Les modes de rémunération L es nouveaux médecins sont confrontés à une nouvelle réalité : la pluralité des modes de rémunération. Il y a quelques années, la très grande majorité des médecins optaient pour le mode de rémunération à l’acte, sans même se soucier des autres possibilités. Le portrait est aujourd’hui différent. En raison notamment des activités médicales particulières (AMP) obligatoires pour les médecins omnipraticiens comptant moins de vingt ans de pratique, la plupart des médecins doivent jongler avec au moins trois modes de rémunération différents, soit à l’acte, à tarif horaire ou mixte. Cette section présente les caractéristiques des différents modes de rémunération ainsi que leurs avantages et désavantages respectifs, et comprend un article sur les plafonds salariaux. À la toute fin du présent chapitre, vous trouverez des statistiques salariales par spécialité. 1 8 Rémunération à l’acte 10 Rémunération à tarif horaire 12 Rémunération mixte 15 Plafonds salariaux @AMC_Sante 7 Les modes de rémunération Rémunération à l’acte 8 Guide des résidents 2016 L a majorité des médecins omnipraticiens et spécialistes optent pour la rémunération à l’acte pour au moins une fraction de leur pratique, ce qui en fait de loin le mode de rémunération le plus populaire au sein du corps médical. C’est aussi le plus lucratif, et généralement le choix optimal pour les pratiques à moyen et fort volume de visites (où les cas sont plus légers). iStock Sylvie Bond et Sophie Desmers Facturation.net Les modes de rémunération « Vous l’aurez deviné, la particularité de la rémunération à l’acte est sa facturation fréquente et unitaire. » D’entrée de jeu, il convient de préciser que le libellé de ce mode de rémunération peut être trompeur puisque les médecins ne facturent pas un « acte » pour chaque rencontre avec un patient. Un terme plus juste serait « rémunération à l’unité » ou « rémunération au service médical » puisque, dans les faits, le médecin remplit une demande de paiement selon ce mode de rémunération chaque fois qu’il y a consultation médicale, visite, examen, acte chirurgical, acte diagnostique ou thérapeutique, etc. Ainsi, vous l’aurez deviné, la particularité de la rémunération à l’acte est sa facturation fréquente et unitaire, peu importe le temps nécessaire à l’accomplissement de l’acte médical (sauf exception). Le médecin est donc libre de choisir le débit de sa pratique, le nombre d’heures ou de patients rencontrés hebdomadairement et le temps consacré à chaque consultation ou opération. Cette approche favorise ainsi la flexibilité et la productivité. Dans le contexte de la rémunération à l’acte, le médecin remplit une demande de paiement pour chaque patient et la fait parvenir à la RAMQ. Autrefois, lorsque la facturation s’effectuait de façon manuelle, les médecins remplissaient leurs demandes de paiement sur des « castonguettes », en l’honneur du père du régime public d’assurance maladie, Claude Castonguay. La demande de paiement 1200 sous format papier sera abolie le 31 décembre 2016. Encore aujourd’hui, plusieurs logiciels de facturation proposent une interface visuelle basée sur la castonguette, et ce, afin de faciliter la saisie de données effectuée par des médecins habitués à cette méthode. Rien ne vous oblige à utiliser l’approche et l’interface castonguette si vous jugez que vous n’en tirez aucun avantage. Il s’agit simplement d’une question d’habitude personnelle. Par ailleurs, les ententes collectives prévoient, au chapitre de la rémunération à l’acte, des différences non négligeables entre les honoraires des médecins qui pratiquent en cabinet privé et ceux des médecins qui pratiquent en établissement public. Non seulement les honoraires associés à certains actes sont majorés s’ils sont effectués en cabinet privé, mais plusieurs actes payables en cabinet privé ne le sont tout simplement pas en établissement public (et vice versa), car dans ce contexte, le gouvernement absorbe déjà le coût du personnel de soutien et du matériel médical requis — c’est le cas, par exemple, de la pose de pansements. Il est à noter que tous les médecins pratiquant en cabinet privé, omnipraticiens ou spécialistes, sont obligatoirement rémunérés à l’acte, mis à part quelques cas exceptionnels. En terminant, il importe de signaler que la rémunération à l’acte est l’un des seuls modes de rémunération qui nécessitent l’inscription, sur la demande de paiement, du numéro d’assurance maladie du patient