Ahmad CHAMSEDDINE Marc HEDDEBAUT Paul Alain ROLLAND Système millimétrique d’imagerie passive temps réel et tout temps pour détection de véhicules terrestres Rapport INRETS n˚250 Août 2003 Conformément à la note du 04/07/2014 de la direction générale de l'Ifsttar précisant la politique de diffusion des ouvrages parus dans les collections éditées par l'Institut, la reproduction de cet ouvrage est autorisée selon les termes de la licence CC BY-NC-ND. Cette licence autorise la redistribution non commerciale de copies identiques à l’original. Dans ce cadre, cet ouvrage peut être copié, distribué et communiqué par tous moyens et sous tous formats. Attribution — Vous devez créditer l'Oeuvre et intégrer un lien vers la licence. Vous devez indiquer ces informations par tous les moyens possibles mais vous ne pouvez pas suggérer que l'Ifsttar vous soutient ou soutient la façon dont vous avez utilisé son Oeuvre. 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Le service Politique éditoriale scientifique et technique de l'Ifsttar diffuse différentes collections qui sont le reflet des recherches menées par l'institut : • Les collections de l'INRETS, Actes • Les collections de l'INRETS, Outils et Méthodes • Les collections de l'INRETS, Recherches • Les collections de l'INRETS, Synthèses • Les collections du LCPC, Actes • Les collections du LCPC, Etudes et recherches des laboratoires des ponts et chaussées • Les collections du LCPC, Rapport de recherche des laboratoires des ponts et chaussées • Les collections du LCPC, Techniques et méthodes des laboratoires des ponts et chaussées, Guide technique • Les collections du LCPC, Techniques et méthodes des laboratoires des ponts et chaussées, Méthode d'essai www.ifsttar.fr Institut Français des Sciences et Techniques des Réseaux, de l'Aménagement et des Transports 14-20 Boulevard Newton, Cité Descartes, Champs sur Marne F-77447 Marne la Vallée Cedex 2 Contact : [email protected] Les auteurs : Ahmad Chamseddine, Doctorant à l’INRETS-LEOST, Marc Heddebaut, Directeur de recherche à l’INRETS-LEOST, Paul Alain Rolland, Professeur des Universités, USTL-IEMN, UMR CNRS 8520. L’Unité de recherche : Laboratoire Electronique Ondes et Signaux pour les Transports (LEOST) Institut d’Electronique de Microélectronique et de Nanotechnologie (USTL-IEMN, UMR CNRS 8520) Ce rapport a bénéficié des commentaires et remarques des référés suivants : Bernard Demoulin, Professeur à l’Université des Sciences et Techniques de Lilles. Jean-Paul Artis, Ingénieur système radar chez Thalès Airborne System. Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité Service des publications : 2, avenue du Général Malleret-Joinville 94114 ARCUEIL CEDEX Tél. : 33 (0)1 47 40 70 74 – Fax : 01 45 47 56 06 www.inrets.fr © Les collections de l’INRETS N° ISBN 2-85782-590-0 N° ISSN 0768-9756 En application du code de la propriété intellectuelle, l’INRETS interdit toute reproduction intégrale ou partielle du présent ouvrage par quelque procédé que ce soit, sous réserve des exceptions légales. Fiche bibliographique UR (1er auteur) Projet N° CNS-2T Rapport INRETS N° 250 Laboratoire Electronique Ondes et Signaux pour les Transports (LEOST) Titre Système millimétrique d’imagerie passive temps réel et tout temps pour détection de véhicules terrestres Sous-titre Langue F Auteur(s) Rattachement ext. A. Chamseddine, M. Heddebaut, P.-A. Rolland Nom adresse financeur, co-éditeur N° contrat, conv. Région Nord Pas de Calais/ INRETS 98530069 Date de publication Août 2003 Remarques Résumé La radiométrie passive utilise les émissions thermiques des objets dissipatifs dans la nature. Ces émissions sont étalées sur tout le spectre électromagnétique avec une intensité qui varie selon la loi de Planck. Avant qu’elles ne soient détectées par le radiomètre, ces émissions subissent des atténuations plus ou moins fortes en fonction de la fréquence. A 60 GHz l’atténuation atmosphérique est maximale, alors que à 35, 52, 94 et 140 GHz elle s’avère faible. Dans ces dernières bandes de fréquences, les systèmes d’imagerie passive présentent ainsi un intérêt majeur par rapport aux systèmes infrarouges et vidéo par temps de pluie et de brouillard. Au sol ou embarqué à bord d’un véhicule, l’utilisation en transport terrestre de tels capteurs passifs présente un certain nombre d’avantages et s’avère complémentaire d’un capteur actif tel qu’un radar de détection d’obstacles ou ses variantes actuelles : radar à courte portée, contrôleur d’allure intelligent... Ce rapport de recherche présente une première étape du travail à réaliser. Son objectif est d’introduire et de contribuer à assurer le développement de cette technologie en transport terrestre. Une méthode de calibrage est expérimentée sur un prototype développé en bande S. les performances ont été suffisamment encourageantes afin de passer à la seconde étape du projet qui a consisté à développer un radiomètre monocanal hybride en bande V. Celui-ci a été conçu, les différents circuits nécessaires à la réalisation de ce démonstrateur ont été ensuite réalisés. Ce démonstrateur a ensuite été assemblé et caractérisé. De premiers résultats de mesures significatifs ont été enregistrés sur ce prototype. Mots clés Capteur, détection d’obstacles, radiométrie passive, calibrage sensibilité thermique, détection directe, millimétrique, temps réel Nb de pages Prix Bibliographie 119 15,24 € oui Rapport INRETS n° 250 3 Publication data form UR (1st author) Projet N° Laboratory of electronics, wave and signal processing for Transport (LEOST) CNS-S2T2 INRETS report N° 250 Title Passive real time millimetre wave sensor for terrestrial transport obstacle detection Subtitle Language F Author(s) Affiliation A. Chamseddine, M. Heddebaut, P.-A. Rolland* *IEMN-UMR CNRS 8520 Sponsor, co-editor, name and address Contract, conv. N° Nord-Pas-de-Calais Regional Council INRETS 98530069 Publication date August 2003 Notes Summary Active imaging is well established for civilian and military applications. For instance, collision warning/avoidance radars have been developed and tested by several manufacturers with technical success at 77 GHz. However such radar techniques generate high-radiated power due to the high antenna gain required and contribute to electromagnetic pollution which is a becoming an incceasing subject of disquiet. The purpose of this contribution is to describe a passive millimeter wave camera for traffic supervision and control (motorways, crossroads, car parks...) and onboard obstacle detection. These applications require real-time operation as well as low-cost and compactness achievements. To achieve low cost, a direct detection radiometric technique was retained using a set of elementary radiometers (pixel) consisting of an active monolithic detecting antenna. Key Words Sensor, obstacle detection, passive radiometry, direct detection, real time 4 Nb of pages Price Bibliography 119 15.24 € yes Rapport INRETS n° 250 Table des matières Remerciements 8 Synthèse 9 Objectif et cadre de l’étude 13 Chapitre 1 : Principe de la radiométrie hyperfréquence 1. Introduction 2. Configuration d’un imageur radiométrique 2.1. Le balayage mécanique 2.2 Le balayage électronique 2.3. Le balayage interférométrique 2.4. L’imagerie plan focal 3. Rayonnement thermique 4. Corps noir : Loi de Planck 5. Température apparente, Température radiométrique 6. Température de bruit équivalente du système 7. Fonctionnement du radiomètre 7.1. Exactitude des mesures 7.2. Précision des mesures (sensibilité radiométrique) 15 15 16 16 17 18 18 20 20 23 26 27 27 28 Chapitre 2 : Systèmes et sensibilités radiométriques 1. Radiomètre à puissance totale 1.1. Effet des fluctuations du gain RF du récepteur 1.2. Analyse statistique du calibrage – Radiomètre de Dicke 2. Radiomètre de Dicke 3. Radiomètre à addition de bruit 4. Choix de la bande de fréquence optimale 4.1. L’atténuation atmosphérique 4.2. Résolution spatiale 4.3. Maturité des technologies microélectroniques 31 31 34 35 37 39 40 40 42 42 Chapitre 3 : Etalonnage et sources de calibrage 1. Les sources passives 45 45 Rapport INRETS n° 250 5 2. 3. 4. 5. Les sources actives Calibrage Réalisation d’un radiomètre à addition de bruit Antenne Vivaldi 5.1. Caractérisation de l’antenne active 5.2. Diagramme de rayonnement : 6. Chaîne d’amplification et de réception 6.1. Détecteur quadratique 6.2. Amplificateurs faibles bruit (LNA) 6.3. Filtre passe bande 7. Caractérisation du radiomètre 8. Droite de calibrage 9. Mesure du bruit de la résistance 50 10. Diode à avalanche 11. Traitement numérique du signal 12. Dérive du dispositif 13. Sensibilité minimale du radiomètre 14. Amélioration de la sensibilité par traitement du signal 15. Filtrage de Kalman 16. Conclusion relative à l’étude de calibrage Chapitre 4 : Caméra et radiomètre millimétrique 1. Lentille de Fresnel 1.1. Aberrations dans le plan focal 1.2. Etude expérimentale 2. Description du banc de mesure millimétrique 2.1. Antenne Vivaldi 2.2. Réalisation de l’antenne Vivaldi 2.3. Connecteur V 3. Détecteur quadratique 3.1. Détecteur à diode 3.2. Transistor détecteur 3.3. Mesure de la sensibilité tangentielle des détecteurs 4. Amplificateurs hyperfréquences 4.1. Amplificateur faible bruit (LNA) 4.2. Amplificateur moyenne puissance 5. Source de bruit de calibrage 5.1. Adaptation réactive 6. Coupleur directif 7. Filtre passe bande 8. Conclusion 6 45 46 46 48 51 52 53 54 54 56 57 58 59 62 64 68 69 70 70 72 73 73 74 75 76 76 78 80 81 81 87 88 90 91 94 94 95 97 98 100 Rapport INRETS n° 250 Chapitre 5 : Mise en œuvre du démonstrateur 53 GHz 1. Banc de caractérisation millimétrique 2. Caractérisation de l’amplificateur faible bruit 2.1. Mesure du gain du LNA 2.2. Mesure du facteur de bruit à 60 GHz 2.3. Point de compression à 1 dB du LNA 3. Mesure du gain global du radiomètre 4. Résultats 5. Mesure de la sensibilité continue du radiomètre 6. Bruit de la diode à avalanche 7. Mesures radiométriques 8. Performances du système 101 101 102 102 103 104 104 106 107 108 111 112 Conclusion 115 Bibliographie 117 Rapport INRETS n° 250 7 Remerciements Ce travail de recherche a été développé dans le cadre d’une étude cofinancée par la Région Nord-Pas-de-Calais. Il a également fait l’objet des études doctorales de Monsieur Ahmad Chamseddine co-dirigées par MM. Paul Alain Rolland, Professeur des Universités et Marc Heddebaut, Directeur de Recherche à l’INRETS. Monsieur Chamseddine a bénéficié d’une bourse d’études doctorales co-financée par l’INRETS et la Région Nord-Pas-de-Calais. Ces financements régionaux ont été affectés dans le cadre de l’exécution du Contrat de Plan Etat-Région (CPER). Ces remerciements s’adressent également au Professeur Bernard Demoulin (USTL) et à Monsieur Jean-Paul Artis (Thalès) qui ont relu ce rapport. 8 Rapport INRETS n° 250 Synthèse Contexte de la recherche Les systèmes de prévention des collisions à micro-ondes, appelés « radars anticollision », fournissent une perception, la plus souvent frontale, de l’environnement routier quelles que soient les conditions météorologiques. Cependant, les premières études sur ces radars anticollision ont montré la difficulté d’obtenir une détection d’obstacles à faible probabilité de fausse alarme en environnement automobile réel. Les acteurs du domaine ont donc, dans la phase actuelle, limité les fonctions remplies par les dispositifs radar ou lidar actif a des fonctions avancées de régulation de la vitesse (ACC – Autonomous Cruise Control). Ces systèmes ACC ne sont capables que d’une détection, d’une mesure de distance et de vitesse de véhicules mobiles sur une des voies de roulement précédents le véhicule équipé. Ils posent donc le problème de la sécurité liée à la non-détection notamment des obstacles fixes. Par ailleurs, ils ne sont pas susceptibles de prendre en compte et de gérer les obstacles en bord de route (panneaux de signalisation, glissière) et surtout au-dessus de la route (tabliers de ponts). Une deuxième génération de dispositifs plus évolués est développée par de nombreux industriels et constructeurs automobiles afin d’améliorer la vision 3D de ces radars par la prise en compte notamment des bords de route et des ponts. Ces nouveaux systèmes appelés Collision Avoidance/Warning Radars (CA/W Radars) tentent d’effectuer une imagerie active 3D en complément à la télémétrie (mesure de distance et de vitesse) actuelle. Vers une nouvelle génération de capteur passif L’INRETS-LEOST et l’IEMN-DHS (UMR CNRS-USTL) ont décidé d’ouvrir une nouvelle voie de recherche afin d’introduire et d’entamer le développement d’un nouveau capteur présentant des avantages initiaux jugés significatifs par rapport aux dispositifs actifs existants. A contrario de l’imagerie radar active, nous étudions une approche radiométrique passive. La radiométrie passive utilise les émissions thermiques des objets dissipatifs dans la nature. Ces émissions sont étalées sur tout le spectre électromagnétique avec une intensité qui varie selon la loi de Planck. Avant qu’elles ne soient détectées par le radiomètre, ces émissions subissent, sur le trajet scène à mesurer-capteur, des atténuations plus ou moins fortes en fonction de la fréquence. A 60 GHz, l’atténuation atmosphérique est maximale. A 35, 52, 94 et 140 GHz, elle s’avère très faible et peu perturbée par la présence d’hydrométéores (pluie, neige, brouillard). Dans ces bandes de fréquence Rapport INRETS n° 250 9 Système millimétrique d’imagerie passive millimétriques, les systèmes d’imagerie passive présentent donc certains avantages par rapport aux autres systèmes passifs infrarouges et vidéo. Le choix de la fréquence d’opération du radiomètre millimétrique dépend de la largeur de bande autorisée ainsi que de la disponibilité des composants électroniques à la fréquence concernée. Le système n’émet pas d’énergie hyperfréquence mais détecte ces émissions électromagnétiques thermiques des objets présents dans la scène. Si l’on dispose un réseau 2D de capteurs radiométriques dans le plan focal d’une antenne ou lentille assurant la résolution spatiale, on obtient une caméra millimétrique fonctionnant tout temps (obscurité, brouillard...), dont le champ de vue dépend de la taille du réseau et de la lentille. Un tel dispositif s’affranchit de toute autorisation d’utilisation de bandes de fréquences et contribue à la réduction de la pollution radioélectrique. Il peut être utilisé de façon autonome ou couplé à une télémétrie active déclenchée lorsque l’imagerie passive fait apparaître une situation potentiellement dangereuse. La figure 1 suivante montre une réalisation possible d’un tel récepteur ou radiomètre élémentaire à détection directe et, la figure 2, le premier prototype réalisé en bande V placé au foyer d’une lentille de Fresnel de 20 cm de diamètre. Figure 1 : Radiomètre millimétrique élémentaire à détection directe Figure 2 : Radiomètre millimétrique élémentaire réalisé en bande V 10 Rapport INRETS n° 250 Synthèse L’évolution profonde et la maturité actuelle des circuits monolithiques millimétriques M3IC (Millimeter Monolithic Microwave Integrated Circuits) permettent actuellement d’envisager une mise en œuvre industrielle de radiomètres intégrés à détection directe et donc à faible coût pour des utilisations en transport terrestre. C’est ce que nous avons voulu démontrer et également tenté d’initier par ce travail qui comprend essentiellement deux parties. Les systèmes radiométriques nécessitent un calibrage périodique afin de garantir la qualité des mesures. Une méthode de calibrage compatible avec les mesures temps réel a été mise en œuvre dans une première partie du travail. Celle-ci, dite calibrage par « addition de bruit » a été testée et optimisée sur un prototype développé en bande S. Les performances, jugées suffisamment encourageantes, ont permis de passer à la deuxième étape du projet qui a consisté à développer un radiomètre monocanal hybride en bande V. Les différents circuits nécessaires à la réalisation de ce démonstrateur ont été conçus et réalisés. Ce démonstrateur a ensuite été assemblé, caractérisé et procure des résultats tangibles vues les difficultés de mesures rencontrées. Il permet, à titre d’exemple, d’apprécier des contrastes de température de rayonnement de l’ordre de 2˚ K. Ce travail a fait en particulier l’objet de la thèse de Ahmad Chamssedine intitulée « Conception et réalisation d’un système radiométrique d’imagerie passive en bande millimétrique à détection directe » soutenue à l’Université des Sciences et Technologies de Lille. Ahmad Chamssedine a depuis rejoint l’industrie. Rapport INRETS n° 250 11 Objectif et cadre de l’étude Le Nord de la France fait partie des régions les plus touchées en Europe par le brouillard. Phénomène météorologique saisonnier, le brouillard induit des répercussions importantes sur le trafic routier et autoroutier et particulièrement sur la sécurité des usagers. Les accidents dus au brouillard sont souvent graves, le manque de visibilité à l’origine du premier accrochage entraînant de manière quasi-systématique des accidents en chaîne. On peut citer quelques chiffres : 4 % des accidents ont lieu par temps de brouillard, 2 % des tués sur les routes, prés de 10 % sur les autoroutes. Cependant, en Europe, aux Etats-Unis ainsi qu’au Japon, le thème des « aides à la conduite automobile » est devenu majeur en quelques années. Ces aides à la conduite permettent maintenant le développement de nouveaux services aux usagers de la route. Ces services suscitent l’émergence de toute une famille de nouveaux équipements et de terminaux télématiques (télécommunication et informatique) qui sont soit actuellement disponibles soit en cours d’élaboration par l’industrie. Depuis quelques années, certains partenaires de recherche en Région NordPas-de-Calais ont pu investir cette problématique scientifique en prenant part à des programmes nationaux, tels que les PREDIT ainsi que des programmes européens tels que DRIVE 1, 2... ou EUREKA-PROMETHEUS. Parmi ces aides à la conduite, les systèmes de prévention des collisions à micro-ondes, appelés « radars anticollision » fournissant une perception frontale de l’environnement routier quelles que soient les conditions météorologiques constituent un champ particulier de R&D et de développement d’équipements. Les premières études sur les radars anticollision ont montré la difficulté d’obtenir une détection d’obstacles à faible probabilité de fausse alarme en environnement automobile réel. Les acteurs du domaine ont donc, dans une première phase, fait évoluer les dispositifs Radar ou Lidar actif vers des systèmes de régulation intelligente de la vitesse (ACC : Autonomous Cruise Control). Ces systèmes ne sont capables que d’une détection et d’une mesure de distance et de vitesse de véhicules mobiles sur une des voies de roulement devant le véhicule équipé. Ils posent donc le problème de la sécurité liée à la non-détection des obstacles fixes. Par ailleurs ils ne sont pas susceptibles de prendre en compte et de gérer les obstacles en bord de route (panneaux de signalisation, glissière) et surtout au-dessus de la route tels que des tabliers de ponts. Une deuxième génération de dispositifs plus évolués est actuellement à l’étude par de nombreux industriels et constructeurs automobiles afin d’améliorer la vision 3D de ces radars par la prise en compte notamment des bords de route et des ponts. Ces nouveaux systèmes appelés Collision Avoidance/Warning Rapport INRETS n° 250 13 Système millimétrique d’imagerie passive Radars (CA/W Radars) essaient ainsi d’effectuer une imagerie active 3D en complément de la télémétrie (mesure de distance et de vitesse). L’INRETS-LEOST et l’IEMN-DHS ont décidé de poursuivre dans cette voie de recherche et de mettre en commun leurs réflexions et savoir-faire afin d’introduire et de développer un nouveau capteur présentant des avantages significatifs par rapport aux dispositifs actifs existants. Ce travail de recherche se situe dans le cadre de l’imagerie active 3D précédente. Cependant et, a contrario de l’imagerie radar active, il exploite une approche radiométrique passive, le système n’émet pas d’énergie hyperfréquence mais détecte les émissions électromagnétiques thermiques des objets présents dans la scène (Loi de Planck). Si l’on dispose un réseau 2D de tels capteurs radiométriques dans le plan focal d’une antenne ou lentille assurant la résolution spatiale, on obtient une caméra millimétrique fonctionnant tout temps (obscurité, brouillard...) dont le champ de vue dépend de la taille du réseau et de la lentille. Un tel dispositif s’affranchit de toute autorisation d’utilisation de bandes de fréquences et contribue à la réduction de la pollution radioélectrique. Il peut être utilisé de façon autonome ou couplé à une télémétrie active déclenchée lorsque l’imagerie passive fait apparaître une situation potentiellement dangereuse. L’évolution profonde et la maturité actuelle des circuits monolithiques millimétriques M3IC (Millimeter Monolithic Microwave Integrated Circuits) permet actuellement d’envisager la mise en œuvre de radiomètres intégrés à détection directe et donc à faible coût. Cette technologie de capteur est déjà utilisée dans le domaine militaire par exemple pour la surveillance passive d’aéroports. Les surfaces d’antennes sont dans ce cas de l’ordre du m2 et les puissances dissipées par l’électronique associée de plusieurs centaines de watt. Il s’agit donc, pour notre utilisation en transport terrestre, de limiter fortement la taille et la consommation globale du capteur afin de les rendre compatibles avec un équipement à installer en bord d’infrastructure voire à bord de véhicules routiers, tout en conservant une portée de quelques centaines de mètres ainsi qu’une capacité de détection et de résolution compatibles avec l’application civile souhaitée. L’objectif de cette étude réside donc dans une étude de faisabilité de ce nouveau concept d’imageur passif temps réel poursuivie conjointement avec la réalisation d’un premier équipement prototype fonctionnel en gamme millimétrique. Nous espérons que cette étude initiale de faisabilité pourra servir de tremplin à d’autres travaux permettant de développer cette technologie de capteur radiométrique en transport terrestre. 14 Rapport INRETS n° 250 Chapitre 1 Principe de la radiométrie hyperfréquence 1 - Introduction micro-ondes ( 10 d O d 100mm ) et les ondes millimétriques ( 1 d O d 10mm ) pénètrent la couche atmosphérique terrestre là où les ondes dans les domaines visibles et infrarouges (IR) s’avèrent fortement atténuées. Les systèmes IR sont utilisés pour les observations nocturnes. Ces signaux peuvent également percer la brume légère et la fumée jusqu’à une distance supérieure à celle obtenue avec les systèmes exploitant le rayonnement visible. Ils sont cependant fortement atténués par les nuages, le brouillard ainsi qu’une pluie modérée. Cet effet limite donc l’utilisation des détecteurs IR aux applications où l’observation s’avère indispensable dans des conditions météorologiques médiocres. Les Dans ces mauvaises conditions climatiques, l’atmosphère demeure cependant transparente aux signaux micro-ondes et millimétriques situés dans la gamme 30 GHz à 300 GHz. Une technique d’observation fonctionnant dans cette gamme de fréquences s’avère donc a priori très performante. On distingue deux types de systèmes d’imagerie : 1- les radars (imagerie active) et, 2- les radiomètres (imagerie passive). Bien que l’histoire de radars (1903) ait commencé bien avant l’histoire des radiomètres (1950), ces derniers ont été l’objet d’une croissance continue durant les dernières décennies due d’une part, à la maturité de la technologie microélectronique et, d’autre part au champ d’application qui ne cesse d’augmenter dans le domaine de la radio-astronomie, dans celui de l’observation météorologique et surtout celui des applications militaires nécessitant des systèmes discrets afin de détecter et de localiser des cibles métalliques. La formation de l’image d’une scène constitue l’objectif final de la fonction des systèmes d’imagerie active et passive, le principe d’opération en est cependant complètement différent. Le signal reçu par le radar représente l’énergie réfléchie par Rapport INRETS n° 250 15 Système millimétrique d'imagerie passive l’objet illuminé par le radar lui-même. En ce qui concerne le radiomètre, la source d’illumination réside dans l’objet lui-même. Le radiomètre constitue un récepteur passif de haute sensibilité, capable de mesurer les faibles niveaux des rayonnements thermiques micro-ondes et millimétriques. Lorsqu’une scène est observée par un radiomètre (à travers son faisceau d’antenne), le rayonnement reçu par l’antenne est partiellement dû au rayonnement propre de la scène, et partiellement dû au rayonnement venant de l’atmosphère et réfléchi par la scène elle-même. Dans cette première partie, nous utilisons le terme "température de brillance" afin de caractériser le rayonnement thermique d’une scène vue par le radiomètre. Cette température de brillance peut varier de 0° Kelvin (°K) (pour un corps parfaitement réfléchissant, tel qu’un métal parfait) à une valeur maximale égale à la température physique de la scène (un corps noir). Bien que les objets métalliques ne soient pas rayonnants, ils réfléchissent cependant les rayonnements incidents du ciel qui sont considérés froids. Le contraste thermique entre une scène avec et sans objet métallique vu par le lobe principal de l’antenne est aussi fonction du facteur de remplissage de cet objet (rapport de la surface transversale de l’objet sur l’aire du faisceau de l’antenne au sol (beam-fill factor). La taille de la tache du faisceau de l’antenne au sol ou bien la résolution spatiale dépend de la distance entre le radiomètre et le sol et de la largeur du faisceau. Cette dernière dépend en outre également de la taille de l’antenne. Le choix des paramètres du radiomètre (longueur d’onde, polarisation, angle d’ouverture) dépend de l’application envisagée. Par exemple, la mesure de la teneur de l’air en vapeur d’eau, la mesure de l’humidité du sol et la cartographie thermique sont des fonctions où l’énergie des rayonnements électromagnétiques reçus par le radiomètre dépend de l’atténuation atmosphérique et de la profondeur de pénétration dans le sol. Certains satellites d’observation de la Terre exploitent plusieurs bandes de fréquences permettant ainsi la détermination de plusieurs de ces paramètres. 