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L'eau
Parce que l'homme vient de l'eau. Parce que les enfants naissent de l'eau. L'eau est le premier
élément de la vie, le premier élément de chaque vie. L'eau du ventre maternel, douce ou amère déjà,
en fonction des moments, des émotions de la maman ; l'eau du bain des bébés ; l'eau que l'on boit,
par le lait puis pure. Plus tard c'est un élément du quotidien, toilette, cuisine, et aussi un formidable
terrain de jeu. Les points d'eau des jardins publics et les fontaines des villes grouillent de rires
d'enfants.
Elément « premier » et quotidien, l'eau convoque immédiatement un vécu, une expérience, même à
de très jeunes enfants. C'est aussi l'élément de la métamorphose et du voyage : l'eau circule, change
d'état physique et chimique, s'évapore, gèle. Elle inspire les premières approches du mouvement, de
la transformation... et plus profondément, de l'impermanence, du cycle, de la variation.
L'eau est un vecteur de voyage, une invitation à l'ouverture et à la découverte. Par l'eau arrivent les
échanges, le commerce, les langues. Musicalement, la multiplicité des univers aquatiques permet
une exploration sonore très vaste, une « palette » d'instruments variée, un répertoire de chansons de
toutes les langues, car toutes les cultures parlent de l'eau dans leurs chants.
Ce choix d'un univers aquatique permet également de naviguer entre le très intime (le verre d'eau, la
larme, le pipi), le très grand (l'Océan, la banquise), et l'universel (la soif, l'absence d'eau, la peur du
large ou de l'inconnu).
L'eau est aussi un élément fragile, rare... dont on peut prendre soin, ou non. Le questionnement
sociétal et l'engagement écologique ont largement participé au choix de ce thème.
Déroulé du spectacle
Le concert démarre dans un nuage de pluie.
Les gouttes d'eau se réveillent une à une... Chaque spectateur est invité à « pianoter », à « réveiller »
une partie de son corps. A ce fourmillement s'ajoutent peu à peu les pizz du violon qui tournent en
boucle et s'accumulent, la profondeur douce et métallique du « spacedrum » (sorte de « tortue » en
métal qui permet de jouer un rythme, tout en faisant sonner des notes), le frémissement des
cymbales, le souffle et le chant du saxophone... Voilà la pluie qui tombe.
Les mots se posent sur ce premier tableau : « Acqua la petite goutte d'eau naît aujourd'hui, jour de
pluie. Acqua la gouttelette naît, c'est jour de fête... »
La pluie s'intensifie. Entre ses tics et ses tacs une mélodie se forme. La première chanson apparaît.
Les instruments se révèlent. Elle est déjà loin l'ambiance cotonneuse et feutrée du début. On est déjà
dans la chanson.
Puis la goutte d'eau reprend son chemin, elle ruisselle dans la rue, dans les tuyaux des canalisations.
Deuxième ambiance, deuxième tableau.
On voyagera ainsi de proche en proche, on feuillettera des pages de musiques et de chansons, on
passera de la main à la voix, de l'écoute à l'expression, et de l'intime à l'universel, à travers des styles
musicaux, des langues et des sonorités variées.