Estimation de l’incidence des pathologies thyroïdiennes dans
la cohorte SU.VI.MAX, France, 1994-2002 : résultats préliminaires
Méthode(s)
L’étude SU.VI.MAX (SUpplémentation en VItamines et MInéraux AntioXydants) est un
essai randomisé en double aveugle versus placebo sur une cohorte de plus de 12 000
volontaires français (femmes : 35-60 ans, hommes : 45-60 ans) suivis pendant huit ans
(1994-2002). Après examen des différentes sources d’informations disponibles
(figure 1) concernant les maladies thyroïdiennes (questionnaire d’inclusion, examens
clinico-biologiques, questionnaire de santé mensuel), un groupe de travail
pluridisciplinaire a été mis en place afin d’identifier les sujets à inclure pour cette
estimation et mettre au point la classification des événements thyroïdiens. Un arbre de
décision (figure 2) a été défini pour identifier les sujets exempts de maladies
thyroïdiennes au début du suivi car les pathologies thyroïdiennes n’étaient pas un
critère d’exclusion d’entrée dans l’essai. Le groupe de travail a choisi de séparer les
analyses d’incidence des dysthyroïdies, de celles des événements morphologiques, la
date d’origine d’observation des sujets étant différente entre ces deux types
d’événements (dosages de TSH et de T4L en 1994-1995, palpation thyroïdienne en
1995-1996) (figure 1). La décision a été prise de considérer comme cas incident toute
dysthyroïdie (hypo ou hyperthyroïdie, etc.) signalée dans les mois suivant l’inclusion. En
ce qui concerne les événements morphologiques (nodule, goitre, etc.), les cas sont
considérés comme incidents après le premier examen clinique SU.VI.MAX (1995-1996).
Une typologie des cas, selon différents degrés de certitude, a été établie après que le
groupe de travail ait identifié les évènements probants (de nature clinique ou
biologique, considérée comme objective comme une dysthyroïdie, un nodule, la prise
d’antithyroïdiens ou d’hormones thyroïdiennes, etc.). Les volontaires identifiés comme
ayant eu un événement thyroïdien au cours du suivi ont été classés dans l’un des trois
groupes suivants :
– informations suffisamment probantes selon la nature de l’événement et/ou
confirmées par une information complémentaire ;
– informations peu probantes ;
– non-événement, confirmé par un examen ou non.
Seuls les résultats concernant les sujets du 1er groupe sont présentés ici. Les
pathologies thyroïdiennes touchant plus fréquemment les femmes que les hommes, les
résultats d’incidence sont présentés par sexe, et par tranche d’âge pour les femmes
(35-44 ans et 45-60 ans à l’inclusion).
Figure 1 – Sources d’informations disponibles concernant les maladies
thyroïdiennes dans l’étude SU.VI.MAX
Résultats
La cohorte SU.VI.MAX de départ était constituée de 12 741 sujets. Après application
des différents critères d’exclusion hiérarchisés par l’arbre de décision (figure 2), 5 302
sujets pouvaient être inclus dans la cohorte d’estimation de l’incidence des
dysthyroïdies. Le calcul de l’incidence des maladies morphologiques a porté, quant à
lui, sur 4 111 sujets. L’examen des données conduit à identifier provisoirement 105 cas
incidents ayant présenté une dysthyroïdie et 173 une pathologie nodulaire et/ou
goitreuse. L’incidence cumulée à 7,5 années (suivi moyen dans l’étude SU.VI.MAX) est
estimée à 1,98 % pour les dysthyroïdies (H : 0,80 % ; F 35-44 ans : 1,85 % ; F 45-
60 ans : 3,56 %) (figure 3) et à 4,21 % pour les évènements morphologiques
(H : 2,08 % ; F 35-44 ans : 4,59 % ; F 45-60 ans : 6,62 %) (figure 4).
Discussion
Ces premières estimations sont à confirmer après avoir contacté l’ensemble des sujets
pour lesquels nous disposons d’une information relative à un problème thyroïdien mais
dont le suivi a été irrégulier. Ces premiers résultats montrent l’incidence élevée de ces
maladies en France, sachant que les pratiques diagnostiques, notamment dans le
cadre d’un suivi de cohorte, conduisent également à les identifier plus fréquemment.
Journées scientifiques de l’InVS
12
C. Estaquio1, K. Castetbon1, P. Valeix1,2 pour le groupe d’évaluation de l’incidence des pathologies thyroïdiennes dans la cohorte SU.VI.MAX*
1Usen, InVS/Cnam, Istna, Paris – 2UMR Inserm U557, Inra U1125, Cnam, Paris
*Composition du groupe : M.C. Boutron-Ruault2, K. Castetbon1, L. Chérie-Challine3, C. Estaquio1, S. Hercberg1,2, L. Leenhardt3,4, M. Legrand6, E. Modigliani5, P. Preziosi1,2, P. Valeix1,2
1Usen, InVS/Cnam, Istna, Paris – 2UMR Inserm U557, Inra U1125, Cnam, Paris – 3InVS, Saint-Maurice – 4Service de médecine nucléaire, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris – 5Service d’endocrinologie
et médecine interne, Hôpital Avicenne, Bobigny – 6Centre médical de Forcilles, Férolles-Attilly
Cette étude est réalisée en partenariat avec le laboratoire Merck Lipha-Santé
Introduction
Le cancer de la thyroïde connaît une augmentation de son incidence dans la population générale. L’Institut de veille sanitaire (InVS) a été chargé d’identifier les facteurs de risque de
cette pathologie pouvant expliquer cette augmentation (y compris Tchernobyl). L’unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (Usen) s’est intéressée, plus particulièrement,
aux maladies thyroïdiennes (dysthyroïdie, nodule, goitre) qui sont considérées comme l’un des facteurs de risque de ce cancer. Leur incidence étant néanmoins inconnue au sein de
la population française, cette estimation a été réalisée chez les sujets de la cohorte SU.VI.MAX.
Figure 2 – Etapes de décisions pour la constitution de la cohorte saine –
Estimation de l’incidence des pathologies thyroïdiennes dans la
cohorte SU.VI.MAX
Figure 3 – Probabilité sans événement
biologique au cours
des huit ans dans
la cohorte SU.VI.MAX
Figure 4 – Probabilité sans événement
morphologique au cours
des huit ans dans
la cohorte SU.VI.MAX