• la présence et la gravité des déficits neurologiques
• les facteurs de risque psychologiques
Après cette évaluation et pour faciliter la prise de déci-
sions subséquentes, les patients peuvent être répartis dans
trois catégories8,9 :
1.lombalgie non spécifique (simple)
2.dorsalgie susceptible d’être associée à une radicu-
lopathie ou à une sténose du canal lombaire
3.dorsalgie susceptible d’être associée à une autre cause
vertébrale spécifique
Dans le cas d’un diagnostic de lombalgie chronique sus-
ceptible d’être associé à un trouble spécifique et décelable, il
peut être nécessaire d’avoir recours à plusieurs techniques
d’imagerie diagnostique (p. ex., un examen par IRM ou une
tomographie par ordinateur), ainsi qu’à une intervention
chirurgicale ou à des injections rachidiennes8. La majorité
(85 %) des cas de lombalgie chronique, toutefois, sont « non
spécifiques » (Figure 1); les techniques d’imagerie et autres
épreuves diagnostiques ne sont pas recommandées chez ces
patients8,10. Rien n’indique à l’heure actuelle qu’un diagnos-
tic anatomique précis améliore les résultats des patients chez
qui on a correctement diagnostiqué une lombalgie chronique
non spécifique8,9. Le traitement doit plutôt être axé sur l’at-
ténuation des symptômes du patient comme l’intensité de la
douleur, la fonction physique et la qualité de vie.
Lacune thérapeutique
La lombalgie chronique se manifeste habituellement entre
30 et 50 ans et peut avoir des répercussions graves sur la
qualité de vie des patients11. Les patients souffrant d’une
lombalgie modérée ou grave sont souvent sans emploi ou
doivent faire face à une réduction de leur revenu, situa-
tions très éprouvantes sur le plan émotionnel et finan-
cier12. Une stratégie de prise en charge à long terme
appropriée chez les patients atteints de la lombalgie
chronique est par conséquent extrêmement importante
pour permettre à ces patients de retrouver leur fonction-
nalité et de reprendre le travail.
Même si un diagnostic précis peut ne pas être néces-
saire pour améliorer les résultats du patient, il est impor-
tant d’évaluer l’intensité de la douleur du patient afin de
déterminer la démarche thérapeutique optimale. Divers
outils existent qui permettent aux patients de mieux
décrire leur douleur. L’échelle d’évaluation visuelle
analogique ou numérique de 11 points, sur laquelle 0
signifie « aucune douleur » et 10 « douleur grave », est
souvent utilisée pour mesurer l’intensité de la douleur
chez les patients souffrant de lombalgie chronique13,14.
Plus précisément, de 25 à 33 % des Canadiens souf-
friraient d’une lombalgie modérée ou grave2,12. Une en-
quête menée en 2004 a révélé que, selon les médecins de
soins primaires, la douleur chronique modérée ou grave
n’était pas adéquatement prise en charge chez 60 % des
patients; seulement 1 % des médecins estimaient que la
prise en charge était adéquate2. La même enquête a révélé
que moins de 50 % des Canadiens souffrant de douleur
chronique prennent des analgésiques sur ordonnance. En
fait, environ deux tiers des patients atteints de douleur
chronique modérée et un tiers des patients souffrant de
douleur chronique grave ne prenaient aucun médicament
sur ordonnance2. Alors qu’un nombre inacceptable de pa-
tients atteints de douleur chronique modérée ou grave n’est
toujours pas traité, les médecins prescrivent plus souvent
des analgésiques pour la douleur grave que pour la douleur
modérée. Dans le même ordre d’idée, vu le nombre élevé
d’ordonnances d’anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS) et d’inhibiteurs de la cyclo-oxygénase-2 (COX-2)
au Canada (Figure 2)15, il appert que les médecins pres-
crivent également plus souvent des analgésiques pour la
douleur légère que pour la douleur modérée.
Ces données reflètent la « lacune thérapeutique » à
laquelle sont confrontés les patients souffrant de douleur
chronique modérée à moyennement grave, ces derniers
étant souvent non traités, sous-traités ou mal traités.
Cette lacune thérapeutique peut s’expliquer notamment
par des obstacles à la prescription d’opiacés, par exemple
la crainte de dépendance ou d’abus, les vérifications régle-
mentaires, la nature subjective de la douleur ou encore
l’abondance d’autres options thérapeutiques16.
Démarche thérapeutique relative à la
lombalgie chronique
Une démarche thérapeutique intégrée est préconisée.
Celle-ci peut inclure la réadaptation, des injections rachi-
diennes, une chirurgie et des traitements pharma-
cologiques17. Alors que le traitement pharmacologique
est administré pour atténuer la douleur, le traitement
pharmacologique autant que non pharmacologique vise
surtout à accroître la capacité fonctionnelle, mais aussi à
améliorer la qualité de vie du patient. Les principaux
35le clinicien octobre 2010
FIGURE 1 Prévalence de la lombalgie chronique selon sa
classification
Adaptation de Chou R, et al.
Ann Intern Med
2007; 147(7):478-91.
Non spécifique
Dorsalgie
possiblement associée
à une radiculopathie
ou à une sténose du
canal lombaire
Dorsalgie
possiblement associée
à une autre cause
rachidienne spécifique
85 %
8 %
7 %