et de ses renseignements personnels en plus des codes indiquant notamment l’acte effectué et l’endroit où les soins ont été fournis. Par la collecte et l’inscription de ces renseignements, le médecin est appelé à connaître les innombrables règles et subtilités qui entourent la facturation à l’acte, qu’elles soient inscrites ou non aux ententes collectives. Cette façon de faire complexifie sensiblement la rémunération à l’acte, la rendant parfois fastidieuse, voire frustrante. Vous vous apercevrez rapidement que, pour obtenir la totalité des revenus que l’on vous doit, il faut compter sur bien plus que les brefs conseils, entre deux visites, de vos anciens patrons ou de vos collègues. D’où l’importance d’être bien organisé, de consacrer du temps à sa facturation ou de la confier à quelqu’un de compétent et dévoué. N’ayez crainte : après quelques semaines, le plus difficile sera derrière vous et le temps nécessaire à votre facturation diminuera. Ce guide a précisément été conçu pour vous aider à commencer du bon pied. @AMC_Sante 9 Les modes de rémunération Rémunération à tarif horaire 10 Guide des résidents 2016 C e la va de soi, la rémunération à tarif horaire (aussi appelée « vacation ») est basée sur le nombre d’heures de pratique, indépendamment du nombre de patients rencontrés et des actes médicaux effectués au cours d’une période donnée. La rémunération à tarif horaire est indiquée dans le cas des pratiques suivantes : par exemple, des soins offerts en centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), des soins offerts en CLSC, des soins et services offerts dans une unité d’enseignement en médecine familiale (UMF), des soins palliatifs, des soins en gériatrie et des services médico-administratifs (direction des départements, des GMF, des CLSC, etc.). Depuis le 1er novembre 2015, les médecins de certains secteurs ci-haut mentionnés peuvent choisir la rémunération mixte (nous l’expli­ querons dans la section suivante). D’un point de vue fiscal, les médecins qui optent pour la rémunération à tarif horaire sont considérés comme des travailleurs autonomes au même titre que les médecins rémunérés à l’acte. iStock Sylvie Bond, Sophie Desmers, Susy Simard et Lucie Fortier Facturation.net La rémunération à tarif horaire des omnipraticiens n’a pas augmenté depuis 2013 en fonction des négociations salariales entre le gouvernement et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Le taux horaire de base en vigueur depuis le 1er avril 2013 est de 95,12 $. Il est très important de comprendre que le taux horaire de 95,12 $ est un taux de base ou de référence. La convention collective contient une foule de lettres d’entente, d’annexes et de protocoles d’accord qui viennent modifier le taux horaire que vous recevrez, notamment en fonction de la région ou de la municipalité où vous pratiquez, de l’établissement médical retenu, du code du secteur où les soins sont offerts au sein de l’établissement et de la plage horaire. Vous n’y échapperez pas : vous devrez rechercher les codes de secteur qui modifient votre taux horaire en lisant et relisant les ententes collectives. Sur une période annuelle, ce tarif horaire de « base » n’est offert que pour un maximum de 1 540 heures. Cela représente 35 heures de travail par semaine, 44 semaines par année. Rien ne vous empêche cependant de négocier avec les instances de votre établissement un horaire différent de celui proposé cidessus, en augmentant par exemple le nombre de semaines de vacances (non rémunérées) ou en diminuant le nombre d’heures de pratique par semaine. Ainsi, sans égard aux modificateurs potentiels, un médecin rémunéré à tarif horaire et pratiquant 1 540 heures par année recevra une rémunération de 146 485 $. À titre de comparaison, le revenu moyen brut d’un omnipraticien en 2014 était de 263 673 $, tous modes de rémunération confondus. Au-delà des 1 540 heures de pratique, le médecin qui effectue des heures supplémentaires voit sa rémunération réduite. Attention : il est toutefois possible d’obtenir une permission de la RAMQ pour 880 heures supplémentaires, à plein tarif. Comment s’en prévaloir? Le chef du département de médecine générale, le chef du service médical ou le médecin responsable de votre établissement doit faire parvenir à la RAMQ une demande en votre nom, en précisant que vous aurez à dépasser les 1 540 heures régulières prévues à l’entente. L’expérience montre que les demandes fondées n’ont jamais été refusées. Ainsi, vous