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« Profitant du vide d’enquête fiable, l’idéologie et les phrases creuses ont envahi les
discours sur cette réalité fondamentale de notre époque, phénomène d’ailleurs classique en
période de changement social accéléré. Ces discours prennent alors souvent la forme de la
prophétie futurologique, en se livrant à une extrapolation simpliste des conséquences sociales
qu’auront les exploits techniques des savants et des ingénieurs. Ou parfois celle d’un utopique
scénario-catastrophe où l’on dénonce les effets supposés aliénants d’Internet avant même de
l’avoir pratiqué » (CASTELLS, 2001 : 12).
« Dès que l’on aborde l’étude des dispositifs médiatisés, on est toujours confronté à deux
visions opposées et mythologiques qui font de ces nouvelles ou anciennes technologies les
leviers d’une révolution copernicienne de la formation ou des lieux en dérive où l’enseignant
est réduit au rôle d’assistant et où les apprenants sont noyés dans la masse des informations »
(ALAVA, 2000 : 45).
« La contre-verse est toujours vive à la fin des années 90, alors même que les nouvelles
politiques nationales d’équipement sont lancées. L’utilité, la nécessité des technologies pour
apprendre est tour à tour âprement défendue et dénoncée. Les uns insistent sur la nécessaire
adaptation des systèmes éducatifs à un monde qui change et exhortent l’école à créer non pas
des chômeurs cultivés mais des professionnels compétents ; les autres crient à la perversion
des missions de l’éducation, chargée de former des personnes libres et autonomes, capables
de porter un regard critique sur la société, et non des travailleurs dociles, bien intégrés à un
ordre social dicté par la raison économique » (POUTS-LAJUS, RICHE MAGNIER, 1998 :
8).
Ces quelques citations nous permettent d’introduire le champ théorique que nous
allons parcourir : la pensée sociale. C’est en effet parce qu’Internet est pris, d’une part, dans
des discours décrits comme relevant de l’utopie et de l’idéologie et d’autre part, dans des
discours contradictoires, que nous avons ressenti la nécessité d’intégrer ces dimensions à
l’étude de la représentation de cet objet.
Dans cette introduction, nous présenterons le parcours qui a mené à cette
problématique ainsi que le positionnement épistémologique dans lequel elle s’inscrit. Enfin,
l’architecture de ce document sera décrite.