Boussole Décembre 2016 Bilan de l‘année La croissance financée par la dette ? Vents contraires pour l‘immobilier Votre patrimoine, notre responsabilité. La politique monétaire expansive se heurte à une politique budgétaire restrictive En début d’année, les marchés boursiers du monde entier ont évolué dans le sillage de la baisse des prix du pétrole. Dans ce contexte, les actions des pays émergents producteurs de pétrole ont particulièrement souffert. Si les indices boursiers du Japon et des USA ont pu rattraper leurs pertes initiales, ceux de la GrandeBretagne et de la Suisse se situent toujours en territoire négatif. Les actions dites FANTA ont nettement mieux performé que la plupart des indices boursiers, mais se caractérisent par une forte volatilité. Le deuxième semestre a été marqué par des incertitudes politiques diverses qui ont eu un impact positif sur le prix de l’or. La politique monétaire expansive menée en Suisse et dans la zone euro est un thème récurrent. Nous expliquons pourquoi cette stratégie ne porte toujours pas ses fruits. La politique budgétaire, qui devrait soutenir la politique monétaire montre ses limites. La marge de manœuvre des États de l’UE est restreinte par un dispositif réglementaire commun et par l’endettement élevé des ménages publics. Enfin, notre rubrique „Évaluation“ s’intéresse à l’évolution des taux d’intérêt à long terme et présente une classe d’actifs qui continue à dégager des bénéfices solides. Garder la tête froide et conserver l’allocation d’actifs Malgré le résultat surprenant de l’élection présidentielle américaine, nous maintenons les pondérations actuelles pour toutes les classes d’actifs. Compte tenu de l’environnement macroéconomique favorable et de la politique de taux bas de nombreuses banques centrales, nous surpondérons les actions mondiales au détriment des obligations. L’environnement actuel des taux accroît la probabilité d’une hausse de l’inflation. Depuis toujours, l’or sert à protéger le portefeuille contre une inflation inattendue. Pour cette raison, nous avons récemment relevé à neutre notre position sur l’or. Au vu du rendement sur distribution élevé, nous maintenons la légère surpondération de l’immobilier suisse (voir Évaluation 2). Au sein des actions, nous conservons les pondérations de tous les secteurs. Nous restons défensifs avec une préférence pour les valeurs suisses. Dans le domaine des obligations, nous continuons à privilégier les emprunts d’entreprise par rapport aux emprunts d’État. Nous maintenons la légère sous-pondération des emprunts des pays émergents et des obligations à haut rendement. Dans un environnement où diverses banques centrales pratiquent la politique de l’argent bon marché, il est difficile de prédire l’évolution des devises. Pour cette raison, nous gardons un positionnement neutre pour toutes les paires de devises. Boussole Dreyfus | Décembre 2016 | Page 2 Allocation d’actifs: recommendation du 15 novembre 2016 pour le CHF comme monnaie de référence. Classes d‘actifs Actions Emprunts Or Liquidités Immobilier CH Secteurs d‘actions Consommation discrétionnaire Biens de consommation de base Énergie Finance Santé Industrie Technologies de l‘information Matériaux Télécommunications Services aux collectivités Emprunts Emprunts d‘État Obligations d‘entreprises Pays émergents Obligations à haut rendement Devises Dollar US Euro Livre sterling Franc suisse fort sous-pondérer léger neutre léger fort surpondérer Principales Tendances: Bilan de l‘année Principale Tendance 1: Source: Bloomberg Bénéfices dans toutes les classes d’actifs Performance indexée en CHF 130 120 110 100 90 80 déc. 15 févr. 16 avr. 16 juin 16 Actions internationales Actions des pays émergents Emprunts d’État internationaux août 16 oct. 16 Matières premières Or REIT internationaux Principale Tendance 2: Source: Bloomberg 2016 a démarré timidement pour de nombreuses classes d’actifs. La dégringolade des prix du pétrole en début d’année a entraîné dans son sillage les marchés boursiers. Après avoir particulièrement souffert, les actions des pays émergents producteurs de pétrole rattrapent progressivement leurs pertes initiales depuis la mi-février. Jusqu’à mi-novembre, les actions mondiales ont dégagé un rendement de +4,2% tandis que les actions des marchés émergents s’affichent en hausse de +7.6% (en CHF). De plus, la montée des incertitudes politico-économiques (Brexit, présidentielle américaine) a surtout profité à l’or, qui s’est apprécié de +15,0% en un an. Les matières premières sont en hausse de +4.5% depuis le début de l’année contre +2.5% pour les emprunts d’Etat et +1.2% pour l’immobilier. Toutes les actions ne se ressemblent pas Performance indexée en CHF 110 100 90 80 déc. 15 févr. 16 avr. 16 Indice S&P 500 Indice SMI Indice EuroStoxx 50 juin 16 août 16 oct. 16 Indice FTSE 100 Indice Nikkei Principale Tendance 3: Source: Bloomberg Si l’on regarde de plus près les actions mondiales (en CHF), on constate qu’elles