Actualités & Pratiques Haute Autorité de santé Mensuel d’information aux professionnels de santé Numéro 30 – Juin 2011 INformations médicales Neurologie Thinkstock Activa® : progrès majeur dans les formes invalidantes de Parkinson et progrès important dans les tremblements invalidants sévères Focus page 3 SOMMAIRE Informations médicales • Neurologie • Ophtalmologie • Psychiatrie • Rhumatologie • Système de santé Focus Fibromyalgie de l’adulte : favoriser une prise en charge précoce et graduée Activa® est un système de stimulation cérébrale profonde composé de stimulateurs neurologiques implantables, d’une gamme d’électrodes et d’extensions implantables, d’un programmateur patient et d’une console de programmation médecin. Le système Activa® est indiqué dans le traitement symptomatique : – de la maladie de Parkinson idiopathique, lors de l’apparition d’une gêne fonctionnelle malgré un traitement médicamenteux optimisé ; – des tremblements invalidants sévères, rebelles au traitement médical, en particulier dans le cadre du tremblement essentiel ; – de la dystonie primaire chronique généralisée pharmaco-résistante, chez les patients de 7 ans ou plus. Les données cliniques montrent chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, à un stade avancé comme dans certaines formes précoces, une amélioration des activités motrices et de la vie quotidienne dans les groupes traités par le système Activa®. Une réduction postopératoire des scores symptomatiques, des doses médicamenteuses, des dyskinésies et de la durée des périodes off quotidiennes est constatée ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie. Activa ® apporte une amélioration du service rendu (ASR) majeure dans les formes invalidantes de la maladie de Parkinson et de la dystonie primaire généralisée pharmaco-résistante et une ASR importante dans les tremblements invalidants sévères. Pour en savoir plus, voir les avis et synthèse d’avis sur Activa®. Ophtalmologie Renouvellement des verres correcteurs par les opticiens >> Chaque 1er jeudi du mois RECEVEZ LA VERSION ÉLECTRONIQUE DE VOTRE MENSUEL en vous abonnant sur l’Espace Actualités & Pratiques du site www.has-sante.fr Les opticiens ont, depuis 2007, la possibilité d’adapter, dans le cadre d’un renouvellement, les prescriptions médicales initiales de verres correcteurs datant de moins de 3 ans chez les personnes d’au moins 16 ans à la condition que l’ophtalmologiste n’ait pas notifié son opposition sur l’ordonnance. De nouvelles recommandations rappellent que ce renouvellement peut être limité par l’ophtalmologiste dans certaines situations : en cas de troubles sévères ou évolutifs de la réfraction (par exemple myopie ≥ - 6 dioptries, changement d’axe de plus de 20° pour un astigmatisme de plus de 0,75 dioptrie, modification de la réfraction ≥ 1 dioptrie sur un an) et lorsque les troubles de la réfraction s’associent à une maladie chronique (diabète, par exemple), à une pathologie ophtalmologique (glaucome, DMLA, rétinopathie…) ou à la prise de médicaments au long cours, en particulier de corticoïdes. Ce renouvellement devra également être limité si le patient a des antécédents de chirurgie réfractive ou de traumatismes de l’œil sévères. L’opticien doit orienter vers l’ophtalmologiste avant la délivrance de lunettes toute personne présentant une modification importante de la réfraction (par exemple, modification de la réfraction ≥ 1 dioptrie sur un an…) ou >> INFORMATIONS MÉDICALES Bonviva® et Didronel® : intérêt clinique insuffisant dans l’ostéoporose une baisse de la meilleure acuité visuelle corrigée. Dans le cas où l’acuité visuelle antérieure n’est pas connue de l’opticien, toute valeur de meilleure acuité visuelle corrigée < 10/10 doit conduire à orienter vers l’ophtalmologiste. • Bonviva ® (acide ibandronique, comprimé et solution injectable) est indiqué dans le traitement de l’ostéoporose Pour en savoir plus, voir les recommandations de bonne pratique postménopausique chez la femme à risque augmenté de « Troubles de la réfraction : délivrance de verres correcteurs par les fractures. Une réduction du risque de fractures vertébrales opticiens dans le cadre d’un renouvellement ». Voir aussi le document a été démontrée, mais l’efficacité sur les fractures du col du d’information destiné aux usagers « Renouveler ses lunettes de vue : fémur n’a pas été établie. Une meilleure observance avec la mode d’emploi ». prise mensuelle du comprimé ou trimestrielle de la solution injectable de Bonviva® n’a pas été démontrée par rapport aux bisphosphonates en prise