Économie solidaire / Économie populaire : Convergences et

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Économie solidaire / Économie populaire :
Convergences et spécificités des approches
Synthèse de l’étude réalisée pour le Groupe de travail
Économie solidaire / Économie populaire du Crid
Organisations concernées
Au sein du CRID (Centre de recherche et d’information pour le
développement) a été créé, en 2001, un Groupe de travail
(GT) consacré aux questions relatives à l’économie solidaire /
économie populaire (ES/EP). Formé par des membres du CRID,
il s’est élargi au MES (Mouvement pour l’économie solidaire) et au GISEE
(regroupement d’organisations issues de la migration).
par l’étude :
■ ADEL
le développement de
l’économie locale)
■ APES
En 2003 le GT a réalisé une étude sur les visions et les stratégies portées
par ses membres dans leur travail dans le cadre de la thématique ES/EP.
L’étude a été confiée à Caroline Dorémus-Mège et suivie par Rosa Miriam
Ribeiro, de Frères des Hommes et Nathalie Grimoud, du CCFD, sur la base de
questionnaires et d’entretiens réalisés auprès de neuf organisations.
(Association pour
(Association pour
la promotion de l’économie
solidaire) Nord - Pas-de-Calais
■ ASFODEVH
(Association pour
la formation en développement
humain)
Tout en promouvant une meilleure connaissance entre les membres du GT,
cette étude doit servir de base pour développer un travail commun plus
cohérent et plus constructif. Ainsi, elle a cherché à dégager la vision de
l’ES/EP, les buts et les stratégies des différentes organisations concernées
ainsi que les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Cette publication résume les principaux points repérés (l’intégralité de l’étude est
disponible sur www.crid.asso.fr/chantiers).
L’étude présente des limites certaines, essentiellement liées à des
contraintes de temps. Il serait intéressant d’aller plus loin dans la recherche
d’éventuelles contradictions entre discours et pratiques pour chacune des
structures, ainsi que de creuser leur vision et d’affiner certains points.
■ CNLRQ
(Comité national de
liaison des régies de quartier)
■ CCFD
(Comité catholique
contre la faim et pour
le développement)
■ Fédération
Artisans du monde
■ Frères
des Hommes
■ GISEE
(Groupement d’intérêt
solidaire économique et
d’échanges équitables)
■ Les
Pénélopes
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Une approche commune de
l’économie solidaire / économie populaire
Les structures interrogées ont une vision assez proche de
l’ES/EP, à l’exception des Pénélopes. Tant les acteurs de l’ES
en France que les organisations de solidarité internationale
(OSI), estiment que l’économie solidaire est basée sur un
groupe, concerne un territoire donné et participe au développement local ; elle intègre des valeurs de solidarité et
d’entraide et replace l’Homme au centre de l’économie. Les
structures interrogées considèrent qu’il est possible de créer
un système économique différent, même s’il est intégré
dans le système dominant. Pour elles, il ne faut pas marginaliser l’ES/EP ni “diaboliser l’entreprise privée”. Elles espèrent
que l’ES/EP influe sur l’économie dominante et entendent que
l’ES/EP est porteuse d’une dimension politique par son objet
et ses sujets (volonté de transformation sociale).
Seules les Pénélopes positionnent l’économie solidaire comme
un nouveau système qui serait une “alternative à l’économie
libérale”. Pour le CNLRQ, l’ES/EP serait caractérisée par
l’ “hybridation des ressources” mises en œuvre. De même,
l’APES Nord - Pas-de-Calais parle de la “mixité économique”
et d’une “répartition équitable des résultats”.
Toutes les structures ont défini et affiné leur vision au fur et
à mesure, à force de pratique. Elles ont cherché a posteriori
un cadre à leur travail de terrain. Chacune semble s’être
construit sa vision selon ses propres expériences.
Enfin, l’ES/EP est appropriée différemment entre les membres
des sièges des organisations et ses membres locaux, “les
acteurs de l’action” (militants, équipes locales, structures
membres d’un réseau ou d’une entité nationale). Ceux-ci semblent être plus dans l’action que dans la réflexion. Dans ce
sens, les réflexions menées par certaines personnes n’arrivent
pas encore à bénéficier à tous.
Une volonté de transformation sociale
Les organisations interrogées ont présenté leurs objectifs de
différentes façons. Certaines réponses relèvent de l’idéal visé
et d’autres sont plus concrètes, concernant plus les objectifs.
En ce qui concerne les finalités, les organisations engagées
dans l’ES/EP ont clairement un objectif de changement. Cet
objectif apparaît comme un dénominateur commun des
attentes des différents acteurs. Les organisations considèrent
que l’ES/EP peut favoriser un changement global de la
société. Il s’agit en fait de créer un nouveau lien, des
nouvelles relations sociales, entre citoyens mais aussi entre
les citoyens et l’Etat. En outre, l’ES/EP participe au développement local.
Les objectifs concrets des structures engagées dans l’ES/EP
sont la reconnaissance et la valorisation des activités, des
acteurs et des initiatives de l’ES/EP, dans le but de faire
évoluer les mentalités et les comportements au Sud
comme au Nord.