2 - Configuration d’un imageur radiométrique La méthode la plus simple permettant d’effectuer l’imagerie passive d’une scène s’accomplit en balayant celle-ci par le lobe principal de l’antenne. On distingue trois types de balayage : 123- le balayage mécanique, le balayage électronique, le balayage interférométrique. 2.1 - Le balayage mécanique Ce balayage consiste à effectuer un mouvement de rotation de l’antenne du radiomètre selon un angle bien précis. La cartographie complète d’une scène s’accomplit par un mouvement longitudinal du porte-radiomètre ainsi que le montre la figure 3. 16 Rapport INRETS n° 250 Principe de la radiométrie hyperfréquence Figure 3 - Système d’imagerie passive à balayage mécanique. v L’avantage d’un tel imageur monocanal réside dans sa facilité de conception technologique qui va de pair avec son intérêt économique. Il présente cependant un temps de formation de l’image qui s’avère difficilement compatible avec les applications temps-réel. On trouve actuellement des systèmes d’imagerie monocanaux destinés aux applications militaires américaines. A titre d’exemples, nous mentionnons l’imageur à réflecteur rotatif développé en 1976, le système appelé ROSCAM (Radiometric One Second CAMera), et le MAPS développé par Millitech en 1997. Les meilleures performances s’avèrent détenues par le ROSCAM qui présente une sensibilité de 1° K pour un temps d’intégration de 0,1 ms avec un champ de vision de 20°x 20° et un taux de rafraîchissement de l’image de 1 Hz. 2.2 - Le balayage électronique On peut aussi qualifier cette catégorie de systèmes de réseaux à faisceaux déphasés. Le principe d’opération consiste à faire balayer électroniquement le faisceau d’une ou de plusieurs antennes dans différentes directions sans qu’il y ait mouvement mécanique du système lors du processus du balayage (figure 4). Figure 4 - Système d'imagerie à balayage de faisceaux. Réseau de contrôle des phases des faisceaux Antennes Sortie correspondant à chaque faisceau Chaque faisceau correspond à une direction L’avantage de l’imageur à balayage électronique réside dans sa vitesse de balayage par rapport au processus mécanique. Ses inconvénients majeurs se trouvent dans les Rapport INRETS n° 250 17 Système millimétrique d'imagerie passive pertes importantes en sortie d’antennes, sa conception complexe, son coût élevé ainsi que son encombrement et son poids. 2.3 - Le balayage interférométrique L’architecture du système ressemble à celle du système à balayage électronique. L’idée de base de la « synthèse d’ouverture » consiste à remplacer la large ouverture d’antenne du radiomètre par un réseau fin de petites antennes puis à corréler les signaux par paires (figure 5). Les mesures sont effectuées en tenant compte de la distance entre antennes. La distribution de températures est obtenue par transformée de Fourier inverse en champ lointain. Le champ de vision initial est fourni par le diagramme de rayonnement d’un seul élément (antenne) et tous les pixels d’une image sont mesurés en même temps. Figure 5 - Schéma d’un imageur à synthèse d’ouverture. Une équipe allemande a développé un système interférométrique à 37 GHz qui utilise seulement deux récepteurs et un corrélateur. Ce système présente une sensibilité de 1,5° K et une résolution angulaire de 0,6°. L’inconvénient de ce système réside dans le fait qu’il n’est exploitable que pour des scènes stationnaires. 2.4 - L’imagerie plan focal La méthode de balayage mécanique a constitué, jusqu’à une période récente, le seul moyen utilisé afin d’effectuer l’imagerie passive. La possibilité d’exploiter la région des ondes millimétriques grâce à la maîtrise de la technologie microélectronique apporte depuis peu beaucoup d’avantages potentiels en terme de conception système. La possibilité technologique d’intégrer, dans un très faible volume, un récepteur entier comprenant son antenne de réception nous permet d’envisager la réalisation d’un système d’imagerie fonctionnant à l’instar de la vision humaine, c’est à dire développant un système optique exploitant un réseau de détecteurs indépendants (radiomètres/axones) placés dans le plan focal d’une lentille optique. 18 Rapport INRETS n° 250 Principe de la radiométrie hyperfréquence Figure 6 - Système d’imagerie en plan focal. Antenne primaire N Sorties N faisceaux N radiomètres Lentille de focalisation La technique d’imagerie en plan focal a connu un progrès significatif durant la dernière décennie. Une avancée importante a été aussi enregistrée dans l’amélioration des performances des antennes élémentaires (pertes et diagramme de rayonnement) du réseau. Signalons ici les principaux systèmes développés par les entreprises américaines telles que : MILLIVISION, THERMOTREX et TRW. Afin de résoudre les problèmes d'encombrement et de faible résolution (en nombre de pixels et d’ouverture angulaire) des imageurs de première génération, ces systèmes récents ont adopté une combinaison de solutions incluant: l’utilisation de LNA (low noise amplifier) devant les détecteurs afin de réduire le bruit du système, la détection directe plutôt qu'une détection superhétérodyne, la réduction du nombre de récepteurs par utilisation d'un balayage mécanique. Les caractéristiques techniques d’imageurs dévoilées par ces entreprises, surtout celui développé par TRW sont les suivantes : fonctionnement à 89 GHz avec une bande passante de 10 GHz, sensibilité thermique de 2° K et fréquence de rafraîchissement d’image de 17 Hz. Signalons également que l’amélioration des performances de l’imageur TRW est due d’une part, à l’utilisation d’un système optique assez complexe afin d’améliorer la résolution d’image radiométrique et d’autre part, à l’utilisation durant la phase de production de la technique d’assemblage automatique qui permet de minimiser les pertes d’interconnexion, et de disposer de caractéristiques reproductibles pour tous les récepteurs. En conclusion, il apparaît que la technique d’imagerie plan focal gagne du terrain dans le domaine de l’imagerie passive. Le recours aux systèmes fournissant une image similaire à l’image vidéo pousse cette technique au premier rang parmi les systèmes d’imagerie passive. Elle pourrait rapidement supplanter les méthodes de balayage mécanique ou électronique assez complexes. Nous avons dès lors adopté cette technique afin de développer les éléments d’une caméra destinée aux applications en transport terrestre fonctionnant ainsi que nous le verrons dans le cadre de cette étude à 53 GHz pour atteindre, de façon préférentielle, 94 GHz dans une phase ultérieure. A 94 GHz se trouve en effet une bande de fréquences réservée à cette utilisation de type radiométrique. Dans cette bande de fréquences, aucune source d’émission n’est autorisée qui se comporterait comme une source de bruit équivalente extrêmement puissante « éblouissant » et neutralisant le capteur. Rapport INRETS n° 250 19 Système millimétrique d'imagerie passive 3 - Rayonnement thermique Toute matière portée à une température supérieure à 0° K rayonne de l’énergie électromagnétique. Selon la théorie quantique de Planck, chaque ligne spectrale dans le spectre de rayonnement d’un atome correspond à une transition d’un électron d’un niveau d’énergie à un niveau plus bas. La transition d’un électron d’un niveau quantique H1 à un niveau quantique H2 crée l’émission d’un photon rayonné à une fréquence donnée par la loi de Bohr, f H1 H 2 h Eq. 1 expression où h est la constante de Planck. Inversement, si un atome reçoit une énergie incidente satisfaisant la loi de Bohr, cette énergie sera absorbée par cet atome produisant ainsi la transition d’un électron d’un état quantique à un autre. On peut en déduire que le spectre d’absorption d’une matière suit les mêmes principes physiques que son spectre d’émission. La physique quantique montre que l’émission d’un rayonnement par un atome peut être causée par la collision avec un autre atome ou une particule. La probabilité qu’une telle collision (donc une émission) ait lieu est dépendante, entre autres, de la densité des atomes et de leur énergie cinétique. Puisque l’énergie cinétique d’une substance est reliée à sa température absolue, il s’ensuit que l’intensité de l’énergie rayonnée par la matière croit en fonction de sa température. 4 - Corps noir : Loi de Planck La notion de « corps noir » est d’une importance fondamentale pour la compréhension de l’émission thermique des corps réels. Un corps noir est défini tel un matériau idéal et opaque qui absorbe tout rayonnement incident, à toutes les fréquences, sans rien réfléchir. Etant un absorbant parfait de l’énergie, le corps noir constitue aussi un émetteur parfait puisque la température du matériau augmenterait indéfiniment si aucune énergie n’était rayonnée. A l’équilibre thermodynamique, la puissance absorbée par un corps noir est entièrement émise d’une façon isotrope et redistribuée sur une large partie du spectre électromagnétique. Le spectre d’émission d’un corps noir représente une référence à laquelle on compare toute autre émission d’un corps réel. Généralement, une fraction du rayonnement incident à la surface d’un corps solide ou liquide est absorbée et le reste est réfléchi. Selon la loi de Planck, un corps noir rayonne uniformément dans toutes les directions avec une brillance spectrale (ang. Spectral brightness) Bf par unité de surface donnée par : Bf · 2hf 3 §¨ 1 ¸ 2 ¨ hf c © e KT 1 ¸¹ Eq. 2 expression où : 20 Rapport INRETS n° 250 Principe de la radiométrie hyperfréquence Bf : est la brillance spectrale du corps noir exprimée en Wm-2sr-1Hz-1, h : est la constante de Planck égale à 6,63.10-34 Joules.sec, f : fréquence, exprimée en Hz, K : constante de Boltzmann égale à 1,38.10-24 Joules.K-1, T : température absolue exprimée en Kelvin (K), c : célérité de la lumière égale à 3.108 m.s-1. Les seules variables présentes dans l’équation 2 sont la fréquence f et la température T. La figure 7 montre l’évolution de la brillance spectrale (Bf) en fonction de la fréquence à différentes valeurs de la température d’un corps noir. On remarque sur ces courbes que lorsque la température augmente, d’une part l’ensemble des valeurs de la brillance augmente et d’autre part, la fréquence correspondante au maximum de Bf augmente également. Figure 7 - Courbes de rayonnement du corps noir selon la loi de Planck. Le développement en série exponentielle du terme exponentiel du dénominateur de l’équation 2 permet d’écrire : Rapport INRETS n° 250 21 Système millimétrique d'imagerie passive § · ¨ ¸ 2hf ¨ 1 ¸ Eq. 3 Bf ¸ 2 ¨ 2 c hf hf § · ¨ ¸ ¨ KT ¨ KT ¸ ... ¸ © ¹ ¹ © En ce qui nous concerne, pour des températures proches de la température ambiante : hf 1 et on ne retient que le terme linéaire de l’équation 3. La brillance KT spectrale s’écrit alors sous la forme simplifiée connue sous le nom d’approximation de Rayleigh-Jeans : 3 Bf 2f 2 KT c2 2KT O2 Eq. 4 La substitution de l’équation 2 par l’équation 4 conduit à une erreur inférieure à 1 % pour des fréquences inférieures à 60 GHz et, à une erreur inférieure à 2 % pour des fréquences inférieures à 118 GHz pour un corps noir soumis à une température ambiante de 300° K. L’équation 4 montre que l’énergie rayonnée est directement proportionnelle à la température de l’objet. La température physique d’un corps noir est égale à la température de brillance détectée par un système de détection thermique. En réalité les corps réels situés dans notre environnement ne constituent pas de parfaits émetteurs / récepteurs. En effet, une partie de l’énergie incidente est réfléchie sur la surface. On parle alors de corps gris. Afin de traiter un corps gris d’une manière analogue à celle du corps noir, on définit une brillance spectrale (Bg) et une température de brillance (Tg) qui sont liées pour une bande de fréquences étroite 'f par : Bg 2K .Tg .'f O2 Eq. 5 Le rapport de la brillance d’un corps gris à celle d’un corps noir, porté à la même température, définit l’émissivité du corps concerné. Ce rapport est donné par : H Bg Tg Bb Tb Eq. 6 expression où Tb est la température physique du corps noir. De manière générale, la brillance d’un corps gris n’est pas uniforme dans l’espace et dépend de la direction considérée dans un repère spécifique (U, T, M). L’équation 6 s’écrit donc : HT, M B g T, M Tg T, M Bb Tb Eq. 7 Un corps noir possède donc une émissivité égale à 1, tandis que les corps gris ont des émissivités comprises entre 0 et 1. Par conséquent, la température de brillance d’un matériau est inférieure ou égale à sa température physique. Ceci implique que la température physique d’un objet ne constitue pas le seul paramètre qui le caractérise 22 Rapport INRETS n° 250 Principe de la radiométrie hyperfréquence dans les applications radiométriques. De façon plus générale, son émissivité le distingue d’un autre objet. La fonction du radiomètre consiste donc aussi à différencier les objets d’une scène quelconque selon ces émissivités. 5 - Température apparente, Température radiométrique La température apparente TAP vue par un radiomètre représente la somme des rayonnements incidents des différentes sources de rayonnement présentes dans l’ouverture de l’antenne du radiomètre. Afin de mieux comprendre la notion de température apparente, la figure 8 illustre les différentes contributions des températures vues par un radiomètre. Figure 8 - Radiomètre millimétrique en observation plongeante. Radiomètre millimétrique TA TAP T Atténuation atmosphérique L Tciel portée |U|2T ciel Tatmos HobjTobj HsolTSol H = 1 - |U|2 OBJET Tobjet , Hobjet Tsol , Hsol Sol TA = (HobjTobj t + HsolTSol + |U|2T ciel).L-1 + (1-L-1)Tatmos [K] Le rayonnement incident à l’ouverture de l’antenne provient de différentes sources de rayonnement et notamment : - du rayonnement propre du sol Tsol, du rayonnement du ciel réfléchi à la surface du sol Tciel.|U|2 vers la direction de l’antenne, U est le coefficient de réflexion à la surface du sol et Tciel la température du ciel incidente à la surface du sol, Rapport INRETS n° 250 23 Système millimétrique d'imagerie passive - du rayonnement de l’atmosphère Tatm qui se situe entre le terrain et le radiomètre. Afin de déterminer la température TA à la sortie de l’antenne, appelée aussi la température radiométrique TA de l’antenne, nous relions la température apparente TAP(T,M) à celle d’un corps noir équivalent de brillance équivalente Bi(T,M) par : 2K TAP (T, M) 'f O2 Bi (T, M) Eq. 8 La puissance correspondante détectée par une antenne sans pertes ohmiques est donnée par : P 1 2K A r ³³ 2 TAP (T, M)'fFn (T, M)d: 2 4S O Eq. 9 expression où : Ar représente la surface effective de l’antenne, 'f constitue la bande de fréquences reçues par le récepteur, Fn(T,M) est le diagramme de rayonnement normalisé de l’antenne, K est la constante de Boltzmann. L’intégration de l’angle solide s’effectue sur les 4S stéradians. Le facteur ½ provient du fait que les émissions de l’atmosphère et du terrain Bi(T,M) sont non polarisées. Dans le cas d’une antenne à polarisation rectiligne, seule la moitié de la puissance totale incidente à sa surface est détectée. Cette puissance (Eq. 10) est équivalente à la puissance de bruit d’une résistance, supposée adaptée au système de mesure, portée à une température TA et produisant une valeur de puissance dans une bande de fréquence 'f, donnée par la loi de Nyquist : P = K TA 'f Eq. 10 La comparaison entre les équations 9 et 10 nous permet de déduire la valeur de TA : TA Ar O2 ³³ T AP (T, M).Fn (T, M).d: Eq. 11 4S TA est appelée la température radiométrique de l’antenne. L’angle solide : du diagramme de rayonnement de l’antenne est donné par : : ³³ F (T, M)d: n Eq. 12 4S Il est lié à l’angle d’ouverture effective de l’antenne par : Ar O2 : Eq. 13 En substituant Eq. 12 et Eq. 13 dans Eq. 11 on obtient : 24 Rapport INRETS n° 250 Principe de la radiométrie hyperfréquence ³³ T AP TA (T, M).Fn (T, M).d: Eq. 14 4S ³³ Fn (T, M).d: 4S Selon cette équation 14, la température radiométrique TA de l’antenne est égale à la température apparente TAP(T,M) intégrée sur l’angle solide 4S, pondérée par le diagramme de rayonnement de l’antenne (toujours considérée sans pertes) et normalisée par l’intégrale de la fonction de diagramme de rayonnement de l’antenne. Cette température TA, détectée par l’antenne, représente les contributions des émissions thermiques de la scène vue par le lobe principal de l’antenne ainsi que les contributions indésirables de la scène vue par les lobes secondaires et arrières. Ceci montre l’intérêt de l’utilisation d’une antenne directive ayant des lobes secondaires fortement atténués (< -20 dB). Afin d’évaluer analytiquement les contributions des lobes secondaires à la température radiométrique de l’antenne TA nous pouvons décomposer le numérateur de l’intégrale dans l’équation 14 comme étant la somme de l’intégrale sur l’angle solide engendré par le lobe principal de l’antenne et l’intégrale sur le reste de l’angle solide : ³³ T TA AP lobe principal (T , M ).Fn (T , M ).d: ³³ Fn (T , M ).d: ³³ T (T , M ).Fn (T , M ).d: AP 4S lobe principal Eq. 15 ³³ Fn (T , M ).d: 4S 4S le premier terme de l’équation 15 s’écrit : ³³ T AP lobe principal (T , M ).Fn (T , M ).d: ³³S F (T , M ).d: n 4 ³³ T AP lobe principal (T , M ).Fn (T , M ).d: ³³ F (T , M ).d: n lobe principal Tlp .Klp ³³ F (T , M ).d: n lobe principal ³³S F (T , M ).d: n 4 Eq. 16 Klp est appelé l’efficacité du lobe principal de l’antenne. Il caractérise la fraction de la puissance reçue (ou émise) par le lobe principal de l’antenne et Tlp constitue la température apparente détectée par le lobe principal. On peut vérifier d’une manière analogue que le deuxième terme de l’équation 15 s’écrit : Kls Tls = (1-Klp)Tls expression où : Kls : est l’efficacité de rayonnement des lobes secondaires, Tls : est la température apparente détectée par ces derniers. L’équation 16 se transforme donc en : TA K lp Tlp 1 K ls Tls Eq. 17 L’analyse précédente nous a permis de montrer que la température radiométrique de l’antenne TA est déduite de la température incidente, affectée par le diagramme de rayonnement de l’antenne. En réalité, toute antenne présente des pertes ohmiques (ou autres) dont il faut tenir compte. Une partie de la puissance totale incidente (Pi) dans Rapport INRETS n° 250 25 Système millimétrique d'imagerie passive l’ouverture de l’antenne est absorbée par l’antenne (pertes) et le reste est traité telle une puissance utile (P0) portant la température radiométrique. L’efficacité de rayonnement Kl de l’antenne s’identifie donc au rapport de P0 à Pi : Kl P0 Pi et la température radiométrique réelle TA’ s’écrit : TA' K l TA 1 K l T0 Eq. 18 expression où T0 est la température physique de l’antenne. D’où : ' A T Kl Klp Tlp Kl 1 Klp Tls 1 Kl T0 Eq. 19 qui constitue la température radiométrique réelle se trouvant à l’entrée de l’étage d’amplification, après l’antenne. L’énergie générée par une scène ou par l’atmosphère est rayonnée d’une manière incohérente dans toutes les directions. Une part de cette énergie est reçue par l’antenne avec une température radiométrique TA’ (équation 19). D’après la loi de Nyquist, cette température globale de bruit possède une densité de puissance moyenne donnée par : P = K TA’ [W / Hz] Sachant qu’un bruit thermique est uniforme sur une large bande de fréquences nous procédons habituellement à la mesure de la puissance de bruit dans une bande de fréquences B correspondant à la bande passante du système de réception, d’où : TA' P KB [° K] Eq. 20 6 - Température de bruit équivalente du système Intéressons-nous maintenant à la puissance de bruit du système disponible à l’entrée du récepteur que nous appelons Psys sur la figure 9. Figure 9 - Bruit dans un récepteur généré par la scène, l’antenne et le récepteur. TA Kl Ligne d’accès TA Antenne ’ Récepteur Tréc ’ Tsys = TA + Tréc La puissance de bruit Psys est constituée de PA’, la puissance de bruit de la scène délivrée par l’antenne et de la puissance de bruit propre du récepteur Prec (en incluant les pertes ohmiques de la ligne de transmission entre l’antenne et le récepteur dans le facteur de bruit F global du système). Donc : Psys = Préc + PA’ 26 Eq. 21 Rapport INRETS n° 250 Principe de la radiométrie hyperfréquence L’équation 20 devient : PA' K K l TA 1 K l T0 B KTA' B Eq. 22 Du facteur de bruit global F du récepteur on peut déduire sa température de bruit équivalente Trec : Trec = (F-1)Tp expression où Tp constitue la température physique du récepteur. Préc s’écrit donc : Préc = K Tréc B = K(Tp(F-1))B Eq. 23 En considérant que le récepteur et l’antenne présentent la même température physique (la température ambiante généralement T0 = Tp) on peut alors écrire : Psys K>Kl TA 1 Kl T0 @B K>F 1T0 @B K Kl TA T0 F Kl B KTsys B ' A Eq. 24 K T Trec B Tsys est la température de bruit équivalente du système. Elle représente toute l’énergie que le radiomètre détecte. Le signal « utile » se trouve dans le terme Kl TA qui inclut aussi la contribution des lobes secondaires de l’antenne. Il apparaît donc clairement qu’afin d’optimiser la mesure de la température d’une scène vue par le lobe principal de l’antenne il faut réduire le niveau des lobes secondaires, utiliser une antenne à faibles pertes et surtout réduire au maximum le bruit propre du récepteur (F) qui dégrade la sensibilité thermique du radiomètre. Ceci constitue un processus similaire à celui d’amélioration des performances en sensibilité d’un récepteur (MDS Minimum Discernable Signal). Ici, les problèmes de distorsion d’intermodulation interviennent peu, aucun signal puissant n’étant normalement présent dans la bande de réception. 7 - Fonctionnement du radiomètre Le rôle du radiomètre consiste à mesurer la température radiométrique de l’antenne contenant l’information de la température de la scène. Cette mesure est caractérisée par deux paramètres principaux : l’exactitude (droite d’étalonnage) et la précision (sensibilité thermique). 7.1 - Exactitude des mesures La vérification de l’exactitude des mesures radiométriques est réalisée en établissant la fonction de transfert du radiomètre. Cette fonction consiste à mesurer le signal de sortie du récepteur en fonction de la température de bruit équivalente d’une source placée à l’entrée du système ainsi qu’illustré figure 10. Rapport INRETS n° 250 27 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 10 : Calibrage du radiomètre et droite d’étalonnage. TA’ Récepteur Vs Vs TCAL Charge de calibrage Configuration de calibrage Tc (K) TH (K) TCAL (K) Droite d’étalonnage Dans les systèmes radiométriques, les détecteurs quadratiques sont souvent utilisés. Le signal de sortie Vs devient donc directement une tension proportionnelle à la puissance de bruit (et donc à sa température) présente à son entrée. La tension de sortie du radiomètre (supposé adapté à son entrée) s’écrit en fonction de la température de calibrage Tcal : Vs a.Tcal b Eq. 25 Cette droite, appelée droite d’étalonnage, sert ainsi à convertir la tension de sortie du radiomètre (lorsque l’entrée du récepteur est connectée à l’antenne) en température apparente de l’antenne TA’. En pratique, afin de tracer la droite de calibrage, il suffit de mesurer deux températures, la première appelée température froide (TC) et la deuxième nommée température chaude (TH). Idéalement, la température froide (respectivement chaude) doit être inférieure (respectivement supérieure) à toutes les valeurs qu’on envisage de mesurer avec le radiomètre. L’estimation de la température TA’ dépend à la fois de la précision et surtout de la stabilité en fonction du temps de la température de la charge de calibrage Tcal. Une attention particulière est apportée à la valeur de la température chaude afin de ne pas dépasser la zone linéaire du récepteur. La nonlinéarité ne constitue pas normalement un problème dans les circuits radiométriques du fait des faibles niveaux détectés. Cependant, une désadaptation entre les différents circuits ou une émission indésirable dans la bande d’opération du radiomètre peuvent également générer des non-linéarités. Cette mesure est appelée aussi la mesure de la sensibilité continue du radiomètre. Elle est souvent exprimée en mV / ° K. 7.2 - Précision des mesures (sensibilité radiométrique) La précision des mesures radiométriques définit la capacité du radiomètre à détecter les faibles variations de la puissance (température) thermique de la scène. Les variations de l’intensité des émissions thermiques peuvent être largement inférieures à la puissance du bruit propre du radiomètre. Plusieurs techniques radiométriques ont été élaborées afin de mesurer ces faibles contrastes d’émission avec un certain degré de précision. Cette précision (appelée sensibilité du radiomètre) est définie comme étant la plus petite variation de la température apparente décelable par le radiomètre produisant une variation mesurable du niveau de son signal de sortie. Il s’agit donc d’une caractéristique déterminante des performances du radiomètre. Sa valeur dépend aussi bien de l’architecture du système radiométrique utilisée que de l’application envisagée. 