
gonflées avec du silicone liquide ou en gel. En effet le PDMS
utilisé dans les mammoplasties pouvaient contenir de 0,1 à 15%
de particules de faible taille, capables d’induire une réponse
immunitaire cellulaire et des anticorps chez le porc [29].
Cependant aucune preuve n’est actuellement établie pour
incriminer les prothèses en silicone dans le cadre de maladie de
système [52]. Les risques juridiques pouvant impliquer les
fabricants ont été tels que le fournisseur principal (Dow
Corning - Midland, Michigan, USA) avait même retiré ses
produits du marché médical, laissant le marché ouvert à des
distributeurs dont la qualité de la poudre de silicone n’était pas
toujours garantie [40]. Cette période du début des années 1990
est heureusement révolue avec l’application en 1992 aux USA
puis en mars 1994 de recommandations de l’AFNOR sur le
silicone médical.
La comparaison avec les prothèses mammaires et les prothèses
utilisées en urologie doit être menée avec précaution. En effet
les anciennes prothèses mammaires présentaient des fuites dans
près de 60% des cas, laissant échapper le silicone de
remplissage. Une des causes retenues étaient la création d’une
coque fibreuse constrictive autour de la prothèse, facilement
exposée du fait de sa topographie au choc, augmentant ainsi le
risque de fuite. Ces phénomènes ont pratiquement disparu
depuis l’utilisation de prothèses dites « texturées », dont la
surface est couverte de polyuréthane. Cet enduit diminue la
formation de cette coque et limite, si besoin, la perte de
particules de silicone en périphérie de la prothèse [54].
Un doute cependant persiste puisque ont été décrits l’apparition
de lymphomes simultanés à l’existence d’adénopathies
contenant du silicone [5,20]. De plus l’exposition au silicone,
répétée ou continue, par exemple en dialyse, a pu être
incriminée dans l’apparition d’hépatite granulomateuse, de
pancytopénie et de splénomégalie [3,10,11]. Enfin le suivi de
cohortes de patients porteurs de prothèses médicales
constituées de silicone (prothèses mammaires, prothèses
péniennes, pacemaker en particulier) permet une meilleure
approche du problème, même s’il est difficile de faire des
comparaisons. S. Greenland poursuit ce projet depuis près de
10 ans en étudiant les données de Medicare sur 52 pathologies.
Les patients implantés sont « associés » à des patients
comparables traités dans la même discipline : par exemple les
prothèses péniennes sont dans le groupe des résections de
prostate. Dans ce dernier groupe, l’analyse faite en 1999,
montre une plus forte proportion de lupus, de neuropathies, de
collagénoses et de scléroses pour les patients avec prothèse
pénienne que pour les autres. S’il est difficile de conclure, il
faut faire preuve de prudence. Toutes ces considérations
doivent d’une part imposer une information complète sur les
risques connus et inconnus des prothèses contenant du silicone,
et d’autre part inciter les fabricants comme les Urologues à
créer des registres non seulement de comptabilité des
implantations, comme cela est le cas pour le sphincter artificiel
urinaire, mais aussi pour le suivi à long terme. La matério-
vigilance est une façon de transmettre à la communauté les
évènements indésirables, même tardifs. L’Urologue et le
médecin référent doivent donc être avertis de la nécessité de
rapporter toute maladie nouvelle de « type systémique ou de
système » apparue chez un patient porteur ou ayant porté une
prothèse urinaire.
Le silicone, non dégradable, décrit comme inerte, n’a donc pas
fait la preuve de sa biocompatibilité parfaite à long terme.
2.Le polyuréthane
Le polyuréthane (PEU) est un copolymère à blocs, composé
d’unités souples et rigides. C’est un élastomère
thermoplastique qui permet de réaliser des implants préformés
qui peuvent être recouverts de mousse de PEU pour mieux
stabiliser la prothèse dans les tissus (pores). Il existe en fait de
nombreux polyuréthanes (polyester, polyéther) en fonction de
différents additifs qui ne sont en règle non divulgués.
Le polyuréthane a d’excellentes propriétés mécaniques,
comparé au silicone, mais par contre est moins stable dans
l’organisme que le silicone, en particulier les formes liées à un
polyester [64].
Il peut être associé à un autre biomatériau, comme par exemple
le silicone comme cela a été proposé pour les prothèses
mammaires dites texturées. La surface de la prothèse en
silicone pur est lisse et entraîne une réaction fibreuse intense
avec formation de coque. Le revêtement en PEU limite cette
réaction.
3. Le Bioflex®
Bioflex®est un brevet de Mentor Corporation, CA, USA. Ce
biomatériau est un polyuréthane combiné avant l’extrusion
avec un méthylène di-isocyanate et un polytétraméthylène-
ether-glycol associé à de l’éthylène diamine, du dioxyde de
silicone et du PDMS. L’éthylène diamine et l’isocyanate
contribuent à la formation du constituant dur alors que
polyéther et isocyanate à celle de la partie molle du co-
polymère. Le Bioflex®est ensuite moulé.
4. Le polytétrafluorouréthane (PTFE)
C’est un polymère thermoplastique, biocompatible largement
utilisé en urologie en particulier pour des traitements de surface
(coating) ; le liant est souvent un polyuréthane [64]. Le PTFE
induit une réaction immunitaire minime. Il peut être tissé ; les
tubes formés, sans couture, ont un aspect ondulé. Les
interstices, plus ou moins fins, sont colonisés par des
fibroblastes, ce qui permet de stabiliser la prothèse dans les
tissus humains. Des interstices trop larges entraînent assez
rapidement une obstruction du canal. Ce matériau est utilisé
depuis longtemps en chirurgie vasculaire, mais il est mal adapté
aux indications urologiques de remplacement canalaire. Il est
possible de l’associer à un autre biomatériau comme le silicone
par exemple.
Il existe une forme particulière, dite expansée (PTFE-e),
connue sous le nom de Gore-Tex®,qui présente des pores de
très petite taille (1 à 60 µm), qui n’autorisent pas le passage
cellulaire, évitant ainsi l’obstruction endo-luminale.
5. Le polyester ou poly(téréphtalate d’éthylène)
C’est un polymère thermoplastique qui peut être tissé. Dans sa
forme expansée les pores sont de taille variable allant de 60 µm
à 1200 µm. Il peut avoir une forme de tube et recouvrir un tube
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