parence de la cornée. Maintenu en place par les microvillosi-
tés et microplis des cellules superficielles de l’épithélium
antérieur, il est indispensable à cet épithélium dont il est phy-
siologiquement indissociable.
➝L’épithélium antérieur de la cornée (Cf. Photographies
A et B), pavimenteux, stratifié, non kératinisé, est mis en
continuité avec l’épithélium de la tunique conjonctive bul-
baire (Tunica conjunctiva bulbi) par une zone de jonction,
l’anneau conjonctival (Anulus conjunctivae). D’une épais-
seur de 30 à 40 µm [91], cet épithélium est constitué de cinq à
sept couches cellulaires réparties en trois assises parallèles :
— une assise basale, constituée d’une couche monostrati-
fiée de cellules cylindriques hautes, parfois qualifiées de
"columineuses", reposant sur une fine membrane basale ; ces
cellules assurent par mitose le renouvellement de l’épithé-
lium et sont donc indispensables à son intégrité ;
— une assise intermédiaire de deux à trois couches de cel-
lules polygonales communément appelées "cellules à aile de
Ranvier" ("wing cells") ;
— une assise superficielle de deux à trois couches de cel-
lules pavimenteuses, d’autant plus aplaties qu’elles devien-
nent plus superficielles [26], et dont la surface, hérissée de
microvillosités et de microplis, retient le film lacrymal pré-
cornéen.
➝La lame limitante antérieure (Cf. Photographies A et B),
anciennement "membrane de Bowman", est une couche acel-
lulaire, appliquée sans délimitation nette à la face interne de
la membrane basale de l’épithélium antérieur. Elle ne
dépasse quasiment jamais 2 µm d’épaisseur contre 8 à 14 µm
chez l’Homme [91], ce qui explique que son existence chez
le Lapin a été discutée par le passé.
➝La substance propre de la cornée (Cf. Photographies A,
B et C), anciennement "stroma cornéen", ne mesure jamais
moins de 240 µm d’épaisseur [89, 91] ; elle représente envi-
ron les 9/10ede l’épaisseur totale de la cornée. C’est un tissu
conjonctif dont la proportion des constituants et leur agence-
ment original assurent la transparence de l’ensemble : on y
trouve des fibrilles de collagène parallèles organisées en
rubans et des kératocytes (fibroblastes de la cornée), agencés
de façon très ordonnée dans une substance fondamentale
faite de glycosaminoglycanes acides, de protéoglycanes et de
glycoprotéines de structure. Les kératocytes se distribuent
selon un gradient de densité décroissant dans le sens antéro-
postérieur [89]. Ces cellules produisent de façon préféren-
tielle des protéines enzymatiques hydrosolubles, comme la
transkétolase et l’aldéhyde déhydrogénase 1, qui semblent
contribuer à la transparence cornéenne [58].
➝La lame limitante postérieure (Cf. Photographies A et
C), anciennement "membrane de Descemet", est assez nette-
ment séparée de la substance propre [78]. C’est une couche
hyaline élastique, dont l’épaisseur moyenne de 7 à 8 µm [91]
augmente avec l’âge et dans certains processus pathologiques
(comme l’ulcération profonde de la substance propre de la
cornée). Elle représente la membrane basale de l’épithélium
postérieur de la cornée. Très résistante, c’est souvent la seule
structure cornéenne à subsister en cas d’ulcère non perforant ;
elle représente en tout cas la dernière barrière mécanique de
la cornée avant la rupture de la chambre antérieure.
➝L’épithélium postérieur de la cornée (Cf. Photographies
A et C), anciennement "endothélium de la chambre anté-
rieure", est un épithélium simple, pavimenteux, fait de cel-
lules pentagonales ou hexagonales régulièrement et étroite-
ment arrangées [83]. Chez le Lapin, sa densité cellulaire évo-
lue physiologiquement entre 1.800 et 3.500 cellules/mm2
[28, 83] ; elle diminue de façon significative chez les sujets
âgés de plus de un an [28, 83] (notons que l’épithélium
conserve son intégrité et ses fonctions avec seulement 300
cellules/mm2). L’épithélium postérieur de la cornée est en
continuité avec celui qui revêt la face antérieure de l’iris ; il
se trouve au contact direct de l’humeur aqueuse. Son intégrité
est indispensable au maintien de la transparence cornéenne,
car il régule de façon active et encore plus importante que
l’épithélium antérieur le degré d’hydratation de la substance
propre de la cornée [48, 96]. Toute altération de sa structure
peut entraîner un œdème de la cornée. Chez le Lapin, l’épi-
thélium postérieur de la cornée possède en outre une certaine
capacité de régénération (Cf. § 3.E.a.).
c) Vasculo-innervation [75-76, 78, 91, 96, 100, 121]
➝La cornée est normalement avasculaire et se nourrit à
partir du film lacrymal précornéen, de l’humeur aqueuse et
des anses capillaires de la région du limbe cornéen.
➝La cornée est, par contre, très richement innervée par les
nerfs ciliaires qui constituent un plexus à sa périphérie. Les
fibres nerveuses qui en procèdent pénètrent la cornée de
manière centripète et se distribuent dans son épaisseur pour
se terminer, chez le Lapin, au sein de l’épithélium postérieur
[96].
•Cette innervation est essentiellement sensitive [75] et
conduit des stimuli tactiles et nociceptifs, point de départ de
nombreux réflexes (réflexe cornéo-palpébral de clignement,
réflexes de larmoiement et de vaso-dilatation). La sensibilité
thermique semble inexistante. On compte en moyenne pas
moins de 6.000 terminaisons nerveuses sensitives par mm3
de cornée, inégalement réparties puisque l’épithélium anté-
rieur en contient 20 fois plus que la substance propre. La cor-
née représente à ce titre un des tissus les plus sensibles de
l’animal. Cette sensibilité est maximale en son centre et dimi-
nue progressivement jusqu’au limbe cornéen.
• La cornée reçoit par ailleurs une innervation sympathique
[75]. On pense que ces fibres adrénergiques jouent, au même
titre que les fibres sensitives, un rôle important dans la tro-
phicité cornéenne et dans les mécanismes de cicatrisation.
Notons qu’une innervation parasympathique de la cornée a
été récemment mise en évidence chez le Rat [76].
d) Limbe cornéen [91, 96, 100, 114]
➝Le limbe cornéen est la zone de transition entre la cor-
née et la sclère. Il est large et taillé en biseau, la cornée s’in-
sinuant sous la sclère comme un coin. Par rapport à la cornée
proprement dite, il présente les principales caractéristiques
structurales suivantes [96, 114] :
Revue Méd. Vét., 2001, 152, 1, 5-28
ANATOMIE ET PATHOLOGIE DE LA TUNIQUE FIBREUSE DE L’ŒIL DU LAPIN DOMESTIQUE 7