pourrez pratiquer 2 420 heures, soit l’équivalent de 55 heures par semaine, pendant 44 semaines, à plein tarif. Sans égard aux modificateurs potentiels, un médecin rémunéré à tarif horaire et pratiquant 2 420 heures par année recevra une rémunération de 230 190 $. Au-delà de 2 420 heures par année, le médecin voit sa rémunération réduite pour les heures additionnelles. Il n’y a aucun plafond salarial pour les médecins rémunérés à tarif horaire, puisqu’ils pratiquent en établissement. SPÉCIALISTES La rémunération exclusive à tarif horaire a pour ainsi dire disparu chez les médecins spécialistes. Très rares sont les Les modes de rémunération OMNIPRATICIENS médecins qui ont conservé ce mode de rémunération après l’introduction de la rémunération mixte. En effet, le taux horaire de base varie selon la spécialité et ce montant est souvent inférieur au taux horaire de base offert en rémunération mixte, mode de rémunération qui permet en outre de facturer les actes médicaux effectués. En d’autres mots, pour les mêmes services médicaux et le même temps passé en établissement, la rémunération mixte peut être à la fois plus lucrative et plus stimulante du point de vue de la productivité. Il est donc à retenir, à titre d’information, que les médecins spécialistes qui optent pour la rémunération mixte reçoivent en général le même taux, et ce, indépendamment du type de pratique. Le taux horaire est majoré en fonction du lieu de pratique. Depuis le 1er janvier 2014, un nouveau mode de rémunération à tarif horaire est en vigueur. Il s’agit de la rémunération de certaines activités médico-administratives accomplies dans un établissement de santé. Ces activités désignent la participation du médecin spécialiste aux réunions de service, département, programmeclientèle ou comité (codes et règles que vous trouverez dans le protocole d’accord, dans la brochure no 1 du manuel des médecins spécialistes). Elles excluent la préparation du médecin pour une telle réunion ainsi que tout mandat pouvant être réalisé relativement à ces réunions. Pour ces activités, le médecin spécialiste est rémunéré selon le mode de tarif horaire, lequel s’applique du lundi au vendredi, pour une période de service continue de 60 minutes. Le taux horaire est de 200 $ depuis le 1er avril 2015, pour les médecins rémunérés à l’acte et au taux de 50 % pour les médecins dans les cas où le mode de rémunération mixte est applicable ainsi que pour les spécialistes classés en biochimie médicale ou en microbiologie-infectiologie lorsque les activités sont effectuées entre 7 h et 17 h. Il en est de même pour les activités d’enseignements et d’évaluation qui sont effectuées par un médecin spécialiste, excluant toutefois celles pour lesquelles il reçoit une rémunération du milieu universitaire. MODE DE RÉMUNÉRATION À HONORAIRES FIXES Les médecins rémunérés à honoraires fixes sont considérés, au sens de la loi sur la fiscalité, comme des salariés de l’État. Ils reçoivent un salaire annuel qui ne varie pas selon le nombre de services médicaux dispensés. Ils ne sont donc pas considérés comme des travailleurs autonomes, mais plutôt comme des fonctionnaires, avec tous les avantages sociaux afférents, en contrepartie d’une diminution importante de revenus. La RAMQ fait les retenues d’impôt au nom des médecins et les frais professionnels légalement déductibles d’impôt sont presque inexistants. Les rares médecins qui peuvent encore opter pour ce mode de rémunération doivent pratiquer la médecine 35 heures par semaine, tout au plus. L’adhésion à la rémunération à honoraires fixes ayant toutefois été abolie le 1er octobre 2011, seuls les médecins omnipraticiens rémunérés antérieurement de cette façon peuvent continuer à l’être. @AMC_Sante 11 Les modes de rémunération Rémunération mixte 12 Guide des résidents 2016 OMNIPRATICIEN La rémunération mixte combine un forfait horaire et des suppléments d’honoraires payés à 100 % ou selon un pourcentage du montant de base de ces actes. Ce mode de rémunération est devenu accessible aux médecins omnipraticiens qui exercent dans certains secteurs de pratique, et ce, depuis le milieu de l’année 2015. Ce mode de rémunération pourrait s’avérer plus avantageux que la rémunération à tarif horaire pour les médecins ayant un volume de patients moyen à élevé malgré la réduction de près de la moitié de la rémunération horaire de base. Il faudra ainsi évaluer si les suppléments d’honoraires compensent ou dépassent cette perte