n’ont pas toutes évolué à la hausse. Aux USA et au Japon, les indices boursiers ont progressé depuis le début de l’année pour enregistrer des gains respectifs de +7,4% et +4,4%. L’EuroStoxx 50 a pâti de sa forte exposition aux entreprises financières, de même que le FTSE 100 britannique qui a en outre été pénalisé par le Brexit. L’année a été particulièrement difficile pour le SMI, indice phare de la Bourse suisse, qui a cédé -7,2% en l’espace d’un an. Cette évolution négative s’explique par la pondération importante des entreprises pharmaceutiques, dont les actions ont perdu jusqu’à -15%. L’une des raisons tient à la crainte d’un plafonnement des prix des médicaments qui a été discuté dans le cadre de l’élection présidentielle américaine. La FANTAisie a un prix Performance indexée en CHF 200 180 160 140 120 100 80 janv. 15 avr. 15 juil. 15 oct. 15 janv. 16 avr. 16 Portefeuille équipondéré d’actions FANTAstiques Boussole Dreyfus | Décembre 2016 | Page 3 juil. 16 oct. 16 Indice S&P 500 Les actions de la nouvelle économie suscitent régulièrement l’intérêt du public. Facebook, Amazon, Netflix, Tesla et Alphabet (anciennement Google) sont particulièrement prisées. L’acronyme „FANTA“ est souvent employé dans un sens positif pour FANTAstique ou négatif pour FANTAisie. Ces dernières années, la valeur de ce groupe d’actions s’est littéralement envolée avec des progressions pouvant atteindre 70% par an. Cette performance exceptionnelle a toutefois un prix: une volatilité très élevée qui donne des sueurs froides à de nombreux investisseurs. Au début de l’année, un portefeuille composé à parts égales de ces cinq actions a d’abord perdu jusqu’à -25%, avant de compenser intégralement ses pertes en cours d’année, puis de s’établir à un haut niveau. Actualités: La croissance financée par la dette? Actualité 1: Source: Bloomberg La politique budgétaire sape la politique monétaire Pourcent 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 2005 2007 2009 2011 Taux directeur de la BCE en % 2013 2015 Solde budgétaire en % du PIB Actualité 2: Source: Bloomberg Pourcent Pourcent 110 6 100 3 90 0 80 -3 70 -6 60 2005 2007 2009 2011 2013 -9 2015 Contrairement aux attentes, la politique monétaire expansive menée en Suisse et dans la zone euro n’a pas conduit à une normalisation de la conjoncture. Le problème n’est pas la „trappe à liquidité“ liée aux taux d’intérêts très bas : les restrictions en matière de politique budgétaire au sein de l’OCDE fournissent une bien meilleure explication. Tandis que le taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) ne cessait de baisser, les déficits budgétaires des 19 budgets nationaux de l’Union monétaire européenne s’inscrivaient en recul. Cela signifie que l’endettement public a diminué alors que le refinancement devenait plus attractif. Cette consolidation budgétaire s’observe dans tous les grands pays de la zone euro, à commencer par l’Allemagne qui a pu réaliser des économies substantielles. Politique budgétaire réglementée dans la zone euro Contrairement à certains pays comme la Suisse ou les USA, la politique des Etats de l’UE en matière de dépenses et de fiscalité est soumise à un dispositif réglementaire commun. Dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance, tous les pays membres doivent s’efforcer d’équilibrer leur budget national et de limiter leur endettement. Le déficit annuel ne doit pas dépasser 3% du produit intérieur brut (PIB) et le montant total de la dette publique ne peut excéder 60% du PIB. Après la crise financière de 2007/08, les déficits et les dettes ont dérapé, notamment en raison de l’interdépendance entre banques et États dans la quasi-totalité des pays de l’euro. Le pacte de stabilité a été révisé en 2013, mais les limites imposées aux déficits publics et à la dette ont été maintenues. Endettement brut des ménages publics en % du PIB (échelle de gauche) Solde budgétaire en % du PIB (échelle de droite) Actualité 3: Source: Bloomberg La dette souveraine limite l’expansion budgétaire PIB par habitant en milliers d’euros 38 36 34 32 30 28 26 24 2005 2007 2009 Allemagne 2011 France Boussole Dreyfus | Décembre 2016 | Page 4 2013 Italie 2015 Les expériences des dernières années ont mis en évidence différentes approches concernant le rôle de la politique budgétaire dans la zone euro. Les gouvernements des pays aux prises avec des problèmes de croissance (France et Italie) défendent une politique expansive en matière de dépenses, tandis que l’Allemagne se montre sceptique à cet égard. Une réticence bien compréhensible au vu du niveau d’endettement élevé dans la zone euro. Pour la voir disparaître, il faudra d’abord accepter l’idée que des programmes de dépenses ciblées sont à même de stimuler durablement la croissance et que les nouvelles dettes pourront ainsi s’autofinancer. La probabilité d’une prochaine hausse significative du niveau des taux d’intérêts européens, Suisse incluse, reste donc faible. Évaluation: Vents