Psychopathologie de l’enfant.
Les pathologies. Partie 1 : Les psychoses infantiles. Cours 6.
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Partie 1 : Les psychoses infantiles.
I. Les psychoses précoces.
A. Autisme de Kanner, 1943.
1) Définition.
C’est la forme la plus courante : Infection très rare dont la fréquence est en moyenne de 1 pour 10 000 et où la
prédominance est masculine avec 3-4 garçons atteints pour une fille.
2) Début.
Les débuts sont très précoces mais le diagnostic est toujours tardif. Il arrive que dès la naissance la mère signale
des événements inhabituels. Dès le deuxième semestre des signes graves peuvent se manifester mais ils sont
rarement perçus. Le trouble devient massif et évident dans la deuxième année de l’enfance.
3) Signes, symptômes.
Ils doivent être liés :
a) L’autisme : L’isolement.
L’enfant est incapable d’établir un système de communication adéquate avec son entourage. L’isolement et les
problèmes de communication ne sont pas le monopole de cette pathologie, on les retrouve presque toujours dans
les psychoses.
Pendants les premiers de leur vie, les bébés autistes sont décrits comme parfaitement calmes, heureux de vivre,
capables de se satisfaire de peu (à partir de l’instant où ils sont seuls, il ne sollicite personne et ne demande rien).
Au contact de l’adulte ou d’autres enfants, l’enfant autiste est complètement indifférent.
Au niveau du développement des indices psychomoteurs on note que l’enfant ne tend pas les bras, il ne sourit
pas, il ne développe pas l’angoisse de l’étranger, il est absolument indifférent aux allers et venus de ses parents
etc.…
Sur le plan moteur il se développe très bien sauf qu’il manque de tonicité, il souffre du syndrome tonique dit-on,
c’est-à-dire que lorsqu’on le prend dans les bras on a la sensation de porter un sac plutôt qu’un être vivant. Son
indifférence est total et en tout point.
A la base les autistes sont des beaux enfants, intelligents, harmonieux, leur mal réside dans la communication et
pas ailleurs, on aurait tort d’assimiler l’autisme à de la déficience intellectuelle (regardez les dessins d’autistes et
on verra bien s’ils sont plus bêtes que nous !).
L’enfant est parfaitement autonome à cette époque et pourtant il ne sollicite pas de contact avec l’entourage, la
mère se sent rejetée, méconnue (on peut comprendre), l’enfant ne parler pas mais en plus il ne regarde jamais,
tout du moins en face. Il observe beaucoup lorsqu’il n’est pas observé, il regarde en coin ce qui fait d’ailleurs
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que certains autistes sont affligés de strabisme (n’allez pas croire que tous ceux qui « louchent » sont autistes !).
On dit de l’autiste qu’il a un regard périphérique, qu’il surveille constamment son environnement.
Le contact physique aussi est fui, s’il établit il est focalisé sur seulement quelques parties du corps de l’autre (le
cheveux, les genoux etc.…) ou encore le corps de l’autre est vidé de sa substance « humaine » et est littéralement
instrumentalisé, l’enfant se sert de la main de l’autre pour saisir un objet…
Tout contact humain forcé ou répété peut entraîner une recrudescence de l’autisme ainsi que des poussées de
violence envers l’entourage.
L’enfant est attiré par les objets complexes, partiels (le bras d’une poupée par exemple et non l’ensemble du
jouet), durs et brillants.
b) L’immuabilité.
L’enfant manifeste le besoin anxieux et impérieux de maintenir son environnement stable, identique. Les objets,
les meubles, tout doit rester à la même place, l’agencement ne doit pas être modifié.
Les autistes ont une excellente mémoire, ils jouissent d’une excellente santé en général ce qui brusque encore
plus la découverte de leurs pathologies.
Ils font preuve également d’une très grande tolérance au chaud et au froid, l’hypothèse cognitive à ce sujet
suppose une incapacité à reconnaître et à discriminer les différences affects ( à mettre en relation avec les
interactions précoces où l’enfant apprend les affects de sa mère pour s’approprier les siens ensuite).
c) Langage.
Il émet des bruits bizarres, gutturaux et le reste du temps est silencieux. De temps à autre il va prononcer
quelques mots parfaitement articulés ou chantonner les paroles d’une chanson et puis rien de plus.