de revenus. iStock Sylvie Bond, Sophie Desmers, Susy Simard et Lucie Fortier Facturation.net FORFAIT HORAIRE Le forfait horaire est une rémunération de base de 57,12 $ pour la première heure d’activité en continu complétée à laquelle s’ajoute une rémunération de 14,28 $ par période additionnelle complète de 15 minutes. Ces montants sont offerts, quel que soit le nombre de patients vus ou le nombre d’actes réalisés au cours de la journée. En deçà de 60 minutes d’activité réalisée en continu lors d’une journée, un médecin ne pourra réclamer de forfait horaire et ne pourra facturer que les suppléments d’honoraires applicables. SUPPLÉMENTS D’HONORAIRES À la rémunération du forfait horaire s’ajoutent des suppléments unitaires à l’acte ou à l’activité. Bien que certains de ces suppléments ne soient payés qu’à un pourcentage du tarif de base tandis que d’autres sont payés à 100 %, ces actes sont également majorables en horaires défavorables. Tout comme la rémunération à l’acte, cette portion de la rémunération mixte requiert une demande de paiement individuelle pour chaque acte, examen ou consultation réalisé auprès d’un patient. Les renseignements d’identification du patient et la plage horaire durant laquelle les soins sont réalisés sont ainsi requis pour chaque patient rencontré, ce qui complexifie un peu la facturation en mode de rémunération mixte par rapport au mode à tarif horaire. Certaines activités comme les gardes en disponibilité, les activités de fonctionnement d’un GMF ou encore la rémunération du médecin responsable d’un GMF, d’une clinique-réseau ou d’une UMF continuent à être facturables à 100 % selon les mêmes conditions que la rémunération à tarif horaire. Les services rendus lors de la garde en disponibilité restent eux aussi facturables à 1 2 3 4 5 Les modes de rémunération La rémunération mixte a commencé par être offerte aux médecins pratiquant dans les secteurs liés à la santé publique et à la santé et sécurité du travail à partir du 1er juillet 2015 selon l’Amendement no 351. Il est à noter que certains services rémunérés en vertu d’ententes particulières sont exclus du mode de rémunération mixte. Par la suite, d’autres secteurs de pratique en CLSC et en UMF ont été rendus accessibles à la rémunération mixte à partir du 1er novembre 2015 selon l’Amendement no 1422. Les modalités relatives à ce mode de rémunération couvrent l’ensemble des activités professionnelles effectuées du lundi au dimanche, incluant les jours fériés, de 8 h à 24 h. Les activités effectuées de 0 h à 8 h sont quant à elles rémunérées selon les dispositions de l’entente générale (100 % de l’acte). La facturation en mode mixte est expliquée dans la Brochure no 2 — Manuel des omnipraticiens. Pour adhérer à ce nouveau mode de rémunération, les formulaires d’Avis de services no 1897 et 3547 devront être complétés et transmis à la RAMQ. l’acte à 100 %. Une rémunération particulière est prévue pour les activités médico-administratives effectuées dans le cadre de la rémunération mixte. Celles-ci se facturent par périodes complètes de 15 minutes. Des dispositions particulières s’appliquent également aux activités de supervision en UMF. SPÉCIALISTES Ce mode de rémunération combine un forfait de base, une indemnité forfaitaire quotidienne (per diem) et un supplément par acte médical payé selon un pourcentage du montant habituel offert en rémunération à l’acte. Ce montant est déterminé par les parties négociantes. Certains actes, comme les visites de contrôle, ne sont pas payés en rémunération mixte, alors que d’autres sont amputés d’une partie des honoraires qui y sont associés. Dès 2013, presque toutes les spécialités pouvaient bénéficier de ce mode de rémunération, qui est de plus en plus populaire. Bien que le forfait de base soit identique d’une spécialité à l’autre (à l’exception de la médecine d’urgence), les suppléments par acte sont négociés par les associations de spécialistes respectives, au cas par cas. Vous devrez étudier les règles en vigueur en ce qui a trait aux suppléments par acte de votre spécialité et leurs modificateurs en lisant et relisant les ententes collectives. On peut consulter la Brochure no1 — Manuel des spécialistes4, qui vise à renseigner les médecins spécialistes au sujet de l’Accord-cadre conclu entre le ministre de la Santé et des Services sociaux et la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Des modifications sont apportées périodiquement à l’Accord-cadre : on