Pour certaines, notamment il s’agit de faire réfléchir sur les
modes de consommation au Nord et de faire reconnaître les
porteurs et sujets de l’ES/EP comme des acteurs sociaux à part
entière, capables d’interlocution avec les pouvoirs publics,
par exemple.
Des objectifs plus précis sont également visés tels que la
promotion du développement local ou du “droit des acteurs
économiques”.
La question de genre, et notamment la place des femmes, a
été abordée, même si certaines structures ne la traitent pas
comme une question en soi mais comme une problématique
transversale à l’ES/EP. Pour beaucoup, les femmes sont au
centre du phénomène, porteuses d’initiatives et de pratiques
alternatives, mais restent dans l’ombre des hommes qui sont
les représentants de cette économie. L’ES/EP est également
une “lutte pour l’égalité”.
Des stratégies diverses mais complémentaires
Les stratégies des différentes organisations concernent
plusieurs domaines, qui ne sont pas exclusifs les uns des
autres (une même organisation peut travailler dans plusieurs
domaines), et qui apparaissent parfois complémentaires.
Il s’agit de :
■ L’accompagnement, le suivi, le renforcement, l’appui
Les modalités les plus courantes sont le “partenariat”, pour
les OSI ou la “concertation” (avec les habitants, les associations locales, le public en difficulté…), pour les acteurs de
l’ES en France. Elles visent au renforcement des acteurs. Pour
Frères des Hommes le partenariat avec les acteurs du Sud est
essentiel et incontournable. Cette association souligne aussi
la nécessité d’articuler le local au global comme stratégie liée
au partenariat. Le CCFD consulte ses partenaires pour la
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définition d’une stratégie de lobbying. Le lobbying est plus
actif de la part des OSI que de la part des acteurs de l’ES en
France, qui sont plus concernées par la négociation et la
représentation auprès des pouvoirs publics locaux.
La recherche-action
La recherche est mise en avant par certaines organisations,
comme ADEL, pour laquelle cette modalité fait partie de sa
stratégie, dans le but de lier action et réflexion. ASFODEVH
privilégie la recherche-action qui débouche sur des formations. Leur stratégie se base sur la pratique des participants
et se construit au fur et à mesure avec eux pour aboutir à des
modules de formation.
■
L’évaluation et l’impact des actions sont des préoccupations générales. Plusieurs organisations travaillent sur la
définition de “critères d’intérêt général” (ADEL, CRIDA…) et
d’ “indicateurs de nouvelle richesse” (ADEL, Pôle Economie
Solidaire et Sociale de l’Alliance pour un Monde Responsable
et Solidaire). D’autres mettent en valeur les réussites constatées et leur impact (Pénélopes). La méthodologie d’évaluation est actuellement en construction. Le CCFD et Frères des
Hommes pratiquent aussi l’évaluation des projets menés en
partenariat. Artisans du Monde a réalisé une étude d’impact
sur commerce équitable au Sud. ASFODEVH se situe plus dans
une démarche d’évaluation continue. La question de l’évaluation est perçue comme fondamentale.
■
La mise en réseau, les alliances, les échanges sont des
thèmes essentiels pour la plupart des organisations. Certaines
en font leur stratégie. Les OSI intègrent cet aspect dans leur
travail au Sud mais aussi en France, à destination de leurs
militants ou d’autres acteurs nationaux. La construction
d’alliances (entre structures de l’ES en France et OSI ou autres
organisations, mouvements altermondialistes, mouvements
féministes…) intéresse également toutes les structures.
■
Le plaidoyer, les campagnes, la sensibilisation. De nombreuses structures cherchent à faire progresser la réflexion de
leurs membres et militants.
■
Toutes les organisations ressentent la nécessité de lier
actions de terrain et travail à un niveau plus politique
(lobbying, recherche d’alliances) et de chercher à échanger, à mettre en réseau. Les spécificités tiennent surtout
aux priorités que se donnent les organisations en termes
de stratégie et de public visé.
En ce qui concerne les stratégies, trois domaines pourraient donner lieu à des échanges, voire à des formations
réciproques : le lobbying, la mise en réseau, le partenariat avec les organisations du Sud et les échanges. La
problématique de l’évaluation peut aussi constituer un
thème de débats et de discussions.
Des difficultés liées au public visé
Les acteurs de l’ES en France et les OSI ne sont pas confrontés aux mêmes problèmes. Les difficultés rencontrées par les
acteurs de l’ES en France sont tout d’abord financières. Cet
accès difficile aux financements est lié au manque de reconnaissance globale qui entoure l’ES/EP. Les sujets porteurs
de projets sont vus avec méfiance. D’où la difficulté de
“mobiliser les partenaires institutionnels” et à “faire
bouger les pouvoirs publics”.
Pour les uns et pour les autres, il est difficile de trouver des
financements pour des actions qui ne sont pas considérées
comme prioritaires par les bailleurs de fonds (mises en
réseau, rencontres, échanges) et d’obtenir des subventions de
fonctionnement.
