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Colloque Airmap 2014
Atelier 3
« Praticiens de collectivités territoriales cherchent nouveau modèle
de management des organisations publiques ! »
Texte de réflexion : le regard des dirigeants territoriaux
Laurence Malherbe, Directrice des Affaires Juridiques à la Ville d'Antibes, Présidente de l’ADT-
INET
Claude Soret-Virolle, Claude Soret-Virolle, DGA du CIG de la Grande Couronne de la Région Ile
de France, Vice-Présidente de l'ADT-INET
ADT-Inet
Association des Dirigeants Territoriaux et Anciens de l’Inet
http://www.adtinet.fr
Contact : laurence.malherbe@adtinet.fr
Résumé :
Ce texte apporte un regard de praticiens de collectivités territoriales au sein de l’atelier n°3 : « La
délicate conciliation entre fins et moyens : quels enseignements tirer du management des organisations
sociales et solidaires ? ». Il montre que les dirigeants et cadres des collectivités territoriales s'interrogent
aujourd'hui sur les modes de gouvernance de leurs organisations. En effet, l'alignement des modes de
production des services publics sur ceux de l'économie marchande, et la perte de sens des agents publics
dans l'exécution de leurs missions de service publics soulèvent des questions nouvelles qui nécessitent
davantage d’imagination managériale.
Mots clés : Collectivités territoriales, Economie Sociale et Solidaire, Management, Gouvernance, Sens
Abstract :
This text provides some thought from local government practitioners in the workshop # 3: "The delicate
balance between ends and means: what lessons from the management of social and solidarity
organizations? ". It shows that managers and executives in local authorities are now questioning the ways
of governance of their organizations. Indeed, the alignment of the operating processes of public services
with those of the market economy, and a certain loss of sense in civil servants' work raise new questions
that require more managerial imagination.
Keywords: Local authorities, Social and Solidarity Economy, Management, Governance, Sense
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« Praticiens de collectivités territoriales cherchent nouveau modèle
de management des organisations publiques ! »
ADT-INET (Association des Dirigeants Territoriaux et Anciens de l’Inet)
Colloque Airmap 2014
Préambule : Ce texte apporte un regard de praticiens de collectivités territoriales au sein de l’atelier
n°3 : « La délicate conciliation entre fins et moyens : quels enseignements tirer du management des
organisations sociales et solidaires ? »
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Pourquoi s'interroger aujourd'hui sur les modes de gouvernance de nos
organisations? Quest-ce qui a changé et qu'est-ce qui motive de s'intéresser à
d'autres modèles d'organisation ?
Deux constats : l'alignement des modes de production des services publics sur ceux de l'économie
marchande, et la perte de sens des agents publics dans l'exécution de leurs missions de service publics.
Efficience vs efficacité ?
Les agents des collectivités territoriales sont des producteurs de services publics, en cela leur
activité est tournée vers l'extérieur, elle répond à des besoins sociaux exprimés par la population, pris en
charge par la représentation démocratique, les élus et déclinés ensuite dans les différentes entités
administratives des institutions locales.
Pendant longtemps, la fin était dissociée des moyens dans les modèles de management, ce qui
comptait c'était le résultat mesuré par rapport à l'objectif initial "satisfaction d'un besoin social", donc
l'efficacité.
Aujourd'hui, la logique a changé, les techniques gestionnaires ont envahi les pratiques
managériales, il est désormais question de rapporter la mesure de la production de services à celle des
moyens mis en œuvre, humain et financier, c'est l'apparition des approches de l'activité des agents
publics locaux au travers du prisme de l'efficience.
L'activité de production de services publics adopte un référentiel de valeurs qui se rapproche de
celui du secteur dit marchand :
- arbitrage entre différents modes de production, le service public n'est plus automatiquement géré
en régie, les services du contrôle de gestion vont déterminer en fonction d'un cout de production, le mode
de gestion adapté
- évolution des modes de management qui tendent à se rapprocher de ceux du secteur privé :
évaluation individuelle des agents, dialogue de performance et de gestion
- développement d'une approche concurrentielle entre collectivités territoriales
La finalité du service public ne justifierait plus les moyens mis en œuvre pour son
accomplissement ? Au final la fin, à savoir la satisfaction des besoins sociaux, ne justifierait plus les
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moyens jusque-là quelque peu déconnectés du résultat. Désormais, la logique semble s'inverser, les
moyens servant de variable d'ajustement à la production des services publics.
La logique économique s'est imposée par rapport à celle de la finalité du service public,
satisfaire des besoins sociaux. C'est ce constat qui amène les managers de collectivités territoriales à
s'intéresser à la gouvernance des organisations de l'économie sociale et solidaire, qui se distinguent du
secteur de l'économie marchande mais qui évoluent malgré tout dans un système de production
capitalistique.
Cet intérêt découle également d'un autre constat dans nos organisations, celui de la perte de sens
de nos activités au regard des finalités du service public, qui s'évaporent au fur et à mesure de l'emprise
des approches purement gestionnaires des modes de gestion des services publics.