hebdomadaire. • Didronel® 400 mg (acide étidronique) est lui aussi indiqué dans Comment écrire au psychiatre le traitement de l’ostéoporose postménopausique avec au moins pour adresser en consultation un patient un tassement vertébral et dans la prévention de la perte osseuse présentant un trouble mental chez les patients sous corticothérapie prolongée. Son efficacité n’a pas été établie dans la prévention des fractures périphériques, Comment rédiger les courriers destinés au médecin dont celles du col du fémur. psychiatre lors d’une demande de première consultation pour D’autres bisphosphonates (acide alendronique, acide risédronique et un patient adulte souffrant de trouble mental ? Tel est l’objet acide zolédronique) ont démontré leur effet préventif sur la survenue de recommandations du Collège national pour la qualité des de fractures vertébrales et périphériques. L’utilisation de Bonviva® soins en psychiatrie (CNQSP), qui viennent de bénéficier du ou de Didronel® 400 mg constitue donc une perte de chance, en label de la HAS. Ce label atteste que ces recommandations particulier pour les patients à risque élevé de fracture périphérique. ont été élaborées selon les règles méthodologiques Ces spécialités n’ont plus de place dans la prise en charge actuelle préconisées par la HAS. de l’ostéoporose. Parmi les conseils donnés au médecin généraliste, celui de formuler le motif de la consultation psychiatrique sous Pour en savoir plus, voir les avis et synthèses d’avis sur Bonviva® et sur Didronel®. la forme d’une question adressée au psychiatre. Il est aussi conseillé de détailler les principaux symptômes développés par le malade et de présenter ses hypothèses diagnostiques après en avoir discuté avec le patient. Créer les conditions propices à la prescription Le médecin rappellera aussi dans son courrier les des thérapeutiques non-médicamenteuses principaux problèmes de santé somatiques du malade et À partir de deux exemples, prise en charge des risques cardioles traitements psychotropes en cours. Il fournira brièvement, vasculaires et insomnie, un rapport de la HAS identifie les principaux si le malade en est d’accord, quelques éléments d’information freins à la prescription des thérapeutiques non-médicamenteuses sur l’évolution des troubles psychiatriques ainsi que sur les faisant l’objet de recommandations de bonne pratique afin de dégager antécédents familiaux et le contexte de vie. Il informera le des pistes d’amélioration. Ces obstacles sont principalement liés à psychiatre sur la façon dont le malade a réagi sur le plan de la façon dont patients et professionnels de santé se représentent la l’efficacité et de la tolérance aux traitements prescrits pour notion de traitement, la prescription médicamenteuse conservant un le trouble psychique. Quant au psychiatre, il expliquera au important rôle symbolique dans la relation médecin-malade. médecin dans ses courriers les hypothèses diagnostiques D’autres difficultés sont identifiées : retenues, détaillera le projet de soins et les traitements • il est difficile de convaincre un patient de s’engager dans un médicamenteux ou psychothérapeutiques proposés, processus thérapeutique qui met en jeu son mode de vie, or précisera leurs éventuelles modalités de surveillance, ainsi le système de paiement à l’acte prend peu en compte le temps que l’existence ou non d’un risque évolutif immédiat. consacré à la consultation ; Pour en savoir plus, voir les recommandations de bonne pratique • il existerait un manque d’adhésion des médecins, dû à un déficit « Les courriers échangés entre médecins généralistes et psychiatres d’information et à des interrogations sur les données d’efficacité lors d’une demande de première consultation par le médecin de ces thérapeutiques, parfois moins robustes que pour les généraliste pour un patient adulte présentant un trouble mental médicaments ; avéré ou une souffrance psychique ». • on observe des inégalités d’accès aux professionnels spécialisés dans le suivi de ces thérapeutiques, en raison d’une offre de soins mal répartie sur le territoire national et d’un reste à charge financier important pour les patients. Celebrex® : pas d’avantage clinique démontré Psychiatrie Système de santé Rhumatologie par rapport aux autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) Pour en savoir plus, voir le rapport d’orientation sur le « Développement de la prescription de thérapeutiques non-médicamenteuses ». Celebrex® (célécoxib) est indiqué dans le traitement de l’arthrose, de la polyarthrite rhumatoïde et de la spondylarthrite