Actes,
Congrès
intern.
Math., 1970. Tome 2, p. 237 à 241.
SUR LES ENSEMBLES
SEMI-ANALYTIQUES
par S. LOJASIEWICZ
1.
Soit M une variété analytique réelle. Pour chaque a
G M
notons avec
2fl
la
plus petite famille de germes de sous-ensembles de M en a contenant tous les
{/>
0}fl
avec / analytique au voisinage de a, et vérifiant
M,vG2a=>t/Uv,«nvG2fl
.
Un sous-ensemble E
dQ
M est dit
semi-analytique
si
Ea
G
2a
pour tout a
E:
M.
Une autre description équivalente est la suivante. On dit qu'un A C M est
décrit dans un U C M par une famille F de fonctions réelles définies dans
U,
si
AnU=unAif
avec
des
Ai}
de la forme
{f{/
>
0} ou
{fi}
=
0} ou
{fif
< 0} ,
fif
G
F.
Un sous-ensemble A de M est semi-analytique si et seulement s'il est décrit par
des fonctions analytiques dans un voisinage de chaque point de M.
La définition
entraîne
trivialement que le complémentaire, l'intersection finie,
la réunion localement finie, le produit et l'image inverse par une application ana-
lytique d'ensembles semi-analytiques est semi-analytique. Si N est une sous-variété
analytique de M et E C N, alors la
semi-analyticité
de E dans M entraîne celle
dans N, et réciproquement pourvu que E C N.
2.
On appelle système normal (dans R") une famille
{H'j(x1,.
. .
,
xt
;Xj)}0^
/</s
de polynômes distingués, ayant des discriminants
Dij(xl,.
. .,
x{)
^
0, des
coef-
ficients analytiques au voisinage de 0 et vérifient
(l)Hkk-1
=
0,//*
=
0=>HÏ~l
= 0
)
1
sur un voisinage complexe de 0 .
(2)D)
=
0=*#£-!
= 0
)
Un voisinage
Q
=
{|x/|
<
Ô,}
s'appelle normal, si :
(a) les
H*j
sont holomorphes ; (1) et (2) subsistent au voisinage de
{zeCm:\zl\<6i}
,
(b)
H(j(u
, z) = 0 ,
\ut\
< b.
=>
\z
|
< fy (dans le complexe).
Alors les
Vk
={xeQ:Hnn-1
=..-=ff*
+ 1
=0,Hkk-1
¥=0}
,
(V
={Hnn-l*o},
=
{Hnn~1
=.-
=
#;=
0})
238 S. LOJASIEWICZ
C 4
forment une partition de Q ; on montre que
Vk
est à la fois ouvert et fermé dans
{je
G Q
:
Hk+l
=
• •
=
Hk
= 0
,Hkk~~l
=£
0}, et est donc une sous-variété analyti-
que de dimension k. On appelle la partition
n
SU
= U
{la famille des composantes connexes de
V }
fc=0
une stratification normale
de Q
selon
{Hft.
Les voisinages normaux (selon
{HJ})
forment
une
base
de
voisinages
de 0.
On montre
les
propriétés suivantes
:
(1) Une stratification normale
est
toujours finie.
(2) Pour chaque strate
r
G
SU,
(r
\
T)
O
Q est une
réunion
de
strates
de
SfC
de dimension inférieure
à
celle
de
T
(propriété
de la
frontière).
(3) Chaque strate
r
G
Sit
de
dimension
k est le
graphe d'une application ana-
lytique d'un ouvert
de
Rk
dans
Rn~k.
(4)
Si
T0, T
G
SIC
avec
ro
C T,
alors chaque sous-variété
(differentiable)
trans-
versale
à
T0
intersecte
T.
(5) Soit
7T
:
(*!,..
