Médecine d'Afrique Noire : 1996, 43 (5)
301 M.S. DIALLO, T.S. DIALLO, S.B. DIALLO, N.D. CAMARA,
F.B. DIALLO, A. DIENG, Y. DIALLO, S.T. DIAW
Cela pourrait être en rapport avec son importance dans la
population générale, mais surtout avec l’insuffisance de
l’éducation pour la santé et les conditions socio-économi-
ques médiocres des populations en milieu rural (1, 2, 3, 4).
Dans 48,27% des cas la tumeur est découverte par l’auto
palpation ou par l’examen systématique (tableau n°IV).
Malheureusement ceci ne concerne que les tumeurs béni-
gnes dans la grande majorité des cas.
La douleur est le symptôme le plus fréquent à des degrés
variables et difficiles à apprécier (44,83%). Elle est souvent
associée à d’autres signes. Ce caractère de la douleur isolée
ou associée se retrouve aussi bien dans la littérature afri-
caine qu’européenne (1,4,7).
Les écoulements et infiltrations ont révélé dans tous les cas
un cancer du sein dans notre série. ANONGBA et Colla-
borateurs (1) insistent également sur le caractère varié des
circonstances de découverte des tumeurs du sein.
Dans 77,08% des cas l’évolution a été longue, entre dix et
plus de vingt mois. Il s’agit de patients vivant en milieu
rural, reçus après l’échec du traitement traditionnel. Cela
explique que dans 70,37% des cas, les cancers soient
découverts à des stades avancés (tableau VIII) dépassant
l a rgement les possibilités de prise en charge adéquate de
nos services. Ces difficultés de prise en charge sont décrites
pour de tels cancers dans la littérature même quand toutes
les conditions matérielles et techniques sont réunies (1,5).
C’est aussi la justification de l’éducation en faveur de l’au-
to-palpation et l’examen systématique des seins au cours de
toute consultation.
Dans 56,32% des cas la tumeur a interessé le sein gauche.
La prédominance du cancer au niveau d’un sein par rapport
à l’autre s’expliquerait par les habitudes d’allaitement (3).
Sur le plan histologique, l’adénofibrome est le plus fré-
quent dans l’étude (46,84%), suivi des adénocarcinomes
(31,64%) et les tumeurs dystrophiques (17,72%).
Parmi les tumeurs malignes, les adénocarcinomes sont les
plus fréquents, les sarcomes ne représentent que 1,45%.
Pour ANONGBA (1) les épithéliomas représentent 48%
des cancers du sein et se présentent sous deux formes :
- La forme in situ
- La forme infiltrante
76 tumeurs ont été opérées dans nos services.
La tumorectomie a été l’intervention la plus fréquente
69,56%. La chirurgie radicale type PATTEY représente
28,99% contre 1,45% de mastectomie simple.
Dans l’étude d’ANONGBA on retrouve 14 cas de mastec-
tomie avec curage axillaire (1).
Il n’y a pas eu de traitement adjuvant ni de chimiothérapie,
ni d’hormonothérapie, ni de radiothérapie. Par contre dans
la littérature une place importante est accordée à ces traite-
ments adjuvants (1, 5, 7, 8, 10).
Nous avons eu la possibilité de suivre huit (8) patients opé-
rés. Le suivi a varié de 25 jours à 36 mois ; ce mauvais
résultat est lié à la découverte tardive de ces tumeurs et à
l’insuffisance de nos possibilités pour leur prise en charge.
CONCLUSION
Les tumeurs du sein sont fréquentes. Elles intéressent tous
les âges de la puberté à la ménopause. Les formes bénignes
prédominent à l’adolescence et à la préménopause, tandis
que les cancers sont l’apanage des âges avancés.
Les circonstances de découverte sont variées et les formes
avancées sont les plus fréquentes, ce qui explique les diff i -
cultés d’une prise en charge adéquate et le mauvais pronostic.
Il importe donc que les cancers soient inclus dans les poli-
tiques nationales de santé ne serait-ce que dans le volet de
l’éducation pour la santé en vue d’un dépistage précoce.
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