peut les suivre de près en lisant les Infolettres à l’intention des médecins spécialistes 5. Signalons notamment certaines modifications apportées en 2013 à l’Annexe 16 de l’Accord-cadre au regard de la rémunération mixte : « 16.1 Le mode de rémunération mixte prévu à la présente annexe constitue un mode de rémunération exclusif pour les médecins qui exercent dans un département, service ou secteur d’activité où s’applique ce mode, incluant ceux qui y exercent dans un contexte de remplacement ou, dans les cas spécifiques autorisés par les parties négociantes, ceux qui y exercent dans un contexte de support ou de pool de service. Les parties négociantes peuvent toutefois convenir d’une exception à cette règle pour le médecin qui ne satisfait pas aux critères de pratique active, pour le médecin qui exerce dans un contexte de support ainsi que pour le médecin visé par L’Annexe 16 de l’Accord-cadre, ce dernier pouvant plutôt conserver le mode de rémunération au salariat. »6 http://www.ramq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/professionnels/infolettres/2015/info052-5.pdf http://www.ramq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/professionnels/infolettres/2015/info179-5.pdf http://www.ramq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/professionnels/manuels/105-brochure-2-omnipraticiens/000_complet_hon_f_tarif_h_omni.pdf http://www.ramq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/professionnels/manuels/154-brochure-1-specialistes/000_complet_acc_cadre_spec.pdf http://www.ramq.gouv.qc.ca/fr/professionnels/medecins-specialistes/infolettres/2015/Pages/infolettres.aspx @AMC_Sante 13 Les modes de rémunération D’autres exceptions s’appliquent également pour qui exerce dans un établissement comportant plusieurs centres hospitaliers, dans d’autres hôpitaux, en urgence, etc. Les liens fournis vous aideront à faire des choix éclairés. PER DIEM Le per diem est une rémunération de base de 704 $ versée pour une présence de sept heures par jour en établissement; un demiper diem de 352 $ est versé pour une période de service continu de trois heures et demie. Ces montants sont offerts quel que soit le nombre d’interventions chirurgicales pratiquées ou de patients rencontrés. Le médecin peut réclamer un seul per diem par jour et le travail doit être effectué entre 7 h et 17 h, du lundi au vendredi. La rémunération mixte ne s’applique pas le soir, la nuit, la fin de semaine ou les jours fériés. À l’extérieur de ces heures, le médecin peut tout de même pratiquer et être rémunéré à l’acte. La facturation s’effectuant aux deux semaines, le médecin a la possibilité de facturer au plus 10 per diem par période de deux semaines, à condition de cumuler au moins 70 heures à la fin de cette période et d’avoir travaillé au moins trois heures et demie par jour pour un demi-per diem et sept heures pour un per diem complet. Aucune rémunération de base n’est offerte pour les heures supplémentaires. Cette rémunération de base équivaut à 100,57 $ de l’heure, 7 040 $ par quinzaine et 154 880 $ par année (pour 44 semaines de travail). Assurezvous de bien respecter les modalités pour avoir droit à un plein per diem ou à un demi-per diem. Demi-per diem et rémunération à l’acte Les actes effectués en cabinet privé ou dans un établissement où la rémunération à l’acte s’applique ne peuvent être facturés si un paiement d’un demi-per diem est réclamé au cours de la même plage horaire. Un maximum d’un demi-per diem doit toutefois être facturé pour la journée. Si un per diem complet est réclamé, la règle suivante s’applique : « Au cours de la journée où le paiement d’un per diem est demandé, le médecin ne peut facturer aucun service avant 17 h dans un hôpital (ou dans un cabinet privé) où il ne détient pas une autorisation de facturer en mode de rémunération mixte. »7 SUPPLÉMENT À L’ACTE À la rémunération du per diem, identique pour tous les spécialistes, s’ajoutent des suppléments unitaires selon les actes effectués, qui varient d’une spécialité à l’autre, selon les budgets négociés par vos associations syndicales. Tout comme pour la rémunération à l’acte pure et simple, le supplément par acte de 6 7 14 la rémunération mixte exige une demande de paiement individuelle pour chaque acte ou visite payable. Outre les renseignements pertinents reliés aux demandes de paiement, celles-ci doivent contenir l’information relative à la plage horaire pendant laquelle les soins sont prodigués. Les honoraires