Dans cette partie historiographique, nous proposons une synthèse des modèles d’évolution des sociétés
pastorales entre le VI
e
et le I
er
millénaire av. J.-C., en nous attachant essentiellement à la vallée du Nil,
au désert occidental et oriental, et au Sahara central. Nous souhaitons analyser la manière dont les
archéologues rendent compte des interactions entre l’homme, le bétail et l’environnement, afin de
déterminer si le succès de certaines représentations des sociétés se justifie par leurs assises empiriques
ou plutôt par leur conformité aux modèles de l’anthropologie naïve.
Cette approche de la littérature scientifique permet de mettre en
lumière les liens étroits qu’entretiennent l’archéologie et
l’anthropologie, et dont témoigne le développement croissant de
l’ethnoarchéologie. Cette stratégie de recherche est destinée à affiner, à
enrichir et à critiquer les techniques d’inférence archéologique. Elle
met en œuvre une analyse ethnologique et archéologique du présent,
pour favoriser la compréhension des relations entre culture matérielle
et comportements, et pour proposer des hypothèses d’interprétation de
situations passées. L’ethnoarchéologie n’a que récemment porté son
attention sur les sociétés pastorales. L’idée que le pastoralisme est
difficilement identifiable en archéologie, voire invisible, a en effet
longtemps limité les perspectives de son étude. Les préhistoriens ont
aujourd’hui affiné leurs méthodes et leurs regards, notamment grâce à l’usage de données
ethnographiques. L’emploi de ces données dans l’interprétation archéologique fait toujours l’objet de
discussions animées et contrastées, soit il est trouvé essentiel à la validation des hypothèses, soit il est
condamné.
Nous analysons dans cette
seconde partie la compa-
tibilité de documents
provenant de sources dif-
férentes et les possibilités de
transfert d’attributs entre
anthropologie et archéo-
logie. Nous explorons la
littérature scientifique sur le
pastoralisme africain et
menons également des
terrains ethnographiques
dans le sud de l’Ethiopie,
chez les Hamar de la vallée de l’Omo, où nous étudions l’inscription de l’idéologie pastorale dans leur
territoire et leur culture matérielle.