Sciences Économiques et Sociales
Enseignement de Spécialité
Terminale ES
Introduction
Rédaction :
Michelle Courant
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ntroduction
Introduction-SE00
Les grands courants de pensée
en économie et en sociologie
L’enseignement de spécialité vise à approfondir l’étude de certains thèmes d’enseignement obligatoire
à partir de la découverte de textes d’auteurs. Les huit auteurs fondateurs du programme ont joué un
rôle essentiel dans le développement des sciences économiques et sociales.
L’enseignement de spécialité ne consiste pas en une présentation exhaustive des travaux, mais en
l’étude d’une problématique caractéristique de chaque auteur en lien avec le programme d’enseigne-
ment obligatoire.
Exemples
Le rôle des innovations dans la croissance (Schumpeter)
Libre échange et croissance (Ricardo)
Démocratie, égalité, liberté (Tocqueville)
Les économistes et sociologues fondateurs ont étudié la première révolution industrielle et les trans-
formations sociales qui l’ont accompagnée.
Les théories sont des grilles de lecture indispensables pour comprendre la réalité économique et sociale.
Une théorie étant un ensemble de propositions, de résultats qui proviennent d’observations, d’analyse
et de réflexion permettant de comprendre le réel.
La pensée en économie
a) La diversité des courants de pensée
Document 1
Plusieurs vérités valent mieux qu’une
Depuis 1973, « l’économie ne va pas bien » : le chômage augmente, les faillites sont nombreuses, l’inflation se perpétue,
de temps en temps s’accélère, la croissance de
la production, partout, se ralentit, sinon s’arrête. Devant cette situation
on consulte souvent les économistes ; on leur confie des responsabilités gouvernementales.
Le non-économiste attend beaucoup de ces
« spécialistes » qui semblent détenir la « potion magique »
qui permettra
de sortir de la crise. Malheureusement, leurs espoirs se transforment en inquiétude lorsque ces médecins de l’économie
prescrivent leurs ordonnances.
Chacun semble avoir la sienne, tout aussi « scientifique ment » fondée que celle de son confrère ; chacun l’étaye d’ar-
guments convaincants. Même lorsque ces éminents spécialistes consentent
à
constater
à
peu près les mêmes
faits, ils
n’aboutissent pas aux mêmes conclusions. (...
)
Contrairement
à
ce qui peut paraître, les disputes sans fin, les prescriptions opposées des économistes, ne viennent
pas des imper fections de la science économique. Ce n’est pas le retard de cette science q ui explique la diversité de ses
analyses et de ses conclusions.
Les économistes sont dans une situation semblable
à
celle des non-économistes. ils n’observent pas l’économie du même
endroit et ne poursuivent pas un but commun. Que faire pour initier à l’économie ?
- Initier
à
l’économie revient
à
faire comprendre au non-initié
à
travers quelle grille l’économie est analysée.
- Initier aux théories économiques revient
à
faire com
prendre au non-économiste
à
partir de quel point de vue et de quels
objectifs chaque grand courant théorique décrit l’économie.
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8Introduction-SE00
C’est ce que nous allons tenter de faire, en analysant
successivement les quatre grands courants de la pensée économique
contemporaine.
a) L’économie selon les fils de Keynes
J.M. Keynes (1883-1946) a fondé toute une partie de la
politique économique occidentale contemporaine en se
plaçant
du point de vue d’un ministre des Finances dési reux de réguler l’économie.
b) L’économie selon les descendants de Smith
- Smith (1723·1790). que certains considèrent comme
le père de la science économique, analyse l’économie en
voulant jus-
tifier la liberté d’entreprendre ou, plutôt, la liberté d’entreprise. C’est, en quelque sorte, l’économie
vue de l’entreprise.