28 Rapport INRETS n° 250 Principe de la radiométrie hyperfréquence Pour les objets terrestres dont l’émissivité est comprise sensiblement entre 0,2 < H < 0,7, le champ de variation de leurs températures est donc réduit en conséquence. Pratiquement, on trouve une plage de températures allant de 150 à 300° K en tenant compte des atténuations atmosphériques. Une sensibilité thermique de l’ordre de 1° K est donc indispensable si une cartographie thermique précise d’une scène est requise. Etablissons maintenant, dans un second chapitre, l’expression mathématique de la sensibilité radiométrique du radiomètre à puissance totale dont sont déduites toutes les sensibilités des différents systèmes radiométriques actuels. Rapport INRETS n° 250 29 Chapitre 2 Systèmes et sensibilités radiométriques Dans cette partie, nous décrivons les systèmes radiométriques les plus utilisés, le radiomètre à puissance totale, le radiomètre de Dicke et le radiomètre à addition de bruit. La procédure statistique que nous utilisons afin de définir la sensibilité radiométrique met en évidence l’effet du facteur de bruit de la chaîne RF, de la bande passante RF du bruit et l’importance du temps d’intégration sur la sensibilité du capteur. 1 - Radiomètre à puissance totale Le schéma synoptique du radiomètre à puissance totale (Total Power Radiometer) est illustré figure 11. Figure 11 : Schéma synoptique du radiomètre à puissance totale. Ampli BF intégrateur LNA Filtre RF mélangeur FI RF Ta’ Antenne OL Détecteur quadratique Signal de sortie Détection hétérodyne Ampli BF intégrateur LNA Filtre RF LNA RF Ta’ Antenne Détecteur quadratique Signal de sortie Détection directe L’énergie captée par l’antenne est soit amplifiée et détectée directement (détection directe) soit transposée à une fréquence intermédiaire (FI) par un mélangeur où elle est Rapport INRETS n° 250 31 Système millimétrique d'imagerie passive amplifiée et détectée plus aisément. Un détecteur quadratique transforme la puissance RF en une tension basse fréquence, un intégrateur collecte l’information radiométrique qui est à son tour envoyée vers un microprocesseur pour un traitement numérique spécifique. Le signal délivré par l’antenne est généralement très large bande comparé à la bande passante du radiomètre. Si un mélangeur est utilisé, deux détections sont possibles : 1- Une détection à bande latérale unique (single side band, SSB) 2- Une détection à double bande latérale (double side band, DSB) Dans le premier cas, seule la moitié de la bande de fréquence RF est exploitée en voie FI. La seconde moitié est rejetée soit par l’ampli RF, soit par le filtre RF soit par le mélangeur lui-même, selon son architecture. Figure 12 - Détection à doubles bandes latérales. Densité spectrale en voie RF 'F FL – FIF 'F FL FL + FIF RF IF FIF FL OL Dans le deuxième cas, la voie FI traite les deux bandes latérales autour de la fréquence FI ainsi que montré figure 12. La puissance du signal d’entrée est pratiquement le double de celle du premier cas (SSB), ce qui explique que les températures de bruit équivalentes des deux systèmes sont liées par : TDSB 1 TSSB 2 Eq. 26 et le facteur de bruit d’un récepteur à double bande latérale est lié à celui du récepteur à bande latérale unique par : FDSB 1 FSSB 1 2 Eq. 27 Cette comparaison rapide entre les types de récepteurs radiométriques à puissance totale permet le choix de l’un ou de l’autre en fonction de l’application envisagée. Pour le récepteur à double bande latérale, la puissance détectée en voie FI est deux fois plus importante que pour un récepteur à bande latérale unique, ce qui explique que cette solution est souvent retenue pour les applications radiométriques lorsqu’il n’existe pas de brouilleurs dans la bande image. La bande passante est limitée par un filtre passebande. Elle est typiquement de 1 à 10 % de la fréquence centrale F0. La figure 13 illustre les formes d’ondes ainsi que la densité spectrale de puissance du signal à chaque étage de la chaîne de réception. Avant d’être détecté par le détecteur quadratique, le signal RF (VIF) est un bruit thermique, de densité gaussienne de probabilité. 32 Rapport INRETS n° 250 Systèmes et sensibilités radiométriques Figure 13 - Formes d’ondes de la tension et spectres correspondants dans différents étages du radiomètre à puissance totale. Dans le cas de l’utilisation d’un détecteur quadratique, ce qui correspond à la majorité des cas dans les chaînes de réception, la tension de sortie est proportionnelle à la puissance de l’enveloppe positive ou négative du signal RF d’entrée. La fonction de distribution de cette enveloppe est de type Rayleigh. La tension en sortie du détecteur quadratique est donnée par : Vd JVIF2 JPRF (Z0 = 1 :) Eq. 28 expression où J constitue la sensibilité continue du détecteur quadratique [V / W]. La valeur moyenne de Vd peut s’écrire : Vd J VIF2 2 JV 2 J PRF JKTsys BG Eq. 29 qui représente la valeur moyenne de la puissance d’entrée Psys (équation 24), à des facteurs multiplicatifs près. Afin de limiter la puissance de bruit parasite en sortie de détecteur, on procède à un filtrage des fluctuations de tension autour de Vd , soit par un filtrage analogique avec un temps d’intégration W, soit par échantillonnage numérique du signal Vd et moyennage sur un nombre déterminé d’échantillons. On peut montrer que le moyennage d’un nombre N d’échantillons dans le cas d’un traitement numérique du signal est lié au temps d’intégration W dans le cas d’un filtrage analogique par : N=BW Eq. 30 Expression où B constitue la bande passante [Hz] de la partie RF du récepteur. Rapport INRETS n° 250 33 Système millimétrique d'imagerie passive Considérons le cas où le détecteur quadratique est suivi par un filtrage analogique passe-bas. Les analyses statistiques montrent que l’intégration d’un signal aléatoire de bande de fréquence B sur un temps d’intégration W réduit sa variance normalisée par le carré de sa valeur moyenne d’un facteur BW. En décomposant le signal de sortie du filtre en la somme d’une tension continue Vout et d’une fluctuation Vac : Vout Vac ( t ) Vout le rapport 2 V out Vout 2 V out Vout 2 2 est relié à V d2 Vd 2 par : V d2 1 2 V BW Eq. 31 d 2 expression où Vout constitue l’écart type de Vout. Or, V d V out Vout 2 Vd d’où: 1 BW Eq. 32 Le filtre passe-bas réduit les fluctuations alternatives du signal Vd tout en affectant le niveau continu Vd par sa fonction de transfert Gf. On peut écrire Vout sous la forme : Vout Vd .G f Eq. 33 L’équation 29 nous donne : Vout G f JKTsys BG G sys Tsys Eq. 34 Donc, la température de la scène est contenue dans la mesure de Vout . En écrivant : V out 'Tsys Tsys 'Tsys il vient : 1 BW Eq. 35 Ceci est vrai à condition que le terme Gsys (fonction de transfert du système) soit constant. 'Tsys est considérée telle la variation minimale de Tsys produisant une variation du niveau continu à la sortie du radiomètre ( Vout ) égale à l’écart type des fluctuations dynamiques de la sortie Vout. Autrement dit, 'Tsys constitue la variation minimale de la température de la scène TA’ décelable par le radiomètre. 1.1 - Effet des fluctuations du gain RF du récepteur Lors de l’établissement de la forme de la sensibilité du radiomètre à puissance totale (équation 35), nous avons supposé que l’incertitude sur les mesures provient uniquement du bruit thermique du système. En réalité, ceci n’est pas tout à fait vrai. En effet, les variations de la température ambiante environnant le système ainsi que les faibles fluctuations de la tension de polarisation induisent de nouvelles incertitudes dues 34 Rapport INRETS n° 250 Systèmes et sensibilités radiométriques aux instabilités du gain RF des amplificateurs. Statistiquement, on définit la valeur quadratique moyenne (rms) de cette nouvelle incertitude sur la mesure de TA’ par : 'TG § 'G · Tsys ¨ ¸ © G ¹ Eq. 36 expression où G constitue le gain en puissance moyen de l’étage RF du radiomètre et 'G représente les variations efficaces du gain RF en puissance. Puisque 'TG et 'Tsys sont statistiquement indépendants, on peut écrire l’incertitude globale sur la mesure de la température 'Tmin (rms) du radiomètre à puissance totale sous la forme : 'Tmin >'T 2 sys 'TG 2 @ 1 2 Eq. 37 1 ª 1 § 'G · 2 º 2 Tsys « ¨ ¸ » ¬« BW © G ¹ ¼» 'Tmin représente la sensibilité thermique du radiomètre à puissance totale sans calibrage. On constate que cette sensibilité est marquée par les variations du gain RF. Le facteur 'G est dominant sur le facteur 1 . En conséquence, toute variation de G BW gain 'G autour de G sera interprétée telle une variation de la température de la scène proportionnelle à 'Tsys Tsys 'G . L’amélioration de la sensibilité des radiomètres G passe par la diminution de l’effet de ces fluctuations du gain et donc par un calibrage périodique du radiomètre. Dicke a été le premier à identifier ce problème en 1946. Il a proposé une méthode de calibrage fondée sur l’utilisation d’une source de bruit auxiliaire portée à une température stable de référence. 1.2 - Analyse statistique du calibrage - Radiomètre de Dicke La procédure de calibrage imaginée par Dicke est primordiale pour le bon fonctionnement d’un radiomètre et permet, grâce à une méthode différentielle, la mesure des émissions thermiques d’objets ayant une puissance largement inférieure à la puissance de bruit propre du radiomètre. En effet, on peut écrire la tension à l’entrée du radiomètre Vr telle la somme du signal utile Vs et du signal de bruit VN : Vr = Vs + VN Vs et VN étant des signaux aléatoires, la puissance moyenne résultante devient donc la somme de la puissance moyenne du signal utile PS et de la puissance moyenne du bruit PN : Pr PS PN § 1 · PS ¨¨1 ¸¸ © Sn ¹ Expression où Sn constitue le rapport signal à bruit. L’utilisation d’un détecteur quadratique dans la chaîne de réception permet d’obtenir à sa sortie un signal dont la distribution (en tension ou en puissance) est de type exponentiel et dont l’écart type est égal à sa valeur moyenne : On peut écrire aussi Pr sous la forme Pr Rapport INRETS n° 250 35 Système millimétrique d'imagerie passive § 1 · PS ¨¨1 ¸¸ © Sn ¹ En utilisant un filtre passe-bas de temps d’intégration W, ou bien en moyennant numériquement sur un nombre N d’échantillons du signal de sortie du détecteur quadratique, l’écart type du signal résultant s’écrit donc : V Pr PS § PS § 1 · 1 · Eq. 38 ¨¨1 ¸¸ ¨¨1 ¸¸ S S BW © N© n ¹ n ¹ Pour revenir au signal utile, on peut estimer que sa puissance est égale à la différence entre la puissance totale reçue et celle fournie par le bruit seul : Vr Eq. 39 Pr PN Sachant que la variance de la somme et de la différence des signaux aléatoires sont identiques, on peut écrire la variance de la puissance moyenne du signal PS sous la forme : PS V S2 V 2r V 2N Eq. 40 Le calibrage se fonde sur le principe suivant. On effectue deux mesures séparées : la première consiste à moyenner le signal de sortie du radiomètre pendant un temps W lorsque l’entrée est connectée à l’antenne. On mesure ainsi le signal utile plus le bruit du récepteur. La variance de ce signal est déduite de l’équation 38. La deuxième mesure consiste à moyenner pendant le même temps W la sortie du radiomètre lorsque son entrée est connectée à une source de bruit de référence ayant une température de bruit connue. Une comparaison entre ces deux mesures permet de déduire la valeur de la puissance de bruit propre du récepteur qui est caractérisée par une variance (après moyennage), Pn V 2n BW V 2n En substituant 2 V S2 Or PS BW PN § 1 ¨¨1 © Sn V 2r et par leurs valeurs dans l’équation 40 on obtient : 2 · PN ¸¸ ¹ BW Eq. 41 §P PS ¨¨ N © PS peut s’écrire : PN · ¸ ¸ ¹ PS SN L’équation 41 devient donc : 2 V 2 S PS BW § 1 ¨¨1 © Sn 2 · PS ¸¸ ¹ BW § 1 ¨¨ © Sn · ¸¸ ¹ d’où la forme finale de la fluctuation relative du signal utile : VS PS 36 § 1 ¨¨1 S n © 2 · § 1 ¸¸ ¨¨ ¹ © Sn BW · ¸¸ ¹ 2 Eq. 42 Rapport INRETS n° 250 Systèmes et sensibilités radiométriques La précision finale obtenue dépend à la fois du rapport signal à bruit à l’entrée du radiomètre, de la bande passante RF du bruit et du temps d’intégration. Pour les applications radiométriques, nous avons affaire à des signaux ayant des puissances inférieures à celle du bruit du récepteur. Le facteur Sn est donc inférieur à l’unité. Néanmoins, cette dégradation de Sn peut être compensée par le choix d’une bande de fréquence RF large et / ou en effectuant un moyennage analogique (W) ou numérique (N) suffisant afin d’obtenir la précision de mesure indiquée par l’équation 42. 2 - Radiomètre de Dicke La technique proposée par Dicke consiste à éliminer les variations du gain RF des amplificateurs en commutant l’entrée du radiomètre entre l’antenne et une charge de référence adaptée portée à une température constante ainsi qu’illustré figure 14. Un démodulateur synchrone est placé entre le détecteur quadratique et l’intégrateur BF. Ainsi, la sortie est proportionnelle à la différence des températures de l’antenne et de la charge de référence. La fréquence de commutation Fs est choisie supérieure à la fréquence la plus élevée de la densité spectrale de la variation du gain de puissance du radiomètre. Par conséquent, durant une période du signal de calibrage, lorsque l’entrée est connectée à l’antenne et à la charge de référence, on peut considérer que le gain du système reste constant. Figure 14 - Schéma synoptique du radiomètre de Dicke. Commutateur LNA Détection Synchrone Filtre RF Intégrateur BF IF Ta Antenne OL Détecteur quadratique Tréf Signal de sortie Signal périodique de calibration Trois sources d’incertitude interviennent sur la détermination de la sensibilité thermique du radiomètre de Dicke : 1- l’incertitude sur la mesure de la température de l’antenne durant un temps d’intégration égal à la demi-période de commutation, W / 2, implique une sensibilité similaire à celle trouvée pour le radiomètre à puissance totale : 'Tant Tsys BW 2 2 TA' Trec BW 2- l’incertitude sur la température mesurée lorsque l’entrée est commutée vers la charge de référence Tréf : 'Tréf 2 Tréf Trec BW Rapport INRETS n° 250 37 Système millimétrique d'imagerie passive 3- et finalement l’incertitude sur la différence de température entre l’antenne et la référence de température due à la variation du gain. La tension continue à la sortie du démodulateur synchrone s’écrit : Vds V Vréf ant Eq. 43 or, selon l’équation 29 on peut écrire Vant JGKB TA' Trec Vréf JGKBTréf Trec Vant pour pour et Vréf sous la forme : 0dtd W 2 W dtdW 2 l’équation 43 se transforme en : Vds JGKBTA' Tréf G S TA' Tréf Eq. 44 par conséquent, l’incertitude sur la mesure de la température due à la variation du gain Gs s’écrit : 'TG 'G S TA' Tréf Etant donné que ces trois incertitudes sont statistiquement indépendantes, on peut donc écrire l’incertitude globale du système de Dicke de la façon suivante : 'T ª 2 T ' T 2 2T T 2 § 'G · 2 réc réf réc S ¸¸ TA' Tréf « A ¨¨ W B G «¬ © S ¹ 2 º » »¼ 1 2 On constate que les variations du gain sont pondérées par le facteur (TA’ - Tréf) différence de température entre l’antenne et la charge de référence. Si la condition TA’ Tréf = 0 est atteinte, on s’affranchit complètement des effets des fluctuations du gain RF et on retrouve la sensibilité du radiomètre équilibré de Dicke : 'T 2 TA' Tréc Eq. 45 BW Plusieurs solutions ont été élaborées afin de réaliser l’équilibrage entre la température de l’antenne et la température de la charge de référence. On note par exemple la méthode fondée sur l’injection de bruit par impulsion, la méthode permettant le contrôle de la température de référence par un atténuateur et d’autres solutions. Le radiomètre de Dicke reste néanmoins la brique fondatrice de tous ces systèmes. Tous les systèmes cités ci-dessus font appels à des composants passifs supplémentaires en tête de la chaîne d’amplification RF tels que les commutateurs et les atténuateurs. Aux fréquences millimétriques, ces composants et surtout les commutateurs actuels présentent un facteur de bruit lié aux pertes qui est au moins de 2 dB. Le profit apporté par l’annulation du terme 'G / G est annulé par l’augmentation de la température du bruit équivalente du récepteur et, par conséquent la dégradation de la sensibilité thermique du radiomètre. Il importe donc d’employer une autre solution. 38 Rapport INRETS n° 250 Systèmes et sensibilités radiométriques 3 - Radiomètre à addition de bruit La technique radiométrique illustrée figure 15 dite à addition de bruit proposée par Batelaan en 1974 semble être la solution optimale à l’heure actuelle pour notre application. Le radiomètre ne comporte pas de commutateur à son entrée mais un coupleur directif afin d’injecter le bruit d’une source de calibrage. On peut donc, à l’entrée du récepteur, limiter les pertes à celles ohmiques, diélectriques et de couplage de la ligne liant l’antenne à l’amplificateur. Figure 15 - Schéma synoptique du radiomètre à addition de bruit. Coupleur LNA Détection Synchrone Filtre RF Intégrateur BF Ta Détecteur quadratique Antenne Signal de sortie Signal périodique de calibration TN La valeur théorique de la sensibilité du radiomètre à addition de bruit est donnée par : 'Tmin 2. TA' Tréc BW ª TA' Tréc º «1 » TN ¼ ¬ Eq. 46 La sensibilité ne dépend donc plus des variations du gain 'G. Un choix judicieux de la température de bruit ajouté permet d’améliorer la valeur de la sensibilité et d’atteindre une valeur théorique minimale égale à deux fois la sensibilité idéale du radiomètre à puissance totale de bruit : Tmin 2 Tsys B.W On constate par ailleurs que la sensibilité du système est améliorée s’il remplit les conditions suivantes : - Une faible valeur de la température de bruit équivalente du système. Autrement dit, un facteur de bruit global faible; - une large bande passante RF : B; - un temps d’intégration important : W. Rapport INRETS n° 250 39 Système millimétrique d'imagerie passive 4 - Choix de la bande de fréquence optimale L’application envisagée pour le radiomètre consiste à fournir une image dynamique d’une scène située à une centaine de mètres, par différentes conditions météorologiques. Le choix de la bande de fréquences d’opération du radiomètre s’avère donc dicté par : 1- l’atténuation atmosphérique; 2- la résolution spatiale de l’image radiométrique; 3- la maturité des technologies microélectroniques; 4- la brillance maximale des corps (loi de Planck). 4.1 - L’atténuation atmosphérique L’atténuation atmosphérique est due essentiellement à deux phénomènes l’absorption et la dispersion. L’absorption atmosphérique dépend d’une part de la fréquence d’opération et, d’autre part de la constitution des gaz de l’atmosphère examinée. La dispersion dépend elle de la taille de la forme et des propriétés électromagnétiques des objets et aussi de la fréquence. Prenons l’exemple de la pluie : les gouttes d’eau réfléchissent à l’interface eau-air l’énergie électromagnétique émise par les objets. Plus la chute d’eau devient importante, plus la dispersion l’est aussi. En général, le phénomène de dispersion est négligeable aux fréquences millimétriques. Par conséquent on s’intéresse aux fenêtres fréquentielles présentant le minimum d’absorption et ce en dépit du fait que peu d’études aient été menées en vue de la caractérisation fine de ces phénomènes. Figure 16 - Atténuation atmosphérique par temps. 40 Rapport INRETS n° 250 Systèmes et sensibilités radiométriques Figure 17 - Atténuation atmosphérique par temps de brouillard et de pluie (dessous) . La figure 16 représente les atténuations atmosphériques par temps clair entre 10 et 106 GHz, et la figure 17 présente les pertes supplémentaires mesurées par temps de brouillard et de pluie. On remarque que l’atténuation augmente par temps clair entre 10 GHz et 1 THz, qu’ensuite, une zone d’atténuation relativement constante survient entre 1 et 10 THz, enfin une forte décroissance existe en bande infrarouge thermique (IR). On repère également quelques pics d’atténuations situés entre les bandes IR et visible. De 10 GHz à 1 THz, on distingue une remontée importante de l’atténuation autour de 60, 120, 180 et 320 GHz. Les absorptions à 60 et 120 GHz sont dues respectivement à la résonance des molécules d’oxygène et de vapeur d’eau. Ces bandes de fréquences sont exploitées par les radars destinés aux applications météorologiques (mesures de la teneur de l’atmosphère en vapeur d’eau) et par les systèmes nécessitant des communications sécurisées. Par contre, des minima d’absorption se produisent autour de 35, 95, 140, 220 et 350 GHz. Les radars de télédétection à longue distance et les systèmes d’imagerie sont donc conçus afin de fonctionner dans ces bandes de fréquences. En ajoutant les atténuations produites par le brouillard et la pluie (figure 17) on constate que la visibilité peut être complètement masquée dans la bande IR ou le visible cependant que les fenêtres de minima d’absorption citées ci-dessus deviennent seulement légèrement atténuantes en gamme millimétrique. L’effet d’une pluie modérée augmente avec la fréquence, jusque vers 200 GHz puis, reste relativement constant. L’impact de l’effet du brouillard suit la croissance de la fréquence. On en déduit donc qu’un fonctionnement tout temps d’un imageur passif peut être assuré dans les fenêtres de propagation autour de 10, 35, 94 voire 220 GHz. A ce jour, les progrès de la technologie des composants microélectroniques permettent de réaliser des amplificateurs à faible bruit et à fort gain. En ce qui concerne la bande de fréquences RF, elle dépend essentiellement des largeurs de bandes autorisées pour effectuer des mesures radiométriques. La bande de fréquences la plus Rapport INRETS n° 250 41 Système millimétrique d'imagerie passive large utilisée actuellement se situe autour de 94 GHz et est de l’ordre 10 GHz. Elle est utilisée pour des applications de surveillance militaire. Le meilleur compromis actuel se situe autour de 94 GHz mais les fenêtres de propagation à 140 et 220 GHz peuvent également présenter un intérêt dans les années à venir. Quant au temps d’intégration, il est fonction de l’application envisagée. Un radiomètre dédié aux applications radio-astronomiques peut observer les étoiles lointaines plusieurs secondes voire plusieurs minutes avant de fournir une image de la scène quasi-statique acquise pendant cette durée. Dans notre cas, nous envisageons la surveillance du trafic sur une autoroute par mauvaises conditions climatiques ou à plus long terme, l’installation d’un radiomètre à bord d’un véhicule afin d’offrir un outil supplémentaire passif d’aide à la conduite par temps de brouillard ou pluvieux. Dans ces deux situations, l’évolution de la scène observée par le radiomètre (véhicules roulant à plus de 100 km/h) impose une imagerie temps réel. En effet, suivre l’évolution des objets constitutifs de la scène routière requiert une fréquence de rafraîchissement des images voisine d’une cadence vidéo classique. Dès lors, ce temps d’intégration doit être limité. Nous nous sommes fixés un objectif de 40 ms. 4.2 - Résolution spatiale La deuxième caractéristique du radiomètre, fonction de sa fréquence d’opération, est constituée par sa résolution spatiale. Selon les lois de l’optique, la résolution spatiale est atteinte lorsque le système arrive juste à séparer deux éléments d’un objet sous test. Dans un système radiométrique, la résolution spatiale correspond à la surface couverte par le faisceau de l’antenne à mi-puissance. Dans le cas d’une antenne directive, la surface d’une cellule au sol illuminée par l’antenne en visée verticale est donnée par : A cel h2 2 | S T3dB 4 expression où h constitue la distance séparant l’antenne au sol, et T3dB est l’angle du lobe principal à mi-puissance. Afin de s’affranchir des variations de la résolution spatiale en fonction de la hauteur h, on considère l’angle d’ouverture du lobe principal du diagramme de rayonnement à mi-puissance T3dB : T 3dB k O l (radians) expression où l est le côté d’une ouverture carrée ou le diamètre d’une ouverture circulaire de l’antenne, O est la longueur d’onde et k est une constante comprise entre 0,88 et 2 selon la forme de l’antenne. Il s’ensuit que, pour une ouverture constante, la résolution du radiomètre augmente en fonction de la fréquence. Les ondes millimétriques offrent donc une résolution d’images supérieure à celle des micro-ondes, ou, à résolution similaire, permettent l’emploi d’une antenne de taille inférieure. 