.,
xn)
-*
{x1,...,
xm)
;
alors
ir(Q)
est
un voisinage normal
pour
{#/}<)«/</*:
m »
et
^(n
est
une
strate
ou
une réunion
de
strates de
la
partition
normale
de
ir
(Q) pour
r
G
SfC
selon
que
dim
r
< m ou > m ;
dans
le
premier
cas
on a
7r((ÏÏ\r)
n Q)
=±(TT
(D\ir(T)) O
7r(ß).
Soit
M
une
variété analytique.
Une
stratification normale
en a
G
M est
l'image
d'une stratification normale
par une
carte
g
telle que
g
(a)
= 0.
3.
On
montre
que les
strates d'une stratification normale sont semi-analytiques.
On
dit que
SU
est
compatible avec
une
famille d'ensembles
F si
pour chaque
reSrC9EeFonaTCEourcM\E.
On
montre
que :
(1) Pour chaque
a
G
M et
Ex,..
.,
Es
semi-analytiques
il
existe une stratification
normale
en a,
compatible avec
Ex,.
..,
Es,
d'un voisinage arbitrairement petit
de
a.
(2) Un ensemble E
C
M est semi-analytique si et seulement si pour chaque
a
G
M il existe une stratification normale en a, compatible avec E.
Ceci entraîne que : chaque composante connexe d'un semi-analytique est semi-
analytique ; la décomposition en composantes connexes d'un ensemble semi-
analytique est localement finie ; chaque semi-analytique est localement connexe ;
l'adhérence (donc l'intérieur et la frontière) d'un ensemble semi-analytique est
semi-analytique ; enfin ce critère utile : un
sous-ensemble Fd'un
semi-analytique E
est semi-analytique si et seulement s'il en est de même de F
n
E\F
et
F\'mtEF.
4.
Un
point
a
d'un ensemble semi-analytique
A est dit
régulier
de
dimension
k,
si
V
H
A est
une
sous-variété
analytique
de
dimension
k
pour un voisinage
V
de
a.
On montre que l'ensemble des points réguliers
de
dimension
k
d'un ensemble semi-
analytique est semi-analytique.
SUR LES
ENSEMBLES SEMI-ANALYTIQUES
239
S. Une notion utile est celle de la dimension d'un ensemble semi-analytique ;
dimaE
= maximum des dim. des points réguliers dans un voisinage suffisamment
petit de a = max (dim T : T G
SfC
,
T
C E) où
SU
est une stratification normale en a
compatible avec E ; dim E = max
dimflis.
Une propriété utile (dans les raisonne-
ments qui procèdent par récurrence sur la dimension) : dim (E \
E0)
< dim E, où
E0
est l'ensemble des points réguliers de dimension maximale de E.
6. Soit M un espace euclidien.
Deux ensembles semi-analytiques compacts A et B tels que
AHB =#=0
jouissent
de la propriété de séparation régulière : p(x ,A)
>
dp(x ,A
C\
B)N
lorsque x G B
avec certaines constantes d , N > 0.
Si / est analytique dans G, E compact C G , Z = {/ =
0),
alors on a
\f(x)\>dp(x,Z)N
pour x
G
E, avec certaines constantes d , N > 0.
Si f(a) = 0 (/ analytique), alors
|grad/(x) |
> \f(x)
f
dans un voisinage
de
a avec
un 0 < 0 < 1. (Cette inégalité peut servir à démontrer que{/= 0} est rétracte
fort par déformation de son voisinage).
Si f(a) = 0 (/analytique), 0 < d < 1, alors
|grad/(*)|
|x| >
6
\f(x)\
dans un
voisinage de a. (Cette inégalité est utile par exemple pour démontrer qu'une condi-
tion de Kuiper-Kuo caractérise les
germes/de
classe
Cr,
qui sont
C°
-équivalents à
leur développement de Taylor d'ordre
r,voir
[12](r)).
Pour démontrer ces inégalités on utilise le "curve sellecting lemma" de Bruhat-
Cartan-Wallace : Si A est semi-analytique et si a G A n'est pas un point isolé de
A,
alors A contient un arc semi-analytique qui aboutit à a(2).
