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Ivanic et Martin (2007) analysent l’impact de la hausse des prix alimentaires sur les salaires et
la main d’œuvre agricole non qualifiée dans les pays à revenu faible en utilisant des données
d’enquête ménage pour sept types de denrées alimentaires. Les résultats montrent que les
effets de la hausse des prix sur la pauvreté diffèrent considérablement entre les pays et en
fonction du type de produit. Les ménages urbains sont plus affectés que les ménages ruraux ;
de même que les consommateurs nets des zones rurales. Par ailleurs, les auteurs montrent
qu’une hausse de 10% des prix des biens alimentaires entraîne une augmentation de
l’incidence de pauvreté de 0.4 point de pourcentage.
De manière générale, pour analyser l’impact de la hausse des prix des céréales et autres
produits de base au niveau ménage, les auteurs font la distinction entre les ménages
considérés comme vendeurs nets (producteurs nets) et ceux considérés comme acheteurs nets
(consommateurs nets) et prennent en compte certaines caractéristiques telles que le lieu de
résidence (rural/urbain), le groupe de revenu, la situation socio-économique et la localisation
géographique du ménage. En effet, les producteurs commerciaux bénéficieront directement de
la hausse des prix. Pour les ménages agricoles qui produisent principalement pour leur
consommation propre ou pour des marchés locaux protégés des fluctuations des prix sur les
marchés nationaux et internationaux, les effets seront atténués. Mais les urbains pauvres
subiront des impacts fortement négatifs, car ils devront consacrer à la nourriture une part
encore plus élevée de leurs revenus limités.
Il existe une vaste littérature empirique qui analyse l’impact de la récente hausse des prix des
denrées alimentaires dans les pays en développement, mais il n’existe pas d’études empiriques
de ce genre sur le Burkina Faso. De manière générale, l’impact de la flambée des prix
alimentaires pourrait être particulièrement sévère en Afrique Subsaharienne pour diverses
raisons. Une des principales raisons est qu’il s’agit d’une région importatrice nette de biens
alimentaires et autres produits de base qui consacre à l’alimentation une part de plus en plus
importante des revenus restreints. Pour le cas particulier du Burkina Faso, le riz occupe une
place importante dans la consommation alimentaire des ménages. En 2006, la production
locale de riz ne pouvait satisfaire que 40% des besoins de consommation des ménages, les
60% restants venant des importations. Ce chiffre va en augmentant au fil des années. Cette
situation laisse penser qu’une hausse du prix du riz sur le marché international peut impacter
les ménages au Burkina Faso.