prévus pour les suppléments par acte de la rémunération mixte sont, dans la presque totalité des cas, inférieurs aux honoraires consentis en rémunération à l’acte, en raison notamment de la rémunération de base de 704 $ par jour que vous recevez. Certains actes ou certaines visites ne sont tout simplement pas admissibles à un paiement en rémunération mixte, tandis que pour d’autres, il y aura amputation d’une partie des honoraires. Afin d’obtenir le détail des actes admissibles pour votre spécialité, veuillez consulter l’Annexe 38 de la Brochure no 5. Comme il existe d’innombrables règles et subtilités de facturation, intéressez-vous dès le départ aux détails de votre facturation. Choisir le bon mode de rémunération Les nouveaux médecins prennent souvent le temps de choisir un milieu de travail en fonction de leurs objectifs cliniques et familiaux, ce qui est essentiel pour une carrière réussie, mais ils négligent souvent de s’informer des modalités de rémunération qui prévalent dans le milieu en question. Les intérêts financiers et familiaux de ces médecins sont-ils compatibles avec les vôtres? Il n’est pas rare que des médecins qui exercent depuis des années n’aient eux-mêmes aucune idée du mode de rémunération qui serait le plus lucratif, selon les services prodigués et le débit de leur pratique! Ne soyez donc pas mal à l’aise de poser des questions à vos futurs collègues. Dans certains cas, il peut même être extrêmement judicieux de faire une analyse comparative, avec l’ensemble du groupe, de deux ou trois modes de rémunération potentiels. Envisagez aussi l’embauche d’un expert qui pourra faire une analyse des ententes particulières prévues à la convention collective et en vigueur pour votre établissement. Il est impossible de savoir si la rémunération à l’acte pure et simple est plus lucrative sans procéder à une telle analyse. égie de l’assurance maladie du Québec, Infolettre no 232 – À l’intention des médecins spécialistes des établissements du réseau de la santé, le 18 décembre R 2012; [En ligne] accessible ici : http://www.ramq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/professionnels/infolettres/2012/info232-2.pdf Brochure no 5 – Spécialistes, Annexe 38 – Rémunération mixte, septembre 2013. [En ligne] accessible ici : http://www.ramq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/ professionnels/manuels/158-brochure-5-specialistes/004_ann_38_rem_mixte_spec.pdf Guide des résidents 2016 Les modes de rémunération Plafonds salariaux iStock Sylvie Bond, Sophie Desmers, Susy Simard et Lucie Fortier Facturation.net OMNIPRATICIEN Le plafond salarial des omnipraticiens est fixé, depuis le 1er juin 2013, à 70 073 $ par trimestre, soit 280 292 $ annuellement. Au cours des dernières années, la FMOQ et le MSSS ont implicitement convenu de permettre aux omnipraticiens qui acceptaient de modifier leur pratique (afin de répondre aux objectifs de santé et de prise en charge fixés par les agences régionales et le Ministère) de ne pas être soumis aux plafonds salariaux, en plus de pouvoir pratiquer davantage sans être pénalisés. Il était ridicule qu’en pénurie d’omnipraticiens, on décourage les médecins désirant pratiquer davantage. C’est ainsi qu’aujourd’hui, la rémunération d’une très grande partie des services médicaux que vous dispensez n’entre tout simplement pas dans le calcul du plafond trimestriel. C’est notamment le cas de tous les services dispensés en établissement public (service des urgences, hospitalisation, CLSC, CHSLD, etc.), des activités de dépannage, des gardes en disponibilité dans un CHSLD, de la rémunération versée pour le dépistage et le traitement des infections transmises sexuellement ou par le sang, pour le counseling antitabac, pour les services rendus dans le cadre d’une clinique-réseau (ou occasionnellement des GMF), etc. De plus, toute la rémunération d’un médecin omnipraticien qui a 200 patients vulnérables ou enfants inscrits est exclue du calcul du plafond. Finalement, lorsque la rémunération offerte dans une municipalité éloignée est majorée, le plafond salarial est également majoré dans la même propor- @AMC_Sante 15 Les modes de rémunération « Lorsque la rémunération offerte dans une municipalité éloignée est majorée, le plafond salarial est également majoré dans la même proportion. » tion. Par exemple, à Jonquière, où la rémunération offerte est de 115 % des tarifs négociés (quel que soit le mode de rémunération), le plafond salarial est aussi