contraires pour l’immobilier Évaluation 1: Source: Bloomberg Tendance à court terme des taux à long terme Rendement des emprunts d’Etat à 10 ans en % 3 2 1 0 -1 déc. 15 févr. 16 avr. 16 États-Unis Eurozone juin 16 août 16 Suisse Japon Grande-Bretagne Évaluation 2: oct. 16 Aux États-Unis, le niveau des taux d’intérêt pourrait de nouveau augmenter en réaction à la politique budgétaire plus généreuse annoncée par Donald Trump, qui a dernièrement fait réagir les rendements des emprunts d’État à 10 ans. Est-ce le début de la remontée des taux ? Les États-Unis et l’Europe se trouvent actuellement dans une impasse: les banques centrales européennes doivent poursuivre leur politique monétaire accommodante pour stimuler la politique budgétaire et retrouver une croissance plus dynamique. Une politique monétaire plus restrictive aux États-Unis ferait grimper le dollar. Pour ne pas affaiblir leur compétitivité, les USA doivent donc s’adapter à la politique monétaire de l’Europe. Source: Bloomberg Les actions immobilières défient les taux négatifs Performance indexée en CHF 120 110 100 90 80 déc. 15 févr. 16 avr. 16 juin 16 août 16 oct. 16 REIT internationaux SXI Real Estate Shares Total Return Index Swiss Performance Index Évaluation 3: Source: Credit Suisse Les fonds immobiliers en complément Pourcent Pourcent 40 4 30 3 20 2 10 1 0 1996 Cette année encore, les actions immobilières ont profité des taux négatifs. Avec une performance annuelle de +9%, elles ont battu l’indice boursier suisse ainsi que la concurrence mondiale. La hausse des taux amorcée depuis l’été dernier a surtout laissé des traces sur les actions immobilières américaines. Même si leurs homologues suisses n’ont pas pu s’y soustraire totalement, elles sont parvenues à conserver une partie de leurs gains. D’une part, les taux à long terme n’ont progressé que modérément en Suisse, et, d’autre part, les entreprises telles que Swiss Prime Site se distinguent par leurs bilans solides, donc moins sensibles aux fluctuations de taux. Malgré l’inflation des prix et des taux d’intérêt parfois défavorables, cette classe d’actifs est incontournable, avec un rendement sur distribution de près de 4%. 2000 2004 2008 2012 2016 Surplus de rendement des fonds immobiliers (échelle de droite) Agio moyen des fonds immobiliers suisses (échelle de gauche) Boussole Dreyfus | Décembre 2016 | Page 5 0 Les fonds immobiliers couvrent un spectre plus large que les actions, concentrés uniquement sur les biens commerciaux. Ces fonds se caractérisent par un endettement plus faible. Leur profil de risque moins élevé les rendent plus attrayants pour les caisses de pensions, en complément aux placements directs et fondations. Pour les privés, les fonds avec détention directe offrent des incitations fiscales. Mais ces avantages ont un prix. En milieu d’année, les agios (écart entre le cours du fonds et sa valeur d’inventaire nette) ont culminé à de nouveaux records. Outre la hausse des taux, le regain du nombre d’émissions des fonds et fondations semble indiquer que ces niveaux ne seront plus atteints de sitôt. L’écart de rendement des fonds immobiliers par rapport aux emprunts de la Confédération à 10 ans devrait toutefois servir de protection contre des pertes à venir. Les cours utilisés dans notre analyse sont les cours de clôture de la période examinée. Les chiffres sur lesquels se basent nos modèles d’évaluation sont des estimations qui se rapportent à des dates précises et qui, à ce titre, comprennent des risques. Ils peuvent être modifiés à tout moment sans avis préalable. L’utilisation de modèles d’évaluation n’exclut pas le risque de ne pouvoir faire d’estimations justes sur une période de placement déterminée. L’évolution des cours est influencée par un nombre élevé de facteurs. Des changements imprévisibles peuvent résulter, par exemple, de développements technologiques, d’activités affectant l’ensemble de la conjoncture, de fluctuations des taux de change ou de modifications des valeurs sociales. Notre exposé des méthodes d’évaluation et des facteurs de risque ne prétend pas être exhaustif. Les Fils Dreyfus & Cie SA publie la Boussole quatre fois par an depuis juin 2008. Destinée à la clientèle de la banque et à toutes les personnes intéressées, cette publication présente de façon concise les instruments et les méthodes utilisés par la banque pour suivre l’évolution des marchés financiers. Un descriptif du processus d’investissement est disponible auprès de votre conseiller clientèle ou sur le site Internet. La Boussole est un outil d’information mais ne saurait se rapporter à la situation individuelle d’un portefeuille. © Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers Contact: Dr. Uwe Heller, CFA Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers Aeschenvorstadt 16 | Boîte postale | 4002 Bâle | Suisse Téléphone +41 61 286 66 66 | Fax +41 61 272 24 38 [email protected] | www.dreyfusbank.ch Boussole Dreyfus | Décembre 2016 | Page 6