Année Universitaire 2006-2007 Tuberculose –Pr Marquette et Pr Lafitte
I-6 ROLE DU VIH
L' impact est double :
- direct avec un risque accru pour les séro-positifs de s'infecter
- indirect puisque les VIH infectés deviennent rapidement malades et représentent des sources
supplémentaires de contamination
Dans les pays en voie de développement où il existe une épidémie de VIH, un excès de tuberculose est noté ; il
est noté un doublement de l'incidence de tuberculose dans les pays où la prévalence des 2 infections est
importante
II HISTOIRE NATURELLE ET EVOLUTION
La tuberculose est le plus souvent due aux mycobactérie du complexe tuberculosis (Mycobacterium tuberculosis
et beaucoup plus rarement à Mycobacterium Africanum ou Mycobacterium Bovis). L’agent de la tuberculose ou
bacille de Koch (BK) se transmet quasi exclusivement par voie aérienne. Les gouttelettes infectantes sont
produites sous forme d’aérosol par les patients contagieux lors de la toux, la parole ou les éternuements. Ces
gouttelettes (1 à 5 µ) restent en suspension dans l’air ambiant. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des particules
mises en suspension sont inactivées dès leur émission et seul une fraction de 1 % survit pendant quelques
heures. Les patients contagieux génèrent aussi des particules de plus grande taille, riches en BK, qui
n’interviennent pas dans la transmission car elles ne restent pas en suspension dans l’air, et même si inhalées,
n’atteignent pas l’espace alvéolaire. Les particules de plus de 5 µ sont arrêtées au niveau des voies aériennes
supérieures, de la trachée ou des bronches. Elle sont alors remontées (escalator mucociliaire) vers le pharynx où
elles sont dégluties puis inactivées dans le tube digestif.
C’est la déposition alvéolaire de quelques bacilles (1 à 3) et leur multiplication, qui va être à l’origine de la primo-
infection tuberculeuse (PIT).
II-1 PRIMO-INFECTION TUBERCULEUSE (PIT) ET TUBERCULOSE "MALADIE"
Les quelques bacilles infectants déposés au niveau des espaces alvéolaires distaux (foyer primaire, encore
appelé chancre d’inoculation, le plus souvent dans les zones pulmonaires moyennes ou inférieures qui sont les
plus ventilées) sont phagocytées par les macrophages alvéolaires (MA) au sein desquels ils peuvent se multiplier.
Les bacilles sont alors drainés par les MA vers le ganglion hilaire satellite du foyer primaire où ils continuent à se
multiplier. L’association foyer primaire et adénopathie (ADP)satellite (le plus souvent asymptomatique) est
appelée complexe primaire et peut être mise en évidence sur le cliché de thorax ou le scanner thoracique.
A partir du foyer ganglionnaire un certain nombre de bacilles peut disséminer dans la circulation à travers tout
l’organisme (foyers secondaires). Cette phase de bacillémie est le plus souvent asymptomatique.
Au cours des 2 à 10 semaines qui suivent cette infection initiale se développe une réponse immune à médiation
cellulaire accompagnée d’une hypersensibilité au dérivés du BK (se traduisant par la positivation de
l’intradermoréaction à la tuberculine). Cette réponse immune suffit en général à limiter la multiplication ultérieure
du BK et l’hôte infecté reste asymptomatique. Au niveau du foyer primaire et des éventuels foyers secondaires, la
réponse immune se traduit par l’accumulation de cellules monocytaires d’allure épithélioïde entourées d’une
couronne de lymphocytes. Au centre de ces lésion peut apparaître une nécrose à riche contenu lipidique
(nécrose caséeuse). Ces lésions histologiques, appelées granulomes ou follicules épithélio-giganto cellulaires
avec nécrose caséeuse sont quasi pathogneumoniques, en France en tous cas, de lésions tuberculeuses. Après
quelques mois (3 mois), si la réplication bacillaire est inhibée, les lésions peuvent se calcifier. Elles contiennent
alors un faible nombre (< 105) de bacilles dits "quiescents" en position intra-cellulaire ou au sein du caséum
solide. A n’importe quel moment de cette phase de primo-infection puis au delà de cette phase, les bacilles
"quiescents", présents au niveau partir d’un ou de foyer(s) secondaire(s) ou, plus rarement au niveau du foyer
primaire, peuvent se multiplier et être alors responsable d’une "tuberculose maladie" qui s’exprime alors
cliniquement et/ou radiologiquement. On estime qu’environ 5 % des patients développent une "tuberculose
maladie" dans l’année qui suit leur PIT et qu’environ encore 5 % des patients développent une "tuberculose
maladie" au delà de ce délai (le risque de passage de la tuberculose-infection à la tuberculose-maladie est plus
important chez l’enfant et varie en fonction de l’âge. Il est estimé à 43 % avant l’âge d’un an, 24 % entre 1 et 5
ans, 15 % entre 11 et 15 ans, alors qu’il est chez l’adulte de 5 à 10 %). Ces chiffres sont la base de la chimio-
prophylaxie proposée dans certains cas de PIT. Certaines situations facilitent le passage rapide à la tuberculose
maladie: âge inférieur à 4 ans, importance de l’inoculum de BK transmise. La tuberculose maladie par
réactivation d’un foyer quiescent s’observe surtout chez les sujets âgés. L’immunodépression est un facteur
majeur de réactivation. La malnutrition, l’alcoolisme, les situations de précarité, la toxicomanie intraveineuse, la
promiscuité, le diabète, l’insuffisance rénale avancée sont autant de situations qui favorisent le passage du stade
d’infection tuberculeuse quiescente à la tuberculose-maladie.
On appelle primo-infection maladie les tuberculoses maladies qui apparaissent au cours ou au décours immédiat
de la PIT. On appelle tuberculose-infection latente les primo-infections sans localisation ou expression clinique
patente (simple virage des tests tuberculiniques). On appelle tuberculose-infection patente ou primo-infection
patente toute primo-infection accompagnée de signes radiologiques et/ou généraux (doit être considérée comme
une tuberculose-maladie et traitée comme telle). L’immunité conférée par une PIT ou une "tuberculose maladie"
est en général suffisante pour protéger l’individu d’une infection par une nouvelle souche de bacilles "exogènes".
Ainsi donc, la grande majorité des "tuberculoses maladies" procèdent du réveil d’une population de bacilles
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