Journées scientifiques de l’InVS 12 Estimation de l’incidence des pathologies thyroïdiennes dans la cohorte SU.VI.MAX, France, 1994-2002 : résultats préliminaires C. Estaquio1, K. Castetbon1, P. Valeix1,2 pour le groupe d’évaluation de l’incidence des pathologies thyroïdiennes dans la cohorte SU.VI.MAX* 1 Usen, InVS/Cnam, Istna, Paris – 2UMR Inserm U557, Inra U1125, Cnam, Paris *Composition du groupe : M.C. Boutron-Ruault2, K. Castetbon1, L. Chérie-Challine3, C. Estaquio1, S. Hercberg1,2, L. Leenhardt3,4, M. Legrand6, E. Modigliani5, P. Preziosi1,2, P. Valeix1,2 Usen, InVS/Cnam, Istna, Paris – 2UMR Inserm U557, Inra U1125, Cnam, Paris – 3InVS, Saint-Maurice – 4Service de médecine nucléaire, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris – 5Service d’endocrinologie et médecine interne, Hôpital Avicenne, Bobigny – 6Centre médical de Forcilles, Férolles-Attilly Cette étude est réalisée en partenariat avec le laboratoire Merck Lipha-Santé 1 Introduction Le cancer de la thyroïde connaît une augmentation de son incidence dans la population générale. L’Institut de veille sanitaire (InVS) a été chargé d’identifier les facteurs de risque de cette pathologie pouvant expliquer cette augmentation (y compris Tchernobyl). L’unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (Usen) s’est intéressée, plus particulièrement, aux maladies thyroïdiennes (dysthyroïdie, nodule, goitre) qui sont considérées comme l’un des facteurs de risque de ce cancer. Leur incidence étant néanmoins inconnue au sein de la population française, cette estimation a été réalisée chez les sujets de la cohorte SU.VI.MAX. Méthode(s) L’étude SU.VI.MAX (SUpplémentation en VItamines et MInéraux AntioXydants) est un essai randomisé en double aveugle versus placebo sur une cohorte de plus de 12 000 volontaires français (femmes : 35-60 ans, hommes : 45-60 ans) suivis pendant huit ans (1994-2002). Après examen des différentes sources d’informations disponibles (figure 1) concernant les maladies thyroïdiennes (questionnaire d’inclusion, examens clinico-biologiques, questionnaire de santé mensuel), un groupe de travail pluridisciplinaire a été mis en place afin d’identifier les sujets à inclure pour cette estimation et mettre au point la classification des événements thyroïdiens. Un arbre de décision (figure 2) a été défini pour identifier les sujets exempts de maladies thyroïdiennes au début du suivi car les pathologies thyroïdiennes n’étaient pas un critère d’exclusion d’entrée dans l’essai. Le groupe de travail a choisi de séparer les analyses d’incidence des dysthyroïdies, de celles des événements morphologiques, la date d’origine d’observation des sujets étant différente entre ces deux types d’événements (dosages de TSH et de T4L en 1994-1995, palpation thyroïdienne en 1995-1996) (figure 1). La décision a été prise de considérer comme cas incident toute dysthyroïdie (hypo ou hyperthyroïdie, etc.) signalée dans les mois suivant l’inclusion. En ce qui concerne les événements morphologiques (nodule, goitre, etc.), les cas sont considérés comme incidents après le premier examen clinique SU.VI.MAX (1995-1996). Une typologie des cas, selon différents degrés de certitude, a été établie après que le groupe de travail ait identifié les évènements probants (de nature clinique ou biologique, considérée comme objective comme une dysthyroïdie, un nodule, la prise d’antithyroïdiens ou d’hormones thyroïdiennes, etc.). Les volontaires identifiés comme ayant eu un événement thyroïdien au cours du suivi ont été classés dans l’un des trois groupes suivants : – informations suffisamment probantes selon la nature de l’événement et/ou confirmées par une information complémentaire ; – informations peu probantes ; – non-événement, confirmé par un examen ou non. Seuls les résultats concernant les sujets du 1er groupe sont présentés ici. Les pathologies thyroïdiennes touchant plus fréquemment les femmes que les hommes, les résultats d’incidence sont présentés par sexe, et par tranche d’âge pour les femmes (35-44 ans et 45-60 ans à l’inclusion). Figure 1 – Sources d’informations disponibles concernant les maladies thyroïdiennes dans l’étude SU.VI.MAX Figure 2 – Etapes de décisions pour la constitution de la cohorte saine – Estimation de l’incidence des pathologies thyroïdiennes dans la cohorte SU.VI.MAX N=12 741 sujets inclus dans l'essai dont le suivi est non nul Sujets dont les données sont disponibles pour les variables suivantes : âge, sexe, biologie (TSH, T4L, iode, thiocyanate), tabac, CSP, ménopause, nb d'enfants, alcool N'ayant pas eu d'écographie thyroïdienne Etape 1 N=10019 non oui N=7158 Dysthyroïdies biologiques à l'inclusion Exclus Etape 2 non oui N=5548 Prise de médicaments thyroïdiens à l'inclusion Exclus oui Etape 3 non N=5480 Antécédents thyroïdiens déclarés à l'incusion Exclus Etape 4 oui non N=5351 Exclus Incidence des événements morphologiques Incidence des dysthyroïdies Evénement cité dans les transmissions mensuelles pendant les 6 premiers mois de suivi Etape 5 N'est pas venu à l'examen clinique SUVIMAX 1995-1996 Etape 5 non oui N=4296 Excl us oui Excl us non N=5302 In clus Evénement cité dans les transmissions mensuelles dans les 12 premiers mois de suivi oui non Etape 6 N=4238 Exclus Inclusion 1994-1995 Evénement morphologique diagnostiqué à l'examen clinique 95-96 Fin de suivi 1995-1996 1996-1997 1997-1998 1998-1999 1999-2000 N=4111 2000-2001 2000-2001 oui Exclus Questionnaire d'inclusion Bilan biologique + Sérothèque TSH, T4L Bilan biologique + Sérothèque Bilan clinique (palpation) + Echographie thyroïdienne (3 621 sujets) Bilan biologique + Sérothèque Bilan clinique (palpation) Bilan biologique + sérothèque TSH, T4L, T3L anti-TPO (automne 2004) Etape 7 Figure 3 – Probabilité sans événement biologique au cours des huit ans dans la cohorte SU.VI.MAX non In clus Figure 4 – Probabilité sans événement morphologique au cours des huit ans dans la cohorte SU.VI.MAX Bilan clinique (palpation) Questionnaires mensuels (minitel, papier, internet) Comptes-rendus des examens ou analyses envoyés par les volontaires Résultats La cohorte SU.VI.MAX de départ était constituée de 12 741 sujets. Après application des différents critères d’exclusion hiérarchisés par l’arbre de décision (figure 2), 5 302 sujets pouvaient être inclus dans la cohorte d’estimation de l’incidence des dysthyroïdies. Le calcul de l’incidence des maladies morphologiques a porté, quant à lui, sur 4 111 sujets. L’examen des données conduit à identifier provisoirement 105 cas incidents ayant présenté une dysthyroïdie et 173 une pathologie nodulaire et/ou goitreuse. L’incidence cumulée à 7,5 années (suivi moyen dans l’étude SU.VI.MAX) est estimée à 1,98 % pour les dysthyroïdies (H : 0,80 % ; F 35-44 ans : 1,85 % ; F 4560 ans : 3,56 %) (figure 3) et à 4,21 % pour les évènements morphologiques (H : 2,08 % ; F 35-44 ans : 4,59 % ; F 45-60 ans : 6,62 %) (figure 4). Discussion Ces premières estimations sont à confirmer après avoir contacté l’ensemble des sujets pour lesquels nous disposons d’une information relative à un problème thyroïdien mais dont le suivi a été irrégulier. Ces premiers résultats montrent l’incidence élevée de ces maladies en France, sachant que les pratiques diagnostiques, notamment dans le cadre d’un suivi de cohorte, conduisent également à les identifier plus fréquemment. Hommes Femmes entre 35-44 ans Femmes entre 45-60 ans Hommes Femmes entre 35-44 ans Femmes entre 45-60 ans