c) L’économie selon les disciples orthodoxes de Marx. K. Marx (1818-1883) fonde une vision de l’économie cohérente
avec les objectifs d’un courant révolutionnaire. Il se
place
du point de vue de ceux qui
veulent
renverser
le
capitalisme, en
orientant la lutte de la
classe
ouvrière.
d) L’économie selon
les
hérétiques
à
la « Schumpeter »
Joseph
Aloys
Schumpeter (1883-1950) se refuse
à
une coupure stricte entre
l’analyse économique,
sociale, poli
tique. Intellectuel
plus qu’homme d’action, il rejette les simplifications nécessaires
à
l’action. Il fonde le point de
vue de ceux gui veulent
d’abord comprendre la com
plexité des choses et
les
rendre intelligibles.
Comprendre les théories économiques,
Jean-Marie Albertini, Ahmed Silem.
Coll. Points Économie, © Éditions du
Seuil, 1983.
Pourquoi existe-t-il plusieurs théories et non une seule ?
Quelles sont les conséquences de cette diversité théorique sur la période de crise que nous vivons
depuis 1973 ?
Classez les quatre économistes cités dans l’ordre chronologique des courants de pensée.
Document 2
Questions
Comment évoluent les théories en général ?
Quelles sont les particularités des théories économiques ?
Questions
D.R.
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Introduction-SE00
b) Les grands courants de la pensée économique
1. Le courant libéral
Document 3
L’école néo-classique, le modèle de la concurrence parfaite
Ont été qualifiés de « néo-classiques » des économistes qui, comme les « Classiques » dont les plus connus
sont Adam Smith (1723-1790) et David Ricardo (1772-1823), voulaient montrer les avantages du libéra-
lisme écono mique, mais en adoptant une démarche nettement diffé rente (d’où le « néo »). Alors que les
Classiques donnaient une grande importance dans leurs analyses aux groupes sociaux existant dans leurs
pays ils s’attaquaient surtout aux propriétaires fonciers ! Les néo-classiques concen traient leur attention
sur l’individu indépendamment des structures sociales. Ils pensaient que, dans une société libérée de toute
entrave au niveau des échanges, le bonheur commun résulterait de la recherche par chacun de son bonheur
individuel.
Fascinés par les résultats obtenus à leur époque par la physique et la mécanique, ils vou laient faire de même
en économie en
utilisant les tech niques mathématiques
. C’est ainsi que dans le cadre de leurs études sur
le bonheur maximal, Stanley Jevons (1835-1821) Carl Menger (1840-1921) et Léon Walras (1834-1910)
introduisirent en économie le concept de va riation à la marge, qui joue un rôle si important dans la théorie
néo-classique qui fut d’ailleurs pendant long temps qualifiée de marginaliste et qui permettait de faire appel
au calcul différentiel, en plein essor à cette époque. De ces trois auteurs, Léon Walras est sans doute le
plus important, puisqu’il a été le premier à formaliser le pro blème de l’équilibre économique général : il est
consi déré comme l’ancêtre des économistes mathématiciens actuels.
La conception
néo-classique
de la société
La société n’étant en dernière instance qu’un ensemble d’individus, il semble raisonnable de vouloir
expliquer les pbénomènes économiques et sociaux à partir des comportements individuels. Cette démar-
che est fréquemment qualifiée d’individualisme méthodologique.
Le marché comme
moyen de coordination
Dans la mesure où les individus n’ont ni les mêmes goûts ni les mêmes ressources, ils peuvent trouver
avan tage à faire des échanges. Ils vont donc chercher à se rencontrer, ce qui explique l’existence de
marchés.
Le principe
de rationalité
La théorie néoclassique part de l’idée que les
individus obéissent au principe de rationalité, c’est- à-
dire qu’ils utilisent « au mieux » les ressources dont ils disposent, compte tenu des contraintes qu’ils
subissent.
Bernard Guerrien.
L’Économie néo-classique.
©Editions
La Découverte. 1989.
www.editionsladecouverte.fr
www.collectionreperes.com
Questions
Quelles sont les innovations réalisées par ces économistes justifiant le préfixe de « néo » ?