4.3 - Maturité des technologies microélectroniques Des amplificateurs monolithiques faible bruit en bande W ont été développés à l’IEMN en filière HEMT adaptée en maille sur InP avec une longueur de grille de 0,1 µm en technologie coplanaire. Les meilleurs résultats ont donné un facteur de bruit 42 Rapport INRETS n° 250 Systèmes et sensibilités radiométriques de 3,3 dB avec un gain associé de 12,2 dB. Leur consommation est de l’ordre de 25 mW par amplificateur, ce qui situe ces résultats à l’état de l’art mondial. En conclusion de cette présentation des différents paramètres influant sur les performances du radiomètre il apparaît, dans l’état de développement actuel de la technologie des composants millimétriques, que la bande de fréquence centrée sur 94 GHz présente le meilleur compromis entre résolution spatiale et atténuations atmosphériques. On peut aussi justifier le fonctionnement à une fréquence si élevée par la très faible longueur d’onde correspondante qui permet de réaliser des antennes primaires de taille réduite (quelques millimètres) ce qui s’avère déterminant pour un réseau plan focal. Cependant, au début de cette étude, les amplificateurs faible bruit à 94 GHz n’étaient pas disponibles, nous disposions toutefois d’amplificateurs faible bruit en bande V (50 – 60 GHz). Nous avons dès lors choisi d’assembler le démonstrateur millimétrique de cette étude dans la bande radiométrique 52 – 53 GHz afin de valider, dans les délais impartis, la partie optique du système et d’optimiser les algorithmes de traitement d’images développés spécialement pour cette application. Rapport INRETS n° 250 43 Chapitre 3 Etalonnage et sources de calibrage Pour l’application en transport terrestre visée et en particulier sa contrainte de mesure en temps réel, nous avons montré, au chapitre précédent, que le calibrage du capteur constitue un enjeu majeur si l’on souhaite obtenir le niveau de sensibilité requis. Aussi, avant de passer à la réalisation du prototype en gamme millimétrique, nous consacrons ce troisième chapitre à cet aspect du problème. Nous validerons en particulier une méthode de calibrage mise en œuvre sur un radiomètre réalisé en plus basse fréquence, vers 4 GHz. Afin de générer la puissance de bruit nécessaire au calibrage, deux types de charge de référence peuvent être employées: les sources passives et les sources actives. 1 - Les sources passives Cette catégorie de sources se rapporte aux composants délivrant une puissance de bruit sans nécessiter de polarisation par un générateur externe. Le composant le plus utilisé est la résistance adaptée portée à une température constante stabilisée. Celle-ci délivre une puissance de bruit donc une température de bruit équivalente égale à sa température physique. Le calibrage du radiomètre s’accomplit en utilisant deux charges de référence. La première est portée à une température plus élevée que celle à mesurer par le radiomètre dans la scène observée. Ceci est réalisé dans la majorité des cas par l’utilisation de fours à température stabilisée. La deuxième référence est une résistance froide immergée dans un liquide tel que l’azote ou l’hélium liquide ayant des températures de 77,4° K et 4,2° K respectivement. Il existe aussi des méthodes de calibrage assez complexes utilisées dans les radiomètres embarqués à bord des satellites. Celles-ci exploitent une voie de calibrage comportant un commutateur basculant l’entrée récepteur alternativement entre un cornet dirigé vers le ciel afin de capter la température froide résiduelle du ciel (2,7° K) et une charge adaptée chauffée à température constante. Cette méthode est complexe et nécessite la connaissance exacte des pertes de chaque composant du système. Elle s’avère peu applicable au sol. 2 - Les sources actives Une source de bruit est dite active lorsqu’elle génère une puissance de bruit par l’application d’une polarisation externe. On trouve dans cette filière des diodes à Rapport INRETS n° 250 45 Système millimétrique d'imagerie passive avalanche polarisées en inverse ainsi que des transistors adaptés dans les zones du maximum de facteur de bruit. En absence de polarisation, ces composants s’identifient à une charge passive placée à température ambiante. Dès que polarisés, ils génèrent une puissance de bruit équivalent à celle d’une charge passive portée à une température de plusieurs milliers de degrés Kelvin. On quantifie le bruit généré par ces composants par le rapport d’excès du bruit ajouté (ang. Excess Noise Ratio, ENR) défini par l’équation 48 : ENR PN P0 P0 KBTN T0 T0 TN 1 T0 Eq. 48 expression où PN constitue la puissance de bruit générée par la diode lorsqu’elle est polarisée, TN est la température de bruit équivalente correspondante (température chaude), P0 est la puissance du bruit thermique de la diode non polarisée et à température ambiante T0 (température froide). La conception de sources actives de bruit à base de transistors FET a été développée en s’appuyant sur leurs modèles équivalents de bruit. Une adaptation convenable du transistor permet d’avoir une température froide sur sa grille et chaude sur son drain. On obtient ainsi des valeurs de 105° et 1000° K pour les températures froide et chaude. Ces résultats ont été obtenus à 22 GHz. 3 - Calibrage L’objectif de cette étape est de démontrer la faisabilité de la méthode de calibrage du radiomètre par addition de bruit en temps réel. Initialement, nous avons testé une méthode de calibrage qui consiste à chauffer une résistance placée dans l’ouverture de l’antenne du radiomètre. Afin d’évaluer cette méthode nous avons utilisé un radiomètre spécifique fonctionnant à 4 GHz. Une résistance de 50 :, puis une diode à avalanche ont été successivement employées afin de générer le bruit nécessaire au calibrage. 4 - Réalisation d’un radiomètre à addition de bruit La meilleure solution adaptée aux gammes micro-ondes et millimétriques destinée à calibrer le radiomètre par addition de bruit réside dans l'utilisation d'un coupleur directif. On intègre ainsi la résistance source de bruit dans la chaîne de détection. Pour cela, nous avons réalisé un premier système spécifique fonctionnant dans la bande 3 GHz à 5 GHz. Ceci nous a permis de vérifier toutes les fonctionnalités de la chaîne sans être obligé dans cette étape de validation du processus de calibrage d'utiliser une technologie millimétrique performante. La totalité des fonctions a été réalisée en intégration hybride de composants MMIC actifs commerciaux. Le schéma du radiomètre à addition de bruit développé à 4 GHz est illustré figure 18. 46 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage Figure 18 - Schéma synoptique du radiomètre à addition de bruit réalisé. Coupleur LNA Détection Synchrone Filtre RF Intégrateur BF Ta Détecteur quadratique Antenne 50: Signal de sortie Signal périodique de calibration Le radiomètre est formé de : x une antenne de réception, x un amplificateur faible bruit (LNA) commercial (Gain # 20dB, facteur de bruit # 2,2dB), x un filtre passe bande de type Tchebichev réalisé avec des stubs en court-circuit, x un détecteur quadratique commercial, x un détecteur synchrone BF. Le signal capté par l’antenne et le bruit généré par la source de bruit TN sont amplifiés simultanément par l’amplificateur faible bruit (LNA). La bande passante du système est définie par celle du filtre passe-bande (3 GHz - 5 GHz). Après détection quadratique, le signal basse fréquence (BF) est amplifié de nouveau par des amplificateurs opérationnels faible bruit et, la mesure finale de la valeur du signal détecté s’effectue après une intégration par un filtre passe-bas ou directement par un traitement numérique spécifique. La sensibilité du radiomètre, qui représente la variation minimale de la température décelable, est donnée par l’équation précédente 46 : 'Tmin 2 Tsys ª Tsys º «1 » B.W ¬ TN ¼ expression où Tsys constitue la température de bruit équivalente du système, B la bande passante RF du radiomètre, W le temps d’intégration fixé à 40 ms pour une image vidéo et TN la température équivalente du bruit ajoutée par le source de bruit de calibrage du système. La solution adoptée afin de pouvoir injecter un bruit dans le système consiste à utiliser un coupleur de directivité égale à 10 dB. La source de bruit est insérée sur la voie couplée. Ceci incite à utiliser une source de bruit présentant un excès de température de bruit important afin de compenser ces pertes de couplage de 10 dB. Afin d’évaluer avec une bonne précision la sensibilité du radiomètre et l’effet du calibrage, nous avons caractérisé chaque circuit à part puis, effectuer la caractérisation globale du facteur de bruit et du gain du récepteur. Rapport INRETS n° 250 47 Système millimétrique d'imagerie passive 5 - Antenne Vivaldi Après étude, une technologie dite de Vivaldi est proposée afin de réaliser chaque antenne de radiomètre élémentaire. Le schéma global de l’antenne Vivaldi active développée apparaît figure 19. L’antenne comporte une ligne fente de forme progressive décrivant un arc de cercle de longueur égale à la moitié de la longueur d’onde (O0 = 7,5 cm), une transition lignes fente-microruban d’adaptation et un coupleur 10 dB qui sert à injecter la puissance de bruit additif de la résistance. Le substrat est de type TMM6 de permittivité diélectrique 6 et d’épaisseur 375 Pm. Il présente de faibles pertes dans la bande de fréquences 3 à 5 GHz. Figure 19 - Dessin de l'antenne Vivaldi, conçue avec une transition slotlinemicrostrip et un coupleur 10 dB intégré sur la face arrière. O0 0.5 O0 fente 70: Zc1 ~ 60: stub 70: Sortie RF en connectiqueSMA Zc = 50: Ls Lm O/4 O/2 Entrée de bruit additif Des études détaillées montrent que cette catégorie d’antennes à ondes progressives rayonne d’une façon optimale si le rapport de son épaisseur effective notée teff sur la longueur d’onde obéit à la formule empirique suivante : 0,005 t eff O0 Hr 1 t 0,03 O0 Eq. 49 à 4 GHz on trouve un rapport optimal sensiblement égal à 0,01. 48 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage Le deuxième paramètre de l’antenne à définir réside dans sa longueur. Sachant que pour les antennes à ondes progressives, le gain est proportionnel à la longueur et en tenant compte du fait que ces antennes constitueront des sources d’illumination d’une optique directive, une directivité importante n’est pas requise. Au contraire, un diagramme de rayonnement assez large est préféré afin d’obtenir une illumination optimale de l’optique directive. Nous avons choisi une longueur égale à la demilongueur d’onde (O0 / 2). Quant à l’ouverture de l’antenne, elle doit être supérieure à O0 / 2 afin de garantir une large bande de fréquences. Nous avons choisi une ouverture égale à O0, d’où une géométrie en arc de cercle. Concernant le circuit d’excitation de l’antenne, nous avions le choix entre deux types de transition, bicouche ou uniplanaire (figure 20) : Figure 20 - A gauche, transition ligne coplanaire (CPW) / ligne à fente (Slotline). A droite, transition microruban / ligne à fente. Accès ligne coplanaire Accès ligne slot Accès microstrip x x La transition ligne fente / coplanaire est techniquement simple à réaliser. Elle présente cependant beaucoup de pertes. La transition ligne fente / ligne microruban présente moins de pertes. Sa mise en œuvre requiert un soin particulier car elle est réalisée en technologie double face. Naturellement, afin d’éviter les pertes en début de chaîne, nous avons retenu le circuit d'excitation muni d’une transition ligne fente / microruban qui s’avère en outre compatible avec l’intégration des circuits actifs. La transition est réalisée avec des stubs quart d’ondes ainsi qu’illustré figure 21. Le premier est un circuit ouvert en ligne microruban. Le deuxième, gravé sur la face arrière, est une ligne fente en stub court-circuit. Afin d’améliorer l’adaptation de la transition et de minimiser ses pertes il a été nécessaire de l’étudier à part. Sa caractérisation a nécessité la réalisation d’une double transition ligne fente / ligne microruban. Rapport INRETS n° 250 49 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 21 - Schéma de la double transition réalisée (a), et agrandissement d’une transition simple (b). Accès 2 strip (face 1) Plan de masse (face 2) Fente (face 2) (a) Accès 1 strip (face1) Stub microruban en CO : 70 : Stub fente en CC :70 : Accès fente 70 : Face 2 Adaptateur quart d’onde en microruban : 59 : Accès microruban 50 : Face 1 (b) La bande passante de la transition et par suite de l’antenne dépend des rapports d’impédances de la ligne fente et de la ligne microruban. La ligne fente possède une largeur de 120 Pm qui correspond à une impédance caractéristique de 70 :. Une largeur plus petite (50 µm) permettrait d’obtenir une impédance proche de 50 : mais elle ne peut être réalisée d'une façon reproductible étant donnée l'imprécision de la gravure chimique du cuivre (imprécision de l'ordre de 10 µm de chaque côté). Celle-ci est essentiellement due à la hauteur de métallisation. Les stubs quart d'onde possèdent une 50 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage largeur de 270 Pm et une impédance caractéristique de 70 :. Une portion de ligne microruban quart-d'onde (transformateur quart d'onde) réalise l'adaptation sur 50 :. L'impédance de ce transformateur est donnée par : Z Z1 * Z 2 où Z1 = 70 : et Z2 = 50 : => Z = 59 :. Nous avons utilisé le logiciel électromagnétique HP-EES Momentum afin d’étudier la transition. Les résultats des simulations et des mesures sont donnés figure 22. On remarque que cette transition est très large bande ( 'F ! 50% ) et produit des pertes F inférieures à 1 dB par transition. Figure 22 - Coefficients de transmission (a) et de réflexion (b) simulés et mesurés pour la double transition. 0 -1 -2 S21 (dB) -3 -4 -5 -6 -7 S 2 1 s im u lé -8 s 2 1 m e s u ré -9 (a) -1 0 2 2 .5 3 3 .5 4 4 .5 5 5 .5 6 F ré q u e n c e (G H z ) 0 -5 S11 (dB) -10 -15 -20 -25 -30 -35 (b) -40 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 Fréquence (GHz) 5.1 - Caractérisation de l’antenne active Théoriquement le coupleur directif présente une bonne directivité lorsque ses quatre voies sont adaptées (nous travaillons avec une impédance caractéristique de 50 :). La voie d'entrée est connectée à l'antenne Vivaldi réalisée de façon à présenter un coefficient de réflexion faible dans toute la bande de fonctionnement. Nous montrons figure 23 ci-dessous, respectivement le coefficient de réflexion de l'antenne ainsi que le coefficient de couplage du coupleur intégré. La voie isolée est chargée par une résistance discrète de 50 : terminée par un court-circuit réalisé avec un stub radial. La voie directe ou la voie de sortie est chargée par le LNA. Son coefficient de réflexion Rapport INRETS n° 250 51 Système millimétrique d'imagerie passive vaut en moyenne –8 dB sur la bande de mesures. Ces résultats, bien que perfectibles, nous paraissent suffisants dans un premier temps dans la mesure où nous obtenons une largeur de bande supérieure à 70 % autour de 4 GHz avec un TOS global acceptable. De plus, le coupleur couvre toute la bande 3 à 5 GHz avec un couplage de 10 dB +/- 1 dB. S11 (dB) Figure 23 : Coefficient de réflexion mesuré de l'antenne (a) et coefficient de transmission de la voie couplée du coupleur intégré (b). 0 -2 -4 -6 -8 -10 -12 -14 -16 -18 -20 -22 -24 -26 -28 -30 (a) 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 S21 (dB) Fréquence (GHz) 0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 -9 -10 -11 -12 -13 -14 -15 (b) 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 Fréquence (GHz) 5.2 - Diagramme de rayonnement : Les mesures ont été effectuées en chambre anéchoïque. Nous avons mesuré les diagrammes de rayonnement en polarisation horizontale (champ EE) et vertical (HH) ainsi qu'en polarisation croisée (EH). Les diagrammes de rayonnement sont présentés figure 24. On remarque, ainsi que prévu, que l’antenne n’est pas très directive. Son gain mesuré vaut 3 dB et son angle d’ouverture est supérieur à 60° à –10 dB. Ceci est dû à la faible longueur de l’antenne (O0 / 2) qui limite son gain. Néanmoins, étant donné que le gain maximal de ce type d'antenne est de l'ordre de 8 dB (pour une taille supérieure à deux fois O0), nous pouvons considérer que notre antenne réalise un bon compromis entre le gain, la taille et l’ouverture du faisceau. 52 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage Figure 24 - Diagrammes de rayonnement mesurés de l'antenne Vivaldi. 0 Champ EE 3GHz Champ HH 3GHz 0 335 340 345 330 325 320 315 310 305 300 295 290 285 280 275 270 350 355 5 0 -3 -6 -9 -12 -15 -18 -21 -24 -27 10 15 20 335 330 325 320 315 310 305 25 30 35 40 45 50 60 265 260 190 185 175 170 165 70 75 80 95 260 100 85 90 255 105 250 110 245 115 240 120 235 230 225 220 215 210 205 135 195 65 -21 265 140 160 60 -18 90 145 200 55 -15 95 150 205 50 -27 115 210 45 -12 270 120 215 40 85 125 220 35 -24 130 225 30 275 110 245 25 80 105 250 20 -9 280 100 255 10 15 -6 285 75 5 0 -3 290 70 230 355 295 65 235 345 350 300 55 240 340 155 200 195 190 175 170 185 165 160 125 130 135 140 145 150 155 180 180 Champ EH 4GHz (Cross-Polar) Champ EE 5GHz 0 3503550 340345 335 -3 330 -6 325 320 -9 315 -12 310 -15 305 -18 300 -21 295 -24 290 -27 285 -30 280 -33 275 -36 270 -39 0 25 30 330 325 320 315 310 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 265 260 255 250 245 240 235 230 225 220 215 210 205 200195 190185 5 10 15 20 95 180 100 105 110 115 120 125 130 135 140 145 150 155 165160 175170 335 340 5 355 345 350 -50 10 15 20 25 -55 40 45 50 -65 305 300 30 35 -60 55 60 -70 65 295 -75 290 285 70 75 -80 80 280 -85 275 85 -90 270 90 265 95 260 100 255 105 250 110 245 115 240 120 235 230 225 220 215 210 125 205 200 195 190 175 170 185 165 160 155 130 135 140 145 150 180 6 - Chaîne d’amplification et de réception La puissance du rayonnement thermique naturel captée par l’antenne est inférieure à 10 pW (soit –80 dBm intégré dans une bande de 2 GHz). Une cascade d’amplificateurs à faible bruit est donc nécessaire afin de ramener ce niveau à une valeur supérieure à la sensibilité tangentielle (Tangential Sensitivity, TSS) du détecteur quadratique employé. Par conséquent, il paraît logique de commencer la caractérisation de la chaîne de détection par ce détecteur quadratique puis de déterminer ensuite le gain nécessaire de la chaîne d’amplification. Rapport INRETS n° 250 53 Système millimétrique d'imagerie passive 6.1 - Détecteur quadratique Nous avons choisi un détecteur commercial à diode Schottky silicium. Il convient particulièrement à la détection de signaux de faible puissance grâce à sa sensibilité. En effet, ce détecteur présente un très faible bruit en raison de l’absence d’une part de tension de polarisation extérieure à la diode et, d’autre part de bruit 1/f qui pénalise les détecteurs à base de composants en GaAs. Les principales caractéristiques du détecteur HP 8472B utilisé sont : Gamme de fréquences Sensibilité continue Puissance d’entrée maximale Réponse quadratique pour T.O.S (50:) dans la bande 3 – 5 GHz 10 MHz – 18 GHz > 0,5mV/ PW 200 mW Pentrée < –10 dBm 1,2 – 1,35 Nous avons vérifié sa linéarité présentée figure 25. Figure 25 - Courbe de linéarité du détecteur HP 8472B. tension du détecteur (mV) 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 0,00E+00 2,00E-08 4,00E-08 6,00E-08 8,00E-08 1,00E-07 1,20E-07 1,40E-07 1,60E-07 1,80E-07 2,00E-07 Puissance d'entrée( mW) amplifiée de # 40dB avant détection La valeur de la TSS constructeur est de –50 dBm. Cependant, avec la bande passante et l’amplificateur vidéo choisi nous avons trouvé une TSS de valeur -40 dBm. Dès lors, on peut déduire que la détection de signaux de puissance de -80 dBm nécessite une chaîne d’amplification de gain au moins égal à 40 dB, centrée sur 4 GHz et disposant d’une largeur de bande de 2 GHz. 6.2 - Amplificateurs faibles bruit (LNA) Nous avons utilisé des amplificateurs monolithiques commerciaux "MGA-86576" qui offrent un bon compromis facteur de bruit F, gain G et largeur de bande passante. Ces amplificateurs sont disponibles en boîtier mais nécessite un circuit de polarisation externe adéquat selon la fréquence d'utilisation. Ils ont donc été reportés de façon hybride sur un substrat comprenant un circuit de polarisation à base de lignes quart d'onde à 4 GHz. Les accès RF (entrée et sortie) sont en connectique SMA. Afin de 54 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage mesurer le facteur de bruit de l’amplificateur nous avons utilisé un mesureur de bruit HP 8970A en configuration hétérodyne (figure 26). La mesure du facteur de bruit s’effectue en double bande latérale puisque la densité spectrale de bruit est constante en fonction de la fréquence. Figure 26 - Principe de la mesure de bruit. + 28 V MGA-86576 Source RF FI 10 MHz – 18 GHz Mesureur HP 8970A 10 MHz – 1,5 GHz 3 GHz – 5 GHz OL N sortie N2 N1 Na pente=K.B.G T0 TH TS Le dispositif à mesurer est inséré entre la source de bruit et l’appareil de mesure. Il génère ainsi un bruit propre de puissance Na. La source de bruit délivre une puissance de bruit K TS B. La puissance de bruit disponible à la sortie du dispositif possède pour expression : N = Na + K TS B G Expression où B constitue la bande passante du filtre d’entrée du mesureur et K TS B G la puissance de bruit de la source amplifiée par le dispositif. L’évolution de N est linéaire en fonction de la température de bruit. Pour TS = 0, nous pouvons déterminer, avec extrapolation, la puissance de bruit ajoutée par le dispositif Na. Le mesureur polarise la source de bruit à + 28 Volts de façon à générer une puissance (K TH B G) de bruit supérieure à celle délivrée lorsqu’elle n’est pas polarisée (K T0 B G). Lorsque la diode n’est pas polarisée, elle se comporte telle une charge passive de température ambiante T0 = 290° K. Le mesureur dispose donc de deux valeurs de températures : N1 = Na + K T0 B G N2 = Na + K TH B G L’extrapolation permet d’obtenir Na. Le calcul de la pente de la droite fournit la valeur du gain disponible G du dispositif. La bruit ajouté par le dispositif est : Na F 1KT0 BG Le rapport N2 N1 Eq. 50 N2 peut s’exprimer sous la forme : N1 N a KTH BG N a KT0 BG Eq. 51 L’équation 50 remplacée dans l’équation 51 donne : Rapport INRETS n° 250 55 Système millimétrique d'imagerie passive N2 N1 1 F 10 log TH T0 d’où l’expression du facteur du bruit exprimé en dB : T0 F §N · TH T0 10 log¨¨ 2 1¸¸ T0 © N1 ¹ Eq. 52 Il suffit donc de connaître le rapport N 2 pour déterminer le facteur de bruit. Le N1 rapport 10 log TH T0 , ENR de la source de bruit est donné par le constructeur pour T0 différentes fréquences d’utilisation de cette source. Le gain et le facteur de bruit mesuré sont donnés figure 27. Le gain de l'amplificateur est de l'ordre de 20 dB dans la bande de fréquences 3 GHz à 5 GHz (fixée par le filtre passe-bande) et son facteur de bruit de l'ordre de 2,5 dB. Par conséquent, nous utiliserons dans notre chaîne de réception une cascade de deux amplificateurs de ce type afin d’obtenir la sensibilité désirée. Figure 27 - Gain et facteur de bruit de l'amplificateur RF 30 4,5 4 25 Facteur de bruit NF (dB) 3,5 Gain (dB) 20 15 10 3 2,5 2 1,5 1 5 0,5 0 2 0 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 Frequence (GHz) Frequence (GHz) 6.3 - Filtre passe bande Le filtre possède pour rôle de rejeter les raies parasites captées par l’antenne hors de la bande passante utile. Celles-ci peuvent fausser les mesures par saturation de la chaîne d’amplification (émission de radio-mobiles en particulier). Nous avons utilisé un filtre de type Tchebichev d’ordre 6 constitué de stubs microruban en court-circuit. Ses pertes 56 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage étant significatives, il est intercalé entre les deux LNA (figure 28) afin de ne pas dégrader le facteur de bruit du système. Figure 28 - Filtre de Tchebichev d'ordre 6. 7 - Caractérisation du radiomètre Puisque nous disposons désormais de toutes les caractéristiques des éléments constituant la chaîne radiométrique, nous pouvons évaluer maintenant complètement les performances du dispositif. Nous nous intéressons successivement à l’étude de : ➢ la caractérisation de la chaîne d’amplification globale ; ➢ la droite de calibrage ; ➢ l’étude de la faisabilité du calibrage exploitant une résistance utilisée en tant que source de bruit. Nous avons réalisé le montage complet de la chaîne d’amplification sur un substrat unique en verre époxy. Nous l’avons caractérisé (source de bruit de calibrage connectée à l’entrée du premier LNA, sans coupleur) sur le même banc de mesure de bruit que précédemment. Les résultats de la caractérisation apparaissent figure 29. 60 3 50 2.5 Facteur de bruit (dB) Gain global (dB) Figure 29 - Gain RF global (à gauche) et facteur de bruit (à droite). 