4) La famille de l’autiste.
Au départ Kanner avait décrit le milieu familial de l’autiste intellectuel, froid, à tendance obsessionnel et avec un
niveau socio-économique élevé. On sait à présent que cette pathologie touche toutes les couches socio-
économiques et qu’il est impossible d’établir un profil de famille « autiste », le simple fait qu’au sein d’une
famille, tous les enfants ne soient pas touchés, le prouve. Cela dit faut-il attendre que tout le monde soit malade
pour déclencher l’alerte ? Comme toujours c’est sur la mesure qu’il faut compter, il n’y a pas de famille
« pathogène » en soi mais il y a tout de même des milieux défavorables.
5) Evolution.
a) Critères de pronostic.
Il y a deux facteurs à valeur prédictive quant à l’évolution du trouble :
Un QI supérieur 50, stable, maintenu est le garant d’une évolution relativement positive. Sans ce QI,
l’enfant va au devant d’une importante baisse de son efficience intellectuelle.
L’absence de langage au-delà de 5 ans présage d’une évolution assez catastrophique (avec notamment
renforcement du caractère autistique, de la tendance au retrait).
b) Types d’évolution.
1. Un peu moins de la moitié des enfants n’évoluent pas du tout. Le langage n’est pas acquis, le domaine
cognitif est très peu investi. La maladie évolue vers un état d’arriération mentale profond.
2. Un peu plus de la moitié des enfants arrive à acquérir un langage ou un début. A l’âge adulte on a du
mal à les distinguer des psychotiques, leur évolution n’est pas dramatique mais pas non plus
adaptative.
3. certains sujets, ils sont très rares, parviennent à conquérir leur autonomie, ils parviennent à s’insérer
scolairement puis professionnellement.
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B. Les autres psychoses précoces.
1) Distinction d’avec l’autisme de Kanner.
Elles surviennent après une période de développement normal alors que l’autisme de Kanner peut se
manifester dès les premières semaines de la vie.
En général elles débutent vers l’âge de deux ans, deux ans et demi, jusqu’à 6 ans (où on commence à
parler de psychoses de la seconde enfance).
Elles sont beaucoup plus fréquentes que l’autisme de Kanner qui ne représente que 10% des psychoses
précoces.
2) Sémiologie (signes et symptômes).
a) Retrait social, isolement, caractère autiste.
Voir la partie sur l’autisme.
b) Les troubles affectifs.
Ils sont très fréquents. Ils sont caractérisés par :
- Une grande labilité de l’humeur. C’est-à-dire que le sujet oscille entre les deux pôles de l’humeur sans
aucune motivation ni justification.
- Des crises d’angoisse aigues soit sans raison soit provoquées par des changements infimes de
l’environnement tel que l’isolement ou des séparations brèves. Elles sont massives et injustifiées. Elles
entraînent une rupture dans la continuité psychique, tellement intenses qu’elles font se sentir l’enfant
menacé dans son unité, dans on intégrité psychique et corporelle, ce que l’on nomme l’angoisse de
morcellement.
- Le tout est accompagné de crises agitations, de colères, de gestes auto agressifs ou hétéro agressifs, de
comportements d’automutilation, d’une très grande intolérance à la frustration (c’est l’un des symptôme
majeur, le sujet est incapable de différer la satisfaction).
c) Les perturbations motrices.
Les anomalies de ce registre sont très nombreuses et très divers. On note :
- Des anomalies toniques, de l’hypotonie généralisée notamment au niveau de la posture qui se traduit
par une espèce d’indifférence tonique.
- Une gestualité inhabituelle, des jeux de mains interminables (comme les petits bébés) qui se prolongent
au-delà de 6 mois et qui captivent littéralement l’enfant.
- Un développement moteur à peu près normal avec acquisition de la marche avec un peu de retard (mais
ça ne constitue par un symptôme).
- Des comportements moteurs particulier : Des stéréotypies (répétition de gestes rythmées), des
balancements qui hypnotisent l’enfant, qui accaparent totalement son attention. On note aussi des
manipulation d’objets etc…Il faut bien garder en tête que les balancements par exemple ne sont qu’un
signe, qu’un symptôme, et qu’ils ne constituent pas à eux-seuls le critère de diagnostic d’une psychose
précose, les enfants abandoniques (souffrant de carences affectives) ont également ce symptôme par
exemple mais ils ne sont pas psychotiques.
