La culture massive de variétés à hauts rendements, issues de la Révolution Verte des années
60, a permis un accroissement spectaculaire des rendements de certaines cultures. Pour le blé, le riz
et le maïs, environ la moitié de l’augmentation de la production a été attribuée à la sélection de
nouvelles variétés (FAO, 1997). Malheureusement, la substitution de nombreuses variétés de pays
hétérogènes et localement adaptées par un faible nombre de variétés modernes a aussi exposé les
cultures à plus de vulnérabilité. La vulnérabilité génétique résulte du fait qu’une culture largement
répandue soit uniformément sensible à une maladie, un pathogène ou un accident climatique en
raison de sa composition génétique (FAO, 1997). L’exemple le plus connu est celui du mildiou qui
a balayé les cultures de pommes de terre au XIXe siècle provoquant une grande famine en Europe
et particulièrement en Irlande. En 1970, une attaque pathogène (Helminthosporium turcicum) a
causé d’importants dégâts sur les cultures de maïs aux Etats-Unis. En effet, toutes les nouvelles
variétés étaient porteuses du même cytoplasme « mâle stérileTexas ».
Pour l’agriculteur, la diversité permet de minimiser les risques par la culture de différentes
espèces et variétés. Elle favorise la stabilité du rendement d’une culture grâce à l’hétérogénéité
intra-parcellaire. De plus, certaines espèces peuvent présenter des complémentarités (cultures
associées). Plus globalement, cette variabilité fournit une sorte d’assurance contre les conditions
adverses futures et représente une réserve de ressources potentiellement intéressantes pour l’avenir
(FAO, 1997). Le maintien d’un haut niveau de diversité génétique est donc crucial pour garantir la
sécurité alimentaire.
La conférence de Rio en 1992 marque la prise de conscience de cet enjeu au niveau
international. Elle aboutit à un engagement mondial, la Convention sur la Diversité Biologique,
dont les trois objectifs majeurs sont : la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable
de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des
ressources génétiques (CBD, 1992). Le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour
l’alimentation et l’agriculture (2001), juridiquement contraignant pour les pays signataires, est
l’application de la CDB dans le domaine de l’agrobiodiversité. Il prévoit entre autres la mise en
place d’un système multilatéral de partage des ressources phytogénétiques.
En 2002, les parties se sont engagées à réduire de façon significative l’érosion de
biodiversité d’ici 2010. Afin, d’évaluer leurs avancées dans la conservation de la biodiversité, les
pays doivent mettre en œuvre des outils de suivi, d’où d’importants efforts depuis quelques années
pour développer des indicateurs. Au niveau européen, le programme SEBI2010 vise à créer une
série d’indicateurs permettant de répondre à cette demande.
Au niveau sociétal, la préoccupation pour le maintien de la biodiversité remonte aux années
80 avec la montée d’un courant environnementaliste. Ces dernières années, on assiste à un intérêt
croissant pour la préservation de la diversité des plantes cultivées. Certains réseaux agricoles ou
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