Prendre en soin les Patients alzheimer en ehPad
Repères en Gériatrie • Janvier 2013 • vol. 15 • numéro 123 27
l’avis éventuel de la personne de
confiance. Une attention particu-
lière doit être portée aux patholo-
gies cardiovasculaires, au diabète,
à l’ostéoporose, à traiter notam-
ment s’il existe un risque de chute.
De façon globale, il est souhai-
table d’éviter le recours à l’hospi-
talisation non programmée, avec
envoi aux urgences hospitalières,
solution jugée inadaptée dans de
nombreux cas car à l’origine d’une
perte d’autonomie. Ainsi dans
l’étude PLEIAD portant sur 300
EHPAD, 13,5 % des résidents ont
été hospitalisés sur les 3 mois de
l’étude et il s’agissait en majorité
de déments (20).
L’idéal est d’organiser des entrées
directes en court séjour géria-
trique ou éventuellement en soins
de suite ou encore, si nécessaire,
dans les services de spécialité.
Rares sont malheureusement les
équipes mobiles de gériatrie qui
peuvent sortir des murs de leur
centre hospitalier pour intervenir
directement dans les EHPAD afin
de donner un avis et éventuelle-
ment organiser une hospitalisa-
tion la plus brève possible : c’est
vraisemblablement le fonctionne-
ment le plus ecient pour limiter
les eets délétères de l’hospitalisa-
tion et assurer la meilleure qualité
de soins possible.
Par ailleurs, les EHPAD doivent
développer des liens privilégiés
avec les unités cognitivo-compor-
tementales (UCC) qui peuvent ac-
cueillir temporairement en soins
de suite spécialisés des déments
en situation de crise comporte-
mentale pour une adaptation des
stratégies de soin.
LE PROJET DE VIE
Il est le complément indispensable
du projet de soin. Il est construit
par l’équipe dans les premières
semaines du séjour, après recueil
de données sur la vie du résident,
de son entourage, ses souhaits et
l’évaluation de la situation pré-
sente. Il est ensuite soumis pour
approbation au patient et à ses
aidants s’il le souhaite et réguliè-
rement réévalué (environ 1 fois/
an) selon l’évolution de sa santé et
ses propres souhaits.
Le projet de vie est formalisé dans
le dossier du patient et il ne faut
pas hésiter à y associer, si l’état du
résident s’y prête, des directives
anticipées.
Ce projet de vie doit s’appuyer sur
quelques principes de base qui
constituent un savoir-faire et un
savoir-être indispensables à ac-
quérir par tout soignant d’EHPAD,
que le patient soit dément ou non:
• respect de l’autonomie décision-
nelle du résident même dément,
du moins pour les décisions qu’il
est jugé capable de prendre ;
• respect de sa liberté d’aller et ve-
nir (21), ce qui n’est pas sans poser
des problèmes pour les patients
atteints de MA et présentant un
risque d’errance et/ou de fugue ;
• maintien de la vie relationnelle
et de l’intégration sociale ;
• prévention de la maltraitance et,
au-delà, approche “bien traitante”
du résident.
Le projet de vie intègre les familles
des résidents pour lesquelles l’en-
trée de leur parent en EHPAD est
à la fois source de sourance et de
culpabilité mais aussi de soulage-
ment. L’aidant est souvent allé au-
delà de ses possibilités physiques
et psychiques de dévouement,
jusqu’à l’épuisement, et doit être
accompagné pour qu’il trouve sa
place auprès de son parent dans
l’institution (22). Après la phase
d’accueil dans l’établissement, où
la présence de l’aidant principal
est indispensable pour assurer la
transmission d’informations mul-
tiples et la continuité des soins,
leur participation à la prise en
charge de leur proche doit pouvoir
se poursuivre s’ils le souhaitent,
par une implication dans certaines
tâches, notamment la prise des
repas, mais aussi des sorties, des
activités d’animation ou de stimu-
lation, les moments festifs… Des
réunions avec les familles une ou
deux fois par an permettent d’éta-
blir un dialogue régulier entre les
familles et les soignants mais aussi
entre les familles elles-mêmes.
Dans les règles de bonne conduite
avec les aidants, il convient de les
informer régulièrement, de leur
signaler tout changement dans
l’état de santé de leur parent, tout
incident, y compris les incidents
iatrogènes, de solliciter leur avis
face à certaines dicultés dans le
soin pour maintenir la confiance
dans la durée. Une prise en charge
psychologique peut être proposée
aux aidants en grande sourance
par la psychologue de l’établisse-
ment.
LA FIN DE VIE
Cette étape est fondamentale
pour conduire à terme dans les
meilleures conditions un accom-
pagnement qui, parfois, aura duré
quelques années.
Face à un stade très sévère de la
maladie, avec état grabataire, hy-
pertonie déformante, dysphagie,
dénutrition et perte de la commu-
nication verbale avec le malade,
deux risques peuvent cohabiter :
celui d’un acharnement théra-
peutique pour traiter surtout les
aections associées et celui d’un
abandon thérapeutique, avec no-
tamment insusance de traite-
ment de confort, pour la douleur
en particulier (23). Soins curatifs
et soins palliatifs ne sont plus vrai-
ment à opposer mais le projet de
soin doit être clair et partagé par
l’équipe soignante et la famille. La