gauche augmentées. Dans une étude randomisée
et contrôlée ayant porté sur 66 patients en insuf-
fisance cardiaque grave, 29 avaient une respira-
tion périodique et 37 aucun trouble respiratoire
pendant leur sommeil. Pendant les cinq ans de
suivi dans cette étude, le traitement CPAP a pu
diminuer la mortalité et le nombre de transplan-
tations cardiaques chez les patients traités, mais
n’a eu aucun effet sur la mortalité des patients
sans respiration de Cheyne-Stokes [13]. Une
grande étude multicentrique a ensuite été effec-
tuée au Canada chez des patients ayant une res-
piration de Cheyne-Stokes (CANPAP), étude por-
tant sur 128 patients avec et 130 sans traitement
CPAP [14]. Le traitement CPAP a corrigé la res-
piration périodique, amélioré la saturation noc-
turne d’oxygène et la fraction d’éjection ventri-
culaire gauche, abaissé la sécrétion nocturne
d’adrénaline et amélioré la distance parcourue
au test de marche de six minutes. Le groupe
traité par CPAP a malgré cela eu une moins
bonne survie sans transplantation au cours des
premiers mois, et la mortalité à 18 mois a été la
même dans les deux groupes. La mortalité initia-
lement plus élevée dans le groupe CPAP, la mor-
talité basse dans le groupe témoin, totalement
inattendue, et le faible recrutement ont motivé
une interruption prématurée de cette étude.
La différence par rapport à la première étude
qui avait pu montrer une baisse de la mortalité
par CPAP s’est expliquée après coup par le
traitement médicamenteux plus puissant de l’in-
suffisance cardiaque par inhibiteurs de l’ECA,
spironolactone et bêtabloquants [9]. Avec de
tels résultats, la CPAP ne peut être recomman-
dée comme traitement standard de la respira-
tion de Cheyne-Stokes, mais elle est éventuelle-
ment indiquée pour un sous-groupe de patients
sans fibrillation auriculaire et ayant une pres-
sion de remplissage ventriculaire gauche élevée
(>12 cm H2O).
En plus de la CPAP, la ventilation assistée sous
pression a été étudiée comme traitement de la
respiration de Cheyne-Stokes. Contrairement au
traitement CPAP dans lequel la pression inspira-
toire est égale à la pression expiratoire, la ven-
tilation assistée sous pression aide le patient
activement lorsqu’il inspire, et tout comme avec
la CPAP, une pression positive est maintenue
lorsqu’il expire. La ventilation assistée sous pres-
sion comme traitement de la respiration périodi-
que est proposée en version pression constante
ou variable. L’assistance constante (bilevel posi-
tive airway pressure, BiPAP) donne à chaque ins-
piration, et même pendant une apnée, la même
pression inspiratoire, soit avec la fréquence res-
piratoire du patient, soit pendant l’apnée avec
une fréquence de réserve préalablement fixée;
l’assistance variable (adaptive servo-ventila-
tion, ASV), avec des algorithmes sophistiqués,
assure une pression minimale pendant l’hyper-
pnée et maximale pendant l’apnée, ce qui fait
CURRICULUM Forum Med Suisse 2006;6:1092–1096 1095
semaines a diminué de moitié la respiration pé-
riodique, abaissé la sécrétion nocturne de nor-
adrénaline (l’une des caractéristiques du tonus
sympathique augmenté) et augmenté la capta-
tion d’oxygène pendant la tentative de travail
diurne, le tout exprimant une meilleure perfor-
mance physique, alors que ni la fonction de
pompe du cœur ni la qualité de vie des patients
n’ont été améliorées. Mais comme il n’y a que
très peu d’études sur son efficacité, l’oxygéno-
thérapie ne peut être recommandée de manière
générale comme traitement de la respiration pé-
riodique.
Lorsque la paCO2est augmentée en dessus du
seuil d’apnée par l’inhalation de CO2ou par
l’augmentation artificielle de l’espace mort, la
respiration périodique disparaît. Mais comme il
n’y a pas d’études sur les effets cardiovascu-
laires de l’inhalation de CO2dans la respiration
périodique, et comme une ascension de la paCO2
peut augmenter le tonus sympathique, un tel
traitement n’est pas recommandé.
Pacemaker et resynchronisation cardiaque
L’espoir reposant sur une seule étude que l’on
pourrait traiter la respiration périodique pen-
dant le sommeil par stimulation nocturne «over-
drive» de l’oreillette à une fréquence de pace-
maker augmentée de 15 contractions/min par
rapport à la fréquence originelle a dû être aban-
donné. En effet d’autres études ne sont pas par-
venues à reproduire ces premiers résultats, ce
qui fait que ce traitement est maintenant aban-
donné.
La resynchronisation du cœur par pacemakers
biventriculaires dans l’insuffisance cardiaque
avec bloc de branche a donné dans plusieurs étu-
des une réduction de la respiration périodique de
plus de la moitié, tout en améliorant très nette-
ment la qualité de vie et celle du sommeil [11,
12]. La resynchronisation améliore la fonction de
pompe du cœur, ce qui fait que l’implantation
d’un pacemaker biventriculaire est une option
très prometteuse pour des patients en insuffi-
sance cardiaque terminale.
Ventilation non invasive
Nous savons depuis plus de dix ans que le trai-
tement par pression positive continue (conti-
nuous positive airway pressure, CPAP) au moyen
d’un masque non seulement corrige la respira-
tion périodique dans l’insuffisance cardiaque,
mais peut aussi améliorer la fonction de pompe
du cœur et corriger l’hypersécrétion nocturne
d’adrénaline. Avec une pression intrathoracique
augmentée, la CPAP diminue la pression trans-
murale et du même fait la postcharge du cœur
gauche. Cette pression intrathoracique plus éle-
vée fait également diminuer le retour veineux et
la précharge, ce qui a des répercussions positi-
ves sur la fonction de pompe chez les patients
ayant des pressions de remplissage ventriculaire