David Rodriguez-Arias Janvier Janvier 2008 ©
Cet article est protégé et ne peut être reproduit ou copié sans l’autorisation de l’auteur.
En cas de citation celle-ci doit mentionner : l’auteur (Nom et prénom), le titre, la rubrique du site Internet,
l’année,et l’adresse www.ethique.inserm.fr
2
Introduction
La maladie d’Alzheimer est une affection dégénérative du cerveau qui atteint
des capacités psychiques, telles que la mémoire, la parole ou le jugement, mais
aussi d’autres capacités motrices limitant de façon progressive l’autonomie du
patient. Son nom est dû à Alois Alzheimer, disciple du professeur Emil
Kraepelin, qui en 1907 décrivit pour la première fois la maladie :
« Les malades régressent mentalement, leur mémoire et leur pensée dépérissent, ils
sont égarés, désorientés, ne sachant plus où ils se trouvent ne reconnaissant plus les
gens. Par la suite ils développent une certaine agitation, transpirent beaucoup,
marmonnent et rient sans raison, courent, se recroquevillent, se mettent à gratter, à
déchiqueter les tissus et deviennent incontinents. Plusieurs désordres asymboliques
apparaissent, les malades ne comprennent plus les demandes ni les signes, ne
reconnaissent plus les objets ni les images. Les troubles du langage sont
particulièrement profonds, jusqu'au mutisme. Ils sont incapables de manger et de
s’occuper d’eux-mêmes, mettent à la bouche ce qu’on place dans leur main et sucent
les objets présentés. Les malades mettent plusieurs années à atteindre le stade final
et la mort est généralement provoquée par une cause extérieure. »1
Il est difficile d’estimer la prévalence de cette maladie, notamment parce qu’elle
est difficile à dépister. Selon quelques estimations, en France, environ 500 000
personnes sont atteintes par la maladie d’Alzheimer2, ce qui représente 60 a 75
% de l'ensemble des démences. L’Alzheimer touche 4,4 % de la population de
plus de 65 ans ainsi que 15 % de celle de plus de 85 ans. Selon certains,
jusqu'à 47% de la population âgée de plus de 85 ans serait atteinte de la
maladie (Evans et al. 1989). Le vieillissement général de la population rend tout
pronostic sur la prévalence de la maladie très préoccupant. En France, le
nombre de personnes en institution à cause de cette maladie pourrait
augmenter de 440 000 personnes en 1999 à 550 000 cas en 2010. Face à cette
réalité, la médecine a le devoir de combattre la maladie sur deux fronts : le soin
et la recherche biomédicale.
L’objectif de cet article sera d’analyser les enjeux éthiques posés par la
recherche biomédicale sur les personnes qui ont la maladie d’Alzheimer.3 On
1 Cité par Lebert, F. Révolution du soin, évolution des mentalités, La Recherche. Hors série.
Alzheimer Cerveau sans mémoire, nº 10, 2003, p. 11
2 Berr, C. Combien de démences dans 20 ans ? La Rechche. Hors série. Alzheimer Cerveau
sans mémoire, nº 10, 2003, 16-17
3 Cette recherche s’est basée sur deux ouvrages consacrés aux problèmes éthiques et légaux
que pose la recherche biomédicale sur l’Alzheimer : Melnick, V. and N. Dubler, Eds. (1981).