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Capitalisme et environnement: une antinomie indépassable ?
Dans les principales théories économiques classiques, personne ne semble aborder la
question environnementale comme un enjeu fondamental. Tant chez Adam Smith, David
Ricardo ou encore chez Karl Marx, l'enjeu écologique semble traité comme secondaire.
En effet, la pensée de Smith et de Ricardo paraît traversée par l'idée d'un monde dans
lequel les ressources seraient infinies
alors que l'analyse du révolutionnaire allemand se
concentre essentiellement sur la propriété des moyens de production. Or, cet enjeu est
décisif : un système économique incompatible avec la préservation de l'environnement
est voué à se consommer lui-même, ou à entraîner l'avenir des générations futures dans sa
chute. Ainsi, la question des jugements à porter sur le capitalisme – à savoir s'il s'agit d'un
système juste, injuste, optimal, sous-optimal, etc. - dépend de la réponse que nous
offrirons à la question de savoir si ce système est viable sur le plan environnemental. En
d'autres termes, la question des meilleurs systèmes économiques est indissociable des
enjeux écologiques. Il apparaît donc nécessaire de se questionner à savoir si une réforme
écologiste du système capitaliste
est possible et surtout suffisante ou si la solution aux
problèmes écologiques ne réside pas plutôt dans une transition vers un système
économique alternatif. Autrement dit, l'objectif ici n'est pas de savoir si une critique
écologiste du système capitaliste est pertinente. La présente contribution se situe plutôt en
aval de cette question.
La problématique qui nous intéresse est de savoir selon quelle amplitude, ou plutôt à quel
degré de radicalité devrait se situer une telle critique. Afin de le déterminer, nous
opposerons deux discours écologistes, l'un réformiste et l'autre à portée révolutionnaire.
Ces positions, bien qu'ayant toutes deux pour dessein la préservation de l'environnement,
Voir Abdelmalki et Mundler (2010)
Le capitalisme renvoie à un «système économique basé sur la propriété privée des moyens de production
et structuré en vue de maximiser les profits.» (Perspective monde)