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La technologie fait référence à une activité de conception et de production, souvent
industrielle mais aussi de service, en réponse à des besoins de marché. La technologie
combine pratiques techniques et connaissances scientifiques, au service de finalités
économiques explicites. En cela, la technologie a vocation à être gérée alors même que, par
nature, elle relève pour partie de savoir-faire tacites. La tâche n'est donc pas aisée.
Pour sa part, l'innovation peut être définie comme la réalisation de la nouveauté. Alors que
l'invention se limite à l'idée nouvelle sans réelle confrontation au besoin qu'elle entend
satisfaire, l'innovation franchit ce pas considérable qui va de l'idée à sa réalisation concrète et
à la satisfaction du besoin. L'innovation, c'est le changement réalisé, qu'il soit limité ou
radical, qu'il porte sur le concept de produit, sur le procédé de fabrication ou sur
l'organisation,...
Le lien entre innovation et technologie est naturel : la technologie s'améliore en continu au
travers d'innovations dites incrémentales qui tracent, chemin faisant, une trajectoire
technologique en exploitant le potentiel de la veine ainsi explorée, jusqu'à ce qu'une rupture
technologique (une innovation révolutionnaire) vienne substituer une nouvelle technologie à
l'ancienne, en un processus de destruction créatrice décrit par Schumpeter (1941).
En référence à ces définitions, nous entendons par "management de la technologie"
l’ensemble des problématiques suivantes : (a) l’observation, l’identification et l’évaluation
des technologies alternatives pour remplir une fonction générique sur le marché, (b) le choix
des technologies les plus pertinentes parmi celles possibles pour permettre à l’entreprise de
tenter de construire un avantage concurrentiel durable, (c) l'accès à la maîtrise des
technologies choisies, que ce soit par développement interne, collaboration R&D ou
acquisition externe, (d) la gestion corollaire des activités de recherche mais aussi de celles de
développement, d'études de faisabilité et plus généralement la gestion de projet, (e) la mise en
œuvre et l'amélioration ultérieure en continu des technologies nouvellement intégrées au
portefeuille des technologies de l'entreprise, qu'elles relèvent des concepts de produit ou des
procédés de fabrication, ainsi que (f) l'abandon de technologies obsolètes, auxquelles de
nouvelles technologies sont progressivement ou soudainement substituées.
Fondamentalement, ces problématiques du management de la technologie tournent en fait
essentiellement autour du thème du changement technologique. Ce n'est pas tant la
technologie qui est ici l'enjeu que la question de son évolution et du passage d'une technologie
à une autre... C'est là sans doute qu'il faut voir la raison qui fait que le thème de l'innovation a
été historiquement lié à celui de la gestion des technologies, alors même que les innovations
qui affectent les entreprises et leurs clients ne sont pas toutes techniques, loin s’en faut.
Avec le "management de l'innovation", nous entendons donc déborder du cadre strict de la
technique pour couvrir la problématique plus générale du changement. L'innovation peut
certes concerner la technologie et alors porter sur le concept de produit ou le procédé de
fabrication, mais elle peut aussi concerner l'organisation, que ce soit dans les relations
externes de l'entreprise avec ses clients, ses fournisseurs et autres partenaires extérieurs ou
dans les processus internes qui routinisent son propre fonctionnement (Nelson et Winter,
1982). Le management de l'innovation recouvre ainsi (a) la promotion de l'innovation pour
faciliter la génération d'idées nouvelles, c'est à dire leur éclosion et l'écoute des porteurs
d'idées, mais aussi l'accompagnement du développement des projets d'innovation, (b) la
sélection des innovations pertinentes pour l'entreprise, en gérant un portefeuille de projets