ankylosante. Une nouvelle étude de tolérance a évalué l’incidence des événements gastro-intestinaux chez 4 460 patients atteints d’arthrose et/ou de polyarthrite rhumatoïde et traités par célécoxib ou par l’association diclofénac LP + oméprazole. Les résultats de cette étude ne permettent pas de conclure à un avantage clinique du célécoxib par rapport aux autres AINS du point de vue des effets indésirables. Pour en savoir plus, voir les avis et synthèse d’avis sur Celebrex®. Consultez l’intégralité des recommandations, des guides, des avis et des fiches de bon usage de la HAS sur : www.has-sante.fr Focus Fibromyalgie de l’adulte : favoriser une prise en charge précoce et graduée Anne-Françoise Pauchet-Traversat Chef de projet du service des maladies chroniques et des dispositifs d’accompagnement des malades – HAS Un rapport d’orientation de la HAS dresse un état des connaissances sur la fibromyalgie. Que sait-on aujourd’hui de ce syndrome ? La fibromyalgie est de description relativement récente. Elle touche une femme dans 8 à 9 cas sur 10. Près de 90 % des patients ont moins de 60 ans. Sa prévalence serait de 1,4 à 2,2 % dans la population générale. En moyenne, les médecins généralistes voient moins de trois patients atteints de ce syndrome par an, les rhumatologues davantage. Comment diagnostiquer un syndrome fibromyalgique ? Il n’existe pas de lésion anatomique, ni d’anomalie biologique ou anatomo-pathologique identifiables actuellement. Face à un faisceau de symptômes, le diagnostic est clinique. La fibromyalgie se présente comme un ensemble de symptômes dont le principal est une douleur chronique, persistant plus de trois mois. La douleur est diffuse, permanente, fluctuante et majorée notamment par les efforts. Elle peut s’accompagner de fatigue, de perturbations du sommeil, de troubles dépressifs et anxieux, de troubles cognitifs. La prise en charge de la fibromyalgie 1Objectifs de la prise en charge • réduire les symptômes • exclure les autres affections avec douleur chronique • favoriser la continuité ou la reprise d’activité • réévaluer régulièrement la situation avec le patient. Le principe : graduer le traitement en fonction de l’impact des symptômes sur les activités quotidiennes Le niveau de prise en charge est choisi après autoévaluation par le patient de ses capacités fonctionnelles : • qualité du sommeil • douleur • fatigue • degré d’anxiété et de mal-être • capacité à travailler… Le 1er niveau de prise en charge est conduit par le médecin traitant Infographie : Pascal Marseaud Il repose sur une ou plusieurs des options suivantes : • des exercices pour diminuer la douleur et améliorer le bien-être à court terme • des conseils au patient pour un meilleur équilibre entre les périodes d’activité et de repos et restaurer l’hygiène de vie (sommeil, activité physique quotidienne) • une prise en charge psychologique, au cas par cas • des médicaments symptomatiques. L’avis d’un spécialiste ou d’un médecin d’une structure de prise en charge de la douleur sera nécessaire pour proposer des mesures plus adaptées : • si les effets du 1er niveau de prise en charge sont insuffisamment bénéfiques • en cas d’échec des options de traitement, médicamenteux ou non, à 4 ou 6 mois • ou pour les patients ayant de sévères limitations dans les activités quotidiennes. Le 2e niveau de prise en charge est pluriprofessionnel Il combine plusieurs options de traitement, en ambulatoire ou lors d’un séjour en établissement de santé : • des exercices physiques et une réadaptation à l’effort • une éducation thérapeutique du patient concernant la gestion de la douleur et de la fatigue, l’économie physique, le fractionnement des activités, l’utilisation appropriée des médicaments… • un soutien à la poursuite ou à la reprise de l’activité professionnelle en lien avec le médecin du travail • des interventions pour maintenir l’activité physique hors contexte de soins • des thérapies cognitives et comportementales, au cas par cas. >> Focus Il peut enfin informer le patient sur les incertitudes qui À l’examen, il existe des points douloureux à la pression. La entourent l’origine du syndrome fibromyalgique. Dans la fibromyalgie demeure un diagnostic d’exclusion. Il est posé devant la plupart des cas, il est impossible de faire disparaître les persistance des symptômes et l’absence d’autre maladie identifiée, symptômes, mais ceux-ci ne conduiront pas à l’invalidité notamment rhumatologique ou cancéreuse, ainsi que d’anomalie s’ils sont pris en charge de façon précoce et si des solutions biologique ou