40 30 20 2 1.5 1 0.5 10 0 3 0 3 3.2 3.4 3.6 3.8 4 4.2 4.4 4.6 4.8 5 3.2 3.4 3.6 3.8 4 4.2 4.4 4.6 4.8 5 Fréquence (GHz) Fréquence (GHz) On obtient que dans la bande de fréquences 3 GHz à 5 GHz, le gain de la chaîne évolue de 48 à 34 dB et que le facteur de bruit oscille entre 1,8 et 2,5 dB. Ces résultats sont perfectibles mais suffisants pour l’étude de faisabilité que nous menons. Rapport INRETS n° 250 57 Système millimétrique d'imagerie passive 8 - Droite de calibrage La deuxième étape consiste à établir la droite de calibrage. Pour cela, nous avons procédé à la mesure de la tension de sortie du radiomètre en fonction du niveau de bruit de la source de référence étalonnée. Cette droite servira par la suite à déterminer la température de la scène à l’aide d’un système de traitement numérique. Nous avions le choix entre l’utilisation d’une source de bruit étalonnée ayant un ENR de 15,2 dB suivie d’un atténuateur variable et l’utilisation d’un synthétiseur de fréquence à puissance variable. Nous avons opté pour la seconde solution afin de tracer la fonction de transfert du radiomètre. A 4 GHz, le gain de la chaîne d’amplification vaut 42 dB. Il s’agit aussi de la valeur moyenne du gain intégré sur la bande de fréquences 3 GHz à 5 GHz. Le montage global est illustré figure 30. Figure 30 - Etablissement de la droite de calibrage du radiomètre développé. LNA Filtre RF LNA Synthé 4 GHz Voltmètre Détecteur quadratique Att 70 dB P (dBm) Tsys = 475° K Nous avons utilisé un atténuateur de 70 dB afin de ne pas saturer les amplis et le détecteur quadratique. La droite de calibrage mesurée est donnée figure 31. Figure 31 - Droite de calibrage mesurée. Mesures de la sensibilité du radiometre Tension (V) 0,7 0,6 0,5 0,4 y = 0,0005x + 0,2377 R 2 = 0,9976 0,3 0,2 0,1 0 -500 -400 -300 -200 -100 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Difference de température ajoutée (°K) La fonction de transfert trouvée est : V 0,0005T 0,2377 Eq. 53 L’axe des abscisses de la figure 31 représente la température de bruit thermique qui constitue la somme de la température de bruit du système et de la température de bruit de l’atténuateur (70 dB) ramenée à sa sortie. Cette dernière est égale à la température 58 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage ambiante soit 290° K. l’équation 53 permet de déterminer également la température du bruit équivalente du système. En effet, par extrapolation, la droite tracée (figure 31) coupe l’axe des températures à 475° K. Ceci signifie que la température de bruit globale présente à l’entrée du premier amplificateur est de 475° K. Après soustraction de la température du bruit de l’atténuateur, on trouve finalement la température équivalente propre du bruit du système, 185° K, soit encore un facteur de bruit de 2,14 dB. En calculant la valeur moyenne du facteur de bruit (figure 29) mesuré sur l’analyseur de bruit HP 8970A dans la bande 3 GHz à 4 GHz, on trouve une valeur moyenne de 2,14 dB. Ceci valide la loi de calibrage. 9 - Mesure du bruit de la résistance 50 : Une fois la température de bruit équivalente du système calculée, il reste à déterminer la température du bruit de calibrage ajoutée au récepteur. A ce stade, l'utilisation d'une résistance 50 : en tant que source de bruit est envisagée. Mais il s’avère nécessaire de vérifier la possibilité de détecter son bruit thermique. Pour cela, dans un premier temps, nous avons monté la résistance de bruit en voie directe ainsi qu’illustré figure 32. Figure 32 - Résistance 50 : chauffée en voie directe Détecteur synchrone LNA Filtre RF LNA 50 : W Détecteur quadratique La résistance de 50 : utilisée en source de bruit est chauffée par une tension en forme de créneau, d'amplitude et de fréquence ajustable, afin d’obtenir un échauffement maximal de la résistance et de déterminer son inertie thermique. Cette dernière valeur influe également sur le temps d'intégration minimum accessible. La sensibilité du radiomètre est donnée par l’équation précédente 46 : 'Tmin 2 Tsys ª Tsys º «1 T » B.W ¬ N ¼ B et W sont connus ; il reste donc à calculer la température de bruit propre Tsys du récepteur. Après détection quadratique, le signal contenant l’information est amplifié à la fréquence de modulation. Un gain de 10+5 (100 dB) s’avère nécessaire afin d’avoir un niveau du signal exploitable. Ceci nécessite l'utilisation de trois étages d'amplification en voie vidéo. Rapport INRETS n° 250 59 Système millimétrique d'imagerie passive Cependant, en dépit de ce gain élevé le signal basse fréquence (BF) à mesurer reste de faible amplitude et noyé dans un bruit de fond important. Afin d’améliorer le rapport signal à bruit nous avons utilisé une méthode dite de détection synchrone (figure 33). Figure 33 - Détecteur synchrone (modèle Pspice) Signalons que cette partie basse fréquence a été particulièrement soignée dans le but de minimiser le bruit basse fréquence BF avec notamment l’utilisation d’amplificateurs opérationnels faible bruit. La courbe de la figure 34 illustre la forme d'onde du signal carré chauffant la résistance et celle du bruit apportée par cette dernière montée en voie directe. La visualisation des signaux est réalisée à l'aide d'un oscilloscope numérique doté d'un mode moyennage. En mode synchrone (trigger), l'oscilloscope permet de filtrer numériquement le bruit résiduel. Figure 34- Formes d'ondes du bruit de la résistance en voie directe moyennées (b) Les courbes de la figure 35 montrent la tension de sortie du détecteur synchrone. Il s’agit d’une tension continue moyennée par l'intégrateur fonction de l'amplitude du signal chauffant la résistance. 60 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage On remarque la linéarité de la dépendance de la tension de sortie en fonction de la puissance d'entrée. On observe également sur ces courbes qu'en chauffant la résistance au maximum celle-ci produit un excès de température de 10° K avec une faible inertie. Figure 35 : Evolution de la tension du détecteur synchrone et de la température de la résistance chauffée en voie directe. tension du détecteur synchrone (mV) F=80Hz F=130Hz F=620Hz 'T (K) 160 12 10 8.5 140 120 100 7 80 60 40 3 1.5 20 0 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 tension aux bornes de la résistance (V) En dépit de toutes les amplifications en voies RF et BF, nous ne sommes cependant pas arrivés à extraire le signal (bruit de la résistance) du bruit propre de la chaîne de réception. En supposant une variation de température du bruit injecté de 1° K à l'entrée des LNA, ce qui correspond à une variation de température de la résistance de 10° K, la sensibilité théorique minimale du radiomètre est égale à 8° K. Cette sensibilité est obtenue pour un temps d'intégration de 40 ms, une bande passante de 2 GHz et une température du bruit du système de 185° K. On constate que cette sensibilité (8° K) n’est pas suffisante pour notre application. Une scène contenant par exemple un véhicule sur l'asphalte présente des contrastes de température de l’ordre de 12° K qui ne seront pas facilement décelables. Il faut donc améliorer cette sensibilité. Ceci est possible soit en diminuant la température du bruit de système Tsys, soit en augmentant le temps d'intégration W et la bande passante RF du filtre, soit encore en augmentant la température du bruit injecté. La réduction du facteur de bruit des LNA ne permet pas de diminuer Tsys de façon importante surtout en bande millimétrique. Une bande passante supérieure à 2 GHz n'est pas permise en dehors de la fenêtre 94 GHz. Une image tempsréel nécessite de plus un temps d'intégration d 40 ms. Il ne reste alors comme paramètre que la température de bruit ajouté que l’on peut augmenter en utilisant une source de bruit possédant une température de bruit équivalente importante. Deux solutions sont envisageables : 1- une diode à avalanche ; 2- un transistor adapté de manière à présenter un facteur de bruit très important. Aujourd’hui, nous trouvons chez la plupart des fabricants de composants microondes et millimétriques des diodes à avalanche ayant un ENR très élevé (proche de 30 dB) et couvrant une large bande de fréquences. Cependant, un travail minutieux à fournir lors de l'utilisation de ces composants, concerne la caractérisation électrique ainsi que la "mise en circuit" c’est à dire la réalisation des circuits d'adaptation et de Rapport INRETS n° 250 61 Système millimétrique d'imagerie passive polarisation appropriés. Pour cela, nous avons choisi une diode de bruit calibrée dont l'ENR peut atteindre une valeur de l'ordre de 25 dB. 10 - Diode à avalanche La diode à avalanche est montée dans un boîtier hyperfréquence. Elle est soudée sur un substrat en époxy. La mesure de l'ENR de la diode est effectuée avec un mesureur de bruit tel que mentionné précédemment. La figure 36 montre l'ENR mesuré pour différents points de polarisation. Figure 36 - ENR de la diode de bruit mesuré dans la bande de fréquences 3-5 GHz. 35 30 ENR (dB) 25 20 15 10 ENR(dB) mesuré ENR(dB) caractérisé 5 0 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Courant de polarisation (mA) Afin de vérifier l’adaptation de la diode, nous avons mesuré le module de son coefficient de réflexion à l’analyseur de réseau. La figure 37 présente le coefficient de réflexion de la diode à avalanche polarisée en inverse (Irév = 10 mA). On remarque qu'un circuit d'adaptation est nécessaire avant de l'insérer dans la voie couplée du coupleur 10 dB. Figure 37 - Coefficient de réflexion de la diode à avalanche non adaptée. 0 S11(dB) -1 -2 -3 -4 -5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 Fréquence (GHz) Ces valeurs très élevées de l'ENR nous ont permis de choisir une adaptation résistive. Ceci permet également de disposer d’une adaptation large bande (2 GHz). Le 62 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage circuit d'adaptation final est réalisé sur un substrat en époxy faible coût. Ce circuit contient deux résistances de 36 : et de 23 :. Dans cette bande de fréquences, les résistances de type CMS ont montré des effets capacitifs parasites qui dégradent l'adaptation. Nous avons dû les remplacer par des résistances NiCr gravées sur alumine dont le modèle reste valable jusqu'à quelques dizaines de GHz. La figure 38 montre les coefficients de réflexion simulé (à gauche) et mesuré (à droite) de la diode après adaptation. Le résultat s’avère satisfaisant. Figure 38 - Coefficients de réflexion simulé (à gauche) et mesuré (à droite) de la diode à avalanche adaptée. 0 -5 S11 (dB) -10 -15 -20 -25 -30 2.5 3 3.5 4 4.5 5 5.5 F ré qu e n c e (G H z) La mesure de l'ENR résultant après adaptation est montrée figure 39. On remarque que les pertes introduites par l'adaptation résistive sur l'ENR sont de l'ordre de 7 dB. Figure 39 - ENR de la diode à avalanche adaptée, mesuré dans la bande 3-5 GHz. 30 25 ENR (dB) 20 15 10 5 0 2 6 10 14 18 22 26 30 courant de polarisation (mA) Cependant, l'ENR résultant reste largement supérieur à celui d'une source thermique chauffée par effet Joule. Le système radiométrique final apparaît figure 40. Rapport INRETS n° 250 63 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 40 - Radiomètre utilisé dans les mesures. Antenne Ampli BF faible bruit Gain # 42 dB, F # 2,14 dB, B # 2 GHz A/D PC Détecteur Quadratique 50: I (mA) L’introduction du coupleur directif à l’entrée de la chaîne de réception dégrade la sensibilité du système d’une manière similaire à celle produite par un atténuateur fournissant les mêmes pertes. Les pertes d’insertion du coupleur sont dues aux pertes ohmiques additionnées des pertes de couplage. De plus un dixième de la puissance d’entrée du signal est perdue en voie charge adaptée dans le coupleur 10 dB. Le facteur de bruit global du récepteur peut être maintenant calculé par la formule de Friis : FT F1 F2 1 F3 1 F4 1 G1 G2 G3 Eq. 54 F1 constitue le facteur du bruit du coupleur qui s’identifie à ses pertes 0,5 dB. F2 est le facteur de bruit du premier LNA : 2,26 dB et G1 le gain correspondant : 21,9 dB. FT est donc égal à 2,76 dB. Après la caractérisation de toutes les parties du radiomètre nous l’avons couplé à une carte d’acquisition afin d'une part de valider la méthode de calibrage avec une source de bruit pulsée et d'autre part de mettre au point l'algorithme de saisie et de traitement dans le contexte temps réel de l'application. En effet, outre l'optimisation nécessaire de la chaîne RF, il importe de réaliser le programme temps réel qui permet de saisir un nombre suffisant de températures, d'en déduire le gain associé de la chaîne ainsi que la température de la scène, le tout en un temps inférieur à notre objectif de 40 ms. 11- Traitement numérique du signal Le traitement est réalisé à l'aide d'une carte d’acquisition. Dans un premier temps, le programme a été mis au point directement sur un calculateur PC. La source de bruit est modulée par un courant pulsé de forme carrée à une fréquence de quelques kHz. Le signal de bruit généré par la diode s'ajoute par couplage au signal capté par l’antenne. L’ensemble est amplifié dans la bande 3 GHz à 5 GHz. Le détecteur quadratique permet d’obtenir, à sa sortie, une tension dont la valeur est proportionnelle à la puissance présente à son entrée. Le signal en sortie du détecteur, après amplification BF, est un signal carré dont l'amplitude crête à crête est proportionnelle à la température TN de la diode. Sa valeur moyenne est proportionnelle à la valeur moyenne de la scène Tscène (figure 41). 64 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage Figure 41 - Forme d’onde idéale du signal de sortie du radiomètre. V T=1/F VH VL t On peut donc extraire la température absolue de la scène et le gain global du radiomètre en décrivant le signal carré de sortie à partir des équations suivantes : T · § Eq. 55 G¨ Tscène N ¸ 10 ¹ © T · § Eq. 56 VL G¨ Tscène D ¸ 10 ¹ © expressions où VH et VL sont respectivement, pour chaque période analysée, les amplitudes haute et basse du signal de sortie, G est le gain corrigé du récepteur, TD est la température ambiante de la diode et TN est la température de bruit ajoutée par la diode. Le terme 1/10 provient du coupleur 10 dB permettant d’injecter le bruit de calibrage. On peut alors déduire les valeurs de Tscène et G à partir des équations 55 et 56 comme suit : VH G 10 VH VL TN [mV /° K] Eq. 57 VL TD [° K] Eq. 58 G 10 On remarque que le gain G dépend uniquement de la température de bruit équivalente TN de la diode. Ceci montre d’une part l’importance de connaître la température TN avec une grande précision et d’autre part la nécessité de disposer d’une diode présentant une faible dérive de caractéristiques en fonction de la température. Cette dernière est de l’ordre de 0,01dB /°C (valeur constructeur) ce qui affecte peu la précision de calcul. De son côté, la mesure de TN est effectuée avec une bonne précision à l’analyseur de bruit, en fonction du courant de polarisation. On peut donc considérer que la valeur du gain G dépend uniquement des valeurs du gain de la chaîne de réception. Tscène Notons que la valeur absolue de la température scène Tscène est fonction de la valeur moyenne du signal carré à la sortie du détecteur. Cependant, cette valeur moyenne dépend aussi bien de la température de la scène que de l’offset des amplificateurs RF, du détecteur quadratique et surtout des amplificateurs opérationnels. Par conséquent, il existe une difficulté à mesurer la valeur absolue de Tscène avec une bonne précision. Par contre, les variations relatives de la valeur moyenne du signal de sortie sont proportionnelles aux variations de Tscène. Ce sont donc ces variations qui seront exploitées afin de construire l’image de la scène. Rappelons que l’équation de la Rapport INRETS n° 250 65 Système millimétrique d'imagerie passive sensibilité du radiomètre montre qu’une bonne sensibilité est obtenue pour une puissance de bruit ajouté élevée. Un excès de température de bruit maximale de 58500° K est généré par la diode pour un courant de polarisation de 5 mA (figure 39). Lors des premiers essais, nous avons remarqué que cette valeur de température de bruit n’était pas très stable à cause de l’instabilité de ce point de polarisation qui se situe juste au niveau du coude de la caractéristique inverse I(V). Nous avons donc préféré polariser la diode avec des courants plus élevés. La figure 42 montre un segment du signal de sortie du radiomètre. La diode est modulée par un signal de fréquence de 1 kHz et polarisée par un courant de 10 mA. Figure 42 - Signal de sortie du radiomètre discrétisé et modulé à 1kHz. Signal radiométrique carré Temps (Ps) En réalité ce signal représente le signal de sortie du détecteur quadratique amplifié par un étage d’amplification BF faible bruit. Nous avons enregistré la température de la scène pendant une durée de 11 heures (1 million de valeurs de température, 25 valeurs de température/seconde) afin de déterminer la loi statistique qui gère le signal et de la modéliser. La figure 43 illustre un segment de la variation de la température absolue de la scène en fonction du nombre d’échantillons. Température absolue Figure 43 - Enregistrement de la variation de la température ambiante Tscène mesurée par le radiomètre pour une durée de temps de 11 heures. Nombre d’échantillons 66 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage Notons que la valeur de la température absolue mesurée n’est pas directement celle réelle. Le décalage (offset) ajouté par l’étage d’amplification basse fréquence fausse la valeur absolue de la température. Par contre, les variations autour de cette valeur représentent les vraies variations de la température de la scène. On remarque que l’allure de ce signal ressemble à un bruit gaussien dont l’écart type V de la fonction de densité de probabilité permet de mesurer la sensibilité du radiomètre. On peut estimer cette valeur à 3 V . Nous avons calculé et tracé la densité de probabilité du signal de la figure 43 et nous les montrons sur les figures 44 et 45 cidessous. Nous avons identifié la valeur de 3 V qui représente la sensibilité du radiomètre. Celle-ci s’avère égale à 1,6° K. Figure 44 - Fonction de densité de probabilité de la variation de Tscène (gaussienne). Fonction de densité de probabilité Figure 45 - Fonction de densité de probabilité de la variation de Tscène (Rayleigh). 120000 100000 80000 60000 40000 20000 0 930 931 932 933 934 935 936 937 938 939 940 Température absolue (K) La valeur mesurée de 3 V est obtenue par le radiomètre en remplaçant l’antenne Vivaldi par une charge adaptée de 50 :. La mesure ainsi réalisée permet d'isoler le système par rapport à l'antenne qui pourrait capter une puissance de bruit non contrôlée. La charge adaptée, substituée à l’antenne, est donc portée à la température ambiante. Rapport INRETS n° 250 67 Système millimétrique d'imagerie passive 12 - Dérive du dispositif L’outil informatique développé lors de l’application nous a permis de mieux caractériser notre radiomètre. Considérons, à titre d’exemple, la dérive du système juste après son allumage. Nous savons que tout dispositif électronique met un certain temps avant d’atteindre une température de fonctionnement stable. Les alimentations continues (DC), les amplificateurs et autres composants passent par une période transitoire qui peut être de quelques minutes ou de quelques heures avant de se stabiliser. La figure 46 montre la dérive de la température de sortie du radiomètre en fonction du nombre d’échantillons (25 échantillons = 1 sec) juste après son allumage. Nous avons déterminé un délai de 45 minutes nécessaire à la stabilisation des caractéristiques de notre radiomètre micro-onde prototype. Température absolue (K) Figure 46 - Dérive de la température du radiomètre lors de son allumage en fonction du nombre d’échantillons enregistrés en une durée de 100 minutes. Il est important de souligner que la diode à avalanche utilisée afin de calibrer le radiomètre passe elle aussi par une période d’échauffement. A l’issue de cette période et à température ambiante non stable, l’ENR de la diode varie de 0,01dB/°C. On peut considérer que cette variation n’est pas très gênante. En effet, les équations 57 et 58 montrent que le gain corrigé et la température de la scène dépendent de la température du bruit de la diode ainsi que de la température ambiante disponible à l’entrée des amplificateurs RF (après le couplage 10 dB). En d’autres termes, toute variation de la température ambiante de la diode ou d’excès de bruit qu’elle génère sera divisée par 10 avant qu’elle ne se manifeste dans les mesures. Dans un premier temps, nous considérons cet effet négligeable. 68 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage 13 - Sensibilité minimale du radiomètre La valeur mesurée de données suivantes : – – – – 3V est de 1,6° K. Cette valeur a été trouvée avec les fréquence d’échantillonnage du convertisseur A/D égale à 800 kHz, fréquence du créneau modulant la diode égale à 1 kHz, température de bruit de calibrage de 25000° K, temps d’intégration égal à 40 ms. Nous signalons que cette valeur de 1,6° K représente l’image de la sensibilité tangentielle (TSS) du détecteur quadratique. Ceci signifie qu’un rapport signal sur bruit (S/N) de 8 dB est encore existant dans le signal mesuré. On ne peut en aucun cas comparer cette valeur expérimentale à celle théorique développée précédemment. L’égalité entre la valeur théorique et la valeur trouvée par le moyennement numérique n’est en effet valable que si le nombre d’échantillons moyennés satisfait l’équation : N = B.W On peut aussi interpréter cette différence entre valeurs théoriques et mesurées par le fait qu’un autre bruit de nature 1/f se superpose au bruit gaussien déjà traité et dont l’équation radiométrique ne tient pas compte. Ceci a été vérifié en traçant la FFT de ce signal figure 47. Cette courbe représente le rapport de la puissance du bruit sur la puissance du signal continu en fonction de la fréquence. Figure 47 - Densité spectrale du bruit de sortie du radiomètre. Densité spectrale de la puissance Fréquence (Hz) Ce bruit provient probablement de la diode détectrice en technologie silicium. Son spectre de bruit en 1/f peut s’étendre jusque 5 à 10 kHz. Malheureusement on ne peut pas s’en affranchir puisqu’il se développe dans la bande utile de l’application. Nous sommes contraints de conserver la fréquence zéro (le signal continu) qui procure l’information de température de la scène mais aussi toute la bande de fréquences allant jusqu’à 10 kHz nécessaire à restituer la forme carrée du signal. Rapport INRETS n° 250 69 Système millimétrique d'imagerie passive 14 - Amélioration de la sensibilité par traitement du signal Au-delà de ces résultats essentiels caractérisant le radiomètre, nous avons cherché, en exploitant le potentiel du traitement numérique, à améliorer la sensibilité. La première méthode testée est le filtrage numérique. La souplesse du traitement permet de définir un filtre quelconque avec le gabarit souhaité. Nous disposions d’un filtre numérique passe-bas dans le programme permettant ainsi de filtrer les fréquences HF qui parasitent le signal de sortie du radiomètre. La figure 48 montre le signal après l’insertion du filtre numérique. Sa fréquence de coupure est de 10 kHz. Figure 48 - Signal de sortie du radiomètre filtré numériquement. Signal filtré numériquement Temps (Ps) Malheureusement la sensibilité, toujours déduite de la fonction de densité de probabilité de la variation de température détectée n’a que peu évolué. Une amélioration de 10% seulement a été enregistrée sur la valeur déjà trouvée. Ceci peut être expliqué par la diminution du nombre d’échantillons calculés par chaque niveau. En effet, l’augmentation du temps de montée et de descente réduit le pourcentage d’échantillons utilisés dans le calcul des niveaux VH et VL . Le même phénomène avait été observé avec l’utilisation du filtrage passe-bas analogique. Un autre handicap de ce filtrage numérique réside dans le temps important de calcul. Un calcul temps-réel suivi d’un filtrage numérique nécessite 1 million d’échantillons toutes les 40 ms. Ceci a provoqué une perte systématique d’informations utiles. En conséquence, nous avons testé une autre méthode de filtrage de type Kalman qui s’est avérée plus efficace et plus adaptée à notre application. 15 - Filtrage de Kalman Le filtre de Kalman est considéré tel un filtrage adaptatif. Il est répandu dans beaucoup d’applications. Il est spécialement adapté aux signaux de nature aléatoire qui constituent le cas envisagé dans l’application. 