Théorème (P. Lelong [16], M. Herrera [17]). La mesure de dimension k d'un
relativement compact semi-analytique de dimension
<
k est toujours finie.
THEOREME
([1] et [14]). - Un semi-analytique compact possède toujours la pro-
priété de Whitney. (Majoration de la longueur d'un arc qui permet de joindre deux
points de l'ensemble dans cet ensemble, en fonction d'une puissance positive de la
distance de ces points).
Pour démontrer ces faits on utilise le lemme de
Rham
: tout semi-analytique re-
lativement compact est une réunion finie de variétés analytiques semi-analytiques
chacune étant le graphe d'une application
*p
vérifiant
\dz<p\
<K
(constante) dans
un système de coordonnées.
En utilisant les propriétés métriques on montre que tout ouvert (resp. fermé) ,
semi-analytique est localement de la forme U
O
{ff.
> 0} (resp. U
O
ifif
>0})
avec
f..
analytiques.
(1) Ces deux inégalités restent vraies dans le cas complexe. (On considère z
- |/(z)|2)
.
(2) C'est-à-dire un arc un semi-analytique X relativement compact qui est l'image de
(0,1] par un plongement analytique
(0,2) -
M,
et tel que a
=~\
X
; le fait important
est que X est toujours un
arc
simple de classe
C1.
240 S.
LOJASIEWICZ
C 4
7. On peut répéter toute la partie précédente de la théorie en remplaçant la
classe des fonctions analytiques par celle des
analytiques-algébriques
c'est-à-dire
vérifiant de plus w (x ,
\p
(x))
=
0 avec un polynôme w
^
0 (dépendant de
tp)
;
alors on a des variétés de Nash au lieu de variétés analytiques et des ensembles lo-
calement semi-algébriques au lieu d'ensembles semi-analytiques. On montre que
dans R" ce sont précisément les ensembles localement décrits par des polynômes ;
ceux qui sont décrits globalement s'appellent semi-algébriques ; si
Pn
est l'espace
projectif considéré comme
Rw
complété par
"l'hyperplan
à
Too",,
alors,
dans
la classe
des
sous-ensembles
de R", les semi-algébriques de R" coïncident avec les locale-
ment semi-algébriques de
Pw.
Un
sous-ensemble
E
de
M x
N,
avec N affine, s'appelle
N-semi-algébrique
si chaque
x
G
M
possède un voisinage U tel que E soit décrit dans
U x N par des fonctions analytiques qui sont des polynômes par rapport à la variable
qui parcourt N.
8. Théorème de Seidenberg. Soient M, N des espaces affines,
ir
: M x N
->
M
la projection naturelle. Si
ECMxN
est semi-algébrique alors
ir(E)
est semi-
algébrique ; dans le cas plus général où M est une variété analytique, si E est
iV-semi-algébrique
alors
it(E)
est semi-analytique.
Dans le cas général où M et N sont des variétés analytiques on a encore le
théorème suivant : si E est un semi-analytique relativement compact de M x N et
si l'on admet que
dim£'<l
ou
dimAf<2,
alors
ir(E)
est semi-analytique
(cf.
[ 1
])-
Mais il y a un exemple d'une
sous-variété
analytique compacte de dimen-
sion 2 de
P3
x
Px
dont la projection (par
P3
x
Px
->
P3)
n'est
pas semi-analytique.
Si M est un espace vectoriel, P l'ensemble des droites dans
M,
irx
: M
->
M/\,
pour
X G P, la projection naturelle, on a le théorème de Koopman-Brown
:
Si E C M est
un semi-analytique relativement compact alors
7i\(2£)
est semi-analytique sauf quand
X appartient â un fermé rare de P.