Les difficultés à fédérer des initiatives variées, à forger une
culture commune, à mettre en place des outils de “vulgarisation” ont également été énoncées. Les “freins politiques”
(le jeu des partis, la méfiance de certains vis-à-vis des associations, l’alternance,…) sont également un obstacle.
Les OSI ont aussi mentionné la “vulnérabilité” des acteurs
sociaux appuyés et la capacité du pouvoir à les récupérer. La
question de la viabilité des initiatives a également été mise
en avant.
Un intérêt à travailler ensemble
Les perspectives s’ouvrant aux organisations interrogées sont
différentes entre les structures dont l’objet même est l’économie solidaire et les autres.
Pour les acteurs de l’ES (CNLRQ, les Pénélopes, APES, ADES),
il s’agit de renforcer la réflexion, le travail de terrain et le tra-
vail en réseau et les alliances. Des collaborations entre ces
structures, la recherche d’alliances pour plus de travail en
commun, le partage des réflexions autour du sens des actions
et de l’évaluation, ainsi qu’une ouverture des réseaux dont est
membre chacune des organisations permettraient des
échanges nourris et bénéfiques.
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Les OSI semblent privilégier l’aspect réseau/alliances,
l’approfondissement du travail autour du thème de l’ES/EP et
le renforcement de l’ouverture aux militants (par le biais de
formations, sensibilisations, réflexions et l’appui aux actions
communes et concertations des groupes locaux) et aux autres
membres du réseau. En ce qui concerne l’ES/EP proprement
dite, les OSI concernées (Frères des Hommes, CCFD, ADM)
auraient tout intérêt à examiner ensemble les enjeux du
travail au Nord et au Sud.
Il ressort, malgré des différences, que tant les acteurs de
l’ES en France que les OSI gagneraient à mutualiser et à
croiser leurs réflexions sur l’ES/EP, pour une plus grande
efficacité de leurs actions.
Conclusions
et pistes d’échanges et de travail envisagées
Les acteurs de l’ES en France souhaitent partager leurs
réseaux respectifs, réfléchir ensemble au sens de leurs actions
et approfondir le travail d’évaluation.
Les pistes de travail envisagées par les OSI concernent la mise
en commun des réflexions autour des enjeux et difficultés et
une plus grande sensibilisation des militants.
Pour l’ensemble des organisations du GT, plusieurs points
essentiels ont été pointés pour l’avenir :
La mise en réseau et la construction d’alliances : au sein
du GT (entre OSI, entre OSI et le MES ou ses membres, entre
OSI et acteurs de l’ES en France), sur des bases d’actions communes et avec d’autres (partenaires de chaque organisation).
■
■ Les échanges de méthodologie et de pratiques : touchant
principalement deux aspects. D’un côté, la négociation avec
les pouvoirs publics : des échanges constructifs pour déterminer des éléments de collaborations entre organisations et
collectivités locales dans plusieurs domaines autour de
l’ES/EP, la recherche d’appuis financiers à la participation
dans la définition de plans de développement local, etc. Pour
avancer dans la connaissance et reconnaissance réciproques,
les organisations du GT pourraient échanger des informations,
s’inviter mutuellement et diffuser leur actualité. On note une
volonté générale de faire parler de l’ES/EP afin de sensibiliser
l’opinion publique sur ce thème et de vulgariser les connaissances acquises.
Les organisations membres ont manifesté leur préoccupation pour la question de l’évaluation des activités. Le GT
serait un lieu adéquat de mise en commun et d’échanges.
■
Le partenariat avec les organisations du Sud, qui peut se
concrétiser par la visite de partenaires, le partage de
réflexions et d’expériences, des rencontres entre acteurs du
Nord et du Sud… Des actions pouvant se faire au sein du GT.
■
Sur la question de genre, qui est mise en avant par les
Pénélopes et ADEL, il serait intéressant d’échanger sur comment elle est traitée par les autres membres du GT.
■
Le dernier point concerne la problématique des migrants.
Les acteurs de l’ES en France travaillent essentiellement avec
des populations immigrées. Les associations du CRID ont certainement des partenaires dans les pays d’origine de ces
populations. Des échanges, des mises en lien et éventuellement des actions communes sont envisageables entre tous.
■
En effet, sur la base de ces pistes, différents types d’actions
peuvent être mis en place, tels que des partages d’expériences, des réunions et discussions, des rencontres de partenaires des uns et des autres, des échanges entre organisations
(membres du GT mais aussi avec d’autres organisations, du
Nord comme du Sud) sur des thèmes précis, des actions de
plaidoyer communes, voire des projets élaborés conjointement. Enfin, il serait possible de mettre en relation des militants des OSI avec des initiatives et projets appuyés par les
membres du MES par exemple. Par ailleurs, des échéances
comme les forums sociaux mondiaux et européens peuvent
être l’occasion de collaborations plus concrètes.
Il est important de dépasser les approches de chacun en
s’ouvrant aux autres : l’étude permet de constater que les
buts sont communs et les stratégies complémentaires. Il
convient donc de poursuivre cette connaissance réciproque en faisant un pas de plus dans les collaborations.
Organisations membres du groupe de travail Économie solidaire - Économie populaire :
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