En savoir plus... - Société Française de Radiologie

L’imagerie médicale en France : un atout pour la santé, un atout pour
l’économie
Le Livre Blanc de la radiologie propose 29 recommandations
D’après un entretien avec le Dr Jean-Philippe Masson, président de la FNMR (Fédération
nationale des médecins radiologues), médecin radiologue, clinique Montréal, Carcassonne.
Quarante auteurs, médecins et économistes, dressent un état des lieux de l’imagerie en
France, analysent son rôle dans le système de soins et dans le parcours des patients. Ils
explorent les pistes d’avenir et font 29 propositions de réforme.
À travers son Conseil professionnel national de la radiologie (G4)*, la radiologie française
édite un Livre Blanc sous le titre « l’imagerie médicale en France : un atout pour la
santé, un atout pour l’économie ».
Il rappelle que l’imagerie médicale est aujourd’hui au cœur du parcours de soins des patients,
non seulement pour le dépistage et le diagnostic initial des pathologies mais aussi pour leur
suivi et parfois pour le traitement lui-même à travers la radiologie interventionnelle.
Une photographie des radiologues en France
Selon les données du Répertoire des Professions de Santé, (RPPS), la France comptait 8 558
radiologues, dont 8 377 en France Métropolitaine, soit une « densité » de 13 radiologues pour
100 000 habitants dans la France entière, (13,1% en Métropole).
Ces radiologues représentent 7,5% de l’ensemble des spécialistes. 66% d’entre eux sont des
hommes, 34% des femmes. Parmi eux 74% exercent une activité libérale ou mixte, et 25,8%
une activité salariée exclusive. 85% des libéraux exercent en secteur 1.
* Le G4 est composé de quatre structures : le Collège des Enseignants de radiologie en France
(CERF), la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), la Société française de
radiologie (SFR) et le Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH).
La croissance au rythme de l’innovation
La progression des examens d’imagerie et leur place croissante dans le parcours de soins des
patients s’expliquent par une innovation permanente.
80 millions d’actes d’imagerie sont réalisés chaque année en France pour un montant
d’environ 6 milliards d’euros dont 3, 9 milliards pour les dépenses de ville et 2 milliards à
l’hôpital. Le nombre moyen d’actes d’imagerie par patient est de 1,8 par an.
En volume, la radiologie conventionnelle représente encore plus de la moitié des actes (43, 5
millions) mais elle s’érode de 1,4% par an depuis 2007.
Avec un peu plus de 27 millions d'actes, l'échographie est le deuxième poste de dépenses, en
croissance de 3,6% par an. Il est à noter que la part des échographies réalisées par les
médecins radiologues n’est plus que de 48%, le reste étant fait par les autres médecins. Le
scanner et l'IRM (Imagerie par Résonance Magnétique), avec 5 millions d'actes, restent des
techniques encore peu utilisées, bien qu'en hausse respectivement de 4% et 10% par an
(graphique 1).
Dépistage et diagnostic précoces
L'imagerie médicale, grâce à toutes ces nouvelles techniques, permet de réaliser des
économies grâce à des diagnostics plus précis et plus rapides, qui améliorent l’orientation des
patients dans leur parcours de soins et réduisent les durées d'hospitalisation.
Le dépistage du cancer du sein en est un excellent exemple. Généralisé depuis 2005, ce
dépistage a été déployé par la volonté des médecins radiologues avec le soutien de
l’Assurance maladie. Il permet une prise en charge précoce, moins lourde sur le plan médical
et psychologique pour les patientes, moins onéreuse en termes de traitements, de consultations
et d’hospitalisations pour les pouvoirs publics.
La radiologie interventionnelle, une source d’économie en manque de moyens
La radiologie Interventionnelle (RI) comprend l’ensemble des actes médicaux invasifs,
réalisés par les radiologues, ayant pour but le diagnostic anatomo-pathologique et/ou le
traitement d’une pathologie, réalisés sous guidage et sous contrôle d’un moyen d’imagerie,
rayons X, ultrasons, scanner, imagerie par résonance magnétique. Son champ d’utilisation est
de plus en plus large, des domaines de l’oncologie et de l'athérome à l'urgence avec la prise en
charge des hémorragies. En 2010, l’ensemble des actes de RI représentait un volume
d’activité supérieur à 500 000 patients en France ; le plan cancer 2014-2019 prévoit une
multiplication par quatre des actes de RI en 2020.
L’imagerie interventionnelle permet de réaliser des actes thérapeutiques autrefois uniquement
chirurgicaux et qui, effectués désormais sous le contrôle de l’image, sont moins agressifs pour
les patients et moins onéreux pour la société. Le coût des actes de radiologie interventionnelle
est en effet le plus souvent inférieur de trois à cinq fois à celui des actes de chirurgie. En cas
d’hospitalisation, les durées de séjour sont, en outre, fortement réduites.
La RI est une évolution fantastique de la médecine, apportant des solutions mini-invasives
aux malades, et des coûts de santé très avantageux pour la société. Malgré ses atouts
incontestés, le développement de la RI se heurte à un manque de mesures tarifaires et à la non
prise en compte du matériel utilisé. Les établissements de soins sont en effet confrontés à la
difficulté de faire face aux surcoûts liés au matériel dédié ultrasophistiqué, avec des cotations
inadaptées des groupes homogènes de séjours (GHS). Le tarif des actes est souvent sous-
valorisé à la Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) pour les praticiens, voire
inexistant, ce qui pose le problème de l’essaimage des techniques de RI notamment dans la
pratique libérale.
Pour l'assurance maladie, l'imagerie médicale est bien une source considérable d'économies,
mais elles ne sont ni reconnues ni évaluées par les tutelles, qui se focalisent uniquement sur
les dépenses pour justifier les baisses tarifaires, explique le Dr Masson. Le Livre Blanc
devrait permettre de lever cette injustice et d’éclairer de façon objective les enjeux tant
médicaux que financiers à venir.
Dans cette perspective, au terme du bilan exhaustif de la spécialité, de son rôle actuel et à
venir dans le parcours de soin, en santé publique et dans le domaine de la recherche, le G4
énonce 29 propositions qui vont de l’offre de soins à la formation en passant par les
équipements, la qualité et à l’innovation.
Au travers de ces propositions, les médecins radiologues de France espèrent, ayant été
entendus par les décideurs institutionnels, poser les bases de l’imagerie de demain, pour une
meilleure prise en charge des patients et l’égalité de tous devant l’offre de soins.
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