moyens jusque-là quelque peu déconnectés du résultat. Désormais, la logique semble s'inverser, les
moyens servant de variable d'ajustement à la production des services publics.
La logique économique s'est imposée par rapport à celle de la finalité du service public,
satisfaire des besoins sociaux. C'est ce constat qui amène les managers de collectivités territoriales à
s'intéresser à la gouvernance des organisations de l'économie sociale et solidaire, qui se distinguent du
secteur de l'économie marchande mais qui évoluent malgré tout dans un système de production
capitalistique.
Cet intérêt découle également d'un autre constat dans nos organisations, celui de la perte de sens
de nos activités au regard des finalités du service public, qui s'évaporent au fur et à mesure de l'emprise
des approches purement gestionnaires des modes de gestion des services publics.
En cela, les acteurs de l'ESS et ceux des collectivités territoriales sont confrontés à un
même défi "être socialement efficace, tout en étant économiquement performant".
Une incrémentation des modes de gouvernance des dirigeants de l'ESS et de ceux
des collectivités territoriales est-elle envisageable, opportune, porteuse de sens et
d'avènement d'un nouveau modèle de management ?
Du militant de l'action publique au gestionnaire de politiques publiques : vers une certaine
homogénéisation des pratiques managériales des structures publiques en passant par celles de
l'ESS.
Manager une entreprise de l'ESS, du secteur privé ou du secteur public recouvrirait un ensemble
de pratiques et d'outils qui se confondent, indépendamment de la finalité sociale de ces organisations. On
assiste ainsi à une professionnalisation des métiers de dirigeants de l'ESS, adoption des concepts de
management par la qualité, de normalisation des process. La satisfaction des intérêts de membres
d'organisations appartenant au secteur de l'ESS, passerait par une combinaison entre des méthodes de
rationalisation du travail inspirées du secteur privé et le respect des valeurs qui font de l'humain la
finalité de ces organisations.
Pourtant, on assiste à un certain regain d'intérêt pour ces formes d'organisations qui fondent leur
activité sur des valeurs où domine un idéal démocratique "un homme une voix", une quête éthique, de
cohérence entre des engagements individuels, marqués par des convictions économiques, écologiques et
la production de biens et de services ; c'est par exemple, le développement du commerce équitable,
l'apparition de la RSE, l'émergence de chaires dédiées à l'ESS au sein notamment des grandes écoles de
commerce. Il convient juste de veiller à ce que ces concepts soient durablement intégrés au mode de
production des services et ne soient pas qu’un simple habillage dicté par les seules lois de la
discrimination médiatique et du marketing.
La question du sens est intrinsèque à l'activité dans le secteur de l'ESS, elle a fondé sa légitimité
et sa spécificité par rapport au secteur de l'économie marchande, préoccupée principalement par la
recherche du profit. Si les modes de gouvernance de l'ESS sont aujourd'hui l'objet de plus d'attention,
alors que ce secteur existe depuis bien longtemps, c'est sans doute en partie lié au regain d'intérêt pour le
sens, après des années d'approfondissement du management par les techniques et les outils de gestion.
Cette question du sens est aussi aujourd'hui à l'agenda des nouvelles pratiques managériales
dans les collectivités territoriales, qui s'en étaient éloignées, avec la généralisation des pratiques