70 Rapport INRETS n° 250 Etalonnage et sources de calibrage Figure 49 - Application du filtrage Kalman sur un signal aléatoire. Après une série de tests sur ce type de filtrage (figures 49), nous avons optimisé ses paramètres afin de l’intégrer dans le programme et d’obtenir de meilleurs résultats en temps-réel sans pour cela monopoliser beaucoup de ressources de calcul. La figure 50 montre l’évolution de la sensibilité de notre radiomètre micro-onde prototype avec et sans le filtrage de Kalman en fonction de la température du bruit ajouté par la diode à avalanche. Figure 50 - Evolution de la sensibilité du radiomètre en fonction de la température du bruit ajouté TN , sans et avec le filtrage de Kalman. Sensibilité mesurée (K) 14 13 sensibilité kalmann (sigma) 12 sensibilité sans filtrage Kalman 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 Température du bruit équivalente (K) Tout en gardant un rapport signal sur bruit (S/N) de 8 dB, nous avons enregistré une valeur de sensibilité du radiomètre de 0,6° K après filtrage de Kalman. Ceci montre l’intérêt du traitement numérique introduit. Rapport INRETS n° 250 71 Système millimétrique d'imagerie passive On remarque également sur cette courbe que ce type de radiomètre, appelé à addition de bruit, exige vraiment une valeur élevée de la température de calibrage TN. La valeur minimale de TN nécessaire afin de garantir une bonne sensibilité avec le filtrage de Kalman est de 700° K. 16 - Conclusion relative à l’étude de calibrage A ce stade du travail, nous avons terminé l’étape d’étude du radiomètre dans la bande de fréquence micro-onde 3 à 5 GHz. Nous pouvons considérer que cette partie s’est achevée avec succès. La construction du système dans cette bande de fréquence nous a permis tout d’abord de nous familiariser avec le matériel de mesures. Nous avons pu ensuite valider la méthode de calibrage par addition de bruit, technique qui reste maintenant à implémenter à 52 GHz sur notre radiomètre millimétrique. Une sensibilité radiométrique comparable à sa valeur théorique a été obtenue grâce au traitement numérique spécialement développé pour notre application. Le potentiel de calcul numérique et la multiplicité de choix de traitements expérimentés ont permis de confirmer la possibilité de travailler en temps-réel avec les performances souhaitées. La conception et la réalisation de l’antenne Vivaldi ont constitué une étape indispensable permettant de vérifier la fiabilité du logiciel électromagnétique. Les expérimentations en environnement réel ont été pénalisées par la largeur du diagramme du rayonnement de cette antenne élémentaire. Sa largeur importante ne permet pas d’obtenir une résolution acceptable pour distinguer les objets d’une scène quelconque. Néanmoins, certains essais menés en laboratoire ont permis de valider la capacité du radiomètre à distinguer des objets présentant des températures assez proches. 72 Rapport INRETS n° 250 Chapitre 4 Caméra et radiomètre millimétrique Cette nouvelle partie de l’étude aborde maintenant la caractérisation des composants et des circuits qui constitueront le radiomètre dans la bande de fréquences des ondes millimétriques. Tous les circuits et les composants hyperfréquences ont été réalisés dans le cadre de cette étude. Nous présentons ici les principaux résultats obtenus. La directivité du faisceau est assurée par l’utilisation d’une antenne fortement directive. Nous avons choisi initialement d’utiliser une lentille de Fresnel pour l’antenne primaire du radiomètre. Cette technologie d’antenne a déjà été employée par les partenaires du projet lors du développement d’un radar anticollision millimétrique. Cette antenne fournit un angle d’ouverture de l’ordre de 2° à – 3 dB de puissance à 60 GHz. Ce diagramme offre une bonne résolution spatiale de l’image radiométrique. Il importe en outre de compter sur le traitement d’images appliqué aux images radiométriques afin d’améliorer la résolution. En effet, nous avons obtenu, par simulation, qu’il s’avère nécessaire de disposer d’un nombre significatif de radiomètres dans le plan focal (cf. figure 6) afin d’obtenir une image comparable à celle de l’infrarouge. Ceci s’avère, en terme de technologie, encore délicat au-delà d’une certaine valeur. Une lentille suffisamment directive et un traitement d’images convenable doivent cependant permettre de fournir des images exploitables pour nos applications transport. La bande passante de notre système global s’étend de 52 à 55 GHz. Nous présentons dans la suite de ce chapitre les différents composants du radiomètre avec les résultats de leurs caractérisations autour de 52 GHz. Nous commençons par la lentille de Fresnel et l’antenne Vivaldi. Nous présenterons ensuite l’étude de deux détecteurs quadratiques. Après une comparaison des caractéristiques de ces deux détecteurs, nous en sélectionnerons un ce qui nous permettra de définir également la valeur du gain RF amont nécessaire à assurer la détection. 1 - Lentille de Fresnel La lentille zonée à correction de phase permet de focaliser dans un plan dit focal les rayonnements thermiques qui parviennent de l'infini. Elle possède des propriétés similaires aux lentilles minces mais les réalise par diffraction et interférences plutôt que par réfraction en apportant un déphasage correctif. La lentille zonée de Fresnel possède une structure plane. Nous avons utilisé le matériau lucoflex pour sa réalisation. Il s’agit Rapport INRETS n° 250 73 Système millimétrique d'imagerie passive d’un matériau léger, de faible coût et de permittivité diélectrique égale à 2,75. Si la lentille de permittivité diélectrique H apporte une correction de phase P : x la k ème rainure a pour rayon Rk : 2 2.k.O.f § O.f · ¨ ¸ P © P ¹ et la profondeur minimale d d'une rainure : O d P( H 1) Rk Pour une lentille de diamètre D = 18 cm à la fréquence Q = 53 GHz, un programme sous MATLAB donne : Rainures Correction Nombre Ecart N maximal entre 2 rainures P= 2 73 P= 4 147 16,6 cm P= 8 295 11,7 cm Profondeur des rainures Ecart Nombre des Profondeur Profondeur minimal profondeurs maximale minimale entre 2 différentes rainures 3,6 mm 1 1,8 mm 3 1,2 mm 3,6 mm 0,9 mm 7 0,6 mm 4,2 mm Bande passante 'Q3dB 2,55 GHz 2,55 GHz 2,55 GHz En tenant compte de la limitation technologique et de la précision des machines disponibles au laboratoire, une correction maximale d’ordre 4 est possible. On montre que le gain de la lentille peut encore être légèrement amélioré par une correction de phase supérieure à 4. Le plan de la lentille de Fresnel réalisée est montré figure 51. Figure 51 - Coupe de la lentille de Fresnel zonée réalisée à 52,5 GHz. R36 = 87,7 mm R4 d 15 mm Hr = 2,75 D = 175,4 mm 1.1 - Aberrations dans le plan focal On distingue deux types d’abberrations. x Les aberrations chromatiques : la lentille se comporte tel un filtre passe-bande dont la bande passante à 'Q3dB peut être estimée dans le cas d'un grand nombre de rainures N et d'une correction de phase P à la fréquence centrale Q = 53 GHz par : 74 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique N.Q P 'Q 3dB La lentille laisse donc passer les fréquences comprises entre 52 et 55 GHz pour les trois corrections de phase envisagées. Les aberrations géométriques : on pourrait s'attendre à ce qu'un point objet x donne une tache image circulaire exactement dans le plan focal. C'est le cas lorsque l'on travaille dans les conditions de GAUSS avec des rayons faiblement inclinés par rapport à l'axe optique. En fait, dans les rares publications qui traitent des aberrations hors de l'axe, la tache ne possède plus la symétrie de révolution (coma) et son centre est décalé du point théorique (astigmatisme). Une étude des erreurs au 3ème ordre sur la différence de marche montre que la lentille de Fresnel zonée ne présente cependant pas de distorsion ni d'aberration sphérique. Pour une lentille de correction P, l'aberration minimale est de P/2. On peut démontrer la formule suivante qui donne le demi-champ de vision maximal DMax du système pour lequel l'aberration est minimale : 1§ 96.O · ¸ D Max .¨¨1 1 6© 2.P.D ¸¹ Si O = 5,6 mm, P = 4 DMax | r 17°. alors 1.2 - Etude expérimentale Il est nécessaire de mesurer les caractéristiques et les aberrations de la lentille hors de l'axe optique. On s'appuie sur la démarche exposée par WILTSE. Les déformations du faisceau issu de la lentille lorsque l'on s'éloigne de l'axe optique sont de première importance car toutes les bases théoriques du traitement d'image (isoplanéité uniformité de l'illumination su la zone d'observation) en dépendent. Les mesures de WILTSE sur une lentille zonée ½ onde, de diamètre D et de focale f = D = 20 cm, à F = 140 GHz, montrent que les aberrations géométriques (écart sur la position du maximum d'intensité par rapport au plan focal ou à la direction de rayonnement incident) sont minimes et la diminution de l'intensité maximale à mesure que l'on s'éloigne de l'axe optique si le champ total de dépasse pas D140GHz | r20°. Nos résultats à 62 GHz, présentés sur la figure 52, sont très différents. Ils font apparaître que le diagramme de rayonnement se déforme, perd sa symétrie et s'élargit de 1° à 5° dès que l'on s'éloigne de 3 cm de l'axe optique. De plus, les lobes secondaires remontent de 20 dB (distance Emetteur – Récepteur = 6 m). Figure 52 - déformation des lobes à mesure que l'on s'éloigne de la focale -6 -4 2 4 6 8 10 angle (degré) Rapport INRETS n° 250 -10 12 DeltaP -8 -6 -4 5 3 1 -1 -2 -3 0 -5 -7 -9 -11 -13 -15 -17 -19 -21 -23 -25 -27 -29 -31 -33 -35 -37 -39 5 3 2 4 angle (degré) 6 8 10 1 12 -1 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 -3 -5 -7 DeltaP P (dBm) -8 P (dBm) P (dBm) -12 -10 5 3 1 -1 -2 0 -3 -5 -7 -9 -11 -13 -15 -17 -19 -21 -23 -25 -27 -29 -31 -33 -9 DeltaP -11 -13 -15 -17 -19 -21 -23 -25 angle (degré) 75 Système millimétrique d'imagerie passive Ces diagrammes très pénalisants peuvent résulter d'une mauvaise expérimentation. L'expérience reconduite a cependant produit des résultats sensiblement identiques. Il apparaît donc délicat d'utiliser la lentille de Fresnel pour des réseaux plan focal. Il semble préférable d’envisager l’usage d’une optique gaussienne. Pour un système radiométrique monocanal avec une seule antenne de réception, la lentille de Fresnel reste cependant une bonne candidate car disposant d’une directivité suffisante. Cependant, son très faible rendement (25 %) pourrait lui faire préférer une lentille zonée multidiélectrique. 2. Description du banc de mesure millimétrique Avant de présenter l’étude de l’antenne Vivaldi et la caractérisation des autres composants millimétriques, nous allons décrire brièvement le banc de mesure utilisé durant les expérimentations. Il comporte un analyseur de réseaux vectoriel HP 8510B muni de deux têtes millimétriques puis d’une liaison jusqu’aux pointes par des guides d’ondes. Ces pointes sont équipées de Tés de polarisation externe. La mesure sous pointe des paramètres [S] est devenue un point incontournable en hyperfréquences. Elle est sans doute la solution optimale afin de caractériser les composants micro-ondes et millimétriques. La mesure sous pointe se réalise sur des circuits « planaires ». Pour ce faire, des lignes à structures ouvertes relient les circuits sous test aux pointes. Les deux structures les plus répandues sont les lignes coplanaires et microrubans. A ces fréquences, on utilise d’ailleurs exclusivement des pointes comportant deux plans de masse. Les lignes coplanaires présentent l’avantage d’être plus faciles à réaliser mais sont plus difficiles à modéliser. Par ailleurs, l’utilisation des lignes microrubans nécessite le retour à la masse par l’intermédiaire de trous métallisés (via hole) pour relier le contact de masse à la sonde. Cette transition ne permet pas un calibrage dans le plan des pointes lorsqu’on utilise ce type d’étalon en technologie microruban. La mesure de circuits en microrubans implique la réalisation d’étalons tels que des lignes de propagation directement sur la plaquette de test. En effet, les caractéristiques micro-ondes des lignes microrubans dépendent fortement de l’épaisseur et de la nature du substrat. 2.1 - Antenne Vivaldi L’étude de l’antenne Vivaldi, menée dans la bande 3 à 5 GHz, montre qu’il est important d’étudier à part sa transition afin de caractériser ses pertes qui sont directement liées au bruit propre du système. Mentionnons cependant que le but du projet ne consiste pas à faire une étude détaillée des antennes Vivaldi mais à extraire les paramètres optimaux validés afin de les appliquer à notre antenne. Transition Slotline-Microstrip Il existe plusieurs modèles de transitions qui couplent la fente (slot) de l’antenne Vivaldi à sa ligne d’accès. Ce peut être une ligne microstrip, coplanaire ou guide d’onde. Le fait que la ligne d’accès des amplificateurs LNA soit en microstrip après la 76 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique transition Slotline-Microstrip s’avère donc favorable (cf. figures 20 et 21). Son étude a reposé en grande partie sur celle de la transition réalisée dans la bande 3 à 5 GHz. Le choix des caractéristiques de substrat (épaisseur, permittivité) est primordial pour l’antenne et sa transition. Sachant que les amplificateurs hyperfréquences sont réalisés sur un substrat de GaAs d’épaisseur 100 Pm, nous avons utilisé, pour la conception de l’antenne Vivaldi, un substrat d’épaisseur proche de celui des amplificateurs. Ceci permet de minimiser les pertes et les parasites dus aux fils connectant l’antenne à l’amplificateur. L’équation empirique 59 montre que l’antenne Vivaldi rayonne d’une façon optimale si le rapport entre son épaisseur effective teff et la longueur d’onde O0 (à la fréquence centrale du fonctionnement) est compris entre : 0,005 H r 1. t O0 t eff 0,03 O0 Eq. 59 expression où t constitue l’épaisseur du substrat et Hr sa permittivité diélectrique. L’alumine d’épaisseur t = 127 Pm et de permittivité diélectrique Hr = 9,9 présente un rapport teff /O0 de 0,06 à 52,5 GHz. Des antennes Vivaldi ayant des rapports teff /O0 similaires réalisées auparavant ont montré un rayonnement dans les plan E et H assez symétrique. Par conséquent nous avons retenu l’alumine pour substrat afin de réaliser l’antenne et d’étudier sa transition. La méthode la plus commode pour étudier cette transition consiste à mettre en cascade deux transitions identiques. Cependant ce montage est sensible à la longueur de la ligne slot qui sépare les deux lignes microstrip. Ceci a été observé par des simulations de la double-transition effectuées sur Momentum. Nous avons donc adapté la transition à 52,5 GHz tout en veillant à disposer d’une adaptation qui s’étende au-delà de 1 GHz de largeur de bande correspondant aux besoins du système. Figure 53 : Schéma de la double transition Slot-Microstrip étudiée. Port 2 : Accès Pstrip 50: Slotline de largeur 40Pm : 70: Adaptateur d’impédance : 60: Port 1 : Accès Pstrip 50: Le circuit de la double transition simulée apparaît figure 53. Sa caractérisation a été effectuée sous pointe dans la bande 50 à 60 GHz. Nous avons fixé le circuit réalisé sur une mécanique creuse afin de ne pas perturber le champ électrique qui règne dans la fente (slot). Les résultats des simulations de la double transition apparaissent figure 54. Rapport INRETS n° 250 77 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 54 - Caractérisation sous pointe de la double transition réalisée : (a) est le coefficient de réflexion du port 1, (b) est le coefficient de transmission et (c) est le coefficient de réflexion du port 2. (a) (b) (c) La fréquence d’adaptation centrale mesurée est légèrement décalée par rapport à celle fixée par simulation. Malgré ce décalage l’adaptation (S11) s’avère satisfaisante à 52,5 GHz. le coefficient de transmission mesuré montre qu’il existe des pertes estimées à 1 dB par transition. Nous remarquons aussi que le circuit de la double transition est adapté sur toute la bande de fréquence 50 à 60 GHz. Ceci permet à l’antenne Vivaldi de garder sa caractéristique large bande, et aussi de nous laisser une marge suffisante en vue d’une extension probable de la bande de fréquences initiale du radiomètre. 2.2 - Réalisation de l’antenne Vivaldi Nous avons ensuite étudié la géométrie de l’antenne Vivaldi. A 4 GHz, l’antenne de longueur O0/2 produit un diagramme de rayonnement très large (140° à 10 dB d’ouverture) avec des lobes secondaires et arrières relativement importants. Afin de pallier ces défauts, nous avons modifié les dimensions de l’antenne à 52 GHz par rapport à la longueur d’onde. Nous avons cette fois conçu l’antenne Vivaldi avec une ouverture exponentielle. La longueur de l’ouverture exponentielle ainsi que sa largeur est de O0. L’équation de l’antenne est donnée par : Y 78 Ae r PX Eq. 59 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique Où Y est la demi-séparation de la ligne à fente et X une variable traduisant la longueur de l’antenne. Le facteur P détermine la pente de l’ouverture exponentielle. Il détermine aussi la largeur du faisceau de l’antenne. La largeur de la ligne fente à l’origine de l’ouverture exponentielle fait 40 Pm. Donc : pour X= 0 => Y= A = 0,02 mm. La largeur de l’ouverture exponentielle de l’antenne est de O0 = 5,71 mm à 52,5GHz : X= O0 =>Y = O0/2 => P = 0,868 L’équation 59 de l’antenne devient donc : Y 0,02e r0.868X Eq. 60 W 2 H 1,8 H 1,6mm L’architecture de la transition Slot-Microstrip de l’antenne est identique à celle utilisée dans le montage double transition. Nous avons employé un adaptateur quart d’onde entre la slotline et la microstrip. En effet, la ligne à fente de largeur 40 Pm possède une impédance de 70 :, la ligne microstrip d’accès de l’antenne présente une impédance de 50 :. L’impédance du transformateur quart d’onde réalisant l’adaptation est donnée par : Z Z slot * Z Mstrip 70 * 50 | 60 : Figure 55 - Masque de l’antenne Vivaldi à 52 GHz. l = 1,2 mm H = 1,63 mm Y 9 mm X Accès Microstrip 50: W = O0 =5,71 mm H = 1,62 mm L1 = O0 =5,71mm L = 8 mm La figure 55 précédente montre le masque de l’antenne Vivaldi réalisée sur alumine. Le signal reçu par l’antenne Vivaldi est transféré à l’entrée des LNA via une ligne microstrip. Il est nécessaire de réaliser un support spécifique pour la fixer. Fixer l’antenne Vivaldi sur un support mécanique muni d’un connecteur V (mâle par exemple) et connecter un autre connecteur V (femelle) à l’entrée du radiomètre permet également d’expérimenter d’autres types d’antennes munies de ce type de connecteur tels que guide d’onde... Rapport INRETS n° 250 79 Système millimétrique d'imagerie passive 2.3 - Connecteur V La caractérisation du connecteur V est indispensable avant de le connecter à l’antenne. La meilleure méthode consiste à monter deux connecteurs tête-bêche (figure 56) puis à mesurer leurs paramètres Sij permettant ainsi de vérifier l’absence de toute résonance et de déterminer les pertes introduites par chaque connecteur. Figure 56 - Connecteurs V montés en tête-bêche. m 11 m Accès coaxial Nous obtenons une bonne adaptation tout au long de la bande 50 – 60 GHz (S11 et S22) avec des pertes estimées à 0,6 dB par connecteur. La figure 57 montre l’antenne Vivaldi et son coefficient de reflexion mesuré de 50 à 65 GHz. L’antenne est connectée à son connecteur V de sortie coaxiale. On remarque un léger décalage de la fréquence d’adaptation initialement centrée sur 52,5 GHz. Ceci peut s’expliquer par l’erreur d’alignement des deux masques de l’antenne lors de la réalisation. Figure 57 - Antenne Vivaldi réalisée et coefficient de réflexion correspondant. Connecteur V Accès coaxial Antenne Vivaldi 9 mm 80 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique 3 - Détecteur quadratique Le principe de base réside dans la détection du signal RF par un composant non linéaire tel qu’une diode ou un transistor. Le signal RF se décompose en la somme d’un signal continu et de plusieurs signaux harmoniques. L’utilisation des détecteurs à diode a trouvé un vaste domaine d’application dans les systèmes de mesure des signaux Radio Fréquence (RF) modulés en amplitude. La plupart des détecteurs utilisent des composants procurant, pour une certaine plage de puissance RF appliquée, une caractéristique de détection de type quadratique. Dans cette zone quadratique la tension détectée par le composant s’avère proportionnelle à la puissance du signal RF incident. Un détecteur en technologie silicium présente généralement une tension de seuil de l’ordre de 0,35 V. Cette valeur atteint 0,8 V pour une diode GaAs. Ceci montre qu’un montage de polarisation externe est nécessaire afin de pouvoir utiliser le détecteur GaAs en détection. En effet, le faible niveau de la puissance RF disponible à l’entrée de la diode est parfois insuffisant lorsqu’il faut atteindre la zone de détection quadratique de la caractéristique I(V). Un détecteur quadratique est caractérisé principalement par deux paramètres : 1- La sensibilité en tension J exprimée en mV/PW correspond au rapport entre la tension continue détectée et la puissance hyperfréquence incidente. Cette sensibilité en tension dépend de nombreux facteurs tels que, - le niveau de polarisation du composant ; - la résistance de charge ; - le niveau du signal RF incident ; - la fréquence RF (influence croissante des capacités parasites). Tous ces paramètres sont précisés lorsque l’on annonce une sensibilité en tension. 2- La sensibilité tangentielle TSS, exprimée en dBm. Elle représente le niveau de puissance RF à l’entrée détecté engendrant un signal de sortie avec un rapport signal sur bruit de 8 dB. Deux types de composants sont donc utilisés classiquement : x les diodes Silicium ou GaAs ; x les transistors montés en diode. Chaque famille de ces composants présente des avantages et des inconvénients. Nous avons réalisé et caractérisé deux détecteurs quadratiques. Le premier est un circuit hybride utilisant une diode GaAs, le deuxième utilise un transistor HEMT en topologie MMIC. Le choix du détecteur final pour le radiomètre s’effectuera en fonction des caractéristiques globales du système. 3.1 - Détecteur à diode La diode est un composant à deux accès, si l’on souhaite mesurer la composante continue du signal détecté, il peut donc s’avérer difficile de séparer la tension de polarisation de la tension détectée. Les performances des diodes silicium disponibles actuellement sont limitées à 40 GHz. Il n’existe pas actuellement de procédé commercial en fonderie proposant l’intégration monolithique de ce type de diode en Rapport INRETS n° 250 81 Système millimétrique d'imagerie passive GaAs. Nous disposons par ailleurs de diodes Schottky GaAs qui possèdent des fréquences de coupure supérieures à 1000 GHz. La diode dont nous disposions est une diode Beam-Lead "APX-378" représentée figure 58. Nous l’avons donc choisie afin de réaliser le premier détecteur a diode. L’étape préliminaire nécessaire à la réalisation du détecteur consiste à mesurer la caractéristique continue I(V) de la diode. Cette mesure nous permet de mesurer la valeur de la tension du seuil de la diode ainsi que la valeur de la résistance série. La valeur de la tension du seuil détermine la nécessité ou non de polariser la diode. Figure 58 - Schéma de la diode Schottky Beam-Lead. Dimensions en Pm Figure 59 - Caractéristiques statiques de la diode Schottky : mesurée (courbe en pointillé) en optimisée par simulation (courbe continue). La caractéristique I(V) de la diode statique mesurée et optimisée par simulation est montrée figure 59. Nous avons rapproché les deux courbes dans la zone non-linéaire de I(V), zone où la détection s’effectue. On remarque que la variation du courant statique de la diode en fonction de la tension de polarisation suit la loi : 82 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique ID ª § qV · º I S «exp¨ ¸ 1» © nKT ¹ ¼ ¬ Eq. 61 expression où Is : est la courant de saturation, n : est le facteur d’idéalité, 1 < n < 2 Nous pouvons remplacer la diode de la figure 58 polarisée en directe par le schéma électrique équivalent classique décrit figure 60. Figure 60 - Schéma équivalent de la diode Schottky polarisée en directe. Sur ce schéma Rs constitue la résistance série de la diode. Elle est la somme de la résistance de diffusion, de la résistance de la couche active et de la résistance du contact ohmique. Généralement la résistance due au contact ohmique est très faible et peu être négligée. La résistance série globale est mesurée à partir de la pente de la courbe I(V) à forte valeur du courant. xRj constitue la résistance dynamique de jonction. C’est sur cette résistance que s’effectue la détection du signal HF. Elle est donnée par : R j 'V . Une bonne diode détectrice exige un rapport Rj / Rs élevé ; 'I xCp est la capacité parasite du boîtier ; xLs est la self parasite d’accès de métallisation de la diode. La pente de la courbe I(V), pour un courant de l’ordre de 10 mA, nous permet de déduire la résistance série rs de la diode ainsi que sa tension de seuil. Cette dernière est de l’ordre de 0,78 V. Nous avons trouvé une valeur de 5,2 : pour Rs et un courant de saturation IS de 10 fA. Par le moyen d’optimisation MDS, nous avons trouvé une valeur de 1,12 pour le facteur d’idéalité. Cependant cette résistance série mesurée en continu ne présente pas l’image de la résistance série réelle en haute fréquence (HF). En effet, l’effet de peau apparaissant avec l’augmentation de la fréquence force le courant à circuler tout au long de la surface du substrat, réduisant ainsi la surface effective de la résistance. La valeur de la résistance devient donc légèrement supérieure à sa valeur mesurée en continu. Nous avons remarqué cet effet en mesurant les paramètres Sij de la diode aux fréquences supérieures à 50 GHz. xCj : est la capacité de la jonction. Aux faibles valeurs de polarisation la capacité de jonction peut être écrite sous la forme : C j V C j0 § V· ¨1 ¸ © )¹ D expression où : Rapport INRETS n° 250 83 Système millimétrique d'imagerie passive Cj0 : est la capacité de jonction (zone désertée) pour la diode non polarisée, I : est la tension de seuil de la diode, V : est la tension appliquée aux bornes de la jonction, D : est un facteur qui décrit l’évolution de la capacité de la jonction en fonction de V. Cette capacité est disposée en parallèle avec la résistance non-linéaire de la jonction et possède trois effets directs sur les performances du détecteur : x x x elle limite l’étendue des valeurs d’impédance possibles prises par la diode, elle rend l’adaptation de l’impédance de la diode difficile en HF par réduction de la valeur de l’impédance de la diode, elle limite la fréquence maximale d’utilisation de la diode par son effet de filtrage du signal. Après sa caractérisation en régime statique, nous sommes passés en régime dynamique en effectuant une mesure des paramètres S dans la bande 0,1 à 50 GHz. Cette étape de mesure nous permet de déduire les valeurs des éléments réactifs du schéma équivalent complet de la diode. La caractérisation dynamique a été effectuée sous pointe en montant la diode dans une cellule spécifique permettant à la pointe à la fois de polariser et d’exciter en fréquence la diode. Cette cellule permet d’acquérir uniquement le paramètre S11 du composant. La figure 61 montre le coefficient de réflexion relevé, diode polarisée en direct avec un courant de polarisation de 0 à 150 PA (61-a) puis en inverse (61-b) dans cette bande 0,1 à 50 GHz. Figure 61 - Coefficient de réflexion de la diode Schottky polarisée en direct (agauche) et en inverse (b-droite) pour différents courants de polarisation. La mesure de S11 en polarisation inverse et à basse fréquence nous permet de déduire la valeur de la capacité Cp tandis qu’en haute fréquence nous pouvons trouver des valeurs approchées des selfs d’accès. Ce sont des valeurs de départ que l’on peut ajuster par simulation et optimisation afin de s’approcher du S11 mesuré à 50 GHz. Le schéma équivalent de la diode polarisée en direct identifié après optimisation est montré figure 62. On distingue surtout les effets parasites capacitifs et selfiques des accès. 