- Instabilité : Elle est très fréuquente et relativement caractéristique des psychoses précoces (autisme
exclu). L’enfant est agité, instable, il n’a aucun réflexe de protection en cas de chute, il n’a pas intégré
son schéma coporel, il ne montrer pas de réactions à la douleur, il est indifférent. Il peut également
s’inscrire dans le comportement opposé : Il est inhibé sur la plan moteur, quasi catatonique, maladroit
etc…Là encore il faut être capable de dégager la vértibale cause deu symptôme : Syndrôme hyperactif ?
Trouble caractériel ou psychose précoce ?
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d) Troubles des conduites mentalisées.
Cela se traduit par l’élaboration de rituels défensifs de vérification, de propreté, du coucher etc.. ;qui envahissent
la vie du sujet. On peut également supposer des hallucinations et des délires mais c’est une hypothèse car il est
très difficile d’étudier le contenu du discours d’un enfant de moins de 10 ans et de faire la part des raisonnements
étranges inhérents au stade de développement intellectuel de tous les enfants et ceux qui sont réellement
« délirants ».
e) Troubles du langage.
Ils sont presque toujours constants, plus les psychoses sont précoces, plus ils seront important.
- Si langage il y a, on note des anomalies dans la mélodie, dans le rythme du discours (« langage chanté »
de l’autiste », des troubles de la prosodie etc…On remarque la présence d’un défaut majeur dans les
psychoses : L’utilisation des pronoms qui se traduit par une inversion (au lieu de dire je vais bien,
l’enfant dit « il va bien »). Pourquoi un tel phénomène ? Parce qu’il lui est très difficile d’intégrer le je,
l’unité. Le oui est rarement acquit. Stéréotypies verbales ou « mots valises » (mots phrases) qui
permettent à l’enfant de traduire en un mot une expérience vécue.
- Lorsque le langage a été acquit on observe des régressions très variables : de la disparition de certains
mots au mutisme secondaire (l’enfant sait parler mais il s’arrête de le faire brusquement) très fréquents
dans les psychoses de la seconde enfance. Le langage ne disparaît pas mais il n’est pas investi en tant
que moyen de communication.
- Surinvestissement : L’enfant fait preuve d’une très grande maîtrise de la langue, il est apte à apprendre
des langues vivantes ou même des langues mortes, souvent il crée sa propre langue mais à partie
d’associations très sophistiquées.
Ce qu’on peut retenir de tous ces troubles de la communication c’est le manque total d’investissement de la
parole en tant que moyen de communication. Les enfants sont indifférents au langage de l’autre, aux bruits
annonçant la présence d’un autre dans la pièce, ils ne répondent pas à leur prénom non plus. Par contre ils ont
une « compréhension périphérique » au même titre que les autistes ont une vision périphérique (voir partie sur
l’autisme de Kanner) c’est-à-dire qu’il accomplisse un geste qui était demandé à une autre personne, par
exemple : son père et sa mère discutent, le père demande à ce que sa femme lui apporte le journal, c’est l’enfant
qui s’exécute sans que rien ne lui ai été demandé. On suppose que c’est justement parce que la requête ne lui
était pas adressée que l’enfant peut l’accomplir. (Drôle d’idée, enfin on sait comment s’y prendre avec les
enfants maintenant !...Je plaisante !).
Cette notion de compréhension périphérique est importante car elle permet d’anéantir un diagnostic de surdité.
f) Troubles cognitifs.
Le déficit intellectuel est très fréquent, cependant son degré, sa profondeur et son évolution sont très variables.
- Difficulté d’intégration du schéma corporel.
- Réussites en secteurs spectaculaires : Le sujet est déficitaire dans la plupart des domaines cognitifs sauf
dans quelques cas où il excelle bizarrement, par exemple certains psychotiques sont capables de dire
quel jour de la semaine sera le 18 novembre 2145… (je sais même pas quel jour on est demain…Ouf je
crois que je suis pas psychotique alors !).
- Le sujet n’intègre pas de fonctions spécifiques.
- Il montre également un grave défaut spatio-temporel (il a pas la notion du temps mais il est capable
d’établir un calendrier... c’est curieux non ? ).
g) Troubles psychosomatiques et antécédents somatiques.
