Journée des chargés de communication des universités Conférence des présidents d’Université (CPU)
Pendant ces deux siècles, jusqu’en 1968, l’Etat jacobin a exercé son pouvoir omniprésent. Rien ne
se passait sans la bénédiction de Paris. La logique disciplinaire était extrêmement forte. Les
établissements d’enseignement supérieur et les instances territoriales entretenaient une réelle
ignorance réciproque.
La petite taille de tous ces établissements émiettés sur le territoire a fait que, lorsqu’il s’est agi
d’aborder des problèmes de recherche lourde, la politique et la masse critique n’étaient pas
présentes. De fait, on a créé des organismes de recherche (le CNRS, puis l’INSERM, puis l’INRA,
etc.), autant de palliatifs à l’absence d’une Université capable de répondre à cet enjeu. Cet état de
fait constitue une spécificité française.
Au début du XIXème siècle en Allemagne, un modèle d’enseignement supérieur a vu le jour, incarné
dans l’Université de von Humbolt. Ce modèle était fondé sur l’idée qu’il ne peut pas y avoir
d’enseignement supérieur qui ne soit adossé à de la Recherche. Il était basé sur le principe que
toute formation supérieure ne peut être que pluridisciplinaire. Comme suite à l’avènement de ce
modèle, on a vu se développer les grandes universités allemandes et anglo-saxonnes que l’on
connaît aujourd’hui, en parallèle du système français caractérisé par l’éparpillement de petites
structures.
Aujourd’hui, on se trouve encore face à une triple dualité en France :
- les universités versus les écoles
- un accès sélectif versus un accès non sélectif
- les universités versus les organismes de recherche
La loi de 1968 était construite sur les notions de service public, de laïcité et d’autonomie. Elle était
également fondée sur l’idée de participation (on dirait aujourd’hui, de démocratie interne) et sur
l’idée de la pluridisciplinarité. Elle a été quelque peu toilettée par la loi Savary de 1984 mais son
esprit n’en a pas été profondément modifié.
Dans ce contexte, le système a dû faire face à une massification très rapide et extrêmement
importante, passant d’un effectif national de 500 000 étudiants au milieu des années soixante à
2,2 millions d’étudiants aujourd’hui. L’enseignement supérieur en France compte aujourd’hui
57 000 enseignants chercheurs. Cet effectif national atteint 85 000 personnes si on y ajoute les
professeurs agrégés, les professeurs du second degré et les personnels enseignants à temps partiel.
L’enseignement supérieur en France compte également 57 000 personnels de bibliothèque,
ingénieurs administratifs ou techniciens. Son budget s’élève à 10 milliards d’euros pour la partie
universitaire et, au total, pour tout le ministère y compris les organismes de recherche, ce budget
atteint 23 milliards d’euros.
La démarche Faure puis Savary a concrétisé une volonté de construire de vraies universités et de
démocratiser l’enseignement supérieur. Toutefois, elle a montré des faiblesses : une lourdeur
administrative incontestable (qui s’est traduite par une inefficacité du système et par une dépense
non nécessaire de moyens physiques), une faible lisibilité du système, une faible visibilité et une
attractivité limitée du dispositif mis en place. Sur ce dernier point, il suffit pour se convaincre des
efforts à accomplir d’observer l’impressionnante rapidité d’évolution des systèmes universitaires
des autres pays européens tels que les pays scandinaves ou les pays de l’Est. Un voyage en Pologne,
en Finlande ou en Suède suffit à prouver les lacunes françaises.
Nouveau contexte, nouveaux besoins
Il existe aujourd’hui des besoins de plus en plus marqués à l’adresse des universités. Ces besoins
sont exprimés par les étudiants mais également par la société tout entière. De nombreux nouveaux
métiers ont vu le jour et personne n’est capable de prévoir ce que seront les métiers de demain. A
cela s’ajoute l’accélération du temps et le rétrécissement de l’espace, résultant du développement
des nouvelles technologies d’information et de communication. Enfin, le contexte actuel est
marqué par une concurrence forte entre les établissements publics d’enseignement supérieur dans
le domaine de la Recherche, dans celui de la valorisation et du transfert de technologies et même
en matière de formation. Des bagarres éclatent dès qu’il s’agit d’ouvrir une filière de formation
dans une région. Et ce, sans aucune régulation.
Maison des universités, 17 janvier 2008 3