84 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique Figure 62 - Schéma équivalent final de la diode polarisée en direct. Le coefficient de réflexion trouvé montre qu’une adaptation de la diode est nécessaire avant de réaliser le détecteur. Nous avons choisi d’effectuer une adaptation réactive afin de ne pas dégrader la sensibilité de la diode. La polarisation de la diode peut varier de quelques microampères jusqu’à 150 PA avant de dépasser la zone de détection quadratique de la diode. La polarisation externe permet de réduire la valeur de la résistance vidéo Rj ce qui facilite l’adaptation. Un compromis entre la sensibilité du détecteur et son bruit propre, fonction du courant de polarisation nous conduit à adapter la diode pour un courant de polarisation de 40 PA. Mesure de la sensibilité continue Nous sommes passés ensuite à l’étape de mesure de la sensibilité continue J du détecteur. Ce paramètre représente le rapport de la puissance RF incidente aux bornes de la résistance vidéo Rj de la diode à la tension détectée aux bornes de la résistance de charge RC externe (figure 63). Figure 63 - Filtre RC associé à la diode de détection. I0 Rg Détecteur Es C Source HF Rc Filtre RcC Compte tenu des éléments fournis par le constructeur Hewlett Packard, l’expression de la tension détectée Vdét par la diode en fonction de résistance de jonction Rj s’écrit : Rapport INRETS n° 250 85 Système millimétrique d'imagerie passive 2 2 Vdet Rj RC VS 2 4Vt R j R g RC R j R g nKT nKT 28 | | q( I 0 I s ) qI 0 I0 avec R j (mV ) (mA) q nKT et Vt Rs : est la résistance série ; I0 : est le courant de polarisation, généralement égal à quelques PA, IS : est le courant de saturation, égal à 10 fA dans notre cas ; Rg : proche de 50 :. Elle représente l’impédance de sortie de l’amplificateur hyperfréquence juste avant le détecteur ; Par ailleurs, la puissance disponible Pi de la source HF s’écrit : 2 Pi VS 2 Rg Nous pouvons ainsi déduire la sensibilité J du détecteur J = Vdét / Pi : J 2 Rg Vt Rj R 2 Rg 2 j RC RC R j R g Eq. 63 A partir de cette équation, on peut remarquer l’influence des différents paramètres sur la sensibilité du détecteur. On note l’existence d’un courant de polarisation I0 optimal (les 40 PA choisis précédemment), d’une résistance vidéo Rj optimale et d’une résistance de charge RC élevée permettant globalement de disposer ainsi d’une sensibilité élevée optimale. Expérimentalement, nous avons mesuré cette sensibilité sous pointe en fonction du courant de polarisation de la diode et de sa résistance de charge. La diode est suivie par un montage d’amplification BF différentielle faible bruit permettant de séparer la composante continue détectée de celle de polarisation. La bande passante du montage d’amplification BF est fixée de 0 Hz à 10 kHz. Nous avons veillé à garder une constante de temps RCC identique pour les différentes valeurs de la résistance de charge RC utilisée. La figure 64 montre l’évolution de la sensibilité du détecteur à 51,2 GHz en fonction du courant de polarisation avant et après les modifications (à 51,4 GHz) effectuées sur le circuit. 86 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique Figure 64 - Evolution de la sensibilité J de la diode détectrice en fonction du courant de polarisation, pour différentes valeurs de la résistance de charge. 2.5 Rc =1K Rc =10K Rc = 10K, circuit modifié à 51,4 GHz Rc =47K Sensibilité (mV/uW) 2 1.5 1 0.5 0 0 20 40 60 80 100 120 Courant de polarisation (uA) On constate que la sensibilité J maximale de 2 mV/PW est obtenue avec une résistance de charge Rc de 47 k: et un courant de polarisation de 15 PA. Néanmoins, le signal ainsi détecté reste noyé dans un bruit important dû au bruit blanc de la résistance. Une résistance de 10 k: a permis d’obtenir une sensibilité plus faible (0,8 mV/PW) avec cependant beaucoup moins de bruit. 3.2 - Transistor détecteur Le deuxième détecteur réalisé exploite un transistor PHEMT ED02AH fourni par la fonderie PML. Le transistor est de type Normally–off monté en diode (Vds = 0). La figure 65 montre le détecteur en topologie MMIC réalisé à PML avec sa résistance de charge intégrée de 5 k:. Dans ce cas, on ne peut étudier la sensibilité continue que pour cette seule valeur de résistance de charge. Figure 65 - Détecteur à transistor HEMT en MMIC. Ce détecteur est également adapté avec un circuit réactif. Sa caractérisation sous pointe a montré qu’il est mieux adapté à 57 GHz qu’à 52 GHz. La sensibilité maximale a été obtenue dans la bande 52 – 53 GHz (figure 66). Rapport INRETS n° 250 87 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 66 - Evolution de la sensibilité J du détecteur à transistor en fonction du courant de polarisation, la résistance de charge est fixée à 5k:. 1.3 1.2 Sensibilité (mV/uW) 1.1 1 0.9 0.8 0.7 Fréquence =52,5GHz Fréquence =57,8GHz 0.6 0 15 30 45 60 75 90 105 Courant de polarisation (uA) Les caractéristiques du banc de mesure de la sensibilité du détecteur transistor sont similaires à celui exploité pour la diode détectrice. On remarque que le transistor détecteur est plus sensible que la diode. La valeur maximale mesurée à 52,5 GHz est de 1,21 mV/PW avec cette résistance de charge de 5 k:. Une fois mesurée la sensibilité continue des deux détecteurs, nous sommes passés à la caractérisation du deuxième paramètre significatif soit la sensibilité tangentielle notée TSS. 3.3 - Mesure de la sensibilité tangentielle des détecteurs Le niveau de puissance minimale décelable par un détecteur est limité par le bruit propre du composant de base. Ce bruit peut être décomposé en deux termes : un terme indépendant de la fréquence (dû au bruit blanc) ainsi qu’un terme fonction inverse de la fréquence (« flicker noise » ou bruit en 1/f). Les bruits blancs sont constitués de bruits d’origine thermique, de bruit de grenaille et des bruits de génération et de recombinaison des porteurs. Le bruit en 1/f encore appelé bruit de scintillement dépend de l’état de surface des composants mais s’avère toujours lié au passage d’un courant en sens direct. La densité spectrale de puissance du bruit 1/f est d’autant plus importante que la fréquence est faible. La distribution des amplitudes n’est pas gaussienne. La puissance de bruit global dans la diode est : P § f *I · ¨¨ N w n 0 ¸¸ * KTB f ¹ © Eq. 64 expression où : Nw : est un terme constant dû au bruit blanc, fn : fréquence au-dessous de laquelle le « flicker noise » est mesurable, 88 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique I0 : est le courant de polarisation, B : bande passante du système de mesure. On remarque que la polarisation de la diode augmente le bruit du détecteur (bruit en 1/f). La TSS d’un détecteur est définie comme étant le niveau de puissance disponible à l’entrée du détecteur produisant à sa sortie une tension ayant un rapport signal sur bruit (S/N) de 8 dB. Il n’existe pas actuellement d’expression analytique générale de la TSS. Cependant on trouve chez Hewlett Packard une formulation approximative de la TSS d’une diode possédant un facteur d’idéalité n égal à 1,08 reliant ses paramètres électriques et physiques : ª R S C j 2 (I 0 ) º ª B ·º 28 § f TSS>dBm @ 107 5 log BV 10log Id 5 log«R A ¨¨1 N Ln V ¸¸» 10log«1 » I d © BV f L ¹¼ I0 «¬ »¼ ¬ expression où : BV : bande passante vidéo (Hz), I0 : courant de polarisation de la diode (PA), fN : « corner frequency » ou fréquence de coupure du bruit 1/f de la diode (Hz), fL : fréquence de coupure basse de l’ampli vidéo (Hz), RS : résistance série de la diode, Cj(I0) : capacité de jonction pour un courant I0 (pf), f : fréquence de travail (GHz), RA : résistance série équivalente de bruit de l’ampli vidéo (k:). Cette expression montre que les paramètres essentiels de la diode qui affectent la sensibilité du détecteur sont la fréquence fn et la capacité Cj, valeurs qui dépendent également du courant de polarisation. Le montage de la mesure de la TSS de la diode ou du transistor est montré figure 67. Le signal RF est généré par un synthétiseur de fréquence dont la fréquence maximale est 50 GHz. Ce générateur permet d’avoir une puissance RF variable dont la forme d’onde est un créneau modulable en amplitude. Figure 67 – Banc de mesure de la TSS des détecteurs à 50 GHz. I0 (PA) Synthé 50 GHz dBm Câble V Guide d’onde pointe pointe oscilloscope Ampli BF Détecteur Le montage du détecteur transistor MMIC exploite un amplificateur commercial BF faible bruit dont la bande passante est de 1 MHz. Le signal hyper est modulé à 50 kHz. Cet amplificateur BF suivant le détecteur présente un produit Gain*Bande_Passante (GBW) égal à 0,6 MHz. Afin d’amplifier suffisamment le signal détecté tout en respectant sa forme carrée, nous avons fixé la fréquence de modulation du signal RF à 1 kHz. La bande passante est de 10 kHz. Rapport INRETS n° 250 89 Système millimétrique d'imagerie passive La figure 68 montre l’évolution de la TSS à 50 GHz des deux détecteurs en fonction du courant de polarisation. La résistance de charge de la diode détectrice est de 10 k:, tandis qu’elle est de 5 k: pour le transistor détecteur. Figure 68 – Evolution de la TSS des deux détecteurs réalisés. -30 Transistor HEMT -32 Diode Schottcky -34 TSS (dBm) -36 -38 -40 -42 -44 -46 -48 -50 0 20 40 60 80 100 120 Courant de polarisation (uA) On déduit une TSS de – 40 dBm/Hz pour le transistor et de – 46 dBm/Hz pour la diode détectrice. Au final, nous avons sélectionné le détecteur à transistor pour l’utilisation dans le système radiométrique. La diode présente certes une meilleure TSS mais le fait qu’on l’utilise en montage hybride rend sa sensibilité continue et son adaptation assez imprécise d’un circuit à un autre. La valeur minimale mesurée permet ainsi de définir la valeur minimale du gain hyperfréquence du récepteur apte à détecter la cible ou la scène vue par l’antenne. Sachant que la diode de bruit est modulée par un signal carré basse-fréquence à 1 ou 2 kHz nous obtenons une TSS du détecteur à transistor de – 57 dBm dans 20 kHz de bande BF. Par ailleurs, La température du ciel au niveau de l’ouverture de l’antenne du radiomètre présente une valeur de l’ordre de 150° K. Nous obtenons une puissance de – 86 dBm dans 1 GHz de bande de fréquence et de – 82 dBm dans 3 GHz de bande. Par conséquent le gain RF minimum nécessaire à détecter cette température par le radiomètre s’élève à 42 dB. 4 - Amplificateurs hyperfréquences De l’analyse précédente du détecteur quadratique nous obtenons qu’il est nécessaire d’amplifier le signal détecté par l’antenne d’au moins 40 dB afin atteindre la TSS du détecteur. La fréquence de coupure du gain en puissance (fmax) des transistors P-HEMT de la filière 0,2 Pm ED02AH de OMMIC est de l’ordre 65 GHz. En se fondant sur une décroissance de 20 dB par décade lorsque la fréquence augmente, on ne peut espérer mieux qu’un gain de 4 à 5 dB par transistor à 55 GHz. Afin d’obtenir un gain de 15 dB, il devient donc nécessaire de mettre en cascade au moins trois étages d’amplification. 90 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique Par ailleurs, les conditions d’adaptation en entrée des transistors pour obtenir un facteur de bruit minimum sont différentes de celles conduisant au gain en puissance maximal. De plus, afin d’assurer la stabilité inconditionnelle des transistors, des inductances de sources et d’autres éléments de contre-réaction ont été introduits. Ceuxci contribuent également à une diminution du gain de chaque étage (figure 69). Nous nous sommes donc orientés vers une chaîne à quatre étages. Chaque étage est constitué d’un transistor P-HEMT monté en source commune. Afin d’avoir un facteur de bruit minimal avec un gain associé relativement élevé, nous avons fixé pour les deux premiers étages un développement de grille de 4 x 15 µm, et de 6 x 15 µm pour les deux derniers étages. Ce choix a montré un meilleur compromis facteur de bruit / gain associé. Figure 69 – Schéma synoptique de l’étage de base de l’amplificateur de bruit La mise en cascade de ces quatre étages peut être effectuée de différentes façons. Dans le but d’obtenir une compacité maximale, l’impédance du premier étage a été optimisée afin que le coefficient de sortie corresponde sensiblement au coefficient de réflexion de source à présenter à l’étage suivant. Ceci permet la mise en cascade directe des quatre étages sans réseau d’adaptation intermédiaire. 4.1- Amplificateur faible bruit (LNA) Nous avons réalisé un élément d’amplification de base disposant des caractéristiques d’adaptation inter-étage telles que décrites au paragraphe précédent. Nous avons donc omis les réseaux d’adaptations en entrée et en sortie (figure 70). Ceci nous permet d’optimiser les caractéristiques du circuit d’adaptation en entrée afin d’obtenir un facteur de bruit minimal et celui en sortie permettant d’optimiser le gain en puissance. Ces circuits supplémentaires d’adaptation ont été réalisés sur alumine. Ces amplificateurs faible bruit ont été conçus et fondus en utilisant des transistors normalement passants (Normally-On) Rapport INRETS n° 250 91 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 70 - Amplificateur faible bruit élémentaire. L’étude et l’adaptation de cet étage d’amplification en bruit et en puissance sont réalisées en utilisant les paramètres S mesurées sur le composant élémentaire. Par voie de simulation électrique sur MDS, nous avons constaté que l’adaptation en bruit d’une seule brique ne procure que 10 dB de gain. Or, si nous voulons pouvoir négliger les pertes du filtre, qui sont de 2,5 dB et le facteur de bruit des étages ultérieurs nous devons mettre en cascade directement deux briques de base identiques, adapter l’entrée de la première en bruit et la sortie de la seconde en puissance. Le schéma synoptique de l’amplificateur faible bruit ainsi obtenu est montré figure 71. L’adaptation en entrée et en sortie est réalisée avec des circuits réactifs à base de stubs en circuit ouvert. Les résultats des simulations sont montrés figures 72 et 73. Figure 71 - Schéma synoptique de l’amplificateur faible bruit constitué de son circuit d’adaptation d’entrée (en bruit), deux étages d’amplification en cascade et le circuit d’adaptation en sortie (puissance) Brique 1 Brique 2 S22_mom 92 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique Figure 72 - Coefficient de réflexion en sortie (S22_mom) du circuit d’adaptation d’entrée se trouvant à l’intersection du cercle du facteur de bruit de 5,3 dB et du cercle de gain de 20 dB à 53 GHz S22_mom Sopt Cercle de bruit Cercle du gain Figure 73 - Coefficients de réflexion à l’entrée de l’amplificateur (S11) et en sortie (S22) simulés et le gain théorique associé. Sur l’abaque de Smith de la figure 72 nous distinguons, le cercle du bruit et celui du gain en entrée. Nous avons optimisé l’impédance du réseau d’adaptation en entrée en module et en phase pour s’approcher du Sopt, tandis que l’adaptation en sortie consiste à Rapport INRETS n° 250 93 Système millimétrique d'imagerie passive adapter l’impédance de l’amplificateur sur 50 : afin de produire le maximum de puissance (S22). la gain théorique correspondant est de l’ordre de 20 dB. Il varie très peu (< 1 dB) dans la bande 51 – 55 GHz (figure 73). 4.2 - Amplificateur moyenne puissance Nous avons utilisé les éléments d’amplification de la figure 70 afin de réaliser le deuxième étage d’amplification. Dans ce cas on ne s’intéresse plus au bruit de l’amplificateur, mais uniquement au gain maximum qu’il peut délivrer. 5 - Source de bruit de calibrage La source de bruit de calibrage choisie est initialement une diode à avalanche. Le facteur de bruit du premier étage d’amplification (6 dB) augmente la température de bruit équivalente du système qui à son tour dégrade sa sensibilité. Par conséquent, il est indispensable de calibrer le système en utilisant une source de bruit ayant un ENR élevé (équation 46) afin de compenser ce facteur de bruit et d’améliorer ainsi les performances du système. La diode à avalanche utilisée pour le calibrage à 4 GHz fonctionne, montée dans un boîtier spécial (en puce), jusque 110 GHz. La mesure de l’ENR de la diode a été effectuée sous pointe dans une cellule spécialement dédiée à la caractérisation des composants micro-ondes et millimétriques. Nous disposons de moyens de mesures de l’ENR uniquement à 60 GHz et à 94 GHz. La figure 74 montre la diode à avalanche montée dans une telle cellule à accès coplanaire où la mesure de son coefficient de réflexion est effectuée. Figure 74 - Cellule de caractérisation de la diode à avalanche (gauche) et son coefficient de réflexion (droite) mesuré pour un courant de polarisation de 10 et 20 mA. Diode 94 Fil d’or de connexion Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique Nous remarquons que la diode n’est pas adaptée sur toute la largeur de la bande de fréquences 50 – 75 GHz. Son ENR mesuré à 60 GHz en fonction du courant de polarisation apparaît figure 75. Figure 75 - ENR de la diode à avalanche non adaptée, mesuré à 60 GHz. 25 ENR (dB) 20 15 10 5 0 0 5 10 15 20 25 30 35 Courant de polarisation (mA) La technique de calibrage par addition de bruit utilisant un coupleur nécessite théoriquement quatre voies adaptées sur 50 : or : x x x l’accès de l’antenne Vivaldi est adapté (S11 de la transition), la deuxième voie du coupleur (voie isolée) est chargée sur 50 :, l’entrée des LNA n’est pas très adaptée (–3 dB). Le coefficient de réflexion de la diode à avalanche montre qu’un circuit d’adaptation est nécessaire pour la diode avant de l’insérer dans la voie couplée. 5.1 - Adaptation réactive Le montage de caractérisation de la diode apparaît figure 76. La diode est posée sur le plan de masse. Elle comporte trois petits accès pour des applications à hautes fréquences, un accès moyen pour des applications basses fréquences et un accès large pour la caractérisation en statique. On effectue trois mesures différentes, la première avec un seul fil d’or connectant la diode à la ligne microruban de l’accès pointe, la deuxième mesure avec deux fils connectant deux accès hyper de la diode à la ligne et la troisième avec trois fils connectant les trois accès hyper. Nous obtenons qu’avec un seul fil de connexion, la diode est mieux adaptée. La self équivalente du fil d’or de connexion aide à adapter la diode ainsi que le montre la figure 77. Rapport INRETS n° 250 95 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 76 - Montage de caractérisation de la diode à avalanche avec l’accès pointe. Pointe hyper Polarisation Via hole Accès pointe Fil d’or 200 Pm Diode Plan de mesure en TRL 1400 Pm 127 Pm Plan de masse Figure 77 - Comparaison entre les coefficients de réflexions mesurés avec une diode connectée avec un seul fil (à gauche) et 2 fils (à droite). 96 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique Mesure de l’ENR de la diode à 60 GHz La figure 78 montre l’ENR de la diode à avalanche mesuré à 60 GHz (courbe en pointillés) après son adaptation réactive. De la lecture du coefficient de réflexion |U| de la diode à 60 GHz pour les différents cas de polarisation, nous pouvons déduire la puissance maximale du bruit généré par la diode à partir de l’équation : Pmax P mesurée 1 U 2 L’ENR maximal correspondant est tracé figure 78 (courbe continue). Si l’on considère que autour de 60 GHz, la puissance maximale de bruit généré par la diode est quasi-constante, nous obtenons qu’elle le reste également dans la gamme où la diode est bien adaptée soit de 51 à 57 GHz et pour un courant de polarisation de 15 mA. Figure 78 - ENR de la diode à avalanche mesuré à 60 GHz. 25 ENR (dB) 20 15 10 5 ENR(dB) ENRmax (dB) 0 0 5 10 15 20 25 30 Courant de polarisation (mA) De 51 à 55 GHz, ce courant de polarisation de 15 mA procure une puissance maximale de bruit généré par la diode de -153,7 dBm/Hz. 6 - Coupleur directif Le bruit généré par la diode est transféré à l’entrée du LNA via un coupleur de directivité 10 dB. Les caractéristiques les plus importantes du coupleur sont ses pertes en transmission en voie directe qui s’ajoutent directement au facteur de bruit du système et le coefficient de couplage dans la bande de fréquence d’opération du radiomètre. La figure 79 montre le layout du coupleur réalisé sur alumine. Les coefficients de réflexion et de couplage simulés et mesurés sont présentés figures 80. Les pertes de transmission mesurées en voie directe sont de 0,4 dB avec un coefficient de couplage de 10,4 dB. Rapport INRETS n° 250 97 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 79 - Coupleur directif. Figures 80 - Coefficients de réflexion (à gauche) et de couplage (à droite) simulés et mesurés. 7 - Filtre passe bande Le fonctionnement du système en mode de réception impose de filtrer énergiquement toutes les émissions ou les harmoniques des signaux se trouvant proches de la bande du fonctionnement du radiomètre pouvant saturer les amplificateurs et fausser les mesures. La bande passante du filtre est limitée à 51 – 55 GHz. Il faut donc assurer la réjection des émissions éventuelles à 60 GHz ou des résidus des liaisons intrabâtiment à 60 GHz. Le gabarit du filtre doit présenter une atténuation supérieure à 20 dB à 60 GHz et cela nécessite le recours à des filtres d’ordre supérieur ou égal à 3. Un tel ordre implique une conception délicate qui doit prendre en compte les impératifs de taille et des limites technologiques de réalisation sur alumine. La topologie adoptée repose sur des filtres à lignes couplées. La difficulté majeure d’une telle approche repose sur la largeur minimale des fentes pouvant être gravée chimiquement de manière fiable sur alumine. Pour un substrat alumine présentant une métallisation de 1,5 Pm, 98 Rapport INRETS n° 250 Caméra et radiomètre millimétrique cette largeur est de l’ordre de 40 Pm. L’adaptation sur 50 ohm est ensuite réalisée par l’emploi de transformateurs d’impédances à base de tronçons de lignes quart d’ondes ainsi qu’illustré figure 81. Figure 81 - Filtre passe-bande 51-55 GHz. L’ordre et le type de filtre choisi définissent les impédances normalisées associées. La théorie des filtres à lignes couplées permet d’établir le lien entre les dimensions de chaque section (longueur et largeur des lignes, largeurs des fentes) et ces impédances normalisées. A partir d’une approche analytique, l’optimisation des performances du filtre est réalisée à l’aide des logiciels MDS et Momentum. L’analyse de paramètres Sij du filtre par MDS s’effectue par modélisation analytique de ses différents constituants qui permet une première optimisation des performances. L’analyse électromagnétique effectuée par l’outil logiciel Momentum permet ensuite d’affiner la conception du filtre par maillage de sa structure et par la prise en compte plus fine des phénomènes de couplage et de rayonnement des différents éléments. Le filtre développé est du type Tchebychev d’ordre 3. Il possède une ondulation de 0,1 dB dans la bande passante et une atténuation de l’ordre de 20 dB à 2 GHz hors de la bande passante. L’adaptation de ce filtre est par ailleurs assurée dans la bande passante où le coefficient de réflexion est de l’ordre de –15 dB. Les dimensions de ce filtre et notamment la largeur des fentes respectent les limitations technologiques. La figure 82 présente les résultats théoriques et expérimentaux obtenus. Pour ces mesures, nous avons caractérisé le filtre à l’analyseur de réseau en utilisant la calibrage TRL. Nous pouvons constater un bon accord entre les résultats de simulation et les résultats des mesures des caractéristiques du filtre réalisé. Les performances de ce filtre limitent la bande passante à 4 GHz. A l’intérieur de celle-ci, les coefficients d’adaptation S11 et S22 sont inférieurs à – 15 dB. Les pertes intra-bande sont de 2,5 dB et la réjection à 2 GHz de la bande passante est supérieure à 19 dB. Rapport INRETS n° 250 99 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 82 - Evolutions théoriques et expérimentales des paramètres [S] du filtre. Ces caractéristiques théoriques reflètent le fonctionnement du filtre chargé sur 50 : en entrée et en sortie. Il est donc important que lorsque le filtre soit intercalé entre les étages d’amplifications présentant une impédance de 50 :. 