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Ces objectifs ne sont pas nouveaux. Ils sont énoncés depuis 20 ans, en particulier, par les concepteurs de
systèmes d’information hospitaliers (SIH). Hormis quelques exceptions, on connaît la pauvreté de la
contribution des SIH à l’amélioration des pratiques et de la prise en charge des patients. L’une des causes de
cette pauvreté est aisément identifiable. Elle s’exprime par le paradoxe suivant : le déséquilibre entre les
moyens consacrés aux applications et aux indicateurs administratifs d’une part et la pauvreté des moyens
dégagés pour mettre en place un dossier patient et favoriser un accès à la connaissance médicale d’autre part.
En d’autres termes, à ce jour, les systèmes d’information dans le domaine des soins sont conçus et
développés pour administrer ou gérer et non pour soigner.
L'accès à la connaissance et l'enrichissement des interactions entre les acteurs [1] sont des objectifs qu'il
convient d'intégrer dans une stratégie d'amélioration de la qualité des soins. Des études, particulièrement aux
USA, ont montré que l'Internet est un moyen opérationnel puissant pour diffuser de l'information à l'usage
des cliniciens [2].
Par ailleurs, le système de santé est en mutation. Les besoins pour les individus changent également.
L’éducation sanitaire et la prévention sont des éléments clés que les médecins doivent intégrer davantage
dans leurs pratiques. Cette prévention tend à être individualisée en fonction des risques encourus par les
patients. Elle demande une connaissance des derniers résultats des études cliniques, la connaissance mise à
jour et établie par la littérature scientifique. On sait que cette actualisation des connaissances est impossible
pour le praticien sans la mise en œuvre des technologies du traitement de l’information et de la
communication.
Le développement d’Internet et des technologies d'Intranet sécurisés (nous rangeons dans ce cadre le Réseau
Santé Social (RSS) mis en place par le ministère de la santé ) donne une nouvelle chance pour développer
des systèmes d’information susceptibles d'être bénéfiques directement pour les patients. Ils dépassent le
cadre d’institutions, comme les hôpitaux, qui de par leur place dans le système de santé et leur vision "micro-
économique" de la pratique médicale (et non de la santé publique) n'intègrent pas le développement de ces
systèmes dans leurs priorités.
Le partage des données du patient et du dossier médical électronique, qu’il convient de redéfinir dans le
cadre des réseaux de soins, est, évidemment, un élément important de ces systèmes d’information. Dans cet
article, nous centrerons notre analyse sur l’autre dimension fondamentale de ces systèmes d’information : les
dispositifs d’accès à la connaissance médicale.
Nous analysons différentes approches pour élaborer ces systèmes d’information suivant leur type. Nous
soulignerons quelques-unes de leurs principales propriétés attendues afin de contrôler la qualité de
l’information, de la connaissance diffusée et d’évaluer leur impact sur les pratiques.
L’article rappelle la problématique générale des besoins et des fonctionnalités que devraient présenter ces
systèmes d’accès à la connaissance, puis fait un bref état de l’art de la technologie disponible pour réaliser de
telles applications. Une troisième partie propose quelques pistes pour créer et contrôler ces réseaux, c'est à
dire pour la mise en place d’outils d’évaluation de ces applications.
2 Les besoins et les fonctionnalités à assurer
L’accès à la connaissance est une fonction indispensable pour améliorer la qualité des prestations et des
informations fournies par le système. L’une des finalités majeures de l’informatique médicale réside dans
l’amélioration de l’accès aux connaissances établies, dans la diffusion de l’apport des connaissances et dans
la possibilité de soigner en équipe un patient pour bénéficier des compétences de chacun.
La figure 1 présente schématiquement le couplage nécessaire entre l'accès aux connaissances et l’accès aux
données du dossier du patient [3].
L'accès à la connaissance est un problème très vaste et complexe qui prend des formes différentes suivant les
situations et les besoins des acteurs. La conception de ces fonctionnalités doit partir de besoins identifiés.
Ainsi par exemple, le temps que le médecin peut investir dans l'accès aux connaissances est un paramètre
important de la conception du service. On peut distinguer schématiquement trois situations qui vont
conditionner son comportement et son besoin en accédant à des services de connaissances :
• La décision à prendre en présence du patient (évocation du diagnostic, examens complémentaires les
plus utiles, choix thérapeutique,...) ne lui laisse qu'un temps inférieur à quelques minutes. Les systèmes à
base de connaissance générant automatiquement des alertes sans une recherche d'information complexe
peuvent être une réponse intéressante.