On remarque des épisodes organiques, psychosomatiques en raison de leur fréquence importante :
- Troubles du sommeil : Très fréquent, soit insomnie calme (proche de l’attitude l’autiste qui fixe son
plafond des heures durant) soit agitée (l’enfant pleure pendant des heures sans que rien ne l’apaise).
- Troubles alimentaires précoces : Très fréquents. Défaut de succion, anorexie avec refus, vomissements
répétitifs. Comme les troubles du sommeil ils peuvent apparaître dès les premières semaines de la vie.
- Troubles sphinctériens : Enurésie, encoprésie soit primaire (l’enfant n’a toujours pas acquit la propreté)
soit secondaire (il l’a acquit puis a régressé).
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Tous ces troubles peuvent être permanents ou intermittents, rythmés par les mouvements évolutifs de l’enfant,
les séparations, les angoisses etc…Au même titre que le retard dans la maîtrise des sphincters, on peut noter une
précocité de la propreté, ce qui n’est pas moins alarmant.
Il est important de rappeler que tous ces troubles ne sont pas exclusifs à la psychose, ce qui est déterminant dans
la diagnostic d’une psychose c’est la survenue de ces troubles à des périodes du développement inhabituel par
rapport à la moyenne. L’intensité et la persistance des troubles constituent également des critères de diagnostic
de la psychose.
En ce qui concerne somatique : Les psychotiques semblent être en bonne santé mais si on cherche bien on trouve
très souvent des antécédents pathologiques plus fréquent que la moyenne : Grossesse difficile, naissance
prématurée, pathologie néo-natale (la déshydratation notamment qui a beaucoup été étudié dans sa relation avec
la psychose), l’épilepsie etc…
Evidemment tous les prématurés ou tous les épileptiques ne seront pas psychotiques, c’est l’inverse : Beaucoup
de psychotiques sont prématurés ou épileptiques, il ne fait pas inverser les causes.
II. Les psychoses de la seconde enfance.
Les premiers se manifestent vers l’âge de 5-6 ans à 12-13 ans. Ces psychoses sont beaucoup plus rares que les
psychoses précoces, elles sont souvent la prolongation d’une forme précoce, il faut donc être prudent car bien
souvent ce qui paraît s’établir à l’âge de la seconde enfance était en fait présent bien avant mais n’avait pas été
diagnostiqué. Pour les parents, ce sont souvent des événements de la vie qui font symptômes (une rupture, un
deuil, un déménagement, la mort du poisson rouge etc…), mais si on creuse un peu on réalise que l’enfant
manifestait déjà des troubles qui ont été banalisés.
La psychose précoce et les psychoses de la seconde enfance sont vraiment deux catégories de troubles
différentes. Dans les psychoses de la seconde enfance on a souvent affaire à une personnalité mieux structurée
(l’enfant a eu plus de temps que dans les psychoses précoces), l’enfant est plus structuré, plus développé et il
bénéficie donc d’une maturation psychique nettement supérieur.
C’est parce qu’il y a possibilité de développement normal qu’on considéra ces psychoses de la seconde enfance
comme des régressions, des déstructurations et non comme des sortes de « fixations » du développement.
A. Sémiologie.
1) Retrait : Autisme secondaire.
On a vu précédemment le sens de cette expression. L’enfant était bien inséré, puis brusquement il se retire et
romps les relations avec son entourage, il refuse de voir ses copains, cela peut aller jusqu’à l’indifférence totale,
à une froideur caractéristique de la psychose. Parfois l’enfant continu à être socialement adapté en apparence.
Des comportements de rupture apparaissent également : Des refus scolaires, des fugues injustifiées, des
comportements caractériels (des crises de colères, des gestes auto agressif ou hétéro agressifs etc…).
2) Les perturbations motrices.
Il y a deux pôles :
- Un pôle d’inhibition, de retrait.
- Un pôle d’instabilité, d’agitation psychomotrice avec colère, agressivité, fugues incoercibles, troubles
alimentaires et sphinctériens.
Il y a désorganisation complète du comportement, des violences physiques et verbales, des conduites
délinquantes avec une caractéristique majeure de la psychose : L’indifférence, la froideur, la distance avec
rationalisation des actes.
3) Troubles du langage.
a) Mutisme secondaire.
C’est une régression spectaculaire.
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