans les
océans est une tâche extrêmement ardue face, d’une
part, à la l’extraordinaire complexité des processus
en jeu et, d’autre part, à la vitesse des changements
climatiques en cours. Plus que jamais, l’humanité a
besoin de connaissances pour comprendre ces changements fondamentaux et pour anticiper ses relations
futures avec les océans.
Contact
Yves-Marie Paulet
Professeur de l’UBO
[email protected]
LEMAR/IUEM
L’UBO et la COP 21
© Erwan Amice / CNRS
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portrait
Linwood Pendleton
Chaire internationale d’Excellence
du LabexMER à l’Institut Universitaire
Européen de la Mer (IUEM) au sein de l’UMR AMURE
Que faisiez-vous avant de venir à l’IUEM occuper cette chaire ?
J’ai un Master de gestion publique de Harvard ainsi qu’un master d’écologie, évolution et comportement de
l’Université de Princeton et une maîtrise de biologie. J’ai obtenu mon doctorat à l’Université de Yale en 1996. Mon
thème d’étude était l’économie environnementale et le sujet de la thèse était : les effets du changement climatique
sur la valeur, et les usages pour la société des récifs coralliens et des lacs d’eau douce. J’ai ensuite travaillé comme
professeur dans quelques universités aux États-Unis. Ma recherche a toujours été à la fois nationale et internationale.
J’ai commencé à travailler avec des collègues français il y a 4 ans. Je travaille sur tous les écosystèmes côtiers :
herbier, récif, plage, mangrove... en relation avec les comportements humains. Je suis un chercheur en sciences
humaines et sociales, pas en sciences naturelles de l’environnement. J’ai également été économiste en chef de la
NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) aux Etats-Unis de 2010 à 2013.
Pourquoi avoir choisi l’IUEM ?
J’ai travaillé quelques années avec des chercheurs de l’IUEM. Je faisais partie des conseillers dans le projet Valmer
qui portait sur l’évaluation des bénéfices écosystémiques de la Manche, un projet mené par des institutions
françaises et anglaises. J’ai aussi visité deux fois l’IUEM et le Finistère avant de venir. Ma famille et moi avons
beaucoup aimé le Finistère. Je voulais aussi donner une opportunité à mes filles de vivre et d’étudier en France.
Que faites-vous à l’IUEM ?
Je suis Chaire internationale d’excellence du LabexMER et je vais participer à la création d’un huitième axe de
recherche du labex. Je poursuis à l’IUEM la même trajectoire de recherche qu’aux Etats-Unis. J’ai désormais
trois thématiques de recherche principales : le 1er thème concerne les impacts sur les humains de l’acidification
océanique, spécialement les impacts sur les récifs coralliens (les récifs protègent les côtes contre les aléas
climatiques notamment et sont importants pour la pêche ; le tourisme y est aussi très développé). Le 2ème thème
est un projet qui s’appelle les forêts bleues : les habitats côtiers (certains herbiers et mangroves) sont très
importants pour le stockage de carbone, pendant la durée de vie de la plante. Le 3ème est un projet européen
H2020 qui utilise les données de satellites pour voir s’il y a des changements dans les conditions écosystémiques
dans les aires marines protégées européennes ; ce projet s’appelle Ecopotential et compte 47 partenaires. Je
travaille aussi sur la gestion et le management de l’océan profond, mais c’est un thème secondaire.
Avez-vous des anecdotes professionnelles à nous raconter ?
J’ai commencé mes études pour devenir biologiste ; j’ai travaillé dans la jungle avec des caïmans et un jour
j’ai capturé sans le savoir un caïman de presque 6 mètres. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de passer aux
sciences sociales.
J’ai compris qu’avec les caïmans, le problème n’est pas le manque de compréhension écologique mais le manque
de compréhension de l’impact humain sur les écosystèmes dont ils dépendent ! C’est ainsi que j’ai commencé à
étudier les liens entre les humains et les écosystèmes.
Quel est votre plus beau souvenir professionnel ?
Grâce au Marine Ecosystem Services Partnership (partenariat pour les services écosystémiques marins), j’ai
organisé des “webinaires” (séminaires web), ce qui me plaît beaucoup. J’ai ainsi pu obtenir des interviews de
scientifiques, d’économistes, d’hommes d’affaires et de responsables gouvernementaux du monde entier.
Quels sont vos centres d’intérêt ?
C’est aussi une des raisons pour lesquelles je suis venu ici : j’aime le surf, et faire des randonnées avec le standup paddle.
Avez-vous une devise ?
If a man does not keep pace with his companions, perhaps it is because he hears a different drummer. Let him
step to the music which he hears, however measured or far away.
(Si un homme ne suit pas le rythme avec ses compagnons, peut-être est-ce parce qu’il entend un batteur différent.
Laissez-le avancer au rythme de la musique qu’il entend, quel qu’en soit le rythme, aussi lointaine soit-elle).
Henry David Thoreau
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L’UBO et la COP 21
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© Sébastien Hervé /UBO
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