9. Soit M une variété analytique, F une famille localement finie de semi-
analytiques de M ; alors il existe une stratification semi-analytique
SfC
de M (par-
tition localement finie de M en
sous-variétés
analytiques, semi-analytiques, avec la
propriété de la frontière), compatible avec F (on
aTCEouTCM\E
quels que
soient
r
G
SfC
et E G
F)_et
jouissant des propriétés (A) et (B) de Whitney (si
ro,
T
G
SfC
et
a
G
ro
C r, alors : (A) tous les
sous-espaces-limites
en a des es-
paces tangents de T contiennent ceux de
T0
on a ; (B) si z G T et x G
ro
tendent
vers a alors
l'"angle"
entre z
x et l'espace tangent de
T
en
z
tend vers zéro).
10.
Soit M une variété analytique de type dénombrable, F une famille localement
finie de semi-analytiques de M. Alors il existe un complexe simplicial localement
fini K dans un espace affine L et un homéomorphisme h :
\K\
-*
M tel que :
(a) le graphe de h soit
Z,-semi-algébrique
(donc l'image par h d'un semi-algébrique
est semi-analytique) ;
(b) pour tout s G K ,h(s) est une
sous-variété
analytique (et semi-analytique) et
hs
:
s
-> h
(s) est un isomorphisme analytique ;
SUR LES ENSEMBLES SEMI-ANALYTIQUES 241
(c) la famille {h (s) : s G K} est compatible avec F.
BIBLIOGRAPHIE
[1]
LOJASIEWICZ
S. Ensembles semi-analytiques, Institut des Hautes Etudes Sci.,
Bures-sur-Yvette,
France, 1964.
[2]
LOJASIEWICZ
S. Sur les ensembles semi-algébriques, Symposia Mathematica,
3,
1970; Ist.
Naz.
Alta
Matem.,
p. 233-239.
[3]
SEIDENBERG
A. A new decision method for elementary algebra, Ann. of Math.,
2,
60, 1954, p. 365-374.
[4]
THOM
R. La stabilité topologique des applications polynominales, Ens. Math.,
8, 1962, p.
24-33.
[5]
THOM
R. Ensembles et morphismes
stratifiés,
Bull.
Amer.
Math. Soc, 75,
1969,
p. 240-284.
[6]
GIESECKE
B. Simpliziale Zerlegungenbzahlbarer kemplexer
Räume,
Thesis,
A. Schubert,
München,
1963.
[7]
LOJASIEWICZ
S. Triangulation of
semi-analytie
sets, Annali Scuola Norm. Sup.
Pisa, (3) 18, 1964, p. 449-474.
[8]
SATE
K. Local triangulation of real analytic varieties, Osaca Math. J., 15, 1963,
p.
109-125.
[9]
HöRMANDER
L. On the division of distributions by polynomials, Arkiv for
Mat., 3, 1958, p. 555-568.
[10]
LOJASIEWICZ
S. Division d'une distribution par une fonction analytique des
variables réelles, C. R.
Acad.
Sci. Paris, 246, 1958, p. 683-686.
[11]
LOJASIEWICZ
S. Une propriété topologique des sous-ensembles analytiques
réels,
Coll.
du
C.N.R.S.
sur les équations aux dérivées partielles, Paris, 1962,
p.
87-89.
[12]
BOCHNAK
J.,
i.ojASiEwicz
S. A convers of Kuiper-Kuo theorem, Symposium en
Singularities, Liverpool, Lecture Note, 192, Springer
1971.
[13]
WHITNEY
H. Elementary structure of real algebraic varieties, Ann. of Math..
(2) 66, 1957, p. 545-556.
[14]
WHITNEY
H. Local properties of Analytic Varieties, Differential and Combi-
natorial Topology, Princeton, 1965, p. 205-244.
[15]
WHITNEY
H. Tangents to an Analytic Variety, Ann. of Math., (2) 81, 1965,
p.
496-549.
[16]
LELONG
P.
Bull.
Soc, Math., 85, 1954, p. 239-252.
[17]
HERRERA.
Bull. Soc. Math., 94, 1966, p. 141-180.
Institut de Mathématiques
Université de Cracovie,
KRAKOW, Pologne 2
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !