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FCC 9 - Tube digestif supérieur : quelle stratégie adopter ?
La prise en charge des GIST de l’œsophage est plus problématique. Les GIST, tumeurs stromales gastro-
intestinales sont les tumeurs mésenchymateuses les plus fréquentes, associant des critères histologiques
précis, ainsi que des critères immunohistochimiques (expression des protéines KIT ou CD117 et/ou DOG-1),
permettant de les différencier des autres tumeurs mésenchymateuses telles que le léiomyome ou le
schwannome (28,29), expliquant le caractère relativement récent de leur diagnostic (30). La recherche
mutationnelle des gènes de KIT (CD117) et PDGFRA peut permettre de confirmer le diagnostic de GIST en cas
d’analyse immunohistochimique négative. Le potentiel de malignité des GIST, défini par le risque de récidive,
dépend de la taille tumorale, de l’index mitotique, de la localisation tumorale primitive, de la rupture tumorale
et de l’existence de marges de résection envahies (29).
Les GIST de l’œsophage sont rares, représentant 0,7% de l’ensemble des GIST dans le registre français PROGIST
au cours de l’année 2005, avec 4 cas recensés (31). Les séries publiées dans la littérature restent anecdotiques,
avec 8 publications de cas entre 2002 et 2006 (32-39), et 3 séries de 4 à 8 patients (14,40,41), dont la plus
importante a colligé les observations sur une période de 30 ans (41). La rareté de cette pathologie ainsi que les
données contradictoires publiées ne permettent pas d’assigner à la localisation œsophagienne d’une GIST un
pronostic péjoratif avec un niveau de preuve suffisant. Cette localisation spécifique est ainsi absente de la
classification de Mittienen (30) et des recommandations de l’ESMO et du NCCN (National Comprehensive
Cancer Network) (15,29), même si le pronostic lié à la localisation œsophagienne est considéré par certains
comme plus sévère (42, 43). De même, si la résection passant en zone saine sans curage ganglionnaire est
recommandée de manière générale (15,29), le débat entre énucléation et œsophagectomie pour la localisation
œsophagienne reste ouvert étant donné l’absence de données fiables dans la littérature et la morbi-mortalité
bien supérieure des œsophagectomies (44).
L’analyse des publications de cas entre 2002 et 2006 (32-39) retrouve, pour les 8 patients, des tumeurs dont la
taille était inférieure à 10 cm et dont l’index mitotique était faible. Quelque soit le traitement proposé, à savoir
œsophagectomie ou énucléation, aucune récidive n’était notée après un suivi allant de 2 à 5 ans.
Des résultats contradictoires ont été rapportés par Blum et al (40) dans leur série de 4 GIST œsophagiennes
prises en charge entre 2000 et 2003. Toutes ont été biopsiées en pré-opératoire, à l’origine de difficultés
notables lors de l’énucléation, en raison de zones d’adhérences avec la muqueuse, cette dernière ayant du être
réséquée dans la moitié des cas. La résection était complète pour chaque patient, et la moitié des patients a
présenté une récidive de la maladie dans les 3 ans, un traité par énucléation, l’autre par œsophagectomie. Les
auteurs concluaient en l’utilité des biopsies pré-opératoires pour les tumeurs de plus de 2 cm, et la nécessité
d’une œsophagectomie, l’énucléation exposant à un risque de résection R2 ou de rupture tumorale trop
important. Cependant, les données publiées ne permettent pas de confirmer ces conclusions de manière
objective.
Dans la série de Lee (14), 7 GIST œsophagiennes ont été prises en charge entre 2001 et 2003, avec 5
énucléations et 2 œsophagectomies. Toutes les résections étaient estimées complètes. Avec une suivi médian
de 4,4 ans, 2 patients ont présenté une récidive, correspondant aux 2 patients traités par œsophagectomie,
pour des tumeurs de plus de 10 cm et dont l’index mitotique après analyse histologique était plus élevé que
dans le groupe énucléation. La conclusion des auteurs, malgré le faible niveau de preuves, est de réaliser (i) une