Pourquoi qualifie-t-on les économistes néo-classiques de marginalistes ? Pourquoi sont-ils aussi
dénommés libéraux ?
a) Les classiques (fin 18e première moitié du 19e)
En classe de première, vous avez étudié Adam Smith, père fondateur de la pensée classique. Voici
quelques rappels.
Pour cet auteur « la main invisible » permet au marché de s’autoréguler : en poursuivant leur propre
intérêt, les individus contribuent à l’intérêt collectif.
Le marché conduit à la meilleure allocation des ressources productives.
L’État doit limiter ses interventions à la sécurité intérieure et extérieure (police, armée, justice) et aux
travaux d’infrastructures.
Les autres principaux représentants de cette école sont : Thomas Robert Malthus (1766-1834) et David
Ricardo (1772-1823)
b) Les néoclassiques (seconde moitié du XIXe siècle et de la première moitié du
XXe siècle)
Parmi les principaux fondateurs de cette école on peut citer le français Léon Walras (1834-1910), l’anglais
Stanley Jevons (1835-1882) et l’italien Vifredo Pareto (1848-1923). Voici quelques points de repère :
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10 Introduction-SE00
Les individus sont rationnels, et par un arbitrage « coûts/avantages », et un raisonnement à la marge
(voir corrigé) ils tentent de maximiser leur satisfaction.
Les déséquilibres ne peuvent exister si les marchés sont en situation de concurrence pure et parfaite
(atomicité du marché, homogénéité des produits, fluidité du marché, transparence du marché et mobilité
des facteurs de production).
L’État ne doit pas intervenir sauf en cas d’inefficience du marché.
c) Les néo-libéraux (seconde moitié du XXe siècle)
Ils reconnaissent que le marché peut être imparfait mais restent défenseurs du « laissez faire » et de
la non intervention de l’État.
Plusieurs écoles peuvent être distinguées, nous en citerons deux :
- Le monétarisme (dont le chef de file est l’économiste américain Milton Friedman né 1912 et prix
nobel en 1976).
- La théorie de l’Offre (dont le chef de file est l’économiste américain Arthur Laffer, né en 1941).
Conclusion : les économistes du courant libéral font confiance aux mécanismes du marché qui assurent
l’équilibre entre l’offre et la demande. L’État ne doit intervenir que pour assurer les fonctions régaliennes
(sécurité intérieure et extérieure).
2. Le courant keynésien
Document 4
La révolution keynésienne
John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique publie en 1936 une œuvre majeure «théorie
généérale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnai» dans laquelle il expose «sa théorie générale».
Témoin des ravages engendrés par la crise des années 30, Keynes s’oppose à la théorie néoclassique
stipulant que l’économie s’autorégule. Il montre que le chômage qui peut être volontaire et durable est le
résultat d’une insuffisance de la demande globale de biens et services. Keynes va alors porposer comme
remède à la crise et au chômage massif, une intervention de l’État pour relancer la demande. L’État peut ainsi
utiliser les outils de politiques conjoncturelles (politique monétaire et budgétaire) et agir sur les différentes
composantes de la demande.
Keynes fonde la macroéconomie qui considère que les variables globales comme le niveau de l’emploi ou
de la production ne peuvent avoir que des déterminants macroéconomiques.
Question
Pourquoi la pensée économique développée par JM Keynes constitue-t-elle une rupture par rapport
aux économistes classiques ?
3. Le courant marxiste
Vous avez étudié l’an dernier, l’analyse marxiste des classes sociales, et que la lutte des classes étaient
pour Marx le moteur du changement social. Vous approfondirez ce thème cette année.
D’une manière très générale, les marxistes rejettent le capitalisme, c’est-à-dire la propriété privée des
moyens de production. Le capitalisme porte en lui les germes de sa propre destruction.
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