8 - Conclusion En effectuant des simulations de la chaîne d’amplification comportant l’amplificateur faible bruit suivi par le filtre et l’amplificateur moyenne puissance, nous trouvons que le récepteur présente une bande passante globale, définie à 3 dB de diminution de gain, limitée de 52 à 55 GHz. 100 Rapport INRETS n° 250 Chapitre 5 Mise en œuvre du démonstrateur 53 GHz L’objet de ce dernier chapitre est de présenter le démonstrateur final du système radiométrique réalisé en bande V. Les différents circuits que nous avons conçus et réalisés ont été décrits précédemment. Nous présentons donc ici les performances mesurées (gain et facteur de bruit) de l’étage d’amplification faible bruit de tête, le gain global de la chaîne d’amplification ainsi que la caractérisation du système radiométrique monocanal complet. 1 - Banc de caractérisation millimétrique Ces meures ont été effectuées sur l’analyseur de réseaux millimétrique HP85106 présenté figure 83. Il comporte une source de puissance hyper de valeur constante égale à 0 dBm. L’utilisation d’un atténuateur du côté S11 de l’analyseur s’avère indispensable afin de ne pas saturer les amplificateurs. Ceci a pour effet de masquer le paramètre S11. Sa valeur sera donc celle obtenue uniquement par simulation. Figure 83 - Banc de caractérisation millimétrique sous pointe. Analyseur de réseaux Pointes hyper Rapport INRETS n° 250 Circuit sous pointe 101 Système millimétrique d'imagerie passive 2 - Caractérisation de l’amplificateur faible bruit Cette étape comporte la mesure du gain et du facteur du bruit du LNA. Nous ne disposons que de la mesure du facteur de bruit à 60 GHz. Par comparaison entre la valeur mesurée à 60 GHz et la valeur trouvée par simulation, nous retrouverons le facteur de bruit dans la bande d’opération du signal. 2.1 - Mesure du gain du LNA Puisque nous rapportons les circuits d’adaptation sur un substrat d’alumine, la caractérisation des amplificateurs s’est effectuée par montage direct sur la platine du radiomètre. Cette configuration, montrée figure 84, permet de mesurer les paramètres Sij réels du radiomètre en utilisant les accès pointe. Figure 84 : Schéma synoptique du montage de caractérisation du LNA. Accès pointe Fil d’or de connexion Capacité de découplage, 82 pf La connexion entre les différents circuits est effectuée par thermo-compression. Ceci implique une certaine variation de la longueur de ligne d’adaptation sur alumine selon la position du fil d’or de connexion. Par simulation, nous avons remarqué une sensibilité de l’adaptation des amplis en fonction de la longueur de la ligne. La figure 85 montre les paramètres Sij mesurés de l’amplificateur faible bruit composé de deux étages d’amplification adaptées en entrée et en sortie. Les grilles des transistors reçoivent une tension de polarisation commune de –0,2 V. Il s’agit du point de polarisation optimal qui, par simulation, produit un facteur de bruit minimal. Ainsi que prévu, l’amplificateur présente un gain supérieur à sa valeur théorique. Figure 85 - Résultats de mesures du LNA à Vgs = -0.2 V. 102 Rapport INRETS n° 250 Mise en oeuvre du démonstrateur 53 GHz 2.2 - Mesure du facteur de bruit à 60 GHz L’importance de la mesure précise du facteur du bruit du LNA provient du fait que la sensibilité du radiomètre est liée directement à la température du bruit équivalente du système. La comparaison entre le facteur de bruit mesuré et celui trouvé par simulation (figure 86) montre une différence de 1,1 dB pour différents points de polarisation de grille. Nous remarquons aussi que la valeur minimale correspond à la valeur fixée au départ par simulation. Le bon accord entre simulations / mesures du facteur du bruit nous permet de retrouver la valeur du facteur de bruit dans la bande utile d’opération du radiomètre par voie de simulation. De l’ensemble des courbes présentées figure 87, nous déduisons que le LNA présente un facteur de bruit minimal moyen de 5,34 dB dans la bande de fréquences 52 à 55 GHz. Par conséquent, nous pouvons considérer que le LNA présente effectivement un facteur de bruit réel moyen de 6,44 dB (+1,1 dB) dans cette bande de fréquences. Figure 86 - Facteur de bruit du LNA mesuré et simulé à 60 GHz. 14 Facteur de bruit (dB) 12 10 8 6 4 2 Fmesuré (dB) Fsimulé (dB) 0 -0.6 -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0 Potentiel de la grille (V) Figure 87 - Résultats des simulations du facteur de bruit du LNA. 10 9 Facteur de bruit (dB) 8 7 6 5 4 Vgs = 0V Vgs= -0.1 Vgs= -0.2 Vgs= -0.3 Vgs= -0.4 Vgs= -0.5 3 2 1 0 51.5 52 52.5 53 53.5 54 54.5 55 55.5 Fréquence (GHz) Rapport INRETS n° 250 103 Système millimétrique d'imagerie passive 2.3 - Point de compression à 1 dB du LNA Pour la tension de polarisation optimale Vgs = -0,2 V, l’évolution du transfert en puissance (figure 88) du LNA en fonction de la puissance du signal d’entrée révèle une plage de fonctionnement linéaire suffisante pour notre application. En particulier, le point de compression à 1 dB en sortie du LNA se situe à +10 dBm, ce qui correspond à une puissance d’entrée de –14 dBm, largement supérieure à la puissance du bruit thermique de scène à température ambiante. Figure 88 - Evolution de transfert de puissance du LNA à 53 GHz (Vgs = -0,2 V). 20 15 Pout (dBm) 10 5 0 -5 -10 -15 -20 -50 -40 -30 -20 -10 0 Pin (dBm) 3 - Mesure du gain global du radiomètre Après cette caractérisation du LNA, nous avons monté le filtre passe bande et l’amplificateur de moyenne puissance (MPA) muni de ses circuits d’adaptation. Le schéma du montage utilisé est montré sur figure 89. La caractérisation s’effectue sous pointe. Figure 89 : Schéma synoptique du montage de caractérisation de la chaîne d’amplification du radiomètre. Accès pointe LNA Filtre passe bande MPA 104 Rapport INRETS n° 250 Mise en oeuvre du démonstrateur 53 GHz Les résultats de mesures des paramètres Sij sont présentés figure 90. La mesure du paramètre S11 est toujours masquée par l’atténuateur utilisé côté port 1. Le paramètre S22 à la sortie du MPA montre que l’amplificateur est adapté de 52 à 55 GHz. Le gain global maximal frôle les 40 dB dans la bande 52 à 53 GHz pour une tension de polarisation des grilles de 0 V. Nous trouvons une bande passante globale du radiomètre s’étendant ainsi que le prévoyait la simulation de 52 à 55 GHz. Figure 90 - Coefficient de réflexion en sortie et gain global du radiomètre. Le comportement global de la chaîne d’amplification est décrit par l’évolution de la puissance de sortie en fonction de la puissance d’entrée représenté figure 91. Le signal RF subit une compression de 1 dB pour une puissance d’entrée de –30 dBm à laquelle correspond une puissance de sortie de +8,1 dBm. Ceci ne pose pas de problème sachant que la puissance détectée par le radiomètre ne dépasse pas –75 dBm. Figure 91 - Comportement du récepteur à 55 GHz. 15 10 5 Pout (dBm) 0 -5 -10 -15 -20 -25 -70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0 Pin (dBm) Rapport INRETS n° 250 105 Système millimétrique d'imagerie passive 4 - Résultats La figure 92 présente une photographie du radiomètre global en phase finale de montage. L’intégration des différents MMIC et circuits sur alumine s’effectue par collage des différents composants sur un socle en laiton. Ce socle doré présente des propriétés mécaniques appropriées qui minimisent les contraintes exercées sur les différents composants. Néanmoins, ce support mécanique massif présente des phénomènes de contraction et de dilatation sous l’effet de la température élevée lors du montage des différents circuits. Ceci a nécessité l’ajout de points de colle aux bords des lignes en alumine afin d’empêcher la modification de leurs orientations. La polarisation des différents transistors est assurée par une carte d’alimentation délivrant les tensions et courants nécessaires. A chaque polarisation Vds et Vgs est associé un filtre de découplage. Enfin, la liaison entre les différents composants est effectuée par thermocompression. Cette liaison a été réalisée avec beaucoup de précaution afin de minimiser la longueur des fils d’interconnexion entre les différents circuits. A 53 GHz, les fils parasites peuvent modifier complètement l’adaptation ainsi que nous l’avons décrit lors de l’adaptation réactive de la diode à avalanche. Figure 92 - Photographie du radiomètre bande V LNA Filtre Connecteur V Sortie BF Polarisation la diode à avalanche On distingue : - - 106 Le connecteur V ; les circuits monolithiques LNA et détecteur quadratique ; les circuits sur alumine : coupleur, filtre passe bande, circuits d’adaptation des LNA et de la diode à avalanche, lignes de transmission ; les circuits de polarisation sur verre époxy. Rapport INRETS n° 250 Mise en oeuvre du démonstrateur 53 GHz 5- Mesure de la sensibilité continue du radiomètre Pour ces mesures expérimentales, nous avons décidé d’effectuer deux expérimentations différentes à l’aide de deux antennes primaires différentes : l’antenne Vivaldi et le guide d’onde. Le connecteur V permet de connecter directement l’une ou l’autre des antennes à l’entrée du coupleur. De plus, ainsi qu’illustré figure 93, l’utilisation du connecteur V nous permet de mesurer et de tracer la droite d’étalonnage du radiomètre en utilisant la source hyperfréquence de l’analyseur de réseaux à sortie coaxiale. La méthode de caractérisation consiste à faire varier la puissance hyper de l’analyseur par un atténuateur variable puis à mesurer la tension de sortie correspondante. Nous avons enregistré une variation du niveau continu de la tension détectée proportionnelle à la puissance hyperfréquence injectée à l’entrée. La figure 94 montre la droite d’étalonnage mesurée à 54 GHz. Nous remarquons que la sensibilité est maximale à 55 GHz (5 µV/° K), fréquence où le gain du radiomètre est maximal. Figure 93 - Montage de caractérisation du radiomètre. Transition guide-coaxiale Entrée analyseur Figure 94 - Droite d’étalonnage du radiomètre mesurée à 54 GHz. tension détectée (V) 0,0003 0,00025 0,0002 0,00015 0,0001 0,00005 y = 6E-08x + 0,0001 0 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 Temperature de bruit ajoutée (K) Ces données ont été mesurées juste à la sortie du détecteur quadratique sans l’utilisation d’amplification basse fréquence. Nous trouvons une sensibilité continue moyenne dans la bande de fréquences 52 à 53 GHz de valeur égale à 6,10-8 V/°K. Naturellement cette faible valeur est amplifiée par des étages d’amplification basse fréquence faible bruit afin atteindre le seuil de la carte d’acquisition fonctionnant dans Rapport INRETS n° 250 107 Système millimétrique d'imagerie passive la dynamique de tension 0 à 5 V. L’application de la méthode d’extrapolation du facteur du bruit du système à partir de la droite d’étalonnage mesurée donne une température de bruit équivalente du système de 1366° K, ce qui correspond à un facteur de bruit du système de 7,4 dB. Cette valeur est supérieure de 1 dB à celle trouvée par simulation. L’établissement de la droite d’étalonnage nécessite la mesure de la tension d’offset détectée par le détecteur quadratique sans que les amplificateurs RF soient polarisés. Durant les expérimentations, cette tension continue dérivait légèrement de quelques millivolts en fonction du temps. Malgré sa faible valeur, cette déviation constitue l’origine de l’incertitude sur la mesure du facteur de bruit du système. L’effet de cette faible dérivation de le tension d’offset ne modifie pas la pente de la droite d’étalonnage établie, mais il modifie sensiblement, après extrapolation, le point d’intersection de cette droite avec l’axe des températures. 6 - Bruit de la diode à avalanche Après cette mesure de la droite d’étalonnage du radiomètre et, par conséquent, la capacité du radiomètre à détecter les puissances microondes à l’entrée (cette puissance est équivalente à la puissance thermique captée par l’antenne) nous avons vérifié le bon fonctionnement de la diode à avalanche modulée par un signal basse fréquence. Sachant que l’ENR maximal de la diode à avalanche est de 20,11 dB dans la bande de fréquence 52 – 55 GHz, et que le coefficient de couplage du coupleur et de 10,4 dB, une puissance de bruit maximale de valeur –69,4 dBm (2770° K) se trouve donc à l’entrée du LNA. Cette puissance est loin de saturer les amplificateurs ou de dépasser la zone linéaire du détecteur quadratique. La figure 95 montre la sortie du radiomètre détectant le bruit de la diode à avalanche modulée à 90 Hz pour un courant de polarisation de 20 mA. Figure 95 - Signal de sortie du radiomètre, diode polarisée à 20 mA. Courant de polarisation Bruit détecté En polarisant la diode à avalanche avec un courant continu (sans modulation), nous obtenons une variation du niveau de la tension continue détectée. La valeur maximale 108 Rapport INRETS n° 250 Mise en oeuvre du démonstrateur 53 GHz s’établit pour une polarisation de 20 mA. Le signal détecté à la sortie du détecteur quadratique est fortement perturbé par le 50 Hz présent dans le laboratoire. Ce détecteur quadratique constitue le composant le plus sensible à la faible variation de sa tension de polarisation par le secteur. En dépit de l’utilisation de capacités de filtrage, nous n’avons pas réussi à filtrer complètement les légères fluctuations de l’alimentation continue du détecteur. Pour un fonctionnement plus stable avec un signal sans fluctuation, l’utilisation des piles électriques constituerait une solution sûre. Finalement, nous avons conçu un support mécanique spécial qui permet de fixer le radiomètre dans le plan focal d’une lentille de Fresnel. Ce support mécanique, présenté figure 97, est entièrement réalisé en polyvinyle (PVC). Il permet d’effectuer des expérimentations en utilisant soit l’une au l’autre des deux antennes primaires (antenne Vivaldi, et le l’antenne guide d’onde) par une simple rotation de 90° du support de platine du radiomètre. La lentille de Fresnel est fixée verticalement par deux supports verticaux calés par des vis en nylon. Le support de la platine du radiomètre peut glisser suivant un plan perpendiculaire à l’axe de la lentille, sur des rainures en Té et peut être fixé en translation par des vis de blocage en nylon également. Une règle graduée est collée en parallèle avec les rainures. Elle permet de positionner l’antenne du radiomètre dans le plan focal de la lentille de Fresnel. Le système, lentille de Fresnel et support de platine est monté sur une base orientable qui pivote autour du de l’axe de rotation centré dans le plan de la lentille. Ce mouvement permet ainsi d’effecteur un balayage mécanique en vision horizontale avec une rotation de r20°. La lecture de l’angle de rotation se fait via un doigt de repérage avec une résolution de 1°. Figure 96 - Support mécanique du radiomètre monocanal à 53 GHz. Lentille de Fresnel Support de platine Support de lentille Fixation Graduation en degré Après avoir vérifié la fonctionnalité des différents composants constituants le radiomètre, nous avons monté la platine portant le radiomètre sur le support mécanique tel qu’illustré figure 97. Rapport INRETS n° 250 109 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 97 : Montage du radiomètre avec l’antenne guide d’onde. Distance focale Guide d’onde La connexion de l’antenne guide d’onde au conducteur V du radiomètre est assurée par une transition guide – coaxial commerciale "35WR19K" dont le taux d’onde stationnaire est inférieur à 1,2 dans la bande de fréquence 50 – 65 GHz. Les dimensions de l’ouverture rectangulaire de l’antenne guide d’onde sont 1,88mm x 3,76mm. Ce guide présente un diagramme de rayonnement uniforme dont l’ouverture à 10 dB est de l’ordre de 120°. L’antenne guide d’onde est placée dans le plan focal de la lentille de Fresnel. La position de ce plan focal est fonction de la géométrie de la lentille. Des études effectuées précédemment ont montré qu’une efficacité de rayonnement élevée de la lentille est obtenue lorsque le diagramme de rayonnement de l’antenne guide d’onde couvre toute la surface de la lentille avec –12 dB de puissance relative reçue à ses bords. 110 Rapport INRETS n° 250 Mise en oeuvre du démonstrateur 53 GHz 7 - Mesures radiométriques Les premières mesures effectuées avec le radiomètre complet ont montré une perturbation du signal détecté par le secteur 50 Hz. Le détecteur quadratique a été le composant le plus sensible à la faible variation de sa tension de polarisation perturbée par le secteur. En dépit de l’utilisation de capacités de filtrage, nous n’avons pas réussi initialement à filtrer complètement les légères fluctuations de l’alimentation continue du détecteur. Pour un fonctionnement plus stable avec un signal sans fluctuation, l’utilisation des piles électriques s’est avérée être une solution sûre dans cette étape de faisabilité. En polarisation les MMIC constituant le radiomètre et l’étage d’amplification basse fréquences par des piles électriques nous avons réussi à atténuer la composante parasite 50 Hz comme montré figure 98. La diode à avalanche reste le seul composant polarisé par une alimentation continue puisque la carte de polarisation réglant les tensions des piles utilisées ne permet pas de fournir la tension nécessaire à polariser la diode. Figure 98 : Signal de sotie du radiomètre polarisé par des piles. Une fois obtenu un signal stable, nous avons pu vérifier la capacité du radiomètre à détecter des contrastes effectifs de température de rayonnement de scène. La figure 99 présente le signal de sortie du radiomètre avec les différentes fenêtres permettant d’introduire les différentes données nécessaires aux mesures (température de bruit de la diode, temps d’intégration…). La fenêtre supérieure de la figure 99 montre ainsi qualitativement la variation de la température détectée par le radiomètre en passant deux fois successives la main devant l’antenne guide d’onde. Le temps d’intégration est dans ce cas de figure de 5 secondes. Rapport INRETS n° 250 111 Système millimétrique d'imagerie passive Figure 99 : Visualisation des mesures à l’écran. Température détectée 8 - Performances du système La consommation totale en puissance du radiomètre à addition de bruit est égale à 0,76 W. Cette consommation intègre celle des LNA, du détecteur quadratique et de la diode à avalanche de calibrage. Nous rappelons la sensibilité théorique du radiomètre établie précédemment (équation 44) : 'Tmin 2. TA' Tréc BW ª TA' Tréc º «1 » TN ¼ ¬ où : Tsys TA' Tréc est la température du bruit équivalente du système : 300 + 726 = 1026° K. Le facteur de bruit est de valeur 5,34 dB, et la température ambiante est 300 K. B est la bande passante RF du radiomètre égale à 3 GHz, W est le temps d’intégration de valeur égale à 40 ms, 112 Rapport INRETS n° 250 Mise en oeuvre du démonstrateur 53 GHz TN est la température équivalente du bruit ajoutée par la source de bruit pour calibrer le système. Pour un courant de polarisation de 15 mA, l’ENR de la diode est de 20,11 dB, ceci implique un excès de bruit ajouté de 29744° K. Le coupleur directif 10,4 dB laisse donc passer une valeur de TN de 2712° K à l’entrée du LNA. L’équation 44 nous fournit donc une valeur de la sensibilité théorique de 0,26° K pour ce prototype en bande V. Rapport INRETS n° 250 113 Conclusion Parmi les aides à la conduite automobile, les systèmes de prévention des collisions millimétriques appelés "radars anticollision", fournissant une perception frontale de l’environnement routier quelles que soient les conditions météorologiques constituent un champ particulier de développement couvert désormais par l’industrie. Ces dispositifs exploitent un capteur actif qui déduit la distance aux obstacles à détecter du temps de vol d’un signal émis depuis ce capteur, réfléchi par l’obstacle puis finalement détecté par ce capteur. Au-delà de cette génération de dispositifs actifs existants, l’INRETS-LEOST et l’IEMN-DHS ont décidé d’initier une recherche ouvrant la voie au développement de nouveaux capteurs fondés cette fois sur une technique purement passive. Ce nouveau capteur détecte les émissions électromagnétiques thermiques des objets présents dans la scène et fonctionne à l’instar d’une caméra optique ou infrarouge mais cette fois en gamme de fréquences millimétriques. De par son mode de fonctionnement passif, un tel dispositif s’affranchit de toute autorisation d’utilisation de bandes de fréquences et contribue à la réduction de la pollution radioélectrique. Il peut être utilisé de façon autonome ou couplé à une télémétrie active déclenchée lorsque l’imagerie passive fait apparaître une situation potentiellement dangereuse. L’avantage de la construction d’un radiomètre dans la bande des fréquences millimétriques, tel qu’obtenu par cette étude peut se résumer par les points suivants : – L’existence de fenêtres de fréquences procurant une atténuation atmosphérique faible permet un fonctionnement de ce type de capteur dans des conditions météorologiques très pénalisantes pour d’autres capteurs et s’affranchit de la contrainte nocturne/diurne des caméras fonctionnant dans le visible, – La taille réduite des composants permet d’obtenir, à terme, un système compact et de faible coût, – La résolution du système augmente sensiblement avec la fréquence. Un traitement d’images approprié permet, en dépit de cette contrainte physique, d’espérer obtenir une image radiométrique millimétrique de qualité pouvant se rapprocher de celle associée à une image issue d’un capteur fonctionnant en gamme infrarouge. En effet, bien que les imageurs passifs travaillent à une longueur d'onde qui présente une bonne pénétration dans le brouillard, cette même longueur d'onde limite leur résolution. En comparaison avec des capteurs infrarouges, les ondes millimétriques présentent une longueur d'onde mille fois plus grande. Une optique de focalisation de diamètre D fixée possède donc un pouvoir de résolution mille fois inférieur à celui d'une optique infrarouge équivalente. Rapport INRETS n° 250 115 Système millimétrique d'imagerie passive Cette faible résolution des imageurs millimétriques a longtemps ralenti les développements dans ce domaine. Cependant, l'émergence d'une technologie MMIC permettant d'intégrer des radiomètres sur des surfaces de l'ordre de 10 mm² à 94 GHz, et le progrès en traitement du signal afin d’améliorer la résolution naturelle des imageurs laisse entrevoir la possibilité de disposer d'imageurs temps-réel de bonne résolution d'ici les dix ans à venir. Cette étude n’a pas résolu tous les problèmes technologique ou de traitement du signal afférents à la réalisation d’un tel capteur. Certaines voies explorées se sont en effet révélées peu performantes (lentille de Fresnel) exploitées dans un réseau plan focal. Le facteur de bruit global du dispositif « facteur de mérite » du radiomètre élémentaire devrait encore pouvoir progresser et une technologie à 94 GHz devrait encore accroître le niveau de performance et d’intégration. Cependant, après une approche théorique réalisant un point détaillé de tous les aspects critiques de modélisation de ce capteur radiométrique millimétrique, cette étude a permis de traiter systématiquement tous les étages élémentaires ainsi que d’en effectuer une réalisation technologique en bande V conduisant à un prototype opérationnel. En ce sens, ce travail a pour vocation de servir de référence à tous ceux qui seront maintenant entrepris afin de faire complètement émerger ce nouveau type de capteur dans les années à venir. Ce processus pourrait évoluer d’une façon analogue à celui qui conduit aujourd’hui, à une échelle industrielle, au déploiement des systèmes actifs de type radar et contrôleurs d’allure intelligents hyperfréquences. 116 Rapport INRETS n° 250 Bibliographie Hristo D. Hristov et Mathieu H.A.J. Herben (1995) “Millimeter-Wave FresnelZone Plate Lens and Antenne” IEEE Trans. Microwave Theory Tech., vol. MTT-43, n° 12, pp. 2779-2785. Lawrence A. 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