radiologique. sont proposées et évaluées avec le patient. Si le médecin généraliste a un doute sur le diagnostic, il peut adresser son patient à un rhumatologue ou à un centre de lutte Quelles solutions le médecin peut-il proposer contre la douleur. à son patient ? L’absence de prise en charge scientifiquement validée et consensuelle du syndrome fibromyalgique ne doit pas conduire à laisser les patients sans réponse, et les professionnels sans solutions à proposer. Que peut proposer le médecin traitant à ses patients atteints d’un probable syndrome fibromyalgique ? Il n’existe pas, à ce jour, de traitement spécifique, ni de prise en charge bien établie. Le rapport d’orientation de la HAS propose des pistes de prise en charge, à partir des recommandations internationales existantes, d’enquêtes et de l’expérience de professionnels impliqués. Le médecin s’attache tout d’abord à reconnaître et à évaluer la souffrance, physique comme morale, du patient. Il peut aussi rechercher une dépression associée, préexistante ou secondaire. Elle doit être traitée. Il peut apprécier le retentissement des symptômes sur la vie quotidienne du patient et lui proposer une prise en charge graduée (voir infographie), en fonction des symptômes les plus gênants pour le patient : douleur, troubles du sommeil ou de l’humeur, etc. Les missions de la HAS La HAS, autorité publique indépendante à caractère scientifique, a été créée pour renforcer la qualité de notre système de santé et assurer à tous un accès durable et équitable aux meilleurs soins. Domaines d’intervention de la HAS • Évaluation du service médical et de l’amélioration du service médical rendu par les médicaments, les dispositifs médicaux et les actes professionnels pris en charge par l’Assurance maladie. • Évaluation économique et de santé publique. • Élaboration de recommandations de bonne pratique et de guides de prise en charge des affections de longue durée. • Certification des établissements de santé. • Développement professionnel continu et accréditation des médecins et des équipes médicales des disciplines porteuses de risques. • Amélioration de la qualité de l’information médicale : certification de la visite médicale, des sites e-santé et des logiciels d’aide à la prescription. Le maître mot de la prise en charge, c’est l’activité. Il faut promouvoir la reprise progressive ou la poursuite de l’activité physique chez ces patients, au plus près des recommandations pour la population française : au moins une demi-heure d’activité physique, adaptée, chaque jour. Le patient doit faire selon ses moyens, mais faire quand même. En effet, le déconditionnement à l’effort peut générer encore davantage de douleur. Si le patient estime qu’il est trop difficile de se reconditionner seul à l’effort, on peut lui proposer des séances de balnéothérapie. Par ailleurs, les antalgiques peuvent être utiles. L’analyse des prescriptions montre cependant que les médicaments qui sont utilisés dans la fibromyalgie ont souvent des effets secondaires assez importants. Il faut s’efforcer de bien peser la balance bénéfice/ risque avec le patient. Le médicament n’est pas forcément la première réponse à apporter. C’est au médecin généraliste d’en décider, selon les symptômes et leur retentissement sur la vie quotidienne. Dernier point, quelle que soit la prise en charge proposée, il est nécessaire d’évaluer de façon régulière l’utilité de chaque traitement délivré, au regard de ses bénéfices, de ses effets indésirables et de son coût. Pour en savoir plus… Syndrome fibromyalgique de l’adulte, rapport d’orientation Actualités & Pratiques Abonnez-vous et recevez gratuitement • la version électronique de cette lettre chaque premier jeudi du mois dans votre messagerie en vous inscrivant sur www.has-sante.fr Espace Actualités & Pratiques • la version imprimée à votre cabinet, en envoyant un courrier à : Haute Autorité de santé Service communication institutionnelle 2, avenue du Stade-de-France 93218 Saint-Denis La Plaine cedex Éditeur : Haute Autorité de santé — 2, avenue du Stade-de-France — 93218 Saint-Denis La Plaine Cedex — Tél. : 01 55 93 70 00 — Fax : 01 55 93 74 00 — www.has-sante.fr — Directeur de la publication : Pr Jean-Luc Harousseau — Comité éditorial : Pr Jean-Michel Chabot, Dr Patrice Dosquet, Arielle Fontaine, Dr Cédric Grouchka, Dr Michèle Hébert-Demay, Dr Michel Laurence, Dr François Meyer, François Romaneix, Christiane Rossatto, Dr Brigitte Roy-Geffroy, Dr Frank Stora, Dr Jean-François Thébaut — Rédaction et réalisation : — Tél. : 01 77 45 86 86 — ISSN : 1968-9268