leur formation dans l’atmosphère restent très mal connus. Le GIEC admet d’ailleurs que
contrairement à la formation des traînées et les effets radiatifs associés, phénomène visible et
évident induit par le transport aérien, les effets indirects des aérosols émis par l’aviation sur les
couvertures nuageuses sont « très complexes, ont reçu peu d’attention et sont très difficiles à
quantifier ».
Le rapport du GIEC sur l’aviation (1999) estime que l’effet radiatif dû aux trainées de
condensation est comparable à l’effet induit par les émissions de CO2. En ce qui concerne les
couvertures nuageuses de cirrus, le rapport n’avance pas d’estimation d’impact radiatif en
raison du manque de connaissance.
Des études plus récentes sont particulièrement préoccupantes. En effet, une étude sur
l’observation des cirrus en Europe, indique que le forçage radiatif induit par les cirrus
additionnels provoqués par l’aviation serait au moins 10 fois supérieurs au forçage radiatif des
traînées de condensation51.
II.3.6.2 Un cas d’étude de l’influence sur la température
Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ont fourni un cas d’étude des impacts que
les trainées de condensation et la formation de cirrus peuvent avoir sur le climat. En effet, suite
à l’interruption du trafic aérien qui a suivi les attaques terroristes (36 heures d’arrêt complet,
très peu de vols entre le 13 et le 15 septembre), des chercheurs ont enregistré une diminution
importante de la couverture de traînées de condensation52. Une augmentation de 1 à 2°C de la
différence de température jour-nuit a également été enregistrée dans les 3 jours qui ont suivi les
attaques terroristes53. Les traînées de condensation ont en effet tendance à empêcher une partie
du rayonnement solaire d’atteindre la surface de la terre et à retenir une partie du rayonnement
infrarouge de la terre, ce qui limite les écarts de température entre le jour et la nuit. En
l’absence de trafic aérien, la couverture de cirrus et les trainées de condensation se sont
dissipées, ce qui pourrait expliquer l’augmentation de l’écart de température jour-nuit.
Globalement, les cirrus empêcheraient la terre de se refroidir la nuit, provoquant ainsi une
hausse de la température moyenne du globe.
II.3.6.3 Influence des saisons et des vols de nuit
La densité du trafic aérien et les conditions météorologiques influencent l’effet radiatif net des
traînées de condensation. Des chercheurs britanniques ont récemment modélisé l’impact
radiatif des traînées de condensation dans une zone géographique située au Sud-Ouest de
l’Angleterre, à l’entrée du corridor aérien atlantique54. Ils ont ainsi déterminé que les vols de
nuit durant l’hiver (de décembre à février) sont responsables de la plus grande part du forçage
radiatif positif provoqué par les traînées de condensation. Ces trois seuls mois, représentant
22% du trafic aérien annuel, représenteraient la moitié du forçage radiatif annuel. Outre cette
constatation, les chercheurs de la Reading University ont également mesuré que les vols de nuit
(entre 18h et 6h), qui correspondent à 25% du trafic aérien, contribueraient de 60 à 80% au
51 Mannstein, H. and U. Schumann. (2003), “Observations of Contrails and Cirrus Over Europe”, Proceedings of
the AAC-Conference, June 30 to July 3, 2003, Friedrichshafen, Germany 25
52 Minnis, P. et al. (2003), “Simulation of Contrail Coverage over the USA Missed During the Air Traffic
Shutdown”, Proceedings of the AAC-Conference, June 30 to July 3, 2003, Friedrichshafen, Germany 25
53 Travis, D.J., Carleton, A. M., Lauritsen R.G. (2002), “Contrails reduce daily temperature range”, Nature 418, p.
601
54 Stuber, N., Forster, P., Räde, G., and K. Shine (2006), “The importance of the diurnal and annual cycle of air
traffic for contrail radiative forcing”, Nature, Vol. 441, 15 June 2006, pp. 864-867