En cela, les acteurs de l'ESS et ceux des collectivités territoriales sont confrontés à un
même défi "être socialement efficace, tout en étant économiquement performant".
Une incrémentation des modes de gouvernance des dirigeants de l'ESS et de ceux
des collectivités territoriales est-elle envisageable, opportune, porteuse de sens et
d'avènement d'un nouveau modèle de management ?
Du militant de l'action publique au gestionnaire de politiques publiques : vers une certaine
homogénéisation des pratiques managériales des structures publiques en passant par celles de
l'ESS.
Manager une entreprise de l'ESS, du secteur privé ou du secteur public recouvrirait un ensemble
de pratiques et d'outils qui se confondent, indépendamment de la finalité sociale de ces organisations. On
assiste ainsi à une professionnalisation des métiers de dirigeants de l'ESS, adoption des concepts de
management par la qualité, de normalisation des process. La satisfaction des intérêts de membres
d'organisations appartenant au secteur de l'ESS, passerait par une combinaison entre des méthodes de
rationalisation du travail inspirées du secteur privé et le respect des valeurs qui font de l'humain la
finalité de ces organisations.
Pourtant, on assiste à un certain regain d'intérêt pour ces formes d'organisations qui fondent leur
activité sur des valeurs domine un idéal mocratique "un homme une voix", une quête éthique, de
cohérence entre des engagements individuels, marqués par des convictions économiques, écologiques et
la production de biens et de services ; c'est par exemple, le développement du commerce équitable,
l'apparition de la RSE, l'émergence de chaires dédiées à l'ESS au sein notamment des grandes écoles de
commerce. Il convient juste de veiller à ce que ces concepts soient durablement intégrés au mode de
production des services et ne soient pas qu’un simple habillage dicté par les seules lois de la
discrimination médiatique et du marketing.
La question du sens est intrinsèque à l'activité dans le secteur de l'ESS, elle a fondé sa légitimité
et sa spécificité par rapport au secteur de l'économie marchande, préoccupée principalement par la
recherche du profit. Si les modes de gouvernance de l'ESS sont aujourd'hui l'objet de plus d'attention,
alors que ce secteur existe depuis bien longtemps, c'est sans doute en partie lié au regain d'intérêt pour le
sens, après des années d'approfondissement du management par les techniques et les outils de gestion.
Cette question du sens est aussi aujourd'hui à l'agenda des nouvelles pratiques managériales
dans les collectivités territoriales, qui s'en étaient éloignées, avec la généralisation des pratiques
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gestionnaires. Ce renforcement de la quête de sens est lié à l’émergence d’autres formes d’accès à
l’information via internet, à des modes de fonctionnement en réseau, à l’avènement de générations
soucieuses d’orientations claires et partagées dans un monde qui a perdu ses repères et chacun
cherche sa trajectoire.
Les modes de gouvernance de l'ESS, privilégient également les partenariats, l'interdépendance,
la coexistence à l'intérieur même des organisations de plusieurs statuts, un ancrage dans un tissu
économique de proximité, une alliance entre un territoire, des acteurs locaux institutionnels, des
citoyens/consommateurs.
La construction des intercommunalités procède dans son principe de cette mise en commun
d’un diagnostic parta dans toutes ses dimensions économique, sociale, patrimoniale, d’une
mutualisation de moyens et d’un mode de gouvernance équilibré. La réalité est plus complexe : des
concurrences politiques, financières émergent.
Ce sont tous ces aspects de la gestion de l'ESS qui en font sinon un modèle pour le
renouvellement des pratiques managériales des collectivités territoriales, au moins un miroir dans lequel
se reflète l'image d'un management centré sur l'humain
En guise de conclusion intermédiaire…
Extrait du livre : "Management humain des organisations. Grandeurs et misère de la fonction de
dirigeant". Chapitre "la figure du manager-militant"
de F. Ben Hassel et B. Raveleau, l’Harmattan, 2010
" Le management social et solidaire de part la spécificité de ses publics (clients, fournisseurs) et de la
nature de ses missions, revendique fréquemment une autre forme de management et de gouvernance au
sein des organisations. De façon idéale, l'entreprise associative serait une sorte de laboratoire dans
lequel l'humain aurait sa place avant les logiques d'entreprises et/ou organisationnelles. Contrairement
à la tradition du management qui vise à optimiser les facteurs de production, travail et capital, dans le
but d'une meilleure efficience économique, l'entreprise associative aurait d'abord pour souci de
permettre aux salariés de réaliser, dans le cours de leur travail, les aspirations qui sont les leurs. En
réalité, travailler dans le "sens" ou travailler "autrement", expriment dans la bouche des acteurs la
volonté de s'associer à un projet qui vise à transformer les rapports qu'entretiennent les hommes entre
eux et ceux qu'ils entretiennent avec l'organisation..."
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