Le délinquant psychotique Jacques Gasser Département de psychiatrie du CHUV Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Les psychoses • Il d’agit de l’ensemble des troubles psychiques dont la caractéristique est une perturbation majeure de l’organisation et du fonctionnement de la personnalité, caractérisé par un rapport à la réalité pathologique, par des troubles de l’identité, et une altération de la perception consciente des tenants et aboutissants du comportement dans le contexte de la vie relationnelle. • Elles provoquent une réduction des possibilités de faire face aux nécessités de l’existence et de s’adapter à la vie sociale. Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Principaux symptômes des psychoses • le délire (conviction inébranlable à propos d’idées en opposition avec la réalité ou l’évidence) • les hallucinations (perceptions visuelles, auditives ou cénesthésiques sans objet) • l’incohérence ou la confusion mentale (absence de lien logique entre les éléments d’une pensée ou les séquences d’une action) • les troubles de la pensée (relâchement marqué des associations, altération irrationnelle de l’idéation) Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 • les troubles du comportement (attitude bizarre, activité désorganisée, agitation ou inhibitions majeures) • l’anosognosie (incapacité de prendre conscience des troubles et de se rendre compte de leur nature maladive) • cénesthésie : modalité sensorielle donnant des perceptions de type sensitif, c’est-à-dire appartenant à l’ensemble des sensations provenant de l’intérieur de l’organisme Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 La schizophrénie • Il s’agit d’un groupe de psychoses ayant un noyau sémiologique commun, la dissociation. • La dislocation de la vie psychique touche les différents secteurs de l’intelligence, de la pensée, de l’affectivité, du dynamisme vital, de la vie relationnelle et de l’appréhension du réel. Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Données épidémiologiques • Les syndromes schizophréniques sont décrits dans toutes les civilisations, toutes les races et toutes les cultures. • Sa fréquence dans la population actuelle est de 1%, ce qui est considérable. • La maladie se déclare précocement, dans la plupart des cas entre 15 et 35 ans et se répartit entre les deux sexes. Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Données génétiques • Le risque de schizophrénie est plus élevé chez les sujets apparentés à des schizophrènes. – Quand un frère ou une soeur est atteint, le risque est de 6 à 14 %. – Quand un parent est atteint, le risque est de 7 à 16 %. – Quand les deux parents sont atteints, le risque est de 40 à 68 %. – Quand c'est deux frères jumeaux homozygotes (vrais jumeaux), le risque est de 50 à 75 %. Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Données étiologiques • A l'heure actuelle, l'étiologie de la schizophrénie reste méconnue. L'interaction de plusieurs facteurs peuvent cependant être pris en compte – génétiques – biologiques – psychologiques – sociaux Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Les perturbations affectives et comportementales: •Le malade peut ressentir des changements d’humeur soudains et inexplicables : une tristesse profonde, une grande joie, de l’enthousiasme, une humeur déprimée ou de la colère, apparaissant sans raison et sans avertissement. La perte de sentiments peut être aussi troublante. Les symptômes qui privent une personne de son éventail normal d’émotions sont souvent décrits comme « négatifs ». Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 • Le malade semble moins capable de ressentir quoi que ce soit, y compris la douleur ou la joie. Parfois, cette perte de sentiments atteint même le « sens de soi ». La personne perd le sens de la réalité quant à sa propre identité, à l’endroit où elle est ou à ses propres extrémités corporelles. Plus que tous les autres symptômes décrits cidessus, ce sont les changements de comportement qui signalent aux autres la présence possible de la maladie. Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 • Le premier signe de perturbation est souvent le retrait de la vie sociale, à mesure que l’individu trouve qu'il lui est de plus en plus difficile d'avoir des rapports interpersonnels. Cela se manifeste souvent par un manque d’intérêt pour son hygiène personnelle et son apparence. La perte d’énergie, d’intérêt et de motivation ou une baisse du niveau d'activité, de mouvement ou de paroles devraient alerter les amis et la famille que quelque chose ne va pas. Ceux-ci peuvent aussi pressentir l’approche d’un épisode de schizophrénie quand le comportement de l’individu devient inhabituel ou que ses réactions sont nettement disproportionnées (larmes ou rires excessifs ne convenant pas aux circonstances, le fait de se parler à soi-même de manière régulière). Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Les syndromes schizophréniques A. le syndrome dissociatif - la dépersonnalisation - les troubles de la pensée - les troubles du langage - les troubles de l’affectivité - les troubles psychomoteurs Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 B. le syndrome délirant - l’autisme schizophrénique - les manifestations délirantes Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 C. les troubles des conduites - l’apragmatisme - les gestes suicidaires - les actes hétéroagressifs Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Évolution de la schizophrénie 10 ans plus tard • 25 % sont complètement guéris • 25 % se sont beaucoup améliorés et sont relativement indépendants • 25 % se sont améliorés, mais ont encore besoin d'un réseau de soutien important • 15 % sont hospitalisés, sans amélioration • 10 % sont décédés (surtout par suicide) Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Après 30 ans • 25 % sont complètement guéris • 35% se sont beaucoup améliorés et sont relativement indépendants • 15% se sont améliorés, mais ont encore besoin d'un réseau de soutien important • 10% sont hospitalisés, sans amélioration • 15% sont décédés (surtout par suicide) Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Problèmes médico-légaux et troubles psychotiques - actes hétéroagressifs gestes suicidaires difficultés à gérer ses affaires difficultés professionnelles Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Conséquences légales - hospitalisation d’office interdiction civile placement à fins d’assistance diminution de la responsabilité pénale Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 L’exemple du schizophrène incendiaire • Schizophrène paranoïde bien compensé • Jette sa cigarette dans une poubelle • Comment évaluer sa responsabilité Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007 Le trouble délirant persistant • Trouble caractérisé par la survenue d'une idée délirante unique ou d'un ensemble d'idées délirantes apparentées, habituellement persistantes, parfois durant toute la vie. Le contenu de l'idée ou des idées délirantes est très variable. • (F22 de l’ICD-10) Cours de psychiatrie légale - Faculté de droit et des sciences criminelles, UNIL, janvier 2007