majoré à 115 % et n’inclut pas la rémunération des services médicaux « hors plafond » énumérés ci-dessus. Bref, le médecin averti remarquera que plusieurs de ces exclusions font référence à des dispositions plutôt récentes de l’entente collective. Le modèle est semblable à celui qui avait été instauré en Ontario, où l’on voulait récompenser les médecins disposés à modifier leurs façons de faire dans l’optique de garantir à la population une meilleure prise en charge. Dans les rares cas où le plafond salarial des omnipraticiens est atteint, la rémunération excédentaire subit une coupure de 75 %; cette coupure ne s’applique cependant qu’aux services qui entrent déjà dans le calcul du plafond. Ainsi, tous les actes effectués en établissement public sont exempts de coupures. Pour toutes ces raisons, plusieurs omnipraticiens dépassent le plafond en toute légalité, sans pour autant subir de coupures d’honoraires. Les omnipraticiens qui sont les plus touchés par le plafond salarial pratiquent presque exclusivement à temps plein en cabinet privé, régulièrement au sans rendez-vous, refusent d’inscrire des patients vulnérables à leur nom ou en ont très peu et ont une pratique à fort débit. Très rares sont les jeunes médecins de famille qui atteignent le plafond salarial, en raison notamment de l’obligation d’effectuer des activités médicales particulières en établissement médical, où il n’y a pas de plafond. SPÉCIALISTES Les médecins spécialistes, à l’exception des six spécialités énumérées ci-après, sont soumis à un plafonnement global des gains de pratique de 264 000 $ par semestre. Cependant, aux fins du calcul de ce plafond, on ne tient compte que de 65 % des gains de pratique en cabinet privé, sauf pour les médecins classés en radiologie diagnostique, pour lesquels on ne tient compte que de 30 % de ces gains. Aux fins de l’application de ce plafond, on ne tient pas compte des gains de pratique en établissement, sauf pour les médecins classés en microbiologie-infectiologie, 16 Guide des résidents 2016 génétique médicale et médecine nucléaire. Pour le surplus, le médecin est payé au quart du tarif. Tout comme pour les omnipraticiens, en région éloignée, les plafonds sont majorés proportionnellement aux majorations d’honoraires prévues aux conventions collectives. La pratique en établissement est donc toujours rémunérée au plein tarif, que le médecin spécialiste ait atteint ou non le plafond global de gains de pratique. Par ailleurs, chacune des spécialités présente des particularités supplémentaires au chapitre du plafonnement des activités ou des gains de pratique. Par exemple, on applique pour les cardiologues un plafond semestriel de 278 100 $ pour les honoraires réalisés en cabinet privé, tandis que ce plafond est fixé à 108 500 $ pour les radio-oncologues; pour les psychiatres, on applique un plafond de 68 300 $ par semestre pour les honoraires touchés lors des visites de contrôle et les tournées des malades; pour la chirurgie générale, on applique un plafond de 147 800 $; pour la médecine interne, le plafond est de 174 400 $ pour chacun des semestres d’une année civile, pour l’ensemble des services médicaux dispensés en cabinet privé, à l’exclusion des services médicaux apparaissant au chapitre Procédés diagnostiques et thérapeutiques ainsi que des services apparaissant au chapitre Tarification des visites, à la rubrique Néphrologie sous la section Dialyse. Pour le surplus, le médecin est payé à 1 % du tarif. En consultation externe, on applique à la rémunération du médecin classé en microbiologie un plafond de 1 000 visites principales par semestre; en rhumatologie, en gériatrie et en médecine interne, le nombre de visites de contrôle et de tournées des malades la fin de semaine est plafonné à 2 950 au total pour les deux, par semestre, à l’égard des patients en centre hospitalier ou en centre d’hébergement et de soins de longue durée, exception faite des tournées des malades la fin de semaine pour l’unité coronarienne. Bref, les limites et plafonnements sont nombreux et plusieurs spécialités sont touchées. On peut consulter la liste complète des plafonnements dans le manuel de facturation des médecins spécialistes, à la section des règles d’application, ou en ligne sur le site Web de la RAMQ. Plafonds semestriels Santé communautaire 256 600 $ Biochimie 235 500 $ Psychiatrie 351 000 $ Génétique médicale 320 600 $ Pédiatrie 243 300 $ Médecine nucléaire 371 900 $ Autres spécialités 264 000 $