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L’UBO et la COP 21
6L’UBO et la COP 21
ACTUALITÉ
Prix Bretagne Jeune Chercheur 2015
Katell Hamon, Lauréate
Katell Hamon a été sélectionnée parmi 66 candidats et a été élue
lauréate du Prix Bretagne Jeune Chercheur 2015 avec 5 autres jeunes
scientifiques prometteurs, le 6/11 dernier à l’UBO. C’est Claude Berrou,
chercheur brestois à l’origine des Turbocodes qui ont révolutionné les
télécommunications, et Bernard Pouliquen, vice-président à la Région en
charge de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui leur ont remis
leur prix.
Katell Hamon a reçu un prix de 6000 euros pour sa thèse, dans la
catégorie “grands problèmes sociétaux” : “Analyse bio-économique
de la réponse d’une pêcherie à un changement de régulation de
l’accès : le cas des quotas individuels transférables dans la pêcherie
de langouste en Tasmanie”.
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La recherche et l’innovation sont
moteurs de création d’activités
nouvelles et de développement
économique pour le territoire. La
Région l’a bien compris et c’est
en ce sens qu’elle encourage la
dynamique de recherche dans
les laboratoires et épaule, financièrement, les jeunes
chercheurs. De manière plus anecdotique mais ô com-
bien symbolique, elle organise tous les deux ans ce
concours du Prix Bretagne Jeune Chercheur. Cette ré-
compense a vocation à donner un coup de pouce finan-
cier et à apporter une reconnaissance publique à l’élite
de la jeune recherche en Bretagne. Elle permet aussi
de montrer, aux yeux de tous, l’étendue, la richesse et
le potentiel de la recherche en Bretagne et ce, dans de
multiples domaines : près de 10 000 chercheurs exer-
cent leurs talents sur le territoire et couvrent 80% des
champs disciplinaires existants.
Ce prix est une présentation vulgarisée destinée au
grand public. C’est aussi un outil pour faire connaître
à la communauté scientifique, à travers le monde, tout
le potentiel breton et ainsi garder et faire revenir les
jeunes chercheurs en Bretagne. Pour participer à ce
prix, il faut avoir moins de 35 ans, détenir le diplôme
de docteur depuis moins de 5 ans et avoir préparé,
soutenu et obtenu, avec mention, une thèse en Bre-
tagne, dans un laboratoire public ou privé.
La Région Bretagne encourage la recherche,
moteur de son développement économique
Katell Hamon est une experte du monde de la pêche.
À la fois économiste et biologiste, elle s’intéresse à la
gestion des ressources halieutiques. Une gestion com-
plexe qui prend en compte des objectifs écologiques,
économiques et sociaux. Les évaluations les plus ré-
centes de la FAO (organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture) font état de 20% des
stocks halieutiques mondiaux en surexploitation ou en
voie d’extinction.
Autrement dit, il y a trop de pêcheurs pour pas assez
de poissons. Un constat résultant de l’accès libre des
ressources halieutiques et d’un système qui incite les
pêcheurs à être les premiers à capturer le poisson.
Évaluation des effets des quotas individuels transfé-
rables (QIT) sur la pêcherie de langoustes
Le système des quotas individuels transférables (QIT)
est de plus en plus utilisé pour gérer ces ressources en
diminution. L’objectif de Katell Hamon était d’évaluer,
dans le cas de la pêche à la langouste, la façon dont
l’introduction des QIT avait affecté le comportement
des pêcheurs, et d’en mesurer les effets économiques
et biologiques. Il s’avère que les QIT génèrent des ef-
fets secondaires : « Les crustacés sont moins nombreux
à être pêchés car il y a moins de pêcheurs. Les langoustes
se vendent plus cher. Mais cette plus-value a attiré la convoi-
tise d’investisseurs qui rachètent les quotas et spéculent. Les
pêcheurs ne peuvent plus acquérir leurs droits de pêche ! »
Elle a développé un nouveau modèle bio-économique
et affirme que :
Pendant sa thèse, Katell Hamon a également évalué les
conséquences du réchauffement climatique sur la pê-
cherie. “À la fin de leur stade larvaire, les langoustes s’ins-
tallent sur une roche pour y grandir et se sédentarisent”,
explique-t-elle. “Par l’effet du changement climatique, on
constate effectivement que certaines zones sont de plus
en plus désertées alors que la croissance s’accélère dans
d’autres zones, y augmentant la biomasse de langouste.
Mais contrairement à ce que l’on aurait pu penser, cela
ne déstabilise pas les pêcheurs”.Tout simplement, ils
s’adaptent et font évoluer leur parcours de pêche.
Originaire de Saint-Brieuc et
diplômée d’Agrocampus Ouest,
Katell Hamon a réalisé sa thèse,
entre 2007 et 2011, sous la
direction d’Olivier Thébaud,
au sein de l’UMR AMURE,
l’unité mixte de recherche qui
lie l’Université de Bretagne
Occidentale et l’Ifremer. Ses
travaux, également co-dirigés
par l’Université de Tasmanie,
ont conduit la jeune chercheuse
à passer deux ans en Tasmanie,
à la pointe de l’Australie où elle
y a testé un modèle économique
de pêche pour la langouste. Elle
est aujourd’hui chercheuse au
LEI Wageningen UR, l’Institut
d’économie agronomique de La
Haye aux Pays-Bas.
Son parcours
“l’une des solutions pour rétablir une
équité serait d’instaurer des restrictions :
le rachat de quotas pourrait être réservé
aux pêcheurs mais limité en nombre,
avec obligation de revendre son QIT
après 5 ans d’inexploitation”.