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du travail) ont été réduits des deux tiers. Les gérants peuvent imposer diverses sanctions et des
châtiments arbitraires contre les travailleurs.
En 2007, les travailleurs ont commencé à protester. Pendant ces protestations, un ouvrier de
l’ère maoïste, « Maître Wu », a émergé comme leader de la lutte. Wu a clairement indiqué aux
travailleurs que la véritable question n’était pas tel ou tel problème particulier, mais bien « la
ligne politique de la privatisation ». En juillet 2007, une grève générale a été organisée. Quand le
principal directeur de Jianlong a menacé de licencier tous les travailleurs, des ouvriers en colère
l’ont frappé à mort. Bien que le gouverneur de la province et des milliers de policiers armés aient
été sur les lieux, personne n’a osé intervenir. Après ce décès, la province du Jilin a été obligée
d’annuler son plan de privatisations. Lynchage = pendaison
La victoire des travailleurs de Tonghua Steel a été une grande source d’inspiration pour les
travailleurs dans de nombreuses régions du pays. Les travailleurs de plusieurs usines d’acier ont
également protesté en obligeant les autorités locales à geler leurs propres plans de privatisation.
Les travailleurs de certaines provinces ont vu la victoire de Tonghua comme la leur et ont même
été jusqu’à regretter que « trop peu de capitalistes aient été assassinés ».
Après des années de privatisations massives, la participation de l’État dans le secteur de la
production industrielle en Chine a été réduite à moins de 30 %. Malgré tout, le secteur d’État
continue à dominer dans plusieurs secteurs industriels clés. En 2008, les entreprises de propriété
d’État et de holding public représentaient 59 % du secteur minier, 96 % de l’exploitation
pétrolière et du gaz naturel, 72 % des raffineries de pétrole et de coke, 42 % des fonderies et
traitements des métaux ferreux (fer et acier), 45 % des fabrications d’équipements de transport et
92 % de la production et de l’approvisionnement d’énergie électrique et de chaleur.
Bien que les travailleurs du secteur d’État ne représentent plus que 20 % de l’emploi industriel
total, ils s’élèvent à quelque 20 millions de personnes et se concentrent dans les secteurs de
l’énergie et de l’industrie lourde qui sont d’importance stratégique pour l’économie capitaliste de
la Chine. Dans l’aggravation à venir de la lutte des classes, les travailleurs du secteur d’État,
grâce à la place qu’ils occupent dans ces secteurs industriels clés, pourront exercer un pouvoir
économique et politique bien plus élevé que leur nombre ne l’indique.
Plus important encore, les travailleurs du secteur d’État pourront bénéficier de leur expérience
historique et politique. Avec l’aide d’intellectuels révolutionnaires socialistes, ces travailleurs
pourraient devenir les leaders de toute la classe ouvrière chinoise et lui offrir une « claire
direction socialiste révolutionnaire ».
L’illégitimité de la richesse capitaliste
Après trois décennies de transition au capitalisme, la Chine s’est transformée en passant d’un
des pays les plus égalitaires au monde à l’un des plus inégalitaires. D’après la Banque mondiale,
en 2005, 10 % des foyers les plus riches possédaient 31 % du total des revenus, tandis que les
10 % les plus pauvres n’en avaient que 2 %. Les inégalités de richesses sont encore plus
scandaleuses. Selon le « World Wealth Report » de 2006, 0,4 % des familles les plus riches
contrôlent 70 % des richesses nationales du pays. En 2006, environ 3 200 personnes possédaient
des valeurs mobilières supérieures à 100 milliards de yuans (autour de 115 millions d’euros). De
ces 3 200, plus ou moins 2 900 sont des fils de hauts fonctionnaires du gouvernement ou du Parti.
Leurs actifs cumulés s’élèvent à 20 billions de yuans, ce qui représente approximativement le PIB
de la Chine en 2006.
Du fait des origines de la classe capitaliste chinoise, une grande partie de sa richesse provient
du pillage des biens de l’État et des biens